Baptiste Jacquemort
Les plus lues
de toujours
J'ai entendu l'autre jour une interview radiophonique dans laquelle l'animateur de l'émission - un fameux critique littéraire mondialement reconnu pour la justesse de ses appréciations - posait à son invité - un encore plus fameux auteur dont les ouvrages sont aujourd'hui traduits dans pratiquement toutes les langues - la question suivante :
- D'après vous, l’œuvre qui aura le plus laissé son empreinte dans l'histoire de l'humanité est-elle "La Bible" de Jean-Marc Lucmatthieu ou "Les Fariboles" de Baptiste Jacquemort ?
Et l'autre de répondre :
- Pouvez-vous me répéter le nom du premier ouvrage ?
- D'après vous, l’œuvre qui aura le plus laissé son empreinte dans l'histoire de l'humanité est-elle "La Bible" de Jean-Marc Lucmatthieu ou "Les Fariboles" de Baptiste Jacquemort ?
Et l'autre de répondre :
- Pouvez-vous me répéter le nom du premier ouvrage ?
104
90
2
46
Une histoire improbable commencée il y a bien longtemps et jamais finie. Peut-être parce qu'elle est justement destinée à ne finir jamais...
60
15
15
23
Une longue nouvelle, commencée il y a plus de vingt ans et jamais achevée. Il était temps de m'y remettre ! Et comme j'étais curieux de savoir quelle impression ces pages déjà écrites pourraient procurer au lecteur, quel qu'il fût, je les ai publiées petit à petit en profitant de l'occasion pour les relire attentivement et en y apportant les corrections nécessaires. Et puis, comme par miracle, l'impérieux désir d'écrire la fin de cette histoire m'a finalement aiguillonné et je me suis remis à l'ouvrage. Silence, travail en cours donc !
172
122
247
231
Il faut bien reconnaître que sans la poésie nous ne serions pas ce que nous sommes. Mais il faut aussi reconnaître que ce que nous sommes manque parfois cruellement de poésie...
73
47
1
11
Dans le compartiment est entrée une jeune femme. Elle semble hésiter, un court instant, puis s'assied au mitan de la banquette opposée.
Elle est belle.
Elle est vêtue d'un ensemble gris-clair, sobre mais élégant, et porte un chignon. Aucun bagage ne l'encombre. Sinon ce qui doit être un livre, dépassant de sa poche.
Le train s'ébranle, de nouveau.
Elle dénoue ses cheveux et les libère, qui s'en viennent tout soudain submerger ses épaules, en secouant la tête à la manière d'une enfant indocile. Elle se cale au dossier de son siège, presque nonchalamment, et ferme les yeux. Puis, chacun des muscles de son corps à son tour abdiquant, voilà qu’elle s'assoupit.
Elle n'a pas soufflé mot.
40
15
11
4
Défi
Vous avez quinze ans.
« J’ai quinze ans.
Vous êtes une jeune fille comme toutes les jeunes filles de quinze ans.
« Je suis une jeune fille comme toutes les jeunes filles de quinze ans.
Un peu complexée.
« Un peu complexée.
Studieuse mais pas trop.
« Studieuse mais pas trop.
Accaparée par les réseaux sociaux.
« Accaparée par les réseaux sociaux.
Obnubilée par le développement de vos courbes.
« Obnubilée par le développement de mes courbes.
Fascinée par la littérature fantastique.
« Fascinée par la littérature fantastique.
Un peu rebelle.
« Un peu rebelle.
Un peu paresseuse aussi.
« Un peu paresseuse aussi.
Et pas sportive pour deux sous…
« Et pas sportive pour deux sous…
12
10
2
5
Au début des années 2000, alors qu'Internet en était encore à ses balbutiements, je recevais régulièrement des messages intrigants dans ma boîte de courrier électronique. Ces messages étaient des fables africaines. Elles étaient si truculentes et si gorgées de poésie absurde et gourmande à la fois que je m'étais promis, alors, de faire en sorte qu'on ne les oublie pas. Avait ainsi germé dans mon esprit le projet farfelu d'en faire une anthologie. J'avais donc consigné ces histoires merveilleuses dans une sorte de recueil informel comme on enrubanne des bibelots hérités de nos aïeux dans du papier journal avec la vague idée de les transmettre à nos enfants, un jour, lorsqu'ils auront grandi. Aujourd'hui, je les ai retrouvées. Et j'ai décidé de tenir la promesse que je m'étais faite de les léguer à la postérité...
