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Aruego
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L'Enfance. Une partie de la vie parfois détestée lorsque l'on y est, mais regrettée une fois quittée. Tout le monde rêve d'avoir une enfance parfaite, à l'abris dans une maison, à pouvoir jouer avec les autres enfants. Gwenaëlle Harrington aurait dû avoir tout cela, sa famille est riche et les couloirs de leur Manoir lui laissent largement la place pour courir. Problème, un enfant ne devrait pas avoir à courir à trois heures du matin avec une entaille au bras.
- Papa ! appelle-t-elle.
- Gwenaëlle ! réplique une voix familière.
En arrivant à la chambre de ses parents, la jeune enfant de onze ans aperçoit son père croiser le fer avec un ennemi possédant un masque d'apparat en porcelaine. Ce dernier se défend, mais cela ne suffit pas. Une rapière lui transperce le cœur.
- Gwenaëlle, ne regarde pas ! ordonne le père de famille.
- Où est maman ?! demande l'enfant. Qui sont ces gens ?!
- Je n'ai pas le temps ! Ecoute-moi bien, il va falloir que tu t'éloignes le plus possible de cet endroit ! Il ne faut pas qu'ils te trouvent ou bien ils te tueront, tu m'entends ?
- Q-Que...
Le père de famille lui donne un collier muni d'une pierre rouge.
- Gwenaëlle. Tu es la fille la plus intelligente que j'ai jamais vue. Je suis sûr que tu sauras trouver un moyen de te débrouiller. File, avant que...
- Ainsi, tu pensais pouvoir nous échapper, Micah ? demande une autre personne décorée d'un masque d'apparat, elle aussi.
Deux silhouettes supplémentaires, armées de rapières et portant des masques en porcelaine aux motifs miroirs, entrent dans la pièce. Un autre intru approche en tenant une femme par les cheveux.
- Maman ! reconnait l'enfant.
- La pierre, Micah, explique calmement l'un d'eux. Donne nous la pierre.
- Tu sais très bien que c'est de la folie, Jeremiah, réplique le Père de famille. Cela ne nous ressemble pas de jouer avec la frontière entre la vie et la mort !
- Tu continues de t'accrocher à cette notion de vie et de mort comme si les deux pouvaient encore être distincts ! Nous vivons dans un monde où certains peuvent vivre plus d'un Millénaire ! Il est temps de se rendre à l'évidence, lui seul peut nous attribuer une compensation digne de nos efforts.
- Tu ne te rends même plus compte de tes paroles ! S'il pouvait t'offrir ce que tu désires, il ne serait pas mort à l'heure actuelle !
- Micah, de quoi parlent-ils ? sanglote la Mère de famille.
- Ne t'en fais pas, mon amour, tout va bien se passer, explique Micah.
- J'adore la façon dont ils pensent toujours avoir une chance, ricane l'un de ceux aux masques miroirs.
- Ma patience a ses limites, explique le dénommé Jeremiah.
Les autres intrus pointent leur rapière vers la femme sans défense. Le Père de famille réfléchit, la tension monte. Il sait qu'il est piégé. Cette pierre ne doit en aucun cas tomber entre leurs mains.
- Très bien, ainsi soit-il, lance Jeremiah. Après tout. . . Tu es à portée.
Sans prévenir, Jeremiah sort un objet de sa cape et un coup de tonnerre se fait entendre. Ce n'est que lorsque la douleur vient que le Père de famille se rend compte du problème.
- Nous avons commencé les premières créations, explique Jeremiah. Enfin... Cela ne veut pas dire pour autant que c'est une réussite.
Il jette son arme, cassée après coup. Une chose capable de tirer un projectile avec un bruit de tonnerre. Micah, gravement touché, s'adosse contre un mur.
- Mais c'est un bon début, continue-t-il.
- Papa ! s'inquiète Gwenaëlle.
- Je ne te laisserai pas avoir cette pierre, insiste le Père de famille.
Soudain, dans un cri de rage, il frappe une certaine partie du mur, révélant ainsi un levier ! Les acolytes prennent peur, et avec raison : le mécanisme provoque l'effondrement du plafond, Micah a juste le temps de mettre sa fille à l'abris avant que les gravas ne remplissent la pièce. Lorsqu'elle rouvre les yeux, Gwenaëlle se rend compte du désastre. Son père, à moitié enfoui, n'en a plus pour longtemps.
- Gwenaëlle, il va. . . Il va falloir que tu me rendes un service, explique-t-il. Ces gens vont te chercher. Ils vont vouloir la pierre qui orne le collier que je t'ai confié. Ils. . . Ils ne doivent pas l'avoir.
- Q-Quoi. . . ? panique-t-elle.
- Fuis. . . Fuis le plus loin possible. . . Surtout. . . Ne les laisse pas avoir cette pierre. . .
Il rend son dernier souffle, sa main laissant tomber ce qui ressemble à un masque d'apparat en porcelaine, brisé en deux. Gwenaëlle ne comprend pas et le ramasse, cherchant à en savoir plus. Pourquoi diable tout cela est-il arrivé ? Malheureusement, le temps n'est pas aux questions. Grâce à leur prudence, les intrus ont échappé à la mort. Ils cherchent déjà un passage dans les gravats. La jeune fille récupère la rapière de son père et décide de fuir le plus vite possible.
En robe et pieds nus, de nuit, le froid se fait vite sentir. Mais elle ne peut pas s'arrêter, pas même pour pleurer. A moins que. . . Elle repère une calèche. Très probablement celle utilisée par les assassins venus chez elle. En remarquant qu'il n'y a personne pour la garder, Gwenaëlle décide de la voler. Malgré son jeune âge, elle sait déjà conduire des calèches et monter à cheval, ce plan de fuite ne lui pose donc aucun problème. Les larmes continuent de couler, mais impossible pour elle de s'arrêter.
Ce n'est qu'une fois arrivée au premier village sur son chemin qu'elle décide de faire une pause afin de respirer et prendre en compte ce qui vient de se produire. Le Masque brisé de son père. Sa Rapière. Des documents sont encore présents dans la calèche. . . Elle y jette un œil afin de comprendre ce qui a déclenché cette folie. Sa rage ne fait que monter en s'apercevant qu'ils cherchent cette maudite Pierre plus que tout au monde.
Elle n'a pas le temps d'accepter la mort de ses parents. Elle a été privée de cette occasion. Privée de son enfance.
Mais une chose est sûre.
Elle n'acceptera pas d'être privée de sa Vengeance.
Onze ans plus tard.
C'est dans un cri de rage que quelqu'un est jeté à travers une porte ! Le malheureux n'a pas le temps de souffler, une rapière manque de peu de lui crever un œil ! Cette rapière, il la reconnait, il sait à qui elle appartenait. Son adversaire, une jeune femme possédant un masque fissuré, lui assène un coup de pied afin de le déstabiliser ! Cette méthode fonctionne, le coup de grâce est à portée ! Une autre personne portant un masque d'apparat en porcelaine tente de l'arrêter, utilisant la même arme. Manque de chance... La jeune femme est plus douée. Elle le désarme avant de lui trancher la gorge.
- Je reconnais cette rapière, mais pas la personne qui la manipule, où diable as-tu volé cela ?! demande celui qui avait traversé la porte.
Son adversaire lui lance un objet non loin afin de le déconcentrer et parvient à le couper au niveau du bras !
- Ainsi, tu reconnais plus facilement la lame que le masque ! relève la jeune femme.
Un autre membre masqué tente de sauver son camarade. C'est après seulement quelques échanges que son cœur est transpercé. Celui qui avait traversé la porte tente encore de fuir... Mais un couteau se loge dans sa jambe, il tombe au sol !
- Je suppose qu'il a toujours été plus facile de reconnaitre les décorations de chacun plutôt que de faire confiance à ceux qui étaient sous le masque ! continue la jeune femme.
Devant la fureur qui se déverse sur lui, le blessé n'ose même pas ramasser son arme.
- Q-Q-Qui Diable es-tu ?! demande-t-il.
- Ta blessure au bras ne te rappelle-t-elle donc rien, Leland ?! demande-t-elle en retour. C'est cet endroit-là que tu avais visé, la dernière fois que nous nous sommes vus, lorsque je n'avais que onze ans !!
Sa mémoire a du mal, mais menacée par une rapière et une fureur dangereuse, elle cherche. Et elle trouve.
- Harrington ! réalise-t-il. Gwenaëlle Harrington !
La jeune femme retire le masque fissuré qu'elle avait récupéré auprès de son père, Micah Harrington.
- Seigneur, c'est donc toi qui a éliminé Travis et Henry ! réalise-t-il. Ils n'étaient même pas présents ce jour-là !
- Parce que tu crois que ma vengeance ne s'arrêtera qu'à vous ?! s'insurge-t-elle, sa rapière toujours plus menaçante. Je ne m'arrêterais pas ! Pas tant que tous les membres de votre Secte ne soient morts, transpercés par ma lame ! Mais après tout, tu peux t'estimer heureux, Leland !
- P-Pourquoi ? demande-t-il, pensant qu'il lui reste une chance.
- Tu es le premier membre que j'ai rencontré ! Il est donc naturel que tu fasses partie des premiers à mourir !!
- Non !!
Un coup de lame, sa gorge est tranchée. Il succombe bien assez vite. Gwenaëlle reprend son souffle et décide désormais de fouiller ses poches. Des documents légèrement tâchés de sang... Elle les récupère. Afin de ne pas attirer l'attention en sortant dehors, elle décide de ranger son masque et de remettre sa cape pour cacher sa rapière. Le bruit de la rue commerçante se charge du reste. Pas une seule personne ne se doute qu'un combat à mort a eu lieu dans cet entrepôt. Du moins, pour l'instant. Gwenaëlle préfère ne pas tenter le diable et se fond aussitôt dans la masse, devenant ainsi une simple citoyenne du Royaume de Duiviel.
Duiviel est bien connu pour son attrait commercial. Beaucoup de marchandises y viennent, et les étals sont toujours bombés. De la viande, des légumes, des figurines en bois, on peut trouver beaucoup de choses, dans les marchés. Ayant récupéré de l'argent sur ses ennemis, Gwenaëlle décide de s'acheter son fruit préféré : une orange. Le problème, c'est que cela semble être l'une des seules choses absentes sur les étals. La jeune femme décide quand même de tenter sa chance.
- Bonjour, combien pour une orange ? demande Gwenaëlle.
- Hélas, pas d'Oranges pour aujourd'hui, explique la vendeuse. Notre fournisseur n'a pas pu nous les livrer.
- Erf.
- Tout va bien ? On dirait que vous avez une marque sur la joue...
Gwenaëlle se remémore le combat qui vient d'avoir lieu, un coup la surprend. Les ennemis étaient nombreux.
- Tout va bien, ne vous en faites pas. Je me suis juste cognée, ment-elle.
- Mmh... Bah ! Tenez, lance la vendeuse en récupérant une Orange cachée. Nous n'avons pas reçu notre livraison, mais nous faisons toujours des stocks en cas de problème.
- Vous me sauvez la vie !
La jeune femme récupère l'orange et donne une pièce d'argent en remerciement, ce qui représente probablement le triple de la valeur du fruit. Elle commence à peine à en retirer la peau qu'elle entend des soldats arriver. Il était temps que la garde soit alertée d'un groupe de cadavres. Gwenaëlle se fond dans la masse jusqu'à trouver un banc où s'assoir et profite enfin de son en-cas favoris. Un problème de livraison... Embêtant.
Très embêtant, considérant la popularité du commerce de Duiviel. Enfin bon. C'est très probablement dû à un simple retard, peut-être que la charrette de livraison s'est brisée. Aucun brigand ou groupe de malandrins ne serait assez fou pour s'en prendre au commerce de Duiviel. Gwenaëlle préfère se concentrer sur ce qui est important et sort les documents qu'elle a récupéré afin de les examiner. Avec un peu de chance, elle y trouvera sa prochaine cible.
Loin de là, dans la forêt du Royaume du Duiviel. Un petit groupe mène l'enquête autours d'une charrette ravagée.
- Qui l'eut cru ? Quelqu'un s'en est pris au commerce de Duiviel, observe un homme en armure. Elkrig, qu'en penses-tu ?
- Aye, 'tis kinda hard to say, mate, répond un Nain. I guess a good Ol' swing of hammer could do the trick. They destroyed the wheel with one hit.
- Un coup de marteau ? demande l'épais Minotaure du groupe. Je te casse ça à mains nues !
- 'Tis yer problem, idiot, you got an axe, be smart, use it !
- Je doute qu'ils aient quelqu'un de ton gabarit, Mylkas, soulève l'homme en armure. Sylseris ?
- Des traces de brûlures... Il y a de la magie là dessous, réplique la Demi-Elfe. Ce n'est pas un groupe de brigands ordinaire qui a fait ça. Il doit s'agir de mercenaires.
Tandis que le chef d'équipe développe avec la Magicienne... Quelqu'un se dirige vers l'arrière de l'attelage. Une Satyre, des plus curieuses, pose un regard discret sur quelques Oranges restantes. Tout n'a donc pas été pillé ni détruit. Impossible de résister, elle en récupère... Mais son amie, une Barde jouant de la Lyre, ne la connait que trop bien.
- Je savais que tu n'allais pas pouvoir y résister, lance-t-elle en surprenant la cleptomane.
- Argh ! panique la Satyre. De quoi parles-tu ? Je n'ai pas oranges de volé. De Oranges. Volé. Gah !
- Bah, pas de panique, Claupi, ce ne sont que quelques Oranges.
- Vous avez trouvé quelque chose, Salyn ? demande le chef d'équipe.
