Allan Diego
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Pour la troisième fois de la journée, Rita descendait un sac poubelle aussi lourd qu'elle. Ces fêtes de fin d'année, à son âge, l'épuisaient plus qu'elles ne l'amusaient. La ribambelle d'enfants, de petits enfants, d'amis et d'amis des amis trouvaient ses fêtes toujours aussi réussies. "Mamoune, même les crabes que tu cuisines sont fiers de finir entre tes mains" disait Julia. Depuis la mort de Marc, les préparatifs commençaient une semaine avant et le rangement se finissait aussi longtemps après. Les jours de fête étaient devenus les seuls moments ou elle voyait encore sa famille, ou elle voyait encore des êtres humains. Il y avait bien sa voisine du sixième qui passait tous les jours pour voir si elle n'avait besoin de rien avant d'aller faire ses courses mais, de quoi aurait-elle bien pu avoir besoin? Les soupes et les yaourts qui s'entassaient dans le frigo constituaient sa seule alimentation et nul besoin d'aller tous les jours en chercher, quelques packs une fois par semaine suffisaient amplement à la nourrir.
Malgré l'âge et la fatigue, ses pulsions maniaques ne l'avaient pas quittée, elle continuait à passer l'aspirateur une fois par jour dans son appartement devenu tout d'un coup trop grand. Sa formidable collection de girafes -plus de trois cent cinquante pièces, devait être dépoussiérée toutes les semaines, même celles qui trônaient au dessus du grand meuble du salon et malgré le fait qu'il faille monter sur un tabouret pour les atteindre. Rita s'imaginait souvent tombant à la renverse et agonisant pendant des heures, voire des jours, avant qu'un voisin ou la mort ne viennent la secourir.
Son quatre pièces de Versailles n'avait pas mué depuis plus de 18 ans, seuls quelques miroirs aux reflets agaçants avaient laissé leur place à autant de vieilles lampes délavées croulant sous le poids de leurs chapeaux. Elle était belle autrefois, il suffisait de montrer les vieilles photos du camping à quiconque s'aventurait dans son royaume pour se l'entendre dire. Ses belles boucles couleur Coca-Cola avait disparu au dépend d'un amas de fils délavés, ses jambes d'élégante danseuse arboraient une improbable forêt de varices et son sourire fragile d'antan n'avait plus le même effet avec son dentier un poil trop grand.
La cuisine de Rita était particulièrement petite, un vieux meuble en formica gris se cachait derrière la porte, juste en face du frigidaire, de la gazinière, la machine à laver et l'évier en marbre blanc qui s'emboîtait dans l'angle. Sous la grande fenêtre donnant sur la petite rue se trouvait une minuscule table carrée avec de longs pieds en métal auxquels s'accoudaient deux tabourets de la même fabrique. Rita finissait de laver une poire pour compléter son plateau repas quand un petit toc-toc sur la porte d'entrée la fit sursauter. Réflexe d'être humain moderne, Rita regarde la montre au dessus de la porte tout en se souvenant qu'elle ne marche plus depuis au moins deux ans. C'est seulement parce qu'elle est trop haute qu'elle n'est pas encore dans une benne à ordures quelconque. La petite montre dans le meuble marche, elle indique 20:35. En s'approchant de l'entrée, Rita entend la petite et à peine audible voix de sa voisine Mme Capis.
-"Bonsoir Rita, je remontais chez moi et j'ai vu que ta porte était ouverte, des fois que tu savais pas j'ai préféré te prévenir.
-"Bonsoir Mme Capis, bien en effet j'ai du mal fermer quand je suis remonté des poubelles, une chance que vous ayez remarqué sinon, je partais me coucher la porte ouverte.
-"Surtout que maintenant, Mme Capis passait sa tête à l'intérieur de l'appartement, moi j'ai plus confiance comme avant. Avec tout c'qu'on voit à la télé, plus moyen de dormir tranquille.
-"Ah ça! Moi j'ai trois serrures.
Les deux femmes s'étaient rapprochées et parlaient tellement bas qu'on aurait dit des enfants se racontant un secret à table.
-"Bon, c'est pas tout ça mais moi j'ai laissé mon gigot dans l'four et des fois qu'il s'échappe...
Mme Capis s'élançait déjà à l'assaut de l'escalier pour regagner ses quartiers, elle entendit à peine le "Merci et à demain" de Rita.
