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Brioche

Reykjavík.
Brioche
Envie de dépasser vos horizons ? Suivez-moi, nous allons sauter à pieds joints sur une île nordique et nous laisser dérouter par les surprises de la vie pour apprendre à mieux se connaître.
Récit psychologique qui s'enracine sur une rencontre particulière et mêle l'exploration extérieure (cultures, nature) aussi bien qu'intérieure.
Roman inspiré de mes voyages, rencontres et de mon expérience de vie en Islande.
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Brioche
Haikus et mini poèmes.
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Brioche


 Six heures trente. J’entends ses chaussons qui frottent le sol de manière déjà nerveuse. Le robinet s’ouvre à fond quelques secondes. Je perçois le bouton qui enclenche la bouilloire. Tandis que le grondement sournois s’amplifie, il pose un bol sur la table. Le frigo s’ouvre et je sais qu’il pioche d’abord le beurre et deux pots de confiture. Il les amène sur la table et ses chaussons dérapent en faisant demi-tour vers le réfrigérateur. Il choisit deux autres bocaux, puis tire un sachet contenant le reste de baguette vieillissante. Le grille-pain reçoit deux tartines pour commencer. La bouilloire est prise d’assaut dès que l’eau produit des bulles. J’entends l’eau se déverser dans le bol où ne manquera pas de trôner un sachet de thé russe. Mon sommeil est suspendu par les allées et venues des chaussons et les bruitages qui donnent lieu à des images nettes dans mon esprit. C’en est crispant de précision et de prévisibilité. Vingt ans que j’ai le loisir d’observer son cérémonial du matin, à la table du saint petit déjeuner. Les tartines sautent du grille-pain. Il jure en se brûlant les doigts et les remplace immédiatement. Le couteau gratte les zones noircies du pain et me fait définitivement renoncer au trou noir du sommeil. La chaise irrite le carrelage et mes tympans en reculant. Je le devine attablé avec son bol de thé fumant et les six pots de confitures disposés en arc de cercle. Les raclements du couteau chatouillent mon échine recroquevillée. Je visualise le dépôt du beurre dans les trous du pain tiède et durci. Hier soir, j’ai fini la barquette de beurre salé breton. Je sais qu’il est en train de compenser en saupoudrant d’un geste extrêmement mesuré quelques grains de sel sur sa tartine. Il doit commencer par la marmelade incontournable de chaque matin du monde, celle à l’écorce d’orange qui marie l'amer et le sucré. La cuillère opère des virages méticuleux sur la surface de la tartine. Puis il la trempe dans son bol. Inévitablement, l’eau chaude déploie la matière grasse sur toute sa surface. Avec toutes les attentes du monde, il croque un premier morceau. Il aspire aussi une gorgée de thé aussi prudente que bruyante. C’est le même son contrariant qu’avec la cuillère de soupe qu’il porte à sa bouche tous les soirs d’hiver. Deux tranches de pain sursautent à nouveau dans le calme de la maison. L’odeur des toasts et du beurre fondu monte jusqu’à mon lit situé dans la mezzanine. Surtout, ne pas descendre maintenant. Je n’ai pas faim et surtout pas envie d’assister à ce spectacle que je connais trop bien. Pas besoin de quitter mon perchoir pour être sûre qu’il a la tête rentrée dans les épaules et marmonne des conversations tout seul devant son bol en levant les sourcils. J’attends nerveusement que tout cela prenne fin avant de pouvoir me rendormir ou me lever. Le tic tac de l’horloge accompagne les pensées silencieuses de mon père. Il est en train d’engueuler son collègue en même temps que la troisième tartine croustille dans sa bouche.
 Alors que mon sommeil menaçait un instant de tirer le rideau sur cette scène culte, le bol se prend un choc dans l'évier, suivi du tintement mat de la cuillère collante et du couteau graisseux. Je sais qu’il ne m'embêtera pas avec le bruit du lavage. À mon tour sur les lieux du crime, je trouverai sans faute le bol du protagoniste, un fond de thé refroidi abritant des débris de pain épanouis comme des algues. Le reste sera encore sur la table, miettes de pain comprises. Le beurre aura ramolli dans l’axe du rayon de soleil et les pots de confiture demeureront ouverts aux mouches opportunes.
 À présent, c’est la cafetière qui s’échauffe. Sa musique est plus récréative que celle de la bouilloire. L’indestructible tasse de mon père avec marqué “coffee” dans tous les sens est placée sous l’averse de liquide senseo. Nul doute sur le fait qu’elle aussi restera exhibée sur la table basse avec de la mousse imprimée sur les parois. Le parfum de sa boisson finit par atteindre l’air que j’inspire. Je me laisse bercer par le son de la cuillère qui touille. Dans le silence de la maison résonnent les inquiétudes de mon père, jambes croisées sur le divan. Il songe au devis qu’il n’a, encore une fois, pas bien su estimer. Sa journée s’annonce mal car il est en train de dépasser de loin le nombre d’heures qu’il avait prévues pour ce projet "balustrades". Ces réflexions durent environ huit minutes. Enfin, j’imagine qu’il a découvert l’heure sur la pendule car ses pas se dirigent brusquement vers l’entrée. Il jette ses charentaises et ouvre la porte du sous-sol pour saisir ses souliers de travail. Il tire la fermeture de son blouson et saisit les clés de voiture avant de sortir en claquant la porte. Le fourgon démarre dans le jour timide et froid. Trente secondes plus tard, j’entends des pas pressés dans l’escalier. La porte du sous-sol s’ouvre brusquement et les gros sabots se dirigent vers la cuisine. Une casserole se remplit d’eau à vive allure. La porte claque à nouveau et il s’en retourne dégivrer le pare-brise. Mon corps est tendu. Je sais que mon père a besoin de plusieurs allers-retours entre la voiture et la maison avant de partir pour de bon. Voilà qu’il fait à nouveau irruption. À coup sûr, il a dû oublier son portefeuille ou ses lunettes. Il repart en claquant la porte plus fort que les fois précédentes, comme s’il y mettait la détermination pour que ce soit la dernière. Et, effectivement, le fourgon vrombit en marche arrière, puis le moteur s’éloigne. La maison pousse un soupir de soulagement.
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Brioche
Réécriture au présent de mon roman partiellement autobiographique. Bienvenus dans cette épopée islandaise !
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Défi
Brioche