- Non ! On cherche encore.
- C'est quand même dingue, lance Claupi, qui s'en prendrait à une cargaison d'Oranges ?
- Le Roi de Duiviel nous paye pour le trouver, réplique un Elfe.
- Aluin ! remarque la Barde. Tu as trouvé quelque chose ?
- Malheureusement, oui. Les corps.
Le groupe suit l'archer. Les cadavres des marchands étaient cachés derrière un rocher non loin. Lacérés, brûlés... Ce n'était pas un combat. C'était un massacre. La Satyre se retire discrètement afin d'aller recracher son déjeuner.
- Mathias, même des brigands ne feraient pas une chose pareille, rappelle l'Elfe. Ce sont des mercenaires qui ont fait ça. Très probablement un groupe comme le nôtre.
- Je vois, réplique l'Homme en armure.
- Ha ! Impossible, ils n'ont pas quelqu'un comme MOI ! se vante le grand Minotaure en gonflant ses muscles.
- Aye, that's the point, that makes them dangerous, yer nothin' but muscles, no brain there ! assène le Nain.
- A quoi sert un cerveau lorsqu'il est en bouillie ?
- Cela me coûte de l'admettre, mais il marque un point, soutient la Barde.
- Concentrons-nous, ordonne le chef d'équipe. Savoir qui a fait ça est important, mais il nous faudrait aussi savoir pourquoi.
- J'ai entendu dire que l'Empire de Logalla était en désaccord avec Duiviel et que cela avait provoqué certaines tensions, explique la Demi-Elfe.
- Tu penses qu'ils auraient saboté les échanges commerciaux entre Duiviel et Slozia ?
- Après tout, pourquoi pas ? Surtout s'ils visent les livraisons de nourriture.
- Viser l'économie et la nourriture du peuple, c'est assez agressif, explique l'Elfe.
- Mais ce serait efficace. Logalla peut encore blâmer ce genre de petites attaques sur des brigands, après tout, pourquoi un Empire s'en prendrait à une cargaison d'oranges ?
- Quel était le sujet de désaccord entre Duiviel et Logalla ? demande la Barde.
- Une question de frontières, me semble-t-il. Ils revendiquent une forêt très prisée pour la chasse, mais Duiviel a fait comprendre que c'était la sienne.
- Logalla a déjà l'avantage d'être en bord de mer, pourquoi diable veulent-ils plus ?
- De quoi qu'ils causent ? demande le Minotaure.
- Political stuff, réplique le Nain.
- Je n'ai jamais compris tous ces problèmes politiques, lance Claupi. Nous, les Satyres, on s'est toujours installés tranquillement là où on le voulait.
- You guys are walking around without pants. We get it that you love freedom, ain't no need to shove it up our face.
Visiblement gênée, la Satyre fuit rejoindre son amie musicienne.
- Bien, lance Mathias. Notre investigation est terminée. Inutile d'affabuler, faisons simplement un rapport au Roi et voyons ce qu'il en suit.
- Duiviel a vraiment de l'argent à dépenser, quand même. Nous payer deux pièces d'Or pour enquêter sur un simple problème de chariots, c'est énorme, soulève la Demi-Elfe. Ils auraient même pu envoyer une troupe de soldats.
- Moi, ça me va, lance Claupi. Plus on a d'argent, mieux c'est.
- Je reste d'accord avec Claupi, enchaîne le chef d'équipe. De l'argent facile est bon à prendre. Cela nous fera au moins quelques nuits à la taverne. Ce que je redoute, c'est qu'il nous demande désormais de trouver les coupables.
- Si c'est le cas, tu penses que nous devrions accepter ? demande la Demi-Elfe.
- Vu nos économies, je ne suis pas sûr que nous ayons le choix. La récompense que nous allons recevoir ne sera pas suffisante à long terme. Il faut avouer que nous coûtons cher, en tant que groupe.
- Même pas vrai ! contredit le Minotaure.
- Mylkas, as-tu la moindre idée de combien tu nous coûte en nourriture ?
- Heh, told ya, meathead, assène le Nain.
- Elkrig, toi et Claupi ne coûtez pas cher en nourriture, mais plutôt en amendes. Limites les insultes, et toi Claupi, arrête de voler.
- J'y arrive pas, se défend la Satyre, quand je vois un truc qui m'intéresse, je ne peux pas résister à l'envie de le prendre !
- Je ne dis pas que vous allez devoir redresser vos torts, juste que nous avons besoin d'argent.
Le groupe acquiesce. Mathias n'a pas tort. Deux pièces d'Or peuvent sembler beaucoup, mais pour une personne seulement. Pour un groupe de sept, c'est autre chose. Plus encore, effectivement, lorsqu'un Minotaure est dans ce groupe. Ils ont de l'appétit, ces bestiaux. On aurait tendance à croire que le Nain est là pour équilibrer la chose, mais non ! La différence de capacité à manger est palliée par la capacité à boire. Qui eut cru qu'un être aussi petit puisse boire autant ? Les tavernes en ont peur.
Bien décidé à être payé, le groupe rentre au Royaume afin d'expliquer la situation au Roi. Vu l'économie du Royaume, le Palais est abondement décoré. Des tapisseries aux statues, tout est là pour rappeler que ce Royaume possède de l'argent.
Aucun rapport avec le fait de devoir compenser quoi que ce soit.
Après avoir déposé leurs armes, les membres du groupe sont acceptés dans la salle d'audience.
- J'en conclus que vous avez trouvé la cargaison égarée ? demande le Roi.
- Malheureusement, oui, explique Mathias. Ainsi que les corps de ceux qui effectuaient la livraison.
- Les corps... Vous voulez dire qu'ils sont morts ? Une attaque de brigands ?
- Je ne suis pas sûr. Cela ne semble pas être le travail de simples brigands. Il y avait de la magie dans l'air. Notre hypothèse est qu'il s'agit d'un groupe de mercenaires ennemi. Ils n'avaient que faire de la cargaison.
Les conseillers se rassemblent, le Roi réfléchit. Il est évident qu'il soupçonne l'Empire Logalla, mais impossible de lancer une accusation à propos d'un simple convoi d'Oranges. Pire encore, il n'a pas envie de précipiter un éventuel combat, le Royaume de Duiviel n'est malheureusement pas aussi puissant qu'il n'est riche, l'armée n'est pas assez grande. C'est pour cela que le soutien de la Dynastie de Slozia est important.
- Je me dois de l'avouer, je suis surprise que ce soit le Roi qui nous reçoive, murmure la Demi-Elfe.
- Duiviel n'a jamais été connu pour son effectif de gestion de crise, murmure en retour le Chef de groupe.
- Renforcez nos frontières, ordonne le Roi à son Général d'armée. Je ne veux pas déclencher d'hostilités, mais au moins nous y préparer. Mettez en place des patrouilles afin de surveiller les routes commerciales.
- A vos ordres, réplique le Général.
- Seriez-vous intéressés par une autre quête ?
- Quelle serait-elle donc ? demande Mathias.
- Il nous faut les coupables. Allez enquêter à Logalla. Vous aurez deux autres pièces d'Or si vous trouvez les coupables, une vingtaine de plus si vous me les ramenez. Nos soldats mèneront l'enquête du côté de Slozia.
- C'est avec plaisir que nous acceptons.
Sans plus d'échange, le groupe quitte la salle d'audience avec une nouvelle quête. Trouver ce qui semble être un groupe de Mercenaires ne devrait pas être insurmontable. Le ramener, en revanche, c'est une autre histoire, il y a bien plus de risques.
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Du sang sur les poings, une posture intimidante et éclairée par les flammes, la présentation de l'Elfe Trybride est des plus effrayantes.
- I need to find a Stone, explique-t-elle d'un ton menaçant.
Pas de réponse. Après tout, même sans le choc causé par l'attaque, qui pourrait répondre à cela ? Theodwin s'avance.
- Vous cherchez une pierre ?
Face aux mots employés, l'Elfe réfléchit. Quelque chose est différent.
- Depuis quand parlez vous cette langue ? demande-t-elle en retour.
- Eum... Je ne sais pas ? Depuis ma naissance ?
- Cette partie du Continent utilisait un autre langage. Je ne pensais pas que cela aurait changé. Je cherche une Pierre, dont la couleur rouge ferait penser à un rubis. Auriez vous une idée de sa location ?
- Nous... Avons des pommes, si vous voulez ? Elles sont rouges ?
Un silence s'installe, parasité uniquement par les craquements du feu de camp.
- Je n'ai pas besoin de manger, se désintéresse l'Elfe Trybride. Je me suis arrêtée car j'ai ressenti un appel. Il me faut aller à Logalla.
Elle commence à partir, comme si ce sauvetage n'était qu'un léger supplément à sa quête. Theodwin hésite, mais il préfère sauter sur l'occasion.
- Prenez moi avec vous ! lance-t-il. Je conterais votre voyage, je jouerais pour passer le temps !
- Je marche vite et mes pas sont bien plus efficaces que les tiens, petit Être. Ma compagnie ne saurait t'être agréable, assène-t-elle.
- Dans ce cas, je me forcerais à courir !
- Alors cours.
Elle continue de marcher en direction de son objectif. Theodwin, lui, se dépêche d'engouffrer des provisions dans son sac avant de prendre sa flute. C'est là tout ce dont il a besoin. Ses parents hésitent, mais ils préfèrent soutenir son choix. Ils savent que chacun doit rester maitre de sa Destinée. Cookie, son fidèle ami Fé, s'accroche aussitôt à son épaule. L'Halfelin salue une dernière fois la petite communauté, sachant qu'il pourra les retrouver si jamais il en ressent le besoin.
- Ce n'est pas un adieu ! déclare-t-il. Je reviendrais, et le Theodwin Took que vous aurez connu sera devenu l'un des plus grands joueurs de flute au monde !
- Elle s'éloigne ! remarque le Fé.
- Argh !
L'Halfelin court aussi vite qu'il peut, osant même sauter par dessus des racines. Il finit par rattraper l'Elfe Trybride, dont la rapide marche risque de compliquer les choses. Il encaisse et montre même qu'il peut jouer de la flute en se dépêchant. Pour le Fé, qui n'a aucun effort à faire, le voyage risque d'être bien étrange.
- Au fait, quel est votre nom ? demande-t-il.
- Myrrh, réplique-t-elle. Myrrh Kardryar.
Kardryar. Le Fé a l'impression de connaitre ce mot. Cela vient du langage Elfique... Mais il ne parvient pas à se souvenir de son sens. En tout cas, il ne parvient pas à comprendre de quelle race d'Elfe elle vient. Certains pigments font penser à ceux des Drows, mais ils sont plus présents sous forme de tatouages que de peau. Le mystère lui reste entier.
Le lendemain, dans un bout de forêt pris de force par Logalla. Les tensions entre la Satyre et le Nain parasitent l'ambiance, mais le groupe parvient tout de même à marcher en direction des ruines. S'il y a bien un endroit qui vaut la peine d'être inspecté, c'est bien ici. Mathias, en bon chef d'équipe, se voit obligé de tenter son possible.
- Et doooonc... Elkrig, comment ça se passe ? demande-t-il.
- I'm fuckin' fine, crache-t-il.
- Huh. Et toi, Claupi ?
Pas de réponse, le silence s'installe... Mais Mylkas, tout merveilleux diplomate qu'il est, tente de parfaire son expérience dans ce domaine.
- Est-ce que c'est parce que vous êtes fach-
- What'd ye think, ye fuckin' stupid pile of muscle ?! assène le Nain. She be mad at me 'cause I be spittin' facts !
- Oh, pour cracher, oui, le reste, que dalle ! réplique la Satyre sans se démonter.
- Et c'est repartit, murmure Mathias en fermant les yeux.
- What'd you want me to do ?! Get on my knees and beg for your forgiveness ?! ironise Elkrig. Ain't gonna happen !
- Le niveau est déjà assez bas comme ça, de toute façon, inutile de le redescendre ! assène Claupi.
- Yer mad 'cause I'm the only one making sense about your fuckin' daggers !
- Hey ! rappelle Salyn.
- Aye, and you, don't even get me started ! She's got a sad backstory with these weapons, bouh ! Cry me a river !
- Mon père a essayé de me TUER avec ces dagues !! s'insurge la Satyre. Je ne les ai gardées que parce que c'est ma putain de mère qui m'a sauvée en les lui prenant !
Le groupe s'arrête, la tension monte.
- So what ?! Because something bad happened with it, ye ain't gon' use it ?! Grow the fuck up, there's a fuckin' lot of things with bad history that are still bein' used !!
- Uniquement parce que de mauvaises personnes le décident ! Que tu penses que ces armes soient inutiles est ton choix, pas celui de tout l'univers !
- Bon, ça suffit ! s'interpose Mathias. Votre temps est écoulé, nous sommes arrivés aux ruines.
Les deux ont du mal à desserrer les poings. Ils acceptent une trêve temporaire afin de se reconcentrer sur la mission. Contre toute attente, c'est le Minotaure qui remarque un indice en premier.
- Hah ! Harrington, observe-t-il sur une inscription. Je ne sais pas où ils sont allés, mais à mon avis ça s'est mal terminé pour eux.
- Aaaah, mais oui, c'était ça, se rappelle Sylseris. J'avais entendu parler d'une famille disparue il y a quoi, une dizaine d'années ? M'est avis qu'ils sont tous morts.
Le groupe s'avance... Mais du bruit interrompt leurs recherches : des soldats Logalliens fouillent eux aussi les ruines, décorés de masques d'apparat.
- I'm so fucking tired of searching this damn thing, peste l'un d'eux.