Je vais donc publier ces fables au compte goutte dans les temps à venir. Je n'en suis bien sûr pas l'auteur. Mais je crois que leurs auteurs méritent qu'on leur rende cet hommage car il me semble qu'ils ont eux aussi, à leur manière et sans doute sans s'en être jamais rendu compte, navigué sur les flots de la littérature. Je vous les donnerai à lire sans aucune correction, telles que je les ai reçues autrefois. Car c'est ainsi qu'elles sont les plus savoureuses...
Je vais donc publier ces fables au compte goutte dans les temps à venir. Je n'en suis bien sûr pas l'auteur. Mais je crois que leurs auteurs méritent qu'on leur rende cet hommage car il me semble qu'ils ont eux aussi, à leur manière et sans doute sans s'en être jamais rendu compte, navigué sur les flots de la littérature. Je vous les donnerai à lire sans aucune correction, telles que je les ai reçues autrefois. Car c'est ainsi qu'elles sont les plus savoureuses...
3
6
0
17
On m'a raconté l'autre jour une histoire qui vaut qu'on la raconte encore, malgré les serments. C'est une histoire provençale. La personne qui me l'a rapportée n'est pas exactement le personnage pittoresque que l'on voudrait imaginer en la circonstance, narrant des souvenirs extrapolés d'une Provence oubliée au cercle des enfants assis au pied de l'âtre, les yeux écarquillés et les oreilles tendues, mais faisons comme si...
6
0
0
17
Défi
Une piscine publique. Quatre personnages en maillot de bain s’apprêtent à rentrer dans l’eau. Qui est l'assassin ?
9
13
4
4
Défi
Orphée ne s’était jamais pardonné. Il avait commencé à boire, sitôt après le drame, et l’ivresse était devenue sa nouvelle compagne. Il ne l’aimait pas. Mais il lui était fidèle. Car il attendait d’elle ce que les Dieux lui refusaient désormais…
Orphée : Infirmière !
L’infirmière (depuis le couloir) : Je suis à vous dans cinq minutes…
Orphée (pour lui-même) : Prenez votre temps. Une éternité de plus ou de moins, quelle différence ?
Quelques instants plus tard. Entre l’infirmière.
L’infirmière : Me voilà ! Vous voyez, ça n’a même pas pris cinq minutes. Tout va bien ?
Orphée : Tout va un peu trop bien, oui. Et c’est là le problème…
L’infirmière : Encore vos idées bizarres…
Orphée : Pourquoi bizarre ? Et puis vous savez bien que ce ne sont pas des idées. C’est UNE idée. Une idée fixe…
L’infirmière : En tout cas, je vous admire. Je n’en ai pas connu beaucoup des comme vous. Je n’en ai pas connu du tout d’ailleurs. Les veufs sont nettement plus rares que les veuves de nos jours. Et les veufs inconsolables encore plus rares…
Orphée : Si vous aviez connu Eurydice, vous comprendriez.
L’infirmière : Je veux bien vous croire. Et j’avoue que, d’une certaine manière, je l’envie un peu…
Orphée : Le docteur va-t-il passer ce matin ?
L’infirmière : Il est dans le service. Et je gage qu’il ne devrait pas tarder à venir vous voir. Je lui ai dit que vous souhaitiez lui parler.
Orphée : Je vous remercie. Vous êtes gentille. Vous avez annulé la commande de mon repas de midi ?
L’infirmière : Je n’ai rien annulé du tout. Il faut que vous mangiez, vous le savez bien. Et puis je n’aime pas vous voir souffrir.
Orphée : Vous ne voulez pas comprendre. Je ne souffre pas. Je refais le chemin en sens inverse. Avec exaltation. Et la douleur est la voie que j’ai décidé de suivre. Un sentier dérobé. Un pont sur les fleuves infranchissables. Un chant miraculeux pour plonger dans la stupeur la plus incapacitante les gardiens inflexibles. Une ode miraculeuse pour émouvoir, une seconde fois, le cœur d’Hadès et Perséphone…
L’infirmière : A ce train-là, c’est-à-dire sans rien manger et en continuant à boire autre chose que de l’eau – comme vous le faites en catimini mais pas assez discrètement pour que nous l’ignorions – vous êtes bien mal parti. Oh ! Je ne vous vous dis pas que vous n’arriverez pas à y redescendre, ça non. Vous êtes en bonne voie ! Mais une chose est sûre : vous aurez beau parvenir au bout du chemin et, une fois en bas, convaincre les tôliers de vous donner une seconde chance, vous serez tellement exsangue alors que vous n’aurez plus assez de force à l’heure de remonter.
