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Emilio De Sèla
Les plus lues
de toujours
La fabrique des Bataille
On se sent bien sur la gréve
L'extension des braises
La nuit qui change d'adresse
J'ai goûté aux alentours
Tu sais lire sur les lèvres
Pas trop pâle
Le bleu est tellement charmant
La clairière se veut amie
Je crois que l'on nous assiège
L'orpailleur parle pourtant d'une trêve
Un peu plus bas
Une armée ébauchée
Une souche qui traîne
La pianiste qui improvise sur des méfaits de satin
Ses caprices qui naissent
Mes doigts s’emparent de cerises
Qui grossissent
Il faut savoir si quelque chose existe
La douleur se cache
La douceur s’abîme
Un manteau bien loin
On se sent bien enveloppés de feuilles
Tu mordras ma joue et
Tu seras la première à éclairer
La fabrique des Bataille
,
A fábrica de Bataille
Sentimo-nos bem com a greve.
A extensão das brasas,
A noite que muda de endereço,
Provei o ambiente circundante.
É possível ler os lábios,
Não muito pálido
O azul é tão encantador.
A clareira é amigável.
Penso que estamos sitiados,
O garimpeiro de ouro fala de uma trégua.
Um pouco mais baixo,
Um exército áspero,
Um cepo que se arrasta,
O pianista que improvisa sobre a travessura do cetim.
Os seus caprichos nascem
Os meus dedos agarram cerejas
Que crescem.
É preciso saber se existe alguma coisa,
A dor esconde-se,
A doçura é danificada,
Um casaco muito longe.
Sentimo-nos bem embrulhados em folhas,
Vai morder-me a face e
Será o primeiro a ser iluminado
A fábrica de Bataille
,
,
,
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La fille du croque-mort
Je survole en hélicoptère
Votre étendue digne d'un western fauché.
Je foule votre escalier de service,
Pisse dans un mouchoir de poche,
Et me couche dans une soute à cartouche.
L’espiègle agent de service
Me prépare un préambule,
Loufoque de préférence.
N'oublions pas nos travaux en feutrine !
Votre beauté n'est pas une légende,
Destructrice forcément,
Et votre zèle qui gomme tous les violons.
Moi, j'ai perdu mes lendemains,
Je vais griller une cigarette
Dans la biscuiterie,
Faute de désir de chair,
Et balancer cette corde dans la sciure.
La dernière scène est à tendance exotique,
Il est temps de prendre le souterrain,
Voir si quelques divinités s'amusent
Et arrosent des nuages glacés.
Maintenant que c'est distillé,
Je n'ai plus peur de ma lenteur,
Pas de gaine, plus de broutille.
A bord d'un autobus recyclé,
Je vais emprunter un piètre costume,
Avaler un peu de gélatine
Et rendre visite à la fille du croque-mort.
Hi, how are you ?
A filha do agente funerário
Sobrevoo de helicóptero
A sua extensão digna de um ocidental falido.
Pisei as suas escadas traseiras,
Mijar num lenço de bolso,
E deitar-se numa lata.
O agente malicioso em serviço
Prepara um preâmbulo para mim,
De preferência maluco.
Não esqueçamos o nosso trabalho de feltro!
A sua beleza não é uma lenda,
Destrutivo necessariamente,
E o seu zelo que apaga todos os violinos.
Perdi os meus amanhãs,
Vou fumar um cigarro
Na fábrica de biscoitos,
Por falta de desejo de carne,
E atirar esta corda para a serradura.
A última cena é de natureza exótica,
Chegou a hora de tomar o metro,
Para ver se algumas divindades se estão a divertir
E borrifar algumas nuvens geladas.
Agora que está destilado,
Já não tenho medo da minha lentidão,
Sem cinturão, sem bagatela.
Num autocarro reciclado,
Vou pedir emprestado um fato de merda,
Engolir alguma gelatina
E visitar a filha do agente funerário.
Hi, how are you ?