Mes muscles ont gonflé,
Mes bras ont pris la forme adéquate
Pour transporter des panneaux de plâtre
Mes cuisses et mes mollets
Sur les côtes à vélo
Se sont façonnés

Ma silhouette camouflée
sous les vêtements de chantier
a fait oublier
ma poitrine,
mes hanches,
ce que j’avais d’une femme
au premier abord

Puis, j’ai coupé mes cheveux.
Par le vent abîmés,
dans un état piteux,
J’ai voulu changer.
La tondeuse
du coiffeur iranien
a suffi à m’enlever
les derniers résidus
d’un physique féminin
Les mèches ont disparu
de mes épaules carrées

Ma démarche, sans le vouloir,
A fini par imiter
celle de mes collègues
ces gars virils du bâtiment
Ma voix encore trop grave
n’a pas suffi à rappeler
Que je suis une demoiselle
Une fille
Une femme

Certes je conduis des engins
Mais voyons
Je n’urine pas debout
ni ne me rase le matin.
Les clients se sont mépris.
Plusieurs m’ont gratifiée de :
“Dis bonhomme,
tu me sers trois sacs de ciment ?”

Par ces remarques agacée,
je me serais rebellée
Mais, ma foi, contre qui ?
Contre ceux qui sont figés
dans des catégories binaires
et aveuglés par les a priori ?
ou contre moi-même
qui laisse planer le doute
fondue dans un environnement
de mâles au timbre rauque ?