Elle referma la porte de ses trois serrures dans un grand souffle de soulagement avant d'attraper le plateau repas et de l'emmener dans le salon pour dîner en regardant la télévision.
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Ci-gît une belle boite en acajou
Dépourvue d'os et de cendres
Je refuse de passer dans un trou
Une éternité à vous attendre
Mon esprit vogue à présent
Libre et libéré des turpitudes
Ma mort est un aboutissement
Autant ne pas la vivre sous ces latitudes
Pour une visite de courtoisie
Veuillez lever les yeux au ciel
Et laissez faire la fantaisie
Imaginez mon nuage résidentiel
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Y'a une rate qui dilate
Et un chaton qui fait l'dos rond
Une fouine à grosse poitrine
Et un croco qui a les crocs
Une autruche et sa cruche
Un kangourou un peu saoul
Y'a une baleine qui se traîne
Et un requin qui a très faim
Une poule qui roucoule
Et un renard en pétard
Y'a une belette un peu bête
Et un mouton vraiment très con
Une girafe qu'a pas fait gaffe
Et un chacal qui a la dalle
Y'a une civette en mobylette
Et l'raton laveur sur un tracteur
Une guenon qui sent bon
Et un scorpion qui pue du fion
Y'a une mouche qui se touche
Et un moustique qui s'astique
...
Et comme Gaston dans la nature
Ces animaux sont rigolos
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Il m'a fallu des milliers de pages et d'heures de lecture avant de comprendre que c'était plus constructif d'écrire moi-même que de lire les autres. Je ne sais pas écrire, certes, mais je ne sais pas lire non plus et ça ne m'empêche pas de le faire, alors j'écrirais comme je lis, sans fioritures, sans rechercher la beauté de la prose ni le mot juste, je me contenterais d'aligner les mots les uns après les autres, de faire des phrases, d'écrire comme je parle et comprenne qui voudra. J'ai lu quelque part que le style ultime c'était l'absence de style. Je risque d'être bon. De toute façon je sais que tous voudront lire ce truc en se foutant bien de la forme, seul le fond comptera.
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Défi
Je me contrefous de débarquer dans son bureau sans prévenir. Ecarte-toi de mon chemin ou tu t’en prends une espèce de conne ! Je suis même sûre que tu es au courant de tout depuis longtemps. Il t’utilise pour se couvrir. Tu lui inventes des excuses et tu me les sers de ta voix de blonde. Si tu n’étais pas si moche je pourrais même croire que c’est toi.
Bon t’es où ? Tu te caches ? Tu es devenu lâche à ce point ? Je n’arrive pas à croire qu'après toutes ces années, tous ces combats, ces nuits blanches de pleurs et d’angoisse, tu puisses nous faire ça. Que tu ne m’aimes plus, pas de problème, ça je peux l’accepter. Je le sais. Que tu m’humilies en inventant des excuses à quatre sous, me prenant pour la dernière des connes, ok. C’est risible mais ça va, ça ne concerne que nous. Par contre, que tu rates l’anniversaire de ta fille pour aller baiser avec ta pute ? Tu as oublié les heures à lui tenir la main, dans sa chambre d’hôpital, la veillant pendant qu’elle se battait pour rester en vie ? Tu as oublié les promesses que tu lui as faites, lui assurant que jamais tu ne l’abandonnerais ; que si elle se battait il ne pourrait rien lui arriver ? Que nous serions la plus heureuse des familles ?
Mais merde Sam, tu crois qu’elle ne voit rien ? Tu penses réellement qu’elle t’imagine au travail quand tu ne rentres pas pendant deux jours ? Mes pleurs et insomnies, elle ne les subit pas peut-être ?
T'es un lâche Sam, prend ton courage à deux mains et parle nous, quitte nous. On trouvera un moyen pour qu’Ella souffre le moins possible mais pour ça il faut que tu arrêtes de te cacher et qu’on crève le mur de silence que tu as fabriqué pour t’entourer. Je suis fatiguée Sam, je ne partirai pas d’ici sans avoir fait le tour de tout ça, quitte à continuer mon petit scandale le temps qu’il faudra. Plus tu tarderas à te montrer, plus de gens dans ta boite apprendront tout sur notre vie de merde.
Merde !
