Marc-Antoine Dujardin
1
œuvres
0
défis réussis
0
"J'aime" reçus
Œuvres
Sous-chapitre 1 : L’appel silencieux
Le soleil s’était à peine levé sur Tourcoing, enveloppant la chambre de Clara d’une lumière pâle et hésitante. Les rideaux à moitié tirés laissaient passer des filets dorés qui dansaient sur le désordre ambiant. Sur le bureau, des piles de livres scolaires menaçaient de s’écrouler à tout instant, formant une forteresse autour d’un ordinateur dont l’écran semblait encore vibrant de son activité nocturne. Le logo familier de Knight’s Trial s’affichait en veille, scintillant doucement, comme s’il attendait patiemment le retour de sa propriétaire.
Clara grogna en éteignant son réveil, qui venait de sonner pour la troisième fois. Elle se tourna dans son lit, enfouissant sa tête sous l’oreiller, ses cheveux blonds en bataille s’étalant comme un voile d’or froissé.
« Encore cinq minutes… » murmura-t-elle d’une voix ensommeillée. Mais son repos fut vite interrompu par un cri venant d’en bas.
« Clara ! Tu vas encore être en retard ! »
La voix de sa mère résonna dans la maison, une injonction aussi familière qu’une cloche d’église le dimanche matin. Clara soupira profondément, repoussant sa couette avec une nonchalance qui traduisait une lassitude bien trop mature pour son âge. Elle posa un pied au sol et se leva, ses mouvements lourds, comme si le poids du monde reposait déjà sur ses épaules.
En traversant la chambre, elle s’arrêta un instant devant la cage de son lapin, Biscotte. L’animal, indifférent à ses tourments matinaux, mâchonnait paisiblement une feuille de laitue.
« Salut, toi… » dit-elle en effleurant son pelage. « Au moins, tu n’as pas d’examens de chimie à affronter. »
Son chien, Max, aboya joyeusement depuis le couloir, secouant sa queue comme s’il s’agissait de la plus belle matinée de l’année. Clara esquissa un sourire malgré elle, mais le bruit d’un deuxième appel maternel la ramena à la réalité. Elle attrapa une serviette et fila dans la salle de bain, accélérant sa routine matinale.
Dix minutes plus tard, elle descendit les escaliers en catastrophe, son sac à moitié fermé rebondissant contre sa hanche. Elle attrapa une pomme sur le comptoir de la cuisine, ignorant le regard désapprobateur de sa mère.
« Je t’ai préparé une tartine, » dit cette dernière en croisant les bras. « Tu ne peux pas partir comme ça. »
Clara enfila ses baskets tout en répliquant :
« Désolée, pas le temps ! »
La porte claqua derrière elle avant que sa mère ne puisse protester davantage. Le froid mordant de janvier l’accueillit sans douceur, et Clara rabattit les pans de son manteau en accélérant le pas vers l’arrêt de bus. Ses écouteurs enfoncés dans les oreilles, elle lança sa playlist favorite, espérant noyer son esprit dans les basses d’une chanson familière.
Pourtant, aujourd’hui, même la musique ne parvenait pas à dissiper la sensation étrange qui pesait sur elle. Une sorte de malaise diffus, une impression que quelque chose clochait sans qu’elle puisse en définir la source. Était-ce le stress des examens ? Le manque de sommeil dû à ses sessions tardives sur Knight’s Trial ? Ou autre chose, de plus subtil, de plus insidieux ?
Une fois arrivée au lycée, Clara se fondit dans la routine : les cours, les devoirs, les murmures dans les couloirs. Elle n’était ni populaire ni invisible, occupant une place confortable dans cet entre-deux où personne ne cherchait à la déranger. Pourtant, ce matin-là, même l’ordre rassurant des équations chimiques n’arrivait pas à capter son attention.
Elle se surprit à griffonner distraitement dans son cahier : une épée, un blason, un arbre étrange. Des motifs inspirés de Knight’s Trial, son refuge secret. La veille, elle avait découvert un nouveau niveau dans le jeu, une forteresse sombre remplie de pièges et d’ennemis redoutables. Elle s’était jurée de la terminer, mais la fatigue avait eu raison d’elle.