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L'arrivée
Ignorer le départ
Geste savant
L'uniforme est fantasque
Se ramener au bord
Une cité sans nom
Se laissant voir
La foule s’agglomère
Sur un parquet pailleté
Alors que les individus sont seuls
Défaillance du corps
Fuite dans le vide
Le temps d'apprivoiser
Des miniatures éphémères
Rembrandt dans les ruines
Exorciser l’évidence
Au fond du puits
Tu n'as pas vu que j’étais parti
Assez tard
Fièvre propre à l'innocence
Bruit dans les murs
Un soleil parfois redouté
Elle semble dessiner un corps
Bien vivant
Je la considère presque
Comme une sorte de chercheuse
Dansant sur le toit d'un bus oublié
Sur des adresses et des ombres effacées
Enfance fugitive
Des points de silence
Le soir est voyageur
Il ramène des feux incertains
Et des mots rieurs
J'ai repris des bribes
Un art de l'effacement
L'avenir se veut hasard
Des rochers qui brisent des prénoms
Une pluie encore
De grain en grain
Sans vraiment savoir
Tu n'as même pas vu l'arrivée
A chegada
Ignorar o início
Gesto hábil
O uniforme é caprichoso
Voltar ao limite
Uma cidade sem nome
Deixando-se ver
A multidão reúne-se
Num chão de parquet reluzente
Enquanto os indivíduos estão sós
Falha do corpo
Fugindo para o vazio
Tempo para domar
Miniaturas efémeras
Rembrandt nas ruínas
Exorcizando o óbvio
No fundo do poço
Não viste que me fui embora
Tarde demais
A febre da inocência
Ruído nas paredes
Um sol por vezes temido
Ela parece estar a desenhar um corpo
Muito vivo
Quase penso nela
Como uma espécie de investigadora
Dançando no tejadilho de um autocarro esquecido
Sobre moradas e sombras desvanecidas
Infância fugitiva
Pontos de silêncio
A noite é um viajante
Traz fogos incertos
E palavras risonhas
Apanhei bocados e pedaços
Uma arte de apagar
O futuro quer ser acaso
Pedras que quebram nomes
Chuva de novo
De grão em grão
Sem realmente saber
Nem sequer viste a linha de chegada
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L'homme aux pieds mouillés
L'homme aux pieds mouillés
Entre dans le bar.
Un castor vêtu de cuir rouge
Lui demande ce qu'il cherche?
Rien, il ne cherche rien!
Une créature de latex
Lui passe alors une photo.
Un jars sans queue
Lui demande ce qu'il voit?
Rien, il ne voit rien!
Il se dirige vers les toilettes.
Un renard dame-pipi sans cravate
Lui barre le passage:
"Que veux-tu faire?"
Rien, il ne veut rien raire!
Et puis dans une colère noire,
Il tire sur tout ce qui bouge,
Brûle la baraque et éclate de rire
Qu'est ce qui provoque ce fou rire?
Rien ne provoque ce fou rire, rien...
L'homme aux pieds mouillés
Repart ainsi, apaisé.
Un iguane alcoolique lui demande
Ce qui précipite son départ?
Rien ne précipite son départ, rien...
O homem com os pés molhados
O homem com os pés molhados
entra no bar.
Um castor vestido de couro vermelho
Pergunta-lhe o que é que ele procura?
Nada, ele não está à procura de nada!
Uma criatura de látex
Passa-lhe uma fotografia.
Um olhar sem tailless
Pergunta-lhe o que ele vê?
Nada, ele não vê nada!
Ele dirige-se para a casa de banho.
Uma raposa sem gravata
bloqueia o seu caminho:
"O que queres fazer"?
Nada, ele não quer dizer nada!
E depois numa fúria,
Ele dispara sobre tudo o que se move,
Incendeia a casa e rebenta em gargalhadas
O que provoca este riso?
Nada provoca este riso, nada...
O homem com os pés molhados
Vai-se acalmar.
Uma iguana alcoólica pergunta-lhe
O que precipita a sua partida?
Nada precipita a sua partida, nada...
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Défi
On a enfermé Andy Warhol dans une pièce
Noire et hermétique, pendant qu'il urinait
Sur un journal datant de 1963
Le monocycle jaune vibrant
Sous le feu de tôles enchevêtrées.
Un homme grenouille hurle à mes oreilles:
"Je déteste les points de suspension !"
La vague et les notes,
La vague et les notes.
Je suis dans l'impossibilité de taper
Quelques lignes sur mon filet de poisson.
L'organigramme s'est fêlé
Sous les coups d'un ancien jazzman,
Reconvertis en employé pharmaceutique...
Une dame vêtue de rouge et d'argent
Dépose un panier à ma porte.
On a enfermé Andy Warhol dans une pièce
Noire et hermétique, pendant qu'il urinait
Sur un journal datant de 1963...
J'ai enroulé sur mon zodiaque,
Trois épingles et des images monochromes.
Balance et recule,
Aucune notification d'ailleurs !
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Introduction
Je m’apprête à déposer ce qui sera, je ne sais pas encore, un roman ou un genre de carnet sur cette personne qui m’était si précieuse, ma grand-mère Marie Horn.
J'ai recueilli, par le plus grand des hasards il y a quelques jours, une photo de Marie, très jeune, tirée de son carnet anthropologique.
Elle faisait partie de la communauté des gens du voyage (tzigane, Rome,Gitan...) et comme tel, la famille entière était fichée dans un carnet (aujourd'hui disparu) que l'on appelait carnet antrhopometrique de 1912 à 1970,
Dans ce carnet, une photo d'identité de face et de profil, ainsi que des indications de corpulence, poids, etc.
Le crâne des enfants, l’écart entre les deux yeux, les doigts étaient également mesuré.
Je n'ai jamais connu mon grand-père, parti bien avant ma naissance, emporté dans la quarantaine, je crois, par une maladie des mines de charbon.
J'avais avec ma grand-mère un lien très particulier, presque maternel, une espèce de sécurité affective, j'ai ainsi passé une majeure partie de ma petite enfance avec elle, mes parents n’étant pas aptes ou tout simplement présents pour s'occuper de moi.