- Shut up ! crache ce qui semble être leur chef. Keep looking ! If we find the Stone, we're all getting fucking rich !
- Une pierre ? murmure Aluin. Pourquoi chercheraient-ils une pierre ?
- What does it looks like again ? demande l'un des soldats.
- It's red, répond leur chef. Almost like a gem. But it ain't.
- By the Gods, this is the most precise thing i've ever heard.
- I'm doing what I can with what I got.
- And we're doing what we can with what you got, you're not the victim here, Alex.
- Don't call me by my name, Jimmy.
- Oh, well excuse me, Ô Great Leader, but I don't give a single fuck at what you want. We're searching for something we can't find.
- I swear to God, if you keep-
Leur chef finit par repérer l'imposant Minotaure.
- Hey ! Who the fuck are you ?! demande-t-il une main déjà sur son épée. What are you doing here ?!
- Eummm- On fait une visite ? tente maladroitement le Minotaure.
- Wait... They're not from Logalla !
Les soldats prennent les armes. Il y en a bien une vingtaine. Les membres du groupe tournent tous leur regard en direction de celui qui parle bien trop, jugeant son clair manque de perspective.
- Hey, pour ma défense, je ne vous ai pas vu tenter quoi que ce soit, lance-t-il.
- You fuckin' meathead, I speak their fuckin' tongue, for once in your stupid life, couldn't you just think ?! peste le Nain en s'équipant de son marteau de guerre.
Les soldats foncent à l'attaque, considérant la présence du groupe comme hostile ! Le Minotaure s'équipe de sa lourde hache, faisant hésiter ses adversaires.
- Ils ont pas l'air assez patients pour négocier, tant pis pour eux ! lance Mathias. Aluin, en arrière ! Sylseris, ralentis-les !
- Pas de problème, réplique la Mage en tapant son bâton au sol.
Une vague de froid se dirige en direction des soldats, certains se retrouvent avec les pieds gelés pendant que d'autres ont du mal à avancer sous de telles températures. L'archer en profite pour en éliminer certains.
- Claupi, surveille Salyn ! ordonne le chef d'équipe. Mylkas, Elkrig ! On les défonce !!
- AYE !! réplique le Nain.
- C'EST PARTIT !! hurle à son tour le Minotaure en transperçant un ennemi avec ses cornes.
Tandis que le Nain brise des genoux à l'aide de son marteau, Mathias use de son bouclier afin de bloquer les attaques et contrattaquer avec sa lame. Le Minotaure n'est guère impressionné par les adversaires clairement effrayés qui lui font face. Des renforts arrivent sur le coté, Aluin en élimine certains à l'aide de ses flèches, mais la Satyre est forcée d'agir.
Le premier se prend un coup de sabot dans l'entre-jambes. Le deuxième n'est pas plus chanceux, elle esquive son coup et en profite pour lui tordre le bras. Salyn refuse de se laisser faire et joue de sa Lyre pour envoyer des rafales de vent en direction des soldats. C'est un brutal coup de hache qui terrorise les ennemis restants, préférant fuir que mourir. Le Minotaure, éclaboussé de sang, se tient fièrement sur sa pile de cadavres.
- Sept ! lance-t-il fièrement en direction du Nain.
- Eeeerrh, fuck off, réplique ce dernier près de quatre cadavres.
- Bon sang, on ne fait que rendre la situation encore pire, peste Mathias.
- Mais non, regardez ! lance la Satyre en montrant les bourses remplies de pièces qu'elle a récupéré sur les corps. Il n'y a pas de pièces d'Or, mais ça fait pas mal de Cuivre et d'Argent !
Du bonheur dans leur malheur, les membres du groupe hésitent à continuer les recherches, craignant une nouvelle mésaventure. La Satyre se dirige vers son amie musicienne pour la surprendre.
- Ah-HA ! lâche-t-elle après avoir mis l'un des masques en porcelaine. Alors, comment ça me va ?
- Mazette, tu sais que ça te va plutôt bien ? remarque Salyn. Laisse moi essayer, tiens.
La musicienne met le masque en porcelaine. Les yeux de la Satyre brillent.
- Oh mon Dieu, mais tu es encore plus ravissante avec !
- Ha ! Attends, il faut que je colle au thème. Ce genre de truc doit faire partie d'un groupe de malades mentales qui se prennent au sérieux.
Elle prend la pose en croisant les bras tout en regardant au loin. Pendant que Claupi rigole, elle ne peut s'empêcher de se rappeler quelque chose. Quelque chose qu'elle a vue à Logalla.
- LE MASQUE !! hurle-t-elle sans prévenir.
- Aie ! Quoi, le masque ? demande la musicienne tout en le retirant.
- C'est ce genre de masque que j'ai vu sur un riche Logallien dans une calèche avec un gigolo !
- Claupi, je te jure que quand tu utilise le mot gigolo, ça ne te va pas.
- De quoi tu parles ? demande Mathias en remarquant l'agitation.
- Ces masques ! J'en ai déjà vu un à Logalla, sur quelqu'un qui semblait riche, explique la Satyre.
- Il y a des chances que cela ne soit qu'une coïncidence, rappelle Sylseris.
- Le problème, c'est qu'ils sont nombreux et qu'ils cherchaient quelque chose, remarque Aluin. Ce genre de tâche demande de l'argent, ce qui rejoint le riche.
- Pourquoi diable quelqu'un paierait une fortune pour retrouver une simple pierre ?
- Et pourquoi qu'il se paierait un gigolo ? demande Mylkas, qui loupe totalement l'intrigue.
Les yeux de la Satyre s'ouvrent en grand, comme si elle venait de trouver la réponse à l'univers.
- La Pierre, réalise-t-elle en mettant ses quelques neurones en ébullition. Rouge, qui ressemble à une gemme mais qui n'en est pas une ! J'ai déjà vu ça ! Celle de la Taverne ! Son collier, il avait une pierre rouge ! Elle pensait que nous voulions lui voler !
- This stupid bitch got something to do with those poor bastards ? s'interroge le Nain.
- Euh... Mais... Si celle de la Taverne a une pierre qui pourrait être celle qu'ils cherchent... Pourquoi fouiller des ruines ? demande le Minotaure en brûlant à son tour son unique neurone.
La question fait mouche. Après tout, quel serait le lien entre des ruines frappées du nom d'Harrington et la jeune femme qu'ils ont croisé à deux reprises dans des tavernes ?
- Je ne sais pas, hausse Claupi, ils sont bêtes comme leurs sabots ?
- Je n'ai aucune idée de sa place dans tout ça, mais j'en pense que ça mérite une enquête, lance Mathias. La dernière fois qu'on l'a vue, c'était le soir précédent l'attaque au port qu'on nous a mise sur le dos. Je trouve que ça mérite des explications.
- On retourne à Logalla ? demande Sylseris.
- De manière... Discrète. Je doute que nous soyons les bienvenus.
Le groupe repart certes bredouille, mais pas sans objectif. Un retour à Logalla s'impose. Ne reste qu'à espérer que retrouver cette jeune femme sera aussi facile à dire qu'à faire.
En pleine forêt, loin de là, un musicien épuisé tente de maintenir le rythme d'une Elfe Trybride n'ayant pas de temps à perdre. La nuit tombe et pourtant, elle ne semble pas vouloir s'arrêter.
- Bon sang, s'épuise l'Halfelin, vous allez trop vite !
- C'est toi qui ralentit, assène-t-elle. Je t'avais prévenu.
- Nom de Dieu, vous comptez marcher toute la nuit ? baille le Fé. Vous n'avez pas sommeil ?
- Je n'ai pas besoin de dormir. Je ne fatigue pas.
- C'est pas grave, Cookie, je vais... Je vais tenir le rythme ! Repose toi dans ma poche en attendant ! propose Theodwin, rongé par la fatigue.
- Tu es sûr ? demande le concerné. Tu m'as l'air bien épuisé.
- T'en fais pas... Je vais même... Jouer de la musique ! Cela t'aidera à dorm-
Il s'évanouit sous la fatigue. Afin de tenir le rythme, il a du tripler sa vitesse de marche depuis son départ, tout en essayant de continuer à jouer de la flute. L'Elfe Trybride continue tout simplement son chemin.
- Hey ! Il va pas bien ! interrompt Cookie.
Elle s'arrête, mais ne se retourne pas.
- Je l'avais mis en garde, explique-t-elle.
- Bordel, mais on s'en fout de ça ! Il veut vous suivre ! C'est juste qu'il a besoin de repos !
- A chaque seconde perdue, le Mal grandit.
- "Perdue" ? Alors dans ce cas, pourquoi vous être arrêtée au campement ?!
L'argument fait mouche, elle serre les poings.
- Bordel, même moi qui ait passé la journée sur son épaule, je suis fatigu-
D'un claquement de doigt, elle l'endort. La Magie de l'Elfe Trybride est d'une efficacité à ne pas sous-estimer. Elle les observe, allongés dans l'herbe. En fermant les yeux, Myrrh inspire, puis expire. Quand bien même elle n'approuve pas ce choix, elle se décide à rester. Des morceaux d'écorce se mettent à ressortir de sa peau, la magie s'affole. Lorsque sa main entre au contact du sol, des branches et des racines forment un abris autours d'eux, semblable à une cabane.
L'Elfe continue de les observer. En voyant la fumée qui sort de leur bouche à chaque respiration, elle comprend qu'ils ont probablement froid et se décide à créer un feu de camp au milieu de la pièce. Il y a bien une raison pour laquelle le Fé a été endormis avant de voir cela. Lentement, et avec une grande hésitation, elle rapproche sa main de l'Halfelin... Puis s'arrête. Se ravise. Elle se reconcentre et reste en position assise. Ses yeux ne se ferment pas. Elle observe simplement les flammes et écoute leur crépitement.
Les flammes ravivent des souvenirs.
Une bataille féroce.
Cruelle.
Accompagnée de deux autres membres de son espèce, l'Elfe Trybride découvrait ce que cela fait d'affronter un Dieu. Un Dieu en colère, qui plus est. Des flammes jaunes brûlaient encore les cadavres de l'armée qui avait osé lui faire face. Une chance pour elle et ses camarades, leurs armes étaient faites d'un bois qui ne brûle pas. Plus important encore... Leur volonté ne plierait pas. Un atout de choix lorsque l'on affronte un Dieu capable de déchainer l'Enfer.
Le lendemain, dans une Taverne toujours plus connue. Le groupe de mercenaires en mission pour Duiviel aime bien cet endroit, il est important d'y faire une halte lorsqu'un Nain est assoiffé.
- Oh. The Dwarf again, remarque le Tavernier en essayant de cacher de la bière.
- Aye, ye think my eyes would let ya hide some beer from me ? ironise le petit Être.
- Well, it was worth the shot, wasn't it ?
- I could hear a beer and find it in the darkest place on earth.
- You have a drinking problem, my good sir.
- So fuckin' true...
- Ezekiel, c'est bien ça ? demande Mathias en venant au comptoir. Une tournée, s'il vous plait !
- You got it ! réplique le Tavernier.
Les bières sont servies. Salyn se préparait à jouer de la musique, quand soudain... Une mélodie la devance. Un autre Barde est déjà présent. Esteban Valencia, fier joueur de Luth, amuse les habitués. Salyn est impressionnée, le musicien est plutôt doué.
- Waow ! s'émerveille la Satyre. Fais de la musique avec lui !
- Quoi ? Claupi, je peux pas m'accorder avec quelqu'un comme ça, commence-t-elle, et il faudrait-
Devant les yeux de la Satyre, la musicienne laisse tomber toute idée de débat. Elle sait qu'il est impossible de raisonner avec elle dans cet état là.
- Oh et puis merde, à nous deux.
Salyn dégaine sa Lyre et commence à jouer en accord avec la mélodie d'Esteban. Les habitués sont surpris et encouragent à continuer. Esteban, qui possède un fort amour pour la musique, n'en éprouve que plus de joie. Il observe la musicienne droit dans les yeux avec un grand sourire tout en jouant, chose qu'elle lui rend en augmentant ses notes. La Satyre danse en rythme, jamais l'ambiance n'a été aussi folle.
- Well I'll be damned, this place is starting to get some happiness ! se réjouit le Tavernier.
- Salyn ne peut rien refuser à Claupi, tant que votre musicien jouera, il aura du répondant, explique Mathias.
- Et dire que nous venions ici pour nous reposer, je serais presque tenté de rejoindre Claupi à la danse, lance Aluin.
- Du moment que Mylkas ne s'y essaye pas, l'endroit devrait rester en un seul morceau.
Les trois explosent de rire. Le Minotaure, lui, c'est tout l'inverse. Il tente sa revanche contre le Nain. Cette fois-ci, c'est celui qui boit le plus qui gagne... Et le petit Être a la réputation d'être un véritable gouffre. Un puit sans fond qui absorbe tout type de bière. Sylseris, elle, se contente de profiter de la musique sur sa chaise.
- Vous l'avez embauché ? demande Mathias.
- No, réplique le Tavernier. He was okay for a beer per song, but I just give him what he needs, even for the food. He's good and the others tends to stay longer when he plays. But I think he's travelling, he'll probably be gone soon.
- Dommage, il joue bien.
C'est au bout d'une vingtaine de minutes que les musiciens font une pause, acclamés par l'ensemble de la taverne. Claupi aussi est applaudie, elle qui a dansé tout le long, divertissant les yeux pendant que les oreilles étaient comblées.
- Incroyable ! s'écrit le ménestrel. Je n'avais jamais rencontré de Barde jouant aussi bien !
- De même ! réplique Salyn.