« Ce soir, » murmura-t-elle à elle-même. « Ce soir, je réussirai. »
Lorsque la cloche retentit, signalant la fin des cours, Clara s’éclipsa rapidement, impatiente de rentrer chez elle. Le trajet en bus sembla plus long que d’habitude, et chaque arrêt était une épreuve pour sa patience. Lorsqu’elle franchit enfin la porte de sa maison, elle lança un vague « Je suis rentrée » avant de monter directement dans sa chambre.
Elle referma la porte derrière elle, laissant échapper un soupir de soulagement. Là, dans cet espace à la fois chaotique et familier, elle se sentait en sécurité. Elle posa son sac au pied du lit, alluma son ordinateur et attendit que l’écran s’illumine.
Le logo de Knight’s Trial apparut, accompagné d’une musique épique qui accéléra les battements de son cœur. C’était comme entrer dans une autre dimension, un monde où elle pouvait être une héroïne, affronter des dangers, prendre des décisions qui avaient un sens.
Mais ce soir-là, quelque chose était différent.
Lorsqu’elle cliqua sur « Continuer », un flash lumineux jaillit de l’écran, la faisant reculer sur sa chaise. Des lettres rouges clignotèrent :
"Anomalie détectée. Voulez-vous continuer ?"
Clara cligna des yeux, incertaine. Était-ce une blague ? Une mise à jour spéciale ? Rien dans le ton du message n’évoquait un simple bug. Elle hésita, puis déplaça le curseur avec prudence.
Au moment où elle cliqua sur « Oui », une onde étrange traversa la pièce. Les murs semblèrent vaciller, comme s’ils étaient faits d’eau. Les piles de livres sur son bureau tremblèrent, certaines chutant au sol. La lumière de sa lampe prit une teinte surnaturelle, oscillant entre le bleu et le violet.
« Qu’est-ce que… ? »
Un grondement sourd emplit alors la pièce, et l’écran se mit à scintiller violemment. Clara sentit une force invisible l’attirer vers l’ordinateur. Elle tenta de se lever, de fuir, mais ses jambes refusaient de bouger. Une lumière blanche l’engloutit, et le monde autour d’elle sembla se dissoudre.
Elle voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Tout ce qu’elle pouvait entendre, c’était le battement frénétique de son propre cœur, comme un tambour de guerre annonçant l’inévitable.
Et puis, le silence.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle n’était plus dans sa chambre.
Le soleil s’était à peine levé sur Tourcoing, enveloppant la chambre de Clara d’une lumière pâle et hésitante. Les rideaux à moitié tirés laissaient passer des filets dorés qui dansaient sur le désordre ambiant. Sur le bureau, des piles de livres scolaires menaçaient de s’écrouler à tout instant, formant une forteresse autour d’un ordinateur dont l’écran semblait encore vibrant de son activité nocturne. Le logo familier de Knight’s Trial s’affichait en veille, scintillant doucement, comme s’il attendait patiemment le retour de sa propriétaire.
Clara grogna en éteignant son réveil, qui venait de sonner pour la troisième fois. Elle se tourna dans son lit, enfouissant sa tête sous l’oreiller, ses cheveux blonds en bataille s’étalant comme un voile d’or froissé.
« Encore cinq minutes… » murmura-t-elle d’une voix ensommeillée. Mais son repos fut vite interrompu par un cri venant d’en bas.
« Clara ! Tu vas encore être en retard ! »
La voix de sa mère résonna dans la maison, une injonction aussi familière qu’une cloche d’église le dimanche matin. Clara soupira profondément, repoussant sa couette avec une nonchalance qui traduisait une lassitude bien trop mature pour son âge. Elle posa un pied au sol et se leva, ses mouvements lourds, comme si le poids du monde reposait déjà sur ses épaules.
En traversant la chambre, elle s’arrêta un instant devant la cage de son lapin, Biscotte. L’animal, indifférent à ses tourments matinaux, mâchonnait paisiblement une feuille de laitue.
« Salut, toi… » dit-elle en effleurant son pelage. « Au moins, tu n’as pas d’examens de chimie à affronter. »
Son chien, Max, aboya joyeusement depuis le couloir, secouant sa queue comme s’il s’agissait de la plus belle matinée de l’année. Clara esquissa un sourire malgré elle, mais le bruit d’un deuxième appel maternel la ramena à la réalité. Elle attrapa une serviette et fila dans la salle de bain, accélérant sa routine matinale.