Je les ai imités
jusqu’à négliger mon corps,
et pousser jusqu’aux limites de mes capacités
Car bien que de nature sportive
J’ai un rythme lunaire qui m’est propre
et je l’ai mis de côté
pour travailler chaque jour à vive allure
pour prouver mon égalité

Plus tard j’ai saisi la nuance
Et j’ai regretté
Déjà toute abîmée
Épuisée en profondeur,
il a fallu modifier
la cadence de l’effort
Renouer avec ma nature
celle d’une créature Vénusienne
qui vit quatre saisons
entre deux pleines lunes
Et les jours de sang
a besoin de lenteur

Car son rythme cyclique
est une bénédiction
si elle apprend à le connaître
et naviguer en accord
avec ses propres saisons.
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Défi
Brioche


Déjà à cause du prince des collines, les rampes contournaient la farce en récitant les sorbets à la chaussette noire. Les allumettes se cognent entre elles depuis l'affaissement des murmures.
 Sortez vos cuirasses, par ailleurs. J’en ai vu plus d’un se faire couler la savonnette avant même d’avoir parlé aux poignées douces. Ce ruban n’alerte pas même les résidus de jambon. Chacun continue de se présenter au chant des coquelicots avec cette croûte de lait en poudre dans la gouttière. Mon paréo a volé en éclat lorsque j’ai compris que le virage préparait sa cloche. J’ai essoré mes rivières tant cela a été un reptile de plomb.
 Demain, ceux qui ont les stylos suffisamment enceintes pour déchirer leurs pyjamas avec moi, nous arpenterons les coquilles d’algues dès l’orgue. Ensemble, nous aurons de la fusée nasale, je vous l'achète. Retroussez-vous les babines avec panache, car si cela peut vous rassurer, la tisane flétrit rapidement au son des pluriels.
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Brioche

Une épaisse couverture
engourdit l’atmosphère
Les lampions au zénith
condensent la clarté jaune
Une tasse
À nouveau
Remplie de jazz macchiato
Irradie lentement
Des spirales de détente

Dehors,
La chanson de l’air
Gifle les flaques d’eau
Toiture d’église
Lanterne éclose
De maison grise
En façades roses
La rue débouche sur l’océan
Au loin,
Les montagnes blanches
Ont trouvé refuge
Sous un ciel humide

Avenue Frakkastígur
Limitée à trente
Le vent s’en moque
Il dévale la pente,
Chahutant les panneaux

La truffe palpitante
Une silhouette touffue
Entraîne sa vieille compagne
Dissimulée au chaud
Dans du polyester

Debout sur la table
Un ficus téméraire
Chaussé d’un vase rouge
M’ouvre ses bras verts

Dans mon casque d’écoute
Un professeur émet
Des connaissances pointues
Phosphorescentes,
Les diapositives
Glissent sur l’écran
Ainsi que les ombres
Projetées dans l’angle
Par les phares de voitures

Quatorze heure,
L’ordinateur ronronne
La lumière se dérobe
Installée proprement
À ma place fétiche
Le velours bleu sombre
Coule sur mes chevilles
Parées de souliers blancs

Attentive au monde,
La concentration
Semble m’avoir quittée.
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Défi
Brioche
J'éprouvais le besoin de creuser ce sujet à l'aide du stylo, car parfois, il peut peser bien lourd.
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Brioche
Petit hommage aux nombreux arc-en-ciel qui courronnent l'île où j'habite.
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Défi
Brioche
En réponse au défis "Le pays qui vous inspire le plus". Voici une petite trilogie reprenant trois pays que j'ai visités l'un après les autres.
Toutefois, je ne ferai pas de hiérarchie en disant que ce sont les pays qui m'ont "le plus inspiré".
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Brioche