- Comment diable as-tu réussi à t'accorder aussi vite ?
- J'ai observé ton rythme et les mouvements de ton corps ! Il y a beaucoup de passion dans ce que j'ai vu !
- Incroyable, je ne savais pas que ça en disait autant !
- C'était génial !! se réjouit la Satyre. Je n'ai pas dansé comme ça depuis mon campement natal !
Le trio continue sa discussion, certains bourrés essayant encore de danser près du feu. Mais tandis que tout le monde discute, certains boivent. Rien ne peut dire qui du Nain ou du Minotaure est le plus lucide, mais le fait que plusieurs chopes sont étalées sur la table en dit long. Ils en boivent une de plus, les yeux dans les yeux... Puis tombent ensemble en arrière. Ils ont leur compte, personne n'a gagné, les spectateurs sont laissés sur leur faim.
Plus tard, tandis que les deux compétiteurs dorment encore, Sylseris fait le tour des livres présents sur les étagères de la taverne. Certains penchent vers la religion, d'autres vers la magie... Mais soudain, quelque chose capte son attention.
- "The Forsaken Hunt"... Une chasse abandonnée ? s'interroge-t-elle en observant le livre sous tout les angles.
Elle ouvre l'ouvre et commence à en observer le contenu... Puis se rend vite compte qu'il s'agit probablement d'un ouvrage pour enfants. Curieuse, elle tient à vérifier.
- Tavernier, avez vous déjà lu cet ouvrage ? demande-t-elle en lui montrant le livre.
- Oh... The Forsaken Hunt. Yes I did, réplique le concerné. Why ?
- Qu'est-ce exactement que cette Chasse ?
- Aaah. It was a story that took place a very long time ago. You probably weren't even born.
- Je suis une Demi-Elfe. Je vis longtemps, vous savez ?
- Heh, and yet, you may still be too young. The Forsaken Hunt is more of a group of people. Outcasts. When these lands were filled with monsters, these outcasts faced them.
- Des monstres ? Vraiment ? Et vous êtes sûr que ce n'est pas un livre pour enfants ?
- Aye, I found it at Slozia, and this place is reaaaally crazy when it comes to telling the truth. Anyway, since monsters were too hard to kill, the Forsaken Hunt studied them. They wanted to see how they act, so they would know how to strike. This group was probably the most dangerous ever seen. Think about it : a monster could have more strenght and more speed than your horned friend, sleeping over there... And these guys could still kill it without a sweat.
- Que leur est-il donc arrivé ?
Le tavernier ferme son poing, caressant mécaniquement sa bague.
- Someone solved the problem by exterminating the monsters, explique-t-il. I'm definitely not saying it's a bad thing ! But without monsters to kill, the Forsaken Hunt just... Kind of... Lost its interest. People forgot about them. And now they're just a book. A book "for children".
- Et juste comme ça, ils ont disparus ?
- Eeerrh, I heard one day that they kept the training, but there's just a handfull of them now. And that's if what I heard was true.
- Huh. J'ai vu que vous aviez beaucoup de livres sur les différents Dieux. Lequel est le vôtre ?
- Well, you know... I'm... Not really into... Religion, anymore. You ?
- Je suis les préceptes d'Unheia, la Déesse de la Glace.
- Well, I heard she was kind and generous !
Les deux possédant de grands savoirs, quel que soit le domaine, leur discussion ne fait que commencer. Bien des Dieux habitent ce monde... Le problème... C'est que certains ne se sentent pas obligés d'agir pour le bien de ce dernier.
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Marchant dans des couloirs qui d'habitude sont interdits d'accès, un Demi-Orc s'approche d'une grande salle. Quelqu'un l'y attend. . . Quelqu'un possédant un masque d'apparat en Porcelaine. Le Demi-Orc n'est pas à l'aise avec cette décoration, préférant savoir à qui il parle, mais il n'en semble pas plus surpris : ce n'est pas la première fois qu'il le voit. La salle n'est que peu éclairée et la nuit rend la visibilité encore moins évidente, mais le Demi-Orc semble apercevoir une immense statue derrière l'Homme masqué qui n'était pas présente la dernière fois. - Nous avons fait ce que vous nous avez demandé, explique-t-il. Qu'en est-il de notre récompense ? - Votre récompense ? s'interroge l'Homme au masque. Aaah, je vois. De l'argent. Il lui jette une bourse remplie de quelques pièces d'Or. - Je. . . Je ne sais que dire, lance le mercenaire. J'ai comme le sentiment qu'il s'agit d'un piège. Autant d'Or pour une si petite mission ? - Ma foi. . . Il y a effectivement autre chose. Que dirais-tu de recommencer ? Pour la même somme, je te demanderais de ravager deux cargaisons de ton choix. - Qu'en est-il des livreurs ? L'Homme hésite. - Tues-les. Le mercenaire esquisse un sourir
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Au-delà de l'horizon, loin des civilisations et de leurs guerres incessantes. . . Au cœur d'une forêt dont les arbres sont plus âgés que les millénaires eux-mêmes. . . L'un de ces derniers s'impose par sa taille gigantesque. Des murmures sont transportés par le vent, dans une langue que nul ne parle. Ces mots viennent jusqu'à l'arbre central, dont les racines pourraient engloutir des villes. Pire encore, il semble les entendre, et de sa réaction s'enfuient les animaux alentours. De par son âge, il a retenu les leçons de l'Histoire. Il connait le danger qui menace le Monde. Il a déjà aidé à le repousser, mais cette fois-ci, le Mal pourrait bien avoir appris à son tour. Le feuillage se décide à bouger, dévoilant des plateformes installées dans les branches, formant un petit village. Les habitants, semblables à des Elfes si ce n'est quelques divergences physiques, semblent surpris de ce mouvement de la part de l'Arbre. Ce dernier n'agit jamais sans que la situation ne soit désespérée. Un message est transporté par le vent, murmurant un nom. Appelant une personne. Seulement, il ne s'agit pas de n'importe qui. Trois de ces Elfes se sont déjà aventurés dans le Monde afin d'empêcher une
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Avec la tête de Warren en train de brûler et la Barbare qui brise la colonne vertébrale de son dernier adversaire, le massacre est complet. Val contrôle sa rage afin de se calmer. Elle récupère sa lame, libérant deux cadavres au passage, puis efface la marque de sang présente sur son visage. - Done ? demande-t-elle. - Yes, réplique Gwenaëlle. Thanks. What's with the blood thing ? - Ritual. Loose ear. Gain strenght. - Well. . . That's. . . Good. - Me need find tall warrior. - The guy who kicked the shit out of you ? - . . . What ? - You mean the guy from the boat ? - Yes. - Well. . . You helped me on this one. I'll try to help you with yours. He must be a member of the Cult, so we're both winning. I'll search for anything that can guide us to one of them. Look out for intruders. La barbare fait tournoyer sa lame en accord et se prépare. Gwenaëlle sait que le temps est compté, elle cherche donc aux endroits clés. Documents, objets, Pierre, peut-être. Tout ce qui peut lui être utile. C'est le lendemain matin que le chaos est admiré de tous. Des soldats ont établis un périmètre de sécurité, mais cela n'empêche pas les curieux d'observer. Deux personnes, portant des masques d
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Sachant qu'elle n'aura que peu de temps devant elle, Gwenaëlle inspecte les environs afin de voir s'il y a des choses utiles à récupérer. Des munitions pour cette nouvelle arme, facile. De quoi s'en occuper, idem. Trouver des documents parmi ce bazar, en revanche, c'est une autre affaire. Rien d'intéressant sur le bureau, mais un détail lui vient à l'esprit. Les gardes étaient censés amener ce prototype quelque part. La jeune femme se dirige vers celui à qui parlait Lawrence et fouille ses poches : Un lieu y est indiqué. Elle en profite aussi pour fouiller les poches de l'Ingénieur, mais rien si ce n'est de l'Or. Le temps presse et elle ne se sent pas de chercher plus longtemps. Elle remet sa cape et quitte discrètement les lieux, se fondant désormais dans le peuple Logallien. Quand bien même elle est cachée derrière sa cape, ses vêtements sont tâchés de sang, ce qui pourrait bien poser problème. Elle se dirige vers le couturier le plus proche et s'en achète de nouveaux. Une fois la situation réglée, elle se décide enfin à se poser dans un endroit calme et à l'abris des regards afin d'observer cette nouvelle arme. On ne peut y placer qu'un seul projectile, mais les dégâts compense
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Elle connait plusieurs langages, des dizaines, des centaines, des milliers de mots différents. . . Et pourtant, aucun ne lui vient à l'esprit pour qualifier le bordel que représente l'intérieur du Navire. Un pied de table a empalé quelqu'un dans une paroi. Une tête a traversé le plancher. Pas en allant vers le bas, mais vers le haut. - Mais comment a-t-elle fait ça ? Son regard passe près du trou dans le Navire. Elle remarque une salle possédant des documents, plus bas. Son avancée n'est décorée que par d'autres cadavres. Tous sont équipés de rapières. . . Cela ne les rend pas pour autant dangereux. Certaines armes sont pliées : ils ont donc tenté de parer une attaque. Considérant la force qu'il faut pour empaler quelqu'un avec un pied de table, ce n'est que de la folie de vouloir bloquer le coup d'une telle personne. Plus encore avec une rapière, qui n'est pas faite pour ce genre de choses. Tout en admirant leur idiotie, Gwenaëlle ramasse ce qu'elle peut dans les bourses des victimes. Du bruit. Des tremblements et des murmures. Gwenaëlle n'est pas seule. Elle s'équipe de sa rapière et ouvre la pièce d'où vient le son. . . Des femmes de joie. Bien qu'elles soient presque totalement
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L'Enfance. Une partie de la vie parfois détestée lorsque l'on y est, mais regrettée une fois quittée. Tout le monde rêve d'avoir une enfance parfaite, à l'abris dans une maison, à pouvoir jouer avec les autres enfants. Gwenaëlle Harrington aurait dû avoir tout cela, sa famille est riche et les couloirs de leur Manoir lui laissent largement la place pour courir. Problème, un enfant ne devrait pas avoir à courir à trois heures du matin avec une entaille au bras. - Papa ! appelle-t-elle. - Gwenaëlle ! réplique une voix familière. En arrivant à la chambre de ses parents, la jeune enfant de onze ans aperçoit son père croiser le fer avec un ennemi possédant un masque d'apparat en porcelaine. Ce dernier se défend, mais cela ne suffit pas. Une rapière lui transperce le cœur. - Gwenaëlle, ne regarde pas ! ordonne le père de famille. - Où est maman ?! demande l'Enfant. Qui sont ces gens ?! - Je n'ai pas le temps ! Ecoutes moi bien, il va falloir que tu t'éloignes le plus possible de cet endroit ! Il ne faut pas qu'ils te trouvent ou bien ils te tueront, tu m'entends ? - Q-Que... Le père de famille lui donne un collier muni d'une pierre rouge. - Gwenaëlle. Tu es la fille la plus intell
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Cela va faire des semaines. Des semaines qu'il reste enfermé chez lui, sans même ouvrir les fenêtres. Il a peur au moindre bruit. Dieu sait que sa maison grince. Elle est en mauvais état, il devait la faire réparer il y a plus d'une semaine. Il comptait sur son travail de photographe pour lui apporter l'argent nécessaire. Jamais il n'aurait pensé que photographier une femme soi-disant hantée serait si terrible. Après tout, cela ne ressemble qu'à ces fameuses histoires pour faire peur, n'est-ce pas?
- Cela va bien se passer, se rassure-t-il. Cela fait plusieurs jours, déjà. Tu as envoyé la photo, tout va bien, il ne s'est rien passé.
Amaigri, cerné, l'apparence de cet homme en dit long sur sa santé. Il se nourrit de moins en moins et ne parvient plus à dormir. Il voit quelque chose dans ses rêves. Ses cauchemars. Un homme au visage flou qui le tue à petit feu.
- Tout va bien se passer, continue-t-il. Tu dois sûrement être malade...
Soudain, un courant d'air. Une tasse se brise sur le sol, le photographe hurle de peur ! Il prend un lanterne et l'agite devant lui. Il sait que ce n'est pas qu'un courant d'air. Un râle se fait entendre... Suivi par un bruit métallique. Ce bruit venait de la cuisine. Le photographe panique ! Il prépare son appareil, comme si sa vie en dépendait. Un bruit se rapproche. Lentement, les murs se mettent à pourrir... Un vent froid se lève. Il active son appareil, le flash lumineux ressort, la photo est prise ! L'espace d'un instant, l'homme aperçoit une SILHOUETTE. La peur s'empare de lui ! Il se dirige vers sa chambre, laisse sa lanterne devant la porte et essaye de l'ouvrir ! Il glisse et tombe ! Il se relève au plus vite puis s'enferme, place son lit devant la porte, y rajoute quelques meubles et en garde d'autres pour bloquer la fenêtre. Le râle s'atténue. Plus aucun bruit.
- Ce n'était rien, alors ! Se rassure-t-il. Il ne se passe rien, hein ?
Il sent quelque chose dans sa main. En regardant, il s'aperçoit qu'il détient un couteau. Quand l'a-t-il prit ? Le Photographe n'aura jamais la réponse, sa main dirige d'elle même le couteau vers sa gorge. Il se poignarde de lui-même a de multiples reprises, jusqu'à se planter l'arme dans l'œil. Il meurt, mais ne s'arrête pas. Au bout de plusieurs dizaines de coups de couteau, sa main lâche l'arme. Cette dernière se glisse lentement sous la porte... Puis retourne, propre, se ranger dans la cuisine. Soudain, l'appareil photo est renversé avec une brutalité inouïe. Il brûle spontanément, effaçant toute preuve.