Dix minutes plus tard, elle descendit les escaliers en catastrophe, son sac à moitié fermé rebondissant contre sa hanche. Elle attrapa une pomme sur le comptoir de la cuisine, ignorant le regard désapprobateur de sa mère.
« Je t’ai préparé une tartine, » dit cette dernière en croisant les bras. « Tu ne peux pas partir comme ça. »
Clara enfila ses baskets tout en répliquant :
« Désolée, pas le temps ! »
La porte claqua derrière elle avant que sa mère ne puisse protester davantage. Le froid mordant de janvier l’accueillit sans douceur, et Clara rabattit les pans de son manteau en accélérant le pas vers l’arrêt de bus. Ses écouteurs enfoncés dans les oreilles, elle lança sa playlist favorite, espérant noyer son esprit dans les basses d’une chanson familière.
Pourtant, aujourd’hui, même la musique ne parvenait pas à dissiper la sensation étrange qui pesait sur elle. Une sorte de malaise diffus, une impression que quelque chose clochait sans qu’elle puisse en définir la source. Était-ce le stress des examens ? Le manque de sommeil dû à ses sessions tardives sur Knight’s Trial ? Ou autre chose, de plus subtil, de plus insidieux ?
Une fois arrivée au lycée, Clara se fondit dans la routine : les cours, les devoirs, les murmures dans les couloirs. Elle n’était ni populaire ni invisible, occupant une place confortable dans cet entre-deux où personne ne cherchait à la déranger. Pourtant, ce matin-là, même l’ordre rassurant des équations chimiques n’arrivait pas à capter son attention.
Elle se surprit à griffonner distraitement dans son cahier : une épée, un blason, un arbre étrange. Des motifs inspirés de Knight’s Trial, son refuge secret. La veille, elle avait découvert un nouveau niveau dans le jeu, une forteresse sombre remplie de pièges et d’ennemis redoutables. Elle s’était jurée de la terminer, mais la fatigue avait eu raison d’elle.
« Ce soir, » murmura-t-elle à elle-même. « Ce soir, je réussirai. »
Lorsque la cloche retentit, signalant la fin des cours, Clara s’éclipsa rapidement, impatiente de rentrer chez elle. Le trajet en bus sembla plus long que d’habitude, et chaque arrêt était une épreuve pour sa patience. Lorsqu’elle franchit enfin la porte de sa maison, elle lança un vague « Je suis rentrée » avant de monter directement dans sa chambre.
Elle referma la porte derrière elle, laissant échapper un soupir de soulagement. Là, dans cet espace à la fois chaotique et familier, elle se sentait en sécurité. Elle posa son sac au pied du lit, alluma son ordinateur et attendit que l’écran s’illumine.
Le logo de Knight’s Trial apparut, accompagné d’une musique épique qui accéléra les battements de son cœur. C’était comme entrer dans une autre dimension, un monde où elle pouvait être une héroïne, affronter des dangers, prendre des décisions qui avaient un sens.
Mais ce soir-là, quelque chose était différent.
Lorsqu’elle cliqua sur « Continuer », un flash lumineux jaillit de l’écran, la faisant reculer sur sa chaise. Des lettres rouges clignotèrent :
"Anomalie détectée. Voulez-vous continuer ?"
Clara cligna des yeux, incertaine. Était-ce une blague ? Une mise à jour spéciale ? Rien dans le ton du message n’évoquait un simple bug. Elle hésita, puis déplaça le curseur avec prudence.
Au moment où elle cliqua sur « Oui », une onde étrange traversa la pièce. Les murs semblèrent vaciller, comme s’ils étaient faits d’eau. Les piles de livres sur son bureau tremblèrent, certaines chutant au sol. La lumière de sa lampe prit une teinte surnaturelle, oscillant entre le bleu et le violet.
« Qu’est-ce que… ? »
Un grondement sourd emplit alors la pièce, et l’écran se mit à scintiller violemment. Clara sentit une force invisible l’attirer vers l’ordinateur. Elle tenta de se lever, de fuir, mais ses jambes refusaient de bouger. Une lumière blanche l’engloutit, et le monde autour d’elle sembla se dissoudre.
Elle voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Tout ce qu’elle pouvait entendre, c’était le battement frénétique de son propre cœur, comme un tambour de guerre annonçant l’inévitable.
Et puis, le silence.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle n’était plus dans sa chambre.
0
2
4
29
Listes
Avec Le roman de K...