Shimon
J'écris de temps en temps, quand l'inspiration me vient. J'ai bien conscience qu'il faut la chasser avec une massue, mais malheureusement je n'en ai pas chez moi !
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œuvres
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défis réussis
39
"J'aime" reçus
Œuvres
Défi
C'est une femme qui s'appelle Marguerite. Plus qu'une femme, c'est ma petite déesse. Elle est timide, mais gentille. Banale, mais également spéciale. Elle s'appelle Marguerite, et je l'aime à mourir.
Je l'ai rencontré alors que je me promenais, loin des sentiers battus qu'offrait le village à mes petits souliers. J'étais encore jeune ; je ne devais pas dépasser la douzaine d'années, et le goût de l'aventure dansait dans mes veines au côté de l'adrénaline. Ce jour-là - un soir d'été, je me souviens même m'être délicieusement surpris de la splendeur du coucher de soleil - comme je le disais donc, je m'étais égaré lors de mes excapades acharnées dans la forêt, celle en amont du miniscule hameau. Le brouillard de verdure qui m'entourait ne m'aidait pas dans mon ascension vers l'inconnu, et l'obscurité grandissante me gênait pour percevoir mes alentours, aussi m'étais-je complètement perdu et je ne trouvais moyen de retrouver mon chemin.
Cela faisait déjà un bon bout de temps - peut-être une éternité, peut-être étais-je devenu une divinité perdu dans l'espace-temps au cours de ma quête héroïque, celle qui m'amenait sans tarder à ma dulcinée - que je tournais en rond parmi les arbres tordus et les branchages obstruant ma route. Je ne sais plus exactement comment j'ai réussi, mais je suis sorti de la forêt ; et au lieu de me retrouver au bord de la route, je suis arrivé dans une clairière. Une toute petite, vous savez, avec le vent qui coure et qui chatouille l'herbe sous vos pieds, sans oublier la lune - et quelle lune ! magistrale, royale, divine - qui éclairait faiblement les environs et me permettait tout de même de distinguer ce petit coin de paradis dans son entièreté. Ereinté après tant de marche et de temps passé à m'inquiéter pour ma si frêle carcasse, je m'écroulai de tout mon long sur l'herbe fraîche, celle qui me murmura à l'oreille les délices et les espoirs d'un sommeil bien mérité.
Nuit noire dans la clairière. Aucune âme ne peut y entrer, aucun vivant ne peut trouver sa lisière.
Et pourtant, quand je me suis réveillé, elle était là. C'est elle que j'ai vu en premier : avant même de ressentir la lumière chaude du soleil, avant même de peser le poids de la vie et la responsabilité du soi, c'est elle que j'ai vu. Elle se tenait là, et elle me souriait. À moi. Ce n'est pas comme si elle pouvait sourire à quelqu'un d'autre, surtout que c'était bien moi qu'elle regardait. Avec ses grands yeux bleus ; ou jaune ou vert, ce ne sont pas ses yeux qui m'ont marqués le plus à vrai dire ; non pas qu'ils furent grands, d'ailleurs. Non, ce qui m'a marqué, ce sont ses cheveux : eux ils étaient blancs, et plus blancs que la neige et plus blancs que le blanc, et d'une douceur que les nuages même se surprendraient à envier.
Je me souviens également m'être senti apaisé. Par sa présence, sa tranquilité et surtout, cette harmonie dans sa personne. Mais bon, ce n'était pas le moment de rester béat devant sa beauté. Je me suis rapidement relevé, conscient du silence gênant qui s'installait entre nous deux, et je lui ai demandé. Pas son nom, bien sûr : je lui ai demandé si elle voulait rester avec moi. Elle m'a regardé timidement et son sourire innocent s'est étalé de chaque côté de son visage. Et puis elle a hoché la tête, et nous avons regardé le soleil se levait tranquillement dans le ciel au-dessus de nos têtes. On est resté comme ça longtemps, aussi longtemps qu'on le pouvait. Jusqu'à ce que cela fasse trop longtemps ; je décidais alors de mettre fin à cette rencontre.
***
Avez-vous déjà essayer de retirer les pétales d'une fleur une à une ? Auqel cas, vous devriez savoir que les fleurs ne crient pas, ne pleurent pas, ne disent rien et vous laissent faire. Et pourtant, je suis sûre qu'elles souffrent, elles aussi.
C'est bizarre. C'est étrange et bizarre. Les fleurs ne peuvent pas crier, pas vrai ? Elles ne peuvent pas vous supplier de les laisser partir et d'arrêter le massacre, n'est-ce pas ? Mais est-ce qu'elles peuvent également saigner et perdre la vie ? Je veux dire, trouver la mort. Bah, c'est la même chose, non ?
C'est ce que je me suis dit quand j'ai quitté la clairière. À ce moment-là, le soleil colorait de son éclat divin l'herbe en rouge, maculé par les pétales de marguerite. Les pétales étaient blanches, et l'herbe rouge et du coup les cheveux aussi. C'est bizarre et étrange une fleur. Enfin, surtout les marguerites, parce que je n'ai pas encore essayé avec les autres. Il me tarde déjà, me disais-je en souriant paisiblement.
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Défi
Pluie noire.
Je baisse lentement mes yeux, mais je
Ne vois que le noir, troublant, le soir.
Tout autour de moi, je cherche infiniment
Cette lumière ocre qui guide mes pas
Dans la nuit âcre et sombre, ce soir.
Il n'y a plus de sens ; j'ai perdu mon essence
Il brûle comme le feu du coeur du Christ
Et entame ma peau ; et fait pâlir mes mots.
Brouillon, tempête, et catastrophe :
Trois mots pour résumer le monde et sa psyché
La nuit est dure quand elle est blanche
La nuit ne dure quand elle est jeune
Sempiternelle torture de l'Homme.
Soleil aride au-dessus de nos têtes
N'arrive jamais à brûler nos pardons
Pluie noire.
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Défi
Tu t'entêtes et tu poursuis, ta course folle
Tes pieds nus courent sur le gazon verdoyant
L'azur s'assombrit au loin et tu t'affoles
Tu souffres ; où sont passés tes sentiments ?
Les chaires se mêlent à la terre, les pleurs
Se fondent au sel de cette mer asphyxiée
C'est ce jour, c'est ce soir, aujourd'hui l'enfant meurt
Pourquoi ne fais-tu rien pour le consoler ?
Tu pries pour qu'au réveil tout soit pareil
Les images hantent ta rétine, les sons ton ouïe
Tu pries, mais tu ne trouves pas le sommeil
Tu envies toutes les roses les pissenlits.
Plus de cris, ni d'espoir ; tes yeux tournent, tu ne vois que l'obscur au fond du berceau
Et tu entends les vagues glisser sur le sable, emporter tes sanglots.
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