Ce n'est que quelques semaines plus tard que notre brave groupe arrive dans cette même maison. Théodore, Iris et moi explorons les lieux pendant que Noémie et Marie-Anne discutent avec les forces de l'ordre. Nous arrivons bien après les faits, le corps a déjà été examiné et déplacé. Cela n'empêche pas de rester mal à l'aise en voyant l'immense tâche rouge sur le parquet de sa chambre.
- Environ 70 coups de couteau, parait-il, rappelais-je en observant la tâche.
- Puuutain, réplique Théodore en observant la même chose. Comment on peut en venir à une chose pareille?
- Ils ont. . . Ils ont parlé d'un Fantôme?
- Ouais. . . Tu sais si. . . Tu sais si les fantômes peuvent faire ce genre de choses?
- . . . . . . . Nan. . .
- Putain, je suis aussi perdu qu'au premier jour.
- Et comment peut-on être sûr que c'est bien un fantôme qui a fait ça? Il suffit que cela soit un psychopathe.
- Cela avait quand même l'air personnel.
Noémie nous rejoint, Marie-Anne reste à l'extérieur. Iris, elle, commence à gratter sa cicatrice à la main droite.
- Quelque chose ne va pas, Iris? demandais-je.
- Non, ce n'est rien, c'est juste. . . Une impression de déjà vu, réplique-t-elle.
- Ne t'en fais pas, cela n'a rien à voir avec un monstre difforme. Il s'agit probablement d'un assassin réel.
- Et bien cela va être compliqué à expliquer, riposte Noémie. La porte était barricadée de l'intérieur quand les forces de l'ordre sont arrivées. Des meubles bloquaient aussi les fenêtres.
- . . . Une minute, réfléchit Théodore. Non seulement, comment le tueur est-il entré, mais aussi comment est-il sortit? Vu le sang, ça n'a pu se passer qu'ici.
Iris se détache du groupe, observant la porte. . . L'interstice du bas permettrait bien de faire passer certains objets.
- Ils ont aussi expliqué qu'une lanterne était postée devant la chambre, continue Noémie. Qui se barricaderait en laissant sa lanterne à l'extérieur?
Elle suit son intuition. Une partie du sol est brûlée. Un vif souvenir lui saute aux yeux, son manoir en feu. Sa main la démange.
- Un appareil photo complètement brûlé a aussi été trouvé, explique Noémie. Vous pensez qu'il a prit en photo son meurtrier et que ce dernier a cherché à effacer les preuves?
- Cela coïncide avec la théorie que le Fantôme n'aime pas être pris en photo.
Son avancée continue. En arrivant près d'un couloir, elle a l'impression d'entendre un râle. C'est comme si ce couloir devenait de plus en plus long, et de plus en plus sombre. Sa main commence à lui faire mal. Elle arrive dans la cuisine, apercevant aussitôt les couteaux. Ils sont tous à leur place. C'est en allant en chercher un qu'elle remarque quelque chose d'étrange. Sa main saigne. Sa cicatrice saigne. Pire encore. . . La marque sur sa main, un pentagramme inversé, brille d'un rouge intense.
- A. . . Adam. . . ? appelle-t-elle, confuse.
En se retournant, elle remarque qu'il n'y a plus aucun bruit. Elle regarde par la fenêtre, Il fait nuit. Impossible, il faisait jour lorsqu'elle est arrivée. Le froid se fait sentir, mais ce n'est plus ce qui la perturbe. Le râle revient.
- Adam !
Soudain, les murs se mettent à pourrir. Iris panique, elle ne sait pas quoi faire. Un meuble se met à léviter, puis lui fonce dessus ! Elle l'évite de peu, mais se prend une chaise ! Sonnée, elle reste au sol. . . Tandis que les couteaux se mettent à léviter à leur tour. Ils se plantent des ses poignets et ses chevilles, la clouant ainsi au sol ! Elle hurle de douleur. Une forme immatérielle s'approche d'elle. . . Puis de la marque brillante sur sa main droite. Le râle s'intensifie tandis que la forme tente d'atteindre le pentagramme ! Iris souffre à nouveau, mais le procédé semble échouer !
Un immense flash lumineux la ramène à la réalité en hurlant. Elle est au sol, nous sommes tous autours d'elle. Théodore éloigne le journaliste qui a pris Iris en photo lorsqu'elle était au sol.
- Hey, ça va? demandais-je. Iris?
Elle a du mal à m'entendre. Son regard se tourne vers sa cicatrice. L'espace d'un instant, elle a l'impression qu'elle brille encore.
- Iris? appelle Noémie.
- M. . . Mes. . . Mes poignets. . . Mes chevilles ? s'interroge Iris.
- Elles vont bien, lançais-je. Qu'en est-il de toi ?
- Un problème ? demande le journaliste. Elle n'a pas l'air bien.
- Laissez nous un peu, vous voulez ? réplique Théodore.
- Pourquoi êtes vous ici alors que les forces de l'ordre sont déjà passées ? Êtes vous d'autres experts?
- Excusez moi, quel est votre nom ?
- Stephen, de The Sun.
- Ecoutez moi, Stephen, nous sommes des professionnels qui ont besoin d'être laissés tranquilles.
- Vous ne voulez pas que le public sache pourquoi un groupe possédant une personne de l'Ordre Religieux examine une scène de crime supposée hantée?
Théodore inspire, puis expire. Un officier finit par le faire sortir. Un autre nous demande si tout va bien, je leur explique que nous avons juste besoin d'un peu de tranquillité.
- Tu es sûre que ça va ? Demandais-je.
- Je crois savoir. . . Ce qu'il s'est passé, explique Iris. Le Fantôme. Il peut contrôler les objets.
Nos regards se croisent tous. Contrôler les objets. Charmant. Nous devinons tous comment le photographe s'est fait tuer : le couteau est passé par l'interstice de la porte.
- Contrôler les objets, tu es sûre ? demande Noémie.
- Noémie, je viens de me prendre une chaise et des couteaux dans les poignets, je sais ce que j'ai vu, explique Iris. Ils se sont mis à léviter avant de me foncer dessus.
- Une minute, tu viens de quoi ? demande Théodore.
- Tu l'as vu ? demandais-je à mon tour.
- J'ai vu. . . Une forme. Une silhouette, décrit Iris. Mais pas. . . Enfin. . . Pas le genre de silhouette causée par une ombre, ou un objet mal placé. C'est comme si la silhouette avait une vie propre. Et elle ne voulait pas qu'on la perturbe.
- Mais pourquoi t'avoir agressée ? Demande Noémie. Tu ne l'as pas prise en photo, cette silhouette, tu ne la connais même pas.
- Je. . . Je ne. . .
Les images lui sautent aux yeux, et la douleur qui va avec. Le regard tourné vers la marque brillante. Il essaye de l'atteindre. Le flash lumineux.
- Je ne sais pas.
- Ce qui compte, c'est que tu sois parmi nous, explique Théodore. Quittons cet endroit, Marie-Anne doit nous attendre.
Nous aidons Iris à se relever, elle essuie une légère coulée de sang avant de se remettre. Lorsque nous sortons, le journaliste essaye à nouveau d'obtenir des informations, sans succès. Nous quittons les lieux en voiture. Le journaliste peste, mais son humeur change lorsque quelqu'un se dirige vers lui en courant.
- Stephen ! lance le coureur. Stephen, ça a recommencé !
- Aaaah, Larry ! réplique le journaliste. Quelle est donc la croustillante nouvelle?
- Le tueur a recommencé !
- Erf. Encore? Mais que font les forces de l'ordre?
- Si on se dépêche on sera les premiers !
- Bah ! Bon, aller, allons-y. De toute façon, je n'ai pas eu grand chose ici. Pour l'instant.
Stephen et son assistant montent dans un taxis avant de se diriger vers la fameuse scène de crime. Il prépare un foulard, car ce n'est pas la première fois qu'il photographie une scène de ce genre. Un tueur en série rôde, pense-t-il. Arrivé sur place, il se couvre le nez et la bouche avant d'indiquer à son assistant de rester en retrait. Stephen est peut-être journaliste, mais pas complètement dénué de cœur. Encore dans une ruelle. Tout est bouclé.
- Stephen, de The Sun. Je suis Journaliste, vous permettez?
- Faites vite, explique le policier.
Il s'avance. L'odeur l'agresse déjà. Arrivé une certaine limite, il n'est plus autorisé à avancer. . . Mais il voit déjà tout ce dont il a besoin. Le jet de lumière provoqué par son appareil photo révèle quelques briques encore blanches, ainsi que certaines touffes d'herbes épargnées, leur placement en bordure étant assez protecteur. . . Mais une chose évidente sauterait aux yeux de n'importe qui. Jamais les murs n'ont été aussi rouges.
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Je passe un couloir, descend des escaliers, continue tout droit... Je ne sais pas vraiment où aller, et Nixon est de plus en plus stressé. Il n'est pas le seul. Je sais qu'elle nous poursuit toujours. J'arrive devant une grande salle remplie de tuyaux, sûrement pour le gaz ou la pression hydraulique. De quoi se cacher, j'espère. Nous entrons dans la salle et nous cachons derrière des tuyaux... Je vois Armand passer devant. J'aperçois son ombre... Qui s'arrête. Merde. Je prend Nixon et nous fais reculer plus loin, Armand ouvre la porte et rentre !
- Niiiiixoooooon ? appelle Armand, encore sous sa folie meurtrière. Mooooontreeeez vouuuuus..... Ha.... Ha ha ha... On dirait bien que vous êtes faits comme des rats... Samuel ne veut pas que je vous tue... Mais si je laisse Aurore revenir, cela posera bien trop de problèmes... Si vous voulez mon avis... Vous devriez vous montrer, que je fasse ça vite.
Je nous déplace un peu plus loin, sans qu'elle nous voit...
- Je suppose qu'il est avec vous, n'est-ce pas...? Ce... Fichu... DIVEEERGENT !!!
Elle donne un brutal coup de machette dans un tuyaux, qui rompt sous le coup !! Du gaz s'en réchappe ! Un sursaut nous a trahis et un léger bruit confirme notre présence dans cette grande pièce.
- Samuel a formellement interdit de tuer les Divergents, comment je suis sensé faire s'il se met toujours entre moi et mes cibles ?!
Elle donne un coup de pied dans un autre tuyaux, de l'eau chaude se déverse peu à peu sur le sol !
- Il ne comprend même pas que c'est pour les gens comme lui que l'on fait tout ça !! Je sais très bien que tu es là, le pyromane !! Chaque seconde passée à te cacher sera une seconde de plus à ton agonie !
Je voudrais bien essayer de la carboniser, mais avec le gaz présent dans la pièce, je pourrais me brûler tout autant...
- De toute façon, Baptiste a déjà du récupérer le colis, alors à quoi bon garder Nixon en vie, hein ?! Je suis certaine que Samuel comprendrait ! Donne le moi et je ne te tuerais pas, compris ?!
L'eau arrive vers nous... Elle est chaude, mais pas bouillante... En revanche, le moindre mouvement révèle notre présence. Nom de Dieu, elle prévoit tout ! J'hésite... Dois-je tenter de la brûler malgré le gaz? Bon sang, elle n'est armée que d'une machette et je n'ose rien faire... Une minute. Non. Elle n'a pas que sa machette. Elle a un pistolet, mais elle préfère sûrement le bain de sang procuré par sa lame. Je peux peut-être... Utiliser ça à mon avantage... Je retire une de mes chaussures et la lance vers une zone remplie de tuyaux.
- Ha ! Vous aurez essayé de vous cacher jusqu'au bout, hein ? demande Armand en préparant sa machette.
Elle avance vers la zone assez encombrée... Pendant que je la rejoint par un autre coté.
- Le problème, c'est que vous pensez que ce n'est qu'un rêve et qu'Armand va laisser la place à Aurore avant de commettre l'irréparable ! Mais quand le chat n'est pas là, c'est moi qui prend le contrôle, et je ne lui rend plus !!
Elle prépare sa machette et arrive à l'endroit d'où venait le bruit. Elle aperçoit la chaussure. Elle comprend vite que c'était un piège et se retourne, mais je ne lui laisse pas le temps de réagir et la plaque contre des tuyaux faisant circuler de l'eau bouillante, la chaleur lui détourne l'attention !
- Monsieur Cohen, sortez d'ici ! Hurlais-je.
Je lui assène une droite, mais elle réplique brutalement avec un coup de pied, je recule sous des tuyaux ! Elle essaye de m'achever !! Sa machette se cogne contre l'un d'eux, elle n'a pas calculé la trajectoire de son attaque...!! J'en profite pour lui prendre sa machette et la pousser hors des obstacles ! Je lève son arme en l'air, lui rappelant de terribles souvenirs...!
- Non...! Lance Armand en se souvenant de son origine.
Je lui assène un coup de Machette près de l'épaule !! Elle hurle de douleur en tombant au sol, puis commence à perdre du sang. Je récupère l'arme et me prépare à recommencer si besoin. Contre toute attente, elle semble rendre son dernier souffle... Avant de reprendre brutalement sa respiration, me faisant peur au passage ! Elle a du mal à respirer, mais parvient à diriger sa main vers sa blessure... Qui guérit à vue d'œil.
- Qu'est-ce que...?! Pestais-je tout en préparant la Machette.
- Non, stop ! Lance-t-elle en toussant du sang. Stop ! Elle n'est plus là ! Armand n'est plus là !!
- Quoi ?!