Chérie, qu’est-ce que tu fais ? Ne t’en prends pas à Suzie, elle n’y est pour rien la pauvre. Elle essaie juste de te protéger. Si seulement tu savais dans quelle situation inconfortable elle est! Obligée de mentir pour moi, de t’inventer des excuses vides de sens alors qu’elle sait parfaitement que tu ne vas pas en croire un mot. C’est un ange ma Suzie, heureusement qu’elle veille sur moi, sinon, je ne sais vraiment pas où… Enfin ! Ne t’en prends pas à elle s’il te plaît.
Je sais que tu veux des réponses, que tu exiges des réponses. Je le sais et je le comprends. Tu en as le droit, après tout ce qu’on a vécu, tu ne mérites pas ça. Tu n’as pas traversé presque trois ans de calvaire pour que je te lâche maintenant qu’elle va bien.
De nos jours, vivre sans un parent est une situation normale. Elle va en souffrir au départ mais elle est forte, incroyablement même, elle l’a prouvé pendant qu’elle luttait contre la maladie. Tu devras trouver les bons mots pour lui expliquer, la soutenir quand ses genoux trembleront un peu. Et puis ça ira. Tu seras là.
Je t’aime tu sais ? Je ne t’en ai plus trop parlé ces derniers temps mais je t’aime toujours autant. Peut-être même plus que jamais. Mais comment tu veux que je te dise la vérité ?
Un mois que je tourne en rond et que je me torture l’esprit pour savoir comment te parler, comment parler à Ella, comment avouer ? Impossible de reculer maintenant, tu es en train d’ameuter l’ensemble du personnel. Il faudra aussi que je leur parle, à eux. Ou pas. Je m’en fous d’eux. Ici il n’y a que Suzie et mon boss au courant, pas besoin d’en faire un avis public non plus.
Merde chérie, je l’ai bien mérité mais quand même, si tu pouvais arrêter de hurler ça m’arrangerait. J’arrive, on va dans mon bureau, on va avoir besoin de café.
Non, non, non Nicole, ne fais pas ça, je t’en supplie. Ce n’est pas ce que tu crois, il te cache des choses et il te ment mais ce n’est pas pour ce que tu crois. Je sais bien que tu n’y crois pas quand je t’appelle pour te dire qu’il ne rentrera pas. Ne fais pas de moi une ennemie, je veux simplement aider. Vous aider tous les trois. S’il y a bien quelqu’un de bien placé pour savoir par où vous êtes passés ces dernières années c’est bien moi. Je suis à vos côtés depuis le début, discrète mais toujours présente.
C’est bien que tu sois venue, il fallait que ça cesse, que la vérité sorte. C’est la seule solution pour que les choses s’arrangent un peu. Il ne peut pas partir comme ça, sans explications et sans vous avoir dit au revoir correctement.
Il va partir Nicole. Il va mourir et personne n’y peut rien. Il n’avait juste pas les mots pour vous l’annoncer. Tu aurais dû le voir à son retour de l’hôpital. Je n’avais jamais rien vu d’aussi blanc de ma vie. Il est venu lâcher chez nous tout ce qu’il serait incapable de dire chez vous. Pour le coup, on a tout pris en pleine poire : cancer, foudroyant, quelques mois, maximum, traitement possible pour soulager mais inefficace, mort. MORT.
Je ne pensais pas qu’un homme pouvait pleurer comme ça. Il ne pleurait pas sur son sort, il ne pensait qu’à vous deux. Comment vous annoncer qu’il allait mourir. Comment te demander, à toi, après les trois années d’hôpital, de souffrances et de désespoir, de repartir pour un tour ? Lui qui n’avait plus aucune chance. Comment expliquer à Ella que son papa n’allait pas réussir à vaincre la maladie comme elle l'avait fait?
Pour Ella vous étiez ensemble pour la soutenir mais là, tu vas devoir être forte, vraiment forte. Je sais que tu l’es. Et puis je serai là moi, jamais trop loin, discrète mais présente.
Putain de bordel de merde !
Comment un truc pareil a pu arriver. En 2015. Dans un pays occidental. On se gausse d’être à la pointe de la technologie, de la médecine, de la communication et on n’est pas foutu de bien nommer une putain de plaquette ?
J’ai un patient qui, depuis près d’un mois, est persuadé qu’il va crever dans quelques semaines. Je ne peux même pas imaginer comment sa vie a pu tourner depuis. Il a fallu qu’il aille dans un autre hosto pour qu’ils se rendent compte de l’erreur. Et encore heureux pour lui !