 Le fauteuil de Marcel est mort, mais il a toujours sa place à côté du téléviseur. Mamie demeure dans le salon. D’un côté, il y a la vue sur les tulipes, de l’autre, Intermarché et son parking lui tendent les bras. Le ciel est blanc et les murs du salon sont oranges pâle. La pièce est encombrée d’une armoire massive en bois sombre. Elle contient des piles d’assiette, des couteaux pointus et des tasses avec leurs soucoupes. Ce vieux meuble doit peser très lourd. Il renferme tous les dîners de Noël et autres repas de familles depuis des lustres, les retrouvailles, les tensions, les annonces, les questions, les silences et les contradictions. Chaque année s’ajoutent des cartes postales que mamie expose sur le buffet. "Meilleurs vœux”, et signatures. Il y a aussi la bourse en voile mauve renfermant des dragées. Gamine, je vérifiais toujours qu'ils étaient encore là. Je les palpais, espérant en vain qu’elle nous autorise à les manger. Ceux-là moisiront après elle.
 Le compartiment des bouteilles conserve l’obscurité et le pomo, le calva et le pétillant, au cas où il y ait à nouveau des jours de fête.
 En attendant, le napperon sur la table basse ne bouge pas. La poussière et la télécommande lui tiennent compagnie.
 Mamie ne sait pas où s'asseoir. À table, en face du silence ? Sur le canapé en face de la table ? Sur le fauteuil en cuir froid, devant les portraits de ses petits enfants ? Ils n’ont qu'à venir, au lieu d’avoir tous les jours six ans sous le sapin de Noël !
 C’est l’heure des médicaments. Ça tombe bien, elle a encore toute sa tête. Car c’est un sacré programme, quatre fois par jour. Elle fera passer les plus gros comprimés avec une tartine de pâté et un cornichon. Il doit rester un peu de pain blanc au congélateur.
 Intermarché trône devant son paillasson, donc elle ne manque jamais de rien. Se faire à manger pour elle seule, c’est une perte de temps, se dit-elle. Mais bon, c’est tout ce qu’elle possède. Des longues minutes qui font noircir les bananes. Des heures et des cageots de courgettes. Des semaines et du potiron au congélateur. Des mois et du rôti congelé. Des saisons et des confitures. Des années de rillettes en bocaux.
 Cela fait bien longtemps qu’elle aurait arraché le cadran horaire qui lui signale le passage de chaque seconde de la journée et de la nuit. Mais ce serait comme couper un arbre qui a bâti son empire dans le jardin au fil des décennies. Puis, il faut bien avoir l’heure pour être habillée quand l'infirmier arrive. Et être ponctuelle chaque soir de la semaine, pour Plus belle la vie. Cela fait des années qu’elle suit le feuilleton, alors manquerait plus qu’elle n’aille pas au bout ! Aussi longtemps que les petits yeux derrière ses lunettes lui permettraient de voir les couleurs acides de l’écran et ses oreilles de capter le son de mauvaise qualité qui l’accompagne, elle n'abandonnerait pas Rolland derrière son bar, le torchon sur l’épaule. Elle ne lâcherait pas Céline qui vient de reprendre l’entreprise de Frémond, son vieux père. Elle leur serait fidèle. Elle continuerait à leur donner des conseils devant son écran, même s’ils n’en tenaient pas compte. Elle était habituée à cela avec ses fils. Mais dernièrement, elle sentait qu’elle avait une petite influence sur Blanche Marci, sa favorite de la saison. Elle lui avait dit de quitter Joël, ce connard de profiteur !, et Blanche Marci avait fait ses valises.
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Défi
Brioche

Tout le monde l'attend
Il traîne encore
C'est pas croyable !
Chacun est à l'affut
Tandis qu'il endure les obstacles
Affolé
Il a perdu son titre de transport
Son chiwawa même
Son chapeau
Il s'est accroché à l'arrière du train
Il a sué toute l'eau de son corps
Disséminée en goutelettes
Dans sa course inarrétable
Il a soulevé l'atmosphère
Semé des chaussures au coin des rues
Enjambé des barriêres
Coûte que coûte
Tous les membres se tiennent la main
En attendant son arrivée
Le vent est en contre sens
Là où ils sont
Ils n'ont pas remarqué
Ils n'admettront aucune excuse
Ils attendront sans renoncer
Dans le silence
Ils écoutent son absence.
Pourtant il se démène
Il court tellement
Qu'il en perd le nord
Il court en cercle
Croyant se rapprocher du but
Il essuie des kilomètres
À la surface du globe
Jour et nuit
Chez eux
La ronde est solide
Pas un bruit
Les coeurs en alerte
Ils savent qu'il est proche
Car tout à coup
Quelque grains de sable
Se soulèvent au loin
Chacun pointe du doigt
Une direction différente
L'air se met à vibrer
Dans toute sa puissance
Il leur parvient enfin
De tous les cotés
Il soulève leurs étoffes
Fouette leurs visages
Dilapide les dunes
Froissant la terre et le ciel
Les sueures froides qu'il lui reste
Seront leur récompense
Pour avoir tant patienté.

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