- J-Je veux pas vous faire de mal, c'était l'autre moi ! Armand ne sait pas que j'ai l'Aptitude de soigner les blessures, moi seule peut l'utiliser !
Je réfléchis... C'est ce que me disait Arya. Deux personnes dans un corps? Mieux vaut rester prudent. Je récupère le pistolet présent dans son imperméable. Elle l'enlève juste après. Je la fait passer devant moi et la surveille attentivement pendant que nous sortons d'ici. Trouver la sortie a pris un peu de temps, mais respirer de l'air pur fait un bien fou. En revanche, les dizaines de militaires qui braquent leur fusils en notre direction est moins agréable.
- Au sol, mains derrière la tête ! Hurle l'un d'eux.
- Pose tes armes ! Lance un autre.
J'obéis, tout comme Aurore... Des militaires récupèrent Nixon, qui me sauve la mise en expliquant qui je suis.
- Cet Exterminateur travaille pour vous? Demande un Militaire.
- Ce n'est pas un Exterminateur, corrige Nixon, c'est un Homme, et contrairement à vous il m'a sauvé la vie, aujourd'hui. Sans lui, je ne serais plus là et la tueuse à la Machette serait encore en liberté.
- Hum. Relâchez le ! Gardez cette femme, elle ira en prison pour de bon, cette fois. Et menottez la bien, nom de dieu !
Les Militaires récupèrent le pistolet et la Machette que j'avais pris à Aurore... Elle observe cette arme qui faisait presque partie d'elle... Mais quand le soldat dépose la lame dans un camion et que le bruit de métal tente un dernier appel... Elle ne ressent rien. Elle en est surprise elle même. Elle sait que d'habitude, il faut un peu de temps avant de pouvoir changer à nouveau, mais Armand aurait quand même essayé. C'est comme si elle n'était plus là. Aurore ne peut s'empêcher de pleurer de joie pendant que les militaires la menottent.
(Plus tard, loin de là, dans un Gymnase militaire.)
Deux personnes en uniforme attendent... Soudain, quelqu'un vient les voir. Un gradé.
- Je vois que tes cernes n'ont pas diminués, Baptiste, lance le gradé.
- Mon aptitude s'active quand j'essaye de dormir, cela n'aide pas, répond le concerné. Je t'ai ramené le colis. Quelle est ma prochaine cible, Samuel?
- Une opposante politique au Président. Elle se présentera aux prochaines élections, il faut qu'on l'aide à l'emporter. Manque la de peu pour attirer l'attention sur elle.
- Arme d'Echil, donc?
- Oui, il faut faire croire que c'est le Président qui a ordonné ça. Je dois m'occuper du message radio pour l'enlèvement de Cohen, mais avant ça...
Il se tourne vers Klaus.
- ... Je crois que nous avons certains sujets à éclaircir.
- Qui êtes vous? Demande Klaus.
- Disons que nous sommes des gens favorables à la naturalisation des Divergents. Vous ne semblez pas avoir vieilli, c'est étrange...
- C'est grâce à l'Aptitude d'un autre Divergent. Un ami à moi qui ne vieillissait pas. Mon Aptitude était de voler celle des autres Divergents. Je me suis servis.
- Tu... Prends les aptitudes des autres Divergents?
- Oui.
- Et que leur arrive-t-il par la suite?
- Ils meurent, la plupart du temps.
L'espace d'un battement de cil, Samuel se voit en train de dégainer son arme de service et lui coller une balle entre les deux yeux. Baptiste l'a deviné. Pas Klaus.
- Intéressant, lance Samuel. Combien d'aptitudes as tu volées?
- Plusieurs, répond Klaus. La manipulation de lave, la guérison des blessures non mortelles, la résistance à l'électricité... Mes os sont bien plus solides que la normale, seul un tir de char a pu me fêler une cote. J'ai aussi une peau plus résistante.
- Tu as du croiser beaucoup de Divergents... Pourquoi leur avoir volé leurs aptitudes?
- J'étais dans un camp de concentration. Ils pensaient que je me laisserais faire, comme les autres. Et puis je me suis dis "je pourrais devenir ce que je veux". C'est ce que j'ai fait. J'ai pris les pouvoirs que je voulais puis me suis dirigé vers la Capitale.
- Et tu es prêt à remettre ça?
- Seule une forte mobilisation de l'armée a permis de m'avoir. Maintenant qu'elle est occupée ailleurs, j'ai toutes mes chances.
- Je vais m'occuper des préparations. Le mieux serait d'attaquer dans deux semaines. Je demanderais à Armand de s'occuper du personnel à l'intérieur du Palais de la Capitale. Tu t'occuperas du Chaos ambiant pendant que Baptiste éliminera le Président, d'accord?
- Cela me va.
- Dois-je envoyer un message à Adèle? Demande Baptiste.
- C'est plus prudent, confirme Samuel. Chacun sait ce qu'il a à faire. Restez discrets en attendant. Je vais envoyer le message radio pour l'enlèvement de Cohen puis j'irais chercher Armand.
Ils se dispersent... Samuel, sous couverture, retourne à son bureau. Les militaires le saluent à son passage. Il se pose sur une chaise puis allume la radio afin d'avoir des nouvelles... Il va être servi.
- <<..-lèvement raté de Nixon Cohen, sauvé grâce à son garde du corps personnel, une autre preuve de l'efficacité insoupçonnée des Divergents dans la société.>>
- << Mais enfin, cet Exterminateur a tout de même lancé des flammes en pleine ville?>>
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- Nom de Dieu, lâche Samuel.
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- <<Êtes vous allé au front, actuellement?>>
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Le débat est interrompu par le présentateur radio, qui remarque la colère de l'anti-Exterminateurs. Pour Samuel, c'est la catastrophe. Armand a été arrêtée? Cela va compliquer les choses. Il faudrait qu'Adèle revienne, mais sa mission est délicate.
(Quelques jours plus tard. Dans la Capitale du Pays d'Eskhamn.)
Dans un bureau sous surveillance militaire, le Général d'armée d'Eskhamn observe des documents confidentiels... Il regarde l'heure. Il a rendez-vous. En sortant, il prend garde à bien fermer la porte. Une femme sort de l'ombre, habillée d'un simple T-shirt et d'un pantalon moulant, pas de chaussures ni même de chaussettes. Elle ne peut se permettre de porter trop de vêtements si elle veut que son aptitude fonctionne correctement. Elle se dirige vers les documents posés sur le bureau... Puis mémorise rapidement leur contenu. Bruit de serrure. Le Général d'armée entre ! Personne. Il récupère une enveloppe qu'il avait oublié... Puis repart.
L'intrue sort à nouveau de l'ombre. Elle prend une feuille puis emprunte un stylo... Et se met à recopier une page à la perfection. La même écriture, les mêmes mots, à un détail près. Un mouvement de troupes annulé. Son objectif est atteint, il ne reste qu'à sortir. Elle fait tomber un pot à crayons... Deux soldats se dépêchent d'ouvrir la porte pour vérifier d'où vient le bruit ! Personne. Ils avancent un peu dans la pièce, observent les moindres recoins... Rien. Personne. Un soldat remet le pot de crayons en place... Puis ils referment la porte. La pièce est désormais complètement vide.
(Le lendemain, de mon coté.)
Je rend visite à Arya, qui se prépare pour une nouvelle mission de reconnaissance... Elle a l'air plus qu'heureuse de me voir.
- Isaac ! Lance-t-elle en me prenant dans ses bras. Bon sang, quand ils ont parlé d'un Divergent lanceur de flammes ayant empêché l'enlèvement de Cohen, je savais que ça ne pouvait être que toi, tu m'as fait peur !
- Désolé, je n'avais pas le choix, répliquais-je, je ne pouvais pas laisser cette dingue le prendre. Enfin, ses mercenaires. Bref, ils ont eu un désaccord et c'est elle qui voulait l'avoir à la fin.
- Je ne sais pas ce qu'ils comptaient faire de lui, mais plusieurs gradés pensent que ce n'était qu'une diversion...
- Pourquoi? Ils ne comptaient pas le livrer aux Eskhamniens?
- Ils ne l'ont pas fait passer à la radio, mais... Klaus Eichman s'est évadé. Enfin, "évadé" est un peu rapide.
- Klaus Eichman... J'ai déjà entendu ça, mais où?
- Le Divergent qui avait lancé l'assaut sur la Capitale. Ce Terroriste a été arrêté mais... Il est sortit.
- Mais le public devrait justement en être informé...
- C'est la guerre, on vient juste d'arrêter une tueuse en série, grâce à toi, le gouvernement ne veut pas plomber de nouveau le moral d'Echil. Le Président veut qu'on le retrouve vite et sans bruit, mais je doute que cela ne soit possible...
- Pourquoi?
- Il a l'air d'avoir été aidé. Il a rempli plusieurs zones de lave, mais nous avons retrouvé un corps relativement caché avec une gorge tranchée. Cela ne peut clairement pas être lui qui a fait ça...
- Il va falloir faire attention...
- De toute façon, je ne pourrais pas aider. Notre train de marchandises relié au Pays voisin a subit une attaque, je vais devoir effectuer une mission de reconnaissance d'ici la fin de la semaine. Cela serait bien que je trouve d'où ils viennent.
- Reste prudente.
- T'en fais pas, je gère.
Je la laisse à ses occupations... Puis retourne me balader en ville. Je passe près du pont. Il se lève. Bon sang, il ne fait que ça? Je prend mon temps, cela fait longtemps que je ne l'ai pas regardé se lever sans avoir à sauter par dessus...
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Trois jours après l'attaque Terroriste ayant conduit à mon arrestation, le Gouvernement fait face à une nouvelle crise. Ma garde à vue ayant été prolongée sans réel motif si ce n'est que je sois un "Exterminateur", les associations de protection des Divergents font part de leur mécontentement. De plus, le témoignage d'Arya et les militaires ayant été blessés par les tirs de la femme à la machette prouvent mon innocence. Hélas, malgré cette triste ambiance, les Maraichers de l'association de réinsertion des Divergents ne peuvent se permettre de gâcher un jour de formation, quand bien même quatre d'entre eux doivent visiter le commissariat dans lequel je suis interrogé.
- ... Et ici, explique un officier, ce sont les archives spéciales. C'est ici que nous conservons les Documents liés aux Exterm.. Aux Divergents.
Une maraichère lève la main. L'officier chargé de la visite regarde son badge.
- Evelynn, c'est ça? Qu'y a-t-il?
Elle lui pose la question en langage des signes. Le guide ne comprend rien, naturellement.
- Bon, écoutez, va falloir articuler, la prochaine fois. Prenez des notes, plutôt. Nous allons passer aux salles d'interrogatoire. C'est dans cette salle précise que nous interrogeons ceux qui sont définitivement dans la mouise.
Derrière la vitre qui les sépare de la salle qu'il présente, je suis actuellement en train d'être interrogé sur le même sujet que d'habitude, mon interlocuteur cherchant désespérément une faille.
- ... Pour la énième fois, lançais-je, je n'ai agressé personne !
- Tu as bien lancé un jet de flammes à la prétendue "Femme à la machette", non ?! Réplique l'officier.
- Bien sûr, j'essayais de ne pas être le prochain !
- Ah, donc tu te prend pour la victime, maintenant ?!
- Mais bien sûr que OUI !!
- Alors pourquoi avoir utilisé tes pouvoirs d'Exterminateur en public, hein ?
- Pour l'empêcher de s'enfuir ?
- Joues pas au plus malin avec moi ! Un coup t'es la victime, un coup t'es le poursuivant ?!
- Il fallait bien que quelqu'un fasse votre boulot !
- 'Me dis pas ce que je dois faire, l'Exterminateur !
De l'autre coté de la vitre, le guide indique qu'il est temps de passer à autre chose, faisant semblant de ne pas remarquer la main levée... Par chance, quelqu'un vient interrompre mon interrogatoire en indiquant qu'il était terminé. Je suis libre. Je ne comprend pas comment, mais j'espère que ce qui m'attend n'est pas pire. Un homme s'appuyant sur une canne et accompagné de ce qui semble être une assistante m'attendent à la sortie. J'ai plutôt l'impression que l'interrogatoire était mieux. On m'indique qu'il est le responsable de ma libération... En m'approchant pour lui serrer la main, je remarque qu'il m'examine de toute part.
- Eum... Quelque chose ne va pas? Demandais-je. Hé hé, vous avez libéré le mauvais lanceur de flammes?
- Fascinant, réplique-t-il, je n'en avais jamais vu un d'aussi près ! Vu ce que l'ont dit sur les Divergents, je pensait que tu aurais des cornes...
- Vous pouvez me croire, à entendre certaines personnes, je le pensais aussi.
- Quel est ton nom?
- Isaac Curtis. Et vous?
- Nixon Cohen, mais je t'en prie, appelle moi donc Nixon, pour l'instant. Isaac, tu as fait de ton mieux pour arrêter cette terrible tueuse, n'est-ce pas?
- Oui? Pourquoi?
- Et bien, Isaac, si un endroit pareil a pu être attaqué de plein jour, c'est que n'importe qui pourrait subir le même sort, n'importe quand ! Je fais partie d'une certaine frange de la population qui, et bien, hé, se sent légèrement sous la menace d'une éventuelle meurtrière se baladant avec une machette...
- Où voulez vous en venir?
- Isaac Curtis, ne voudrait tu donc pas être mon garde du corps? Ta maitrise du... Feu, c'est bien ça? Ta maitrise du feu est un don qui demande à être exploité, c'est une chose indéniable, mais pour le moment, je ne te demande que cela, que dirais tu de travailler pour moi en temps que garde du corps?