J'ai donc grandi à côté de collines avec une grand-mère rrom/tzigane qui ramenait des salades sauvages, de drôle de baies et des champignons de toute forme.
Marie savait à peine lire et écrire mais l’écriture et la lecture étaient d'une importance capitale pour elle, c'est donc elle qui un jour m'a offert ma première bande dessinée, spontanément, sans que je ne demande quoique se soit, je devais avoir 4 ans et cette passion ne m'a jamais lâché, le hasard veut que je sois né le même jour que la 1ere édition du festival bd d’Angoulême
Elle a également compris que j'avais besoin de m’échapper d'une autre manière qu'avec la nature et la pêche.
Je vais donc écrire et partager avec vous l'histoire de Marie Horn qui a été une sacrée aventure au gré de mes souvenirs et de mes découvertes, Marie est parti un jour de juillet 1981 et encore un hasard ma fille est née le même jour en 2005.
Je ne sais pas si c'est une bonne idée mais j'avais ce projet à cœur depuis des années et le fait d'avoir trouvé cette photo il y a quelques jours (satané hasard !) et bien je me dit que c'est le moment, et puis L'histoire de Marie Horn ça en jette grave!
Merci d'avance à celles et ceux qui liront les chapitres à venir, annoteront, commenteront, etc..
Merci merci.
E.
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Défi
Marcher et lire encore
Un crachin ocre
Une galerie pittoresque
Le détrousseur qui avale du poisson
Bille en verre
Framboise et vanille
Des papillons sur le tamis
Croire à l’appétence
Combattant sans cause
Et tutoyer le réel
Imaginer rouler toute la nuit
Rouler et accélérer pour de vrai
Une aurore incertaine
Et d'improbables apaisements
Fin du chapitre
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Défi
Pirogue
Un lancer de pirogue
Des baleineaux qui nous accompagnent
Une belle auréole boréale
Courant d'air marin
De petits légumes grillés
Sur une ardoise
Un fumet si doux
Sable chaud
Du côté du puits
Les bêtes s'abreuvent
Tranquillement
Dire que la colère
Est tapie quelque part
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Défi
Borderline Bar
Il est beaucoup plus jouissif
D'arracher des vignettes autocollantes
Que de croquer du céleri...
Chaussure en plomb,
Un goût acidulé dans la bouche,
Je touche la porte de l'orgie
En attendant le service 9.
Rutabaga,
Un renard amérindien
Me vole mes cigarettes.
Et si Self était au courant ?
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Au fond
Etincelles libres et insolentes
Rapprochement fortuit
Une part oubliée
L'air du banquet
Des humeurs se dessinent
Dépôt des habitudes
No fundo
Centelhas livres e insolentes
Uma reunião fortuita
Uma parte esquecida
O ar do banquete
Os humores tomam forma
Depósito de hábitos
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Défi
La ville de la Polka
A ma guise,
Je vais vous ligoter
Sous ce chapiteau.
Manger un peu,
Manger beaucoup.
Planifier des escapades
Couvert de peintures
Dans des bars à mojitos roses.
Caresser des créatures voluptueuses
Dans un autobus volant.
Se perdre dans une tempête de sable,
Boire ici,
Boire là-bas.
Voir un temple se consumer,
Me rendre à une fête de roux,
Faire du vélo en tutu.
A ma guise toujours,
Attendre dix heures afin
D’accéder à une union burlesque,
Entre un mangeur de disques
Et une factrice somnanbule.
Pluie de paillettes !
Il est temps de prendre le souterrain,
Voir si quelques divinités s'amusent
Et arrosent des nuages glacés.
Fabriquer des poupées
Avec un soldat cabossé,
Je vais également fouler votre escalier de service,
Pisser dans un mouchoir de poche
Et me coucher dans une soute à cartouche.
Et en guise de préambule,
Vous croiser nue,
Ou pas,
Dans la villa de Keith Haring.
Moi,
j'ai perdu mes lendemains,
Je vais aller griller une cigarette
Dans la biscuiterie.
Rester absurde quelques jours
Un brin nostalgique
En quittant la ville de la polka
Je rejoins l'anomalie
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Défi
Juste un souffle
Le vent du printemps
Effleure ma peau.
L'odeur des herbes sauvages
Qui me titille.
Une volée d'insectes
Qui cavale.
La vallée est calme,
Je m'allonge, timidement,
Sur le côté.
Je frôle votre fleur.
Du rouge aux joues,
Une larme qui coule en souriant.
Un doux silence,
Puis,
Juste un souffle...
Apenas um sopro
O vento da Primavera
Pincéis contra a minha pele.
O cheiro de ervas selvagens
Titillating me.
Um bando de insectos
A correr por aí.
O vale é sossegado,
Deitei-me, timidamente,
De lado.
Eu escovo contra a sua flor.
Vermelho nas bochechas,
Uma lágrima que desce a sorrir...
Um silêncio suave,
E depois..,
Apenas um sopro...
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