Orphée : Je n’ai pas le choix. C’est la seule catabase qu’il m’est possible d’entreprendre désormais. Et j’entends ne pas laisser passer cette chance sans faire tout ce qu’il m’incombe de faire pour chercher à la saisir. Je le lui dois…
4
2
0
2
Vends Président de la République Française.
Servi à peine plus d'un an. Excellent état.
Ses qualités : Belle prestance en toute circonstance - Entregent de haute facture (rentabilité assurée) - Logiciel de cynisme inclus avec mise à jour quotidienne pendant cinq ans - Doctorat en Volapük 2.0
Ses (petits) défauts : Nostalgie de l'Ancien Régime - Tendance à la vaissellophilie - Légères lacunes en géographie (méditerranéenne essentiellement)
Prix : trois figues et deux radis (non négociable).
Retour sur investissement possible (selon le Cabinet FuckingMoney Partners) : x 1 500 000 000 023*
* Le cours de la figue et du radis étant des variables particulièrement labiles, il ne s'agit là que d'une estimation.
15
43
0
0
Défi
Mon amour,
C’est une étrange confession à quoi je m’en vais me livrer ici. Hier j’ai fauté. Ou plus exactement j’ai failli. Hier soir. Dans la lumière sublime des couchers de soleil dont nous sommes, en cette saison, par quelque faveur céleste si souvent gratifiés. Pardonne-moi.
Tu étais assise, attablée devant ton secrétaire, et tu écrivais une lettre à tes parents. J’étais, moi, allongé sur le divan et je venais de refermer le livre que je lis en ce moment. Je m’accordais un instant d’émerveillement.
Sais-tu comme tu peux être belle lorsque tu es, par toi-même, oubliée ? Je te l’ai dit déjà, mille fois, et chaque fois il me semble que j’échoue à le dire. Sans doute parce que je ne sais pas exprimer ce qui, finalement, ne relève pas de la démonstration mais de la foi. Peut-être aussi est-ce un peu ta faute ? Peut-être es-tu trop rationnelle ?
Le jour avait commencé de décliner. Je m’étais redressé, moi, sans un bruit et je suis resté de longues minutes ainsi, à te contempler. Toute à tes mots, tout appliquée à t’offrir, tu ne te doutais pas de ce qui se tramait dans ton dos. Tu étais au delà…
Derrière nous, le ciel jouait le dernier acte du jour. Nous n’en savions rien, ni l’un ni l’autre, et cependant il devait éclater des feux d’artifices dans le ventre de chacun des pauvres nuages qui se sont aventurés hier à nous menacer de leurs bravades pusillanimes. Et je sais qu’il devait y avoir, répandu sur l’horizon, le sang de la lumière qui éclaboussait jusqu’à nous.
Sur la courbe merveilleuse de ta nuque, découverte comme si elle eût été offerte à la hache d’un bourreau méticuleux, le dernier rayon de soleil avait trouvé son havre. Avec la même délicatesse que celle dont aurait fait preuve la main diaphane d’un ange consolateur, il caressait chacun de ces petits poils si doux qui couvrent ton cou d’un fin duvet d’or et de miel que j’aime tant.
Mon Dieu que tu es belle lorsque le jour se meurt.
Alors, lorsque cet ultime souffle de soleil a commencé de se retirer, j’ai soudain éprouvé le désir impérieux de m’en venir doucement prendre sa place. De déposer mes lèvres où la main de l’ange se fût si naturellement promenée. De te dire « je t’aime » à la simple force de ce tendre baiser.
J’ai laissé s’effacer la lumière. S’étirer imperceptiblement vers l’obscurité. Pour que tu me sois belle, rien qu’à moi, jusqu’au dernier instant de cette singulière éternité. J’ai attendu l’heure propice où je me fusse trouvé le plus riche de toi.
Et puis le téléphone a sonné…
En me levant, j’ai allumé la lumière et lorsque j’ai décroché, déjà, je n’y pensais plus. Pardonne-moi mon amour. J’ai laissé s’enfuir un baiser qui nous appartenait.
11
20
9
2