- Vous... Vous voulez dire que vous comptez employer un Divergent qui a causé un sacré bazar dans la ville?
- Imagine un peu ! Le Premier Divergent à se faire proposer un travail dans l'une des plus grandes entreprises du Pays !
- Eum... Et bien, je... J'accepte !
- Félicitations ! Bienvenue à Nixon&Cie ! Viens, il faut discuter des détails..
Nixon&Cie, j'aurai du m'en douter. Il fabrique des armes et des véhicules militaires pour l'armée. Je discute avec lui de ce qui m'attend. Les maraichers arrivent au même moment, constatant mon succès.
- Voyez? Demande Caden, leur chef. N'abandonnez pas ! Tu vois que c'est possible, Marcus?
- Super, répond le maraicher ciblé, on travaille dur dans les champs pour se faire traiter comme des idiots, et lui il se fait arrêter pour gagner un boulot.
- Non, il ne faut pas le voir comme ça...
- Il a plutôt raison, lance un collègue.
- Merci, Jack, répond Marcus.
- Evelynn, un coup de main? Demande Caden.
Evelynn, de son coté, lance de dégoût son carnet vers le mur le plus proche.
- Bon, ok, ok, je vais voir ce qui est possible. Excusez moi?
- Navrée, interrompt l'assistante, Mr. Cohen est occupé.
- Sans blague, ça ne lui prendrait que quelques secondes de se retourner afin d'admirer le magnifique potentiel de ces Divergents là !
- Mr. Cohen a déjà fait une exception, aujourd'hui, il n'y en aura pas de deuxième.
- Une minute... Vous voulez de ce type car il est "populaire", n'est-ce pas? Parce qu'il passe à la radio, vous voulez de lui et pas des autres?
- Pour tout renseignement supplémentaire, il vous faudra prendre rendez-vous avec Mr. Cohen.
- Ah oui? Comment puis-je prendre rendez vous?
- Il faut passer par sa secrétaire, c'est à dire moi.
- Oh, donc vous servez à quelque chose, finalement? J'aimerai prendre rendez vous avec votre employeur.
- Je vais voir ce que je peux faire. Je vous recontacterais si nécessaire.
Déçus, les Maraichers retournent à leur association légèrement dégoutés par ce qu'il vient de se produire sous leurs yeux. Arya, elle, a été appelée par l'un de ses supérieurs afin de parler de ce qu'il s'est passé. Elle a déjà du l'expliquer, et suite au chaos provoqué par le fait que j'ai utilisé mes aptitudes en public, elle doit s'expliquer à nouveau.
- ... Et c'est là qu'elle l'a agressé avec sa machette, explique Arya. Elle m'aurait réservé le même sort si Isaac Curtis n'avait pas utilisé ses aptitudes de Divergent pour me sauver la vie.
- Vous confirmez donc qu'il n'a aucun rapport avec ces meurtres? Demande son interlocuteur.
- Oui, Monsieur.
- Serait-il envisageable qu'il ait été là afin d'ouvrir la voie à la tueuse ou non?
- Je l'ai croisé par pur hasard et il est resté près de moi tout le long. Il n'a pas pu faire le moindre signe ou prendre contact avec qui que ce soit, je suis sûre qu'il n'est pas complice.
- Inutile de vous rappeler que vous risquez gros en cas d'erreur.
- Je le sais, Monsieur.
- Mais si vous avez effectivement raison et qu'il n'est pas relié à tout ça, je saurais que vous êtes digne de confiance. Protéger un Divergent est un risque.
- A vrai dire, ils ne sont pas si dang..
- Lieutenant Abott ! Interrompt un agent de renseignement en entrant dans la pièce.
- Qu'y a-t-il? Demande le concerné. Cela a plutôt intérêt à être important.
- Un agent de communication est tombé sur une fréquence radio inconnue revendiquant la mort du Sergent Meyers !
- Nom de dieu !
Le Lieutenant Abott et Arya se dirigent vers la salle de communication... L'Agent se présente sous le nom d'Eugène Clericot puis nous indique que le message passe en boucle depuis tout à l'heure.
- <<..-ort du Sergent Meyers est de notre fait. Ce Divergent n'a rien à voir avec. Il a même tenté de s'interposer. Nous passons ce message car vous seuls pourrez le recevoir. Une telle affirmation ne serait pas crédible si elle venait à passer sur toutes les radios de la ville, c'est pourquoi nous avons décidé de la cacher au public. En revanche, il est plaisant de voir que le Pays d'Echil est si facile à atteindre. La Mort du Sergent Mey-..>>
- Comment avez vous trouvé ce message? Demande le Lieutenant.
- J'étais persuadé que quiconque aurait perpétué cet attentat ne chercherait pas à se moquer de nous, explique le dénommé Eugène. J'ai donc commencé à chercher des indices sur différentes fréquences, et j'ai fini par trouver ce message.
- Excellent ! Voyez, tous ? Pendant que nous ne faisions que réagir, il a avancé de lui même ! Eugène Clericot, vous méritez une promotion, je vous veux dans mon bureau dans trois heures ! Arya, restez avec lui et essayez de trouver qui pourrait bien avoir envoyé ce message. J'aimerai vous aider, mais j'ai à faire.
Le Lieutenant repart... Arya réécoute le message.
- ... La voix semble Masculine, lance Arya.
- Cela ne peut donc pas être la tueuse, enchaine Eugène.
- Il emploie le terme "nous", ils sont donc plusieurs... Peut-être un groupe d'anarchistes?
- Probable, mais ce que je n'aime pas, c'est la notion du "Pays d'Echil", comme s'il n'y étais pas vraiment.
- ... Serait-ce un Eskhamnien?
- Cela ne seraient plus de simples tensions Diplomatiques, ce genre d'acte pourrait être considéré comme une déclaration de Guerre...
- Une minute, nous ne sommes sûrs de rien, cela pourrait être un piège. Je pense effectivement que cela vient du Pays d'Eskhamn, mais et s'il s'agissait d'un groupe terroriste à part? Il suffit que des soldats bien entrainés veulent un peu trop de sang et décident de lancer la guerre eux-mêmes, il ne faut pas leur rendre service.
- Je pense que tout dépendra de la façon dont le Pays d'Eskhamn répondra à nos questions.
- Avec les Tensions actuelles, je doute que cela se passe comme prévu. Il faut demander un renforcement militaire aux frontières au plus vite.
- Cela ne risque-t-il pas justement de passer pour une tentative d'intimidation? S'ils n'ont pas de Divergents, là-bas, c'est bien pour une raison...
- Nous justifierons cela par l'attaque terroriste supposée venir de leur Pays.
- J'en parlerais au Lieutenant tout à l'heure. En espérant que le Président parle de façon Diplomatique.
- La Diplomatie n'a jamais été son fort, malheureusement... Hhh, je sens que je vais devoir contrôler mon Lamellé.
- Je te tiens au courant. La Pilote Arya Hooper, c'est bien ça?
- Oui !
Arya repart... La situation Diplomatique s'empire de jour en jour.
(De mon coté.)
Le Bâtiment des entreprises Nixon&Cie est immense ! Les couloirs sont longs et diverses, je ne comprend pas comment autant de bureaux peuvent avoir une utilité. Tout les employés semblent pressés, mais ils prennent le temps de saluer leur Patron. Le projet actuel est un nouveau type de Lamellé, pouvant accueillir quatre personnes et deux fois plus de munitions. Problème, une mitrailleuse demande des munitions, et rajouter des munitions rajoute du poids, ce qui pose problème sur la consommation d'énergie de l'engin et sa maniabilité. Les Lamellés lourds se contentent principalement de lâcher des bombes sur les zones de combat ennemies. Ils sont assez lents à piloter, contrairement aux Lamellés Légers, qui sont très maniables mais aussi très fragiles. Nixon voudrait faire un mélange des deux afin de parer à toute éventualité.
- Et ces gens travaillent toute la journée sur vos projets? Demandais-je.
- Il leur arrive de prendre des pauses, réplique Nixon.
- Mr. Cohen accorde parfois quelques pauses lorsqu'un projet est dans les temps, explique son assistante.
- Oh, je vois... Quel est votre nom, au fait?
- Elise Blanchet. Appelez moi Mlle. Blanchet.
- B-bien. Et que devrais-je faire, exactement?
- Surveiller ! Annonce Nixon. Quiconque arrive dans les couloirs du Troisième étage, là où est mon bureau, est à contrôler. Cela ne peut être qu'un Membre important de mon commerce, un employé qui a fait une terrible erreur ou bien une tueuse à Machette ! De toute façon, tu devras les contrôler tous. Elise saura reconnaitre qui ils sont. Si elle ne les reconnait pas, tu les carbonise !
- C'est un peu extrême, non?
- Hum. Nous aviserons le moment venu, alors. Bien sûr, tu ne seras pas ici jours et nuit ! Tes horaires sont de 7h30 à 19h, du Mardi au Samedi. Nous ne travaillons pas le Lundi, c'est le jour où j'ai mes réunions économiques. Bien sûr, tu seras bien payé, ne crains rien. Je ne suis pas un tyran. En revanche, nettoie tes chaussures avant d'entrer. Et ne parle à personne. En fait, carbonise surtout ceux qui sont suspects.
- Je vois...
Il m'explique que je commence demain. J'ai du mal à y croire, mais j'ai enfin un travail. Un travail compliqué, certes, mais qui a l'air bien payé. Les Horaires ne seront pas faciles. Le bâtiment possède un ascenseur, j'ai rarement l'occasion de les utiliser, c'est incroyable. Je pourrais aussi profiter du Lundi libre pour rendre visite à Arya. On dirait que l'avenir s'annonce idéal ! Qui l'eut cru?
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Il aura fallu du temps pour y accéder, mais nous avons enfin pu rejoindre le village où vit la fameuse Hannah Fletcher. D'un air inhabité, le village donne peu envie de s'y aventurer. Malheureusement, cela fait partie de notre enquête. J'ai remarqué qu'Iris observait beaucoup sa main durant le trajet, il s'est forcément passé quelque chose pendant qu'elle était inconsciente.
- Charmant village, plaisante Noémie en observant la boue qui recouvre la plupart des chemins.
- Je dois être trop ébloui par ce soleil pour m'en rendre compte, ironise à son tour Théodore.
- Qui vivrait ici ? demandais-je.
- Cela me parait toujours plus accueillant que le dernier étage d'un manoir, lance Iris.
- Quoi qu'il arrive, Iris, reste près de moi, explique Marie-Anne.
Nous arrivons enfin au bout du village, en face d'un manoir dont le jardin est clairement hors de contrôle. Le bâtiment est en piteux état, mais contrairement à celui où vivait Iris, il semble plus large que haut. Il n'y a que deux étages.
- Pourquoi faut-il toujours que cela soit dans des manoirs ? peste Théodore.
- Allons-y, le plus tôt ça sera fait, commençais-je, le plus tôt nous. .
Un miroir est jeté d'une fenêtre. Des cris viennent du deuxième étage. J'observe Théodore.
- Hey, il se passe peut-être un truc ! rappelle Noémie.
- Justement, je ne sais pas vraiment si j'ai envie d'y aller ! défendais-je.
Exaspérée, Noémie lance la charge. Nous la suivons, elle enfonce la porte avant de trouver les escaliers ! Nous fonçons au deuxième étage, deux personnes sont en train d'administrer un produit à une femme. Ils ont l'air d'être des médecins.
- H. . . Hannah Fletcher. . . ? demandais-je.
- Désolé, elle ne va pas être disponible pour le moment, explique un médecin. Elle vient d'avoir une crise.
- On a vu, réplique Théodore.
La jeune femme se calme. . . Ils lui ont administré un tranquillisant. L'un d'eux se présente à nous sous le nom de Victor Combs. Il nous emmène dans une autre salle le temps que son collègue finisse de s'occuper d'Hannah Fletcher.
- Terriblement navré que vous ayez eu à assister à cela, explique le docteur. Nous aurions dû agir il y a quelques minutes, déjà, mais elle avait bloqué la porte.
- Cela lui arrive souvent ? demande Noémie.
- De moins en moins. A chaque crise, nous augmentons les traitements.
- Vous n'avez pas peur qu'elle ne devienne un légume, à force ? demande Théodore.
- Ne craignez rien. C'est pour son bien.
- Pourquoi avoir jeté ce miroir de la fenêtre, alors ?
- Elle a horreur des miroirs. Je pense qu'elle a peur d'elle-même. Ce n'est pas le premier. Et cela ne sera probablement pas le dernier, l'ancien propriétaire était narcissique, il adorait se regarder dans des miroirs, il y en a partout, nous avons été obligés de les recouvrir de draps afin d'éviter de nouvelles crises. Mais dites-moi, pourquoi êtes-vous là ?
- Nous enquêtons sur elle, expliquais-je. Il se peut que ces crises soient déclenchées par autre chose que la peur de se voir dans un miroir. Nous avons de fortes raisons de penser qu'Hannah Fletcher est possédée par un Démon.
L'information met le temps pour monter au cerveau, mais nous devinons le moment où il se rend compte de ce que je viens de dire. Il nous rit au nez. Il retire ses lunettes afin d'essuyer des larmes de joie.
- Ha ha, haaaa. . . Ah, vraiment, vous. . . Vous n'êtes pas comme les autres, rigole-t-il. Non, malheureusement, j'ai bien peur que vous ne perdiez votre temps. Elle est simplement folle. Et qui pourrait lui en vouloir ? Ses parents se sont suicidés devant elle lorsqu'elle n'avait que 9 ans.
Voilà un médecin qui ne fait pas de détours. Il nous fait désormais visiter l'endroit. Il faut reconnaitre que c'est grand. Tant de choses sont différentes, par rapport à la dernière fois. Ce qui ne change pas, c'est que je suis complètement perdu. Les seules à avoir de l'expérience là-dedans, c'est Marie-Anne et Iris. Je ne qualifie pas les autres de débutant, non, nous avons tout de même vaincu Eldar. . . Mais je suppose que ces deux-là en particulier ont sûrement plus de connaissances que nous ?
- Marie-Anne, des idées ? demandais-je.
- Cet endroit me donne un sentiment de malaise, explique-t-elle. Bien des choses se sont produites ici.
- Ow. Et... Et toi, Iris ?
- Je ne sais pas, c'est... Bizarre, décrit-elle.
Elle s'arrête un instant, ayant l'impression d'entendre quelque chose. Comme un râle. Elle se retourne pour observer le couloir. Rien. Les murs sont normaux, le soleil traverse toujours les fenêtres, les miroirs sont couverts de draps. Marie-Anne se rapproche d'elle, l'étrange sensation s'arrête. Nous continuons notre enquête.
Enquête que nous ne sommes pas seuls à mener. D'autres évènements étranges se passent, et cela concerne Londres. Les meurtres en série, toujours plus sanglants, commencent à effrayer la population. Stephen, le journaliste, mène sa propre enquête. Le mode opératoire est toujours le même, mais il est loin d'être le plus fin. Avec autant de sang sur les différents lieux des meurtres, il est impossible que le tueur n'en ait pas sur lui. La question se pose très vite.
- How the Hell does he gets away without being seen ? se demande Stephen.
Impossible d'avoir de réponses en restant ici. Stephen prend son manteau et rejoint l'une des ruelles où l'un des meurtres s'est produit. Même avec le nettoyage qui a été effectué, on remarque encore une certaine différence de teinte sur certaines parties des murs. Il observe le sol... Puis entend un sans-abris venir se soulager dans la ruelle.
- Dude, seriously ? peste Stephen. Sérieusement.
- Aye, I ain't deciding of where it gets me, réplique le sans-abris.
N'ayant pas un très bon sens de l'équilibre, le sans-abris repart en mettant un pied dans sa propre flaque. Stephen reprend son investigation et ne comprend toujours rien. Autant de sang, cela doit forcément laisser des traces. Incompréhensible. Une scène de ce genre s'est déjà produite dans une maison, les meurtres ne se limitent même pas qu'aux ruelles. Le tueur a soif de sang, et il le montre. Mais il ne laisse aucune trace, comment ?
C'est lorsqu'il quitte la ruelle qu'un indice lui vient. Sur le sol, une empreinte de pas. Cela vient du sans-abris qui a marché dans son urine. Le tueur aurait dû laisser une empreinte, mais il a été plus malin...
- He's. . . Taking his shoes off ? suppose Stephen.
Avec l'hypothèse vient une certitude. C'est forcément cela. Le meurtrier doit posséder un sac qu'il met hors de portée du massacre. Une fois la chose faite, il retire ses chaussures au moment de s'éloigner du sang et les place dans le sac, ainsi que ses vêtements. Stephen note ses idées avant de rejoindre son assistant.
De notre côté, c'est choux blanc. Impossible de trouver le moindre indice. Théodore et Noémie discutent avec les médecins, mais je pense qu'ils se tiendront à la thèse de la folie. Et qui pourrait les blâmer ? Si je n'avais pas vécu cela sur l'île, je penserais la même chose qu'eux. Iris avait l'air tout aussi folle, au départ. Une minute...
- Hannah Fletcher, réalisais-je. Pourquoi ne pas la questionner ?
- Je ne suis pas sûre que cela soit une bonne idée, réplique Marie-Anne.
- Elle a peut-être des réponses...
Je remarque qu'Iris commence à avoir un mal de crâne.
- Iris ? appelais-je.
Elle n'entend pas grand-chose, si ce n'est un son suraigu dans ses oreilles. Elle sent que son nez se met à saigner et dirige sa main afin de s'en occuper, mais se rend compte que la marque sur sa main se met légèrement à briller de la même lumière rouge.
- Iris ! appelle Marie-Anne en sortant un tissu.
- Désolée, je... Je ne me sens pas très bien, explique Iris. J'ai besoin de m'assoir.
- Je vais voir cette fameuse Hannah Fletcher, occupes toi d'Iris, lançais-je.
Après tout, pourquoi cela ne marcherait-il pas ? Techniquement, la première fois que j'ai vue Iris, elle m'a donné le nom de son démon, qui nous a presque tous tués. Avec un peu de chance, Hannah fera de même. En arrivant à sa chambre, je remarque qu'il n'y a aucun miroir. Il y en a partout dans le manoir, quand bien même couverts, mais pas ici. Etrange. J'entre, la porte grince et révèle aussitôt mon arrivée. Elle n'a pas vraiment la possibilité de réagir, les tranquillisants font qu'elle est affalée dans son siège.
- Hannah Fletcher ? appelais-je.
Pas de réponse.
- Je... Je suis venu enquêter sur de curieux phénomènes...
Pas la moindre réaction.
- ... Comme le meurtre du photographe qui était venu vous voir.
D'une manière lente mais mécanique, elle tourne sa tête en ma direction sans changer le moindre détail de son regard. Un frisson parcourt l'entièreté de mon corps, ce geste ne me rassure pas.
- Vous vous souvenez de lui ?
- Nnnnnnnhhhh. . . . Il n'aime pas cela, réplique-t-elle.
- Il ? Qui ça, Il ?
Lentement, mais sûrement, un courant d'air s'intensifie. J'ai l'impression d'entendre un râle avant que le grincement de la porte n'indique qu'elle se referme. La chose me terrifie. Je sais exactement ce que cela peut signifier. Sur l'Île aussi, cela ne ressemblait qu'à de simples grincements dont le timing coïncidait étrangement avec les questions gênantes. Et du jour au lendemain, un enfant meurt dans le grenier parce que ces grincements étaient provoqués par un démon. Je me rapproche lentement d'Hannah.
- Est-il. . . Est-il ici ? murmurais-je.
- Hin. . . Hin hin. . . Ils sont tous ici, lance-t-elle. Mais en même temps. . . Ils ne le sont pas.
- Q-Qu'est-ce que cela veut dire ? Il y en a plusieurs ? Il est ici ?
Soudain, on dirait qu'elle est prise de douleurs. Je recule, n'ayant aucune idée de ce qu'il se passe. La douleur s'intensifie, elle se met à hurler de douleur tout en se tenant le ventre !
- Q-Q-Qu'y a-t-il ?! demandais-je. Hannah ! Hannah !!
- Que se passe-t-il ?! demande à son tour le médecin en ouvrant la porte. Nom de dieu, que lui avez-vous fait ?! Sortez ! Sortez tout de suite !
Je sors immédiatement de la pièce, l'assistant du médecin le rejoint en urgence. C'est absolument incompréhensible. Cependant, les similitudes avec Iris se multiplient. Elle évitait de dire certaines choses, comme si le Démon ne le voulait pas. Dans le cas présent, on dirait qu'Hannah en avait déjà trop dit, et qu'il a décidé de lui faire du mal en retour. J'entends Marie-Anne appeler à l'aide. Je fonce aussitôt la rejoindre ! J'aperçois Iris se tenir fermement la main droite, elle souffre !
- Que se passe-t-il ?! demandais-je.
- Je ne sais pas, elle s'est mise à se tordre de douleur ! explique Marie-Anne.
Noémie et Théodore nous rejoignent à leur tour.
- Iris ! appelle Noémie. Iris, est-ce que tout va bien ?!
- Ma main me BRÛLE !! hurle Iris.
- Fais-moi voir ! lance Théodore.
En prenant la main de Noémie afin de l'examiner, nous remarquons tous la même chose. Sa cicatrice saigne, et le pentagramme inversé présent sur sa main se met à briller d'une lueur rouge.
- Iris, ta main, réalise Marie-Anne.
Sous la pression, je me met à réfléchir. Une fois, Iris nous avait expliqué qu'elle mettait des bandages sur sa main pour étouffer le mal. Je prends l'un des tissus recouvrant un miroir et l'entoure autours de la main d'Iris ! Elle souffre, mais contient sa douleur. A ce même moment, le manoir semble légèrement trembler. Tout finit par s'arrêter. Nous prenons tous le temps de respirer. Iris, elle, s'allonge par terre. Nous la rejoignons tous dans son action.
- Toi, tu vas garder ce truc autours de la main aussi longtemps qu'il faudra, expliquais-je.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Demande Théodore. Le Démon de l'Île est bien mort, non ?
- J'en suis certaine, oui, répond Iris. Je pense... Je pense que ce fantôme essaye de s'en prendre à moi spécifiquement.
L'information est dure à comprendre. Mais une chose est sûre. Plus rien ne peut être laissé au hasard. Hannah est possédée par quelque chose, et il faut traiter la situation comme telle.
La situation ne pouvait pas être pire. Hormis un sans-abris ayant marché dans sa propre urine, Stephen n'a aucune piste. Il se balade dans les rues en quête d'inspiration. Avoir une piste, c'est bien. Savoir comment l'expliquer, c'est mieux. Et surtout, cela ne règle qu'une seule partie du problème. Certes, il se change avant de quitter les lieux... Mais le tueur doit forcément passer du temps à le faire. Quelqu'un a dû le voir. N'importe qui.
- It's impossible, no one can just disappear by... Magic ? pense-t-il tout haut.
- Aye, it depends on where you put the impossible, lance une voix depuis la ruelle voisine.
- Who... ?
En se tournant, il aperçoit une femme en tenue de magicienne, allant de la cape jusqu'au chapeau. Une table de fortune se tient devant elle, décorée de deux bouteilles vides. Une troisième est dans ses mains, son temps semble compté.
- Wouldn't you be looking for a little...
Elle fait une légère pause pour roter.
- ... Magic ? demande-t-elle.
- N... No. No, absolutely not, réplique Stephen. Look, if you need any money..
- Why, you think i'm poor ?
Elle se rapproche du journaliste.
- Take this for a sec', lance-t-elle en donnant sa bouteille à Stephen. Well I actually got... Twenty two pounds ? Well, that ain't much.
- Wait a minute. That's my wallet ! réalise Stephen. How'd you get it ?!
- A little... "Magic" trick. And just for that, here are your twenty pounds.
- There's two pounds missing !
- That was for the magic trick. I'm a professionnal, i gotta get paid.
- Eeerh, go to hell.
- Hey, hey, wait ! You talked about magic stuff, what do you want ? Is it, like, for a birthday or somethin' ? I'm so good at parties, you should see. Except that one time, when the pidgeon flew right into that kid's face. God that was funny. Well, not for him, but..
- Look, i'm trying to solve all the murdering stuff going on, so please, just leave me alone.
- Huh.
Elle le laisse marcher un peu. . . Puis finit sa bouteille avant de la cacher derrière sa cape.
- You can't understand how he's getting away without beeing seen, right ?
Stephen s'arrête. Comment diable peut-elle le savoir ?
- You think that he's doing all of this with some kind of. . . Bag, or somethin', to change and sneak past everyone.
- Y. . . Yeah, how do you. . . ?
- That one was kind of easy, explique-t-elle en montrant le carnet de notes de Stephen.
- God dammit, how do you do all of that ?! Give it back, it's important !
- Aye, you seem confused ! There's so much things a good thief can steal while giving someone a bottle. But, my friend, let me give you an answer to your questions as a way to redeem myself. . .
- What do you want ?
- Only some of your time ! In a matter of seconds, i'll show you how your dangerous murderer disappeared in front of everyone !
- Yeah, yeah, so you'll steal more from me, right ? With your bottle again ?
- Oh, actually, i don't even need it.
Elle jette la bouteille de l'autre côté de la rue. Stephen observe la bouteille rouler, provoquant toujours plus de bruit.
- Aaaalright, so you know how to make a lot of noise, lance Stephen, now give me my. .
Il se tourne vers la magicienne. Elle n'est plus là. Plus aucun bruit dans la ruelle, si ce n'est celui de la bouteille qui continue légèrement de rouler. Confus, le journaliste se dirige vers la dernière position de la voleuse. Au bout d'une autre ruelle, il aperçoit un chapeau et un morceau de cape dépasser de l'arrière d'une poubelle.
- Ha. Ha. Ha. A-ma-zing. Now give me back my notes.
Il arrive près du chapeau et de la cape. Personne. Ils sont juste posés là.
- What the Heck ? s'exclame-t-il.
- Now THAT is what I love to hear, réplique la Magicienne.
Stephen se retourne, encore plus confus. La Magicienne se tient contre le mur, une nouvelle bouteille en main.
- W. . . W-Wha. . . Who the hell are you ? demande Stephen.
- Amy Goodwin, réplique la Magicienne en allant récupérer ses affaires en sautillant.
- How did you do that ? What just happenned ?
- Look ! I really wish we had more time to talk, but hey, i'm busy.
Elle retire quelques gorgées à la bouteille.
- What ?! No you're not !
- Look, genius ! You have money, I got my tricks. What do you say we find some deal ? Besides, i'm pretty sure that with a hat like mine, I could solve any case.
- Yeah, sure. Look, you know what ? I'm gonna ask the police what they got. You follow me, it's your choice.
- Fine ! réplique Amy en reprenant quelques gorgées. I needed some fun any-... burp... -way.
- Ew.
Stephen part questionner les forces de l'ordre afin de savoir s'ils ont des informations. Bien sûr, lui, de son coté, ne compte pas leur en donner. Seulement, plus le temps passe, plus le problème risque de grandir.
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