Et la réputation, elle va être belle. Ils ne vont pas se gêner pour nous tailler un costard les autres. On sera la risée du monde médical. Et le pire, c’est que c’est mérité, amplement !
Quoi qu’il en soit il faut l’appeler ce mec. Je dois lui annoncer la meilleure nouvelle possible et pourtant j’ai l’impression d’aller à l’abattoir.
La petite a raison, il faut que j’arrête. Je pense que cette histoire est un signe. C’est fini. Près de quarante ans de service, passé par tous les échelons, amené l’hôpital parmi ceux qui comptent, qui ont un nom. Je ne suis plus qu’un gestionnaire. Directeur ? Et alors, je ne suis plus médecin. Et c’est ça que j’aime moi, aider les gens, les guérir, pas signer des papiers à longueur de journée et faire des courbettes à des politiciens et des requins de la finance.
Allez Paul, prends ton courage à deux mains et décroche ton téléphone. Tu vas aider une dernière personne avant de fermer le rideau.
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Papa a rigolé quand je lui ai dit que tu passais ta vie sous le lit, il s’est moqué de moi. Comme d’habitude, il se moque de mon imagination débordante.
Maman aussi a rigolé, elle me trouve mignonne à inventer des amis sous le lit. Mais elle a quand-même eu un peu peur, comme toujours. Alors papa s’est aussi moqué d’elle, comme toujours.
Le seul qui n’a pas rigolé c’est Sharky. Quand je l’ai amené dans la chambre pour te présenter, il a grogné comme un fou puis est parti en courant. Il refuse de venir dans ma chambre depuis que tu es là. Je crois qu’il ne t’aime pas très bien. Je suis désolé. D’ailleurs c’est bizarre, d’habitude, il aime tout le monde Sharky. Il est peut-être jaloux parce que toi tu peux dormir dans ma chambre mais pas lui. Je vais lui parler pour essayer d’arranger les choses entre vous.
La vérité, moi aussi j’ai eu un peu peur au début. Et puis il fait tellement froid dans ma chambre depuis que t’es arrivé ! Maintenant il fait très chaud dehors alors c’est pas grave mais avant, au début, j’avais vraiment très froid. Maman a engueulé papa plein de fois à cause de toi, elle dit qu’il n’arrive pas à réparer le radiateur. C’est bête, il fonctionne bien, il est toujours tout chaud. Même maintenant il est chaud. Heureusement que t’es là sinon ce serait terrible.
On doit encore aller à l’hôpital aujourd’hui, pour qu’ils me mettent dans la machine qui fait du bruit. Je déteste cette machine. Ils me prennent du sang aussi. Ça m’est égal moi qu’ils me prennent du sang mais j’aime pas du tout les piqures ! Je pleure encore un peu mais plus beaucoup.
Le docteur dit qu’ils ne comprennent pas ce que j’ai alors maman pleure et papa crie. J’aime vraiment pas aller à l’hôpital !
Je suis vraiment très fatiguée tu sais. Je me demande si ce ne serait pas mieux si tu partais ?
Maman ne fait plus que pleurer toute la journée, elle ne quitte presque plus sa chambre et papa sent toujours mauvais. J’aime pas l’odeur du vin, j’ai toujours envie de vomir quand il me fait un câlin.
Hier,quand il pensait que j’écoutais pas, le médecin a dit à papa que mon état était critique. Je sais pas trop c’que ça veut dire mais papa a pleuré aussi. En ce moment papa pleure souvent, comme maman.
Je lui ai dit dans la voiture que j’étais fatiguée parce que je devais te prêter des forces mais il a juste dit que je racontais des bêtises. Alors j’ai pleuré aussi.
Sharky me manque. Quand j’avais très froid j’allais me coucher contre lui et c’était bien. Maintenant il est au ciel et moi j’ai très froid.
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Défi
Sale journée qui commence
On sent poindre les ennuis
Que j’aimerais partir en Provence
Avec presque tous mes amis
C’est le calme avant la tempête
Les téléphones restent muets
Bientôt se réveillera la bête
Les problèmes viendront en bouquets
Vivement octobre, le calme revenu
Les feuilles tomberont en douceur
Je relâcherai mon souffle tant retenu
Les mômes rodés chanteront tous en cœur
A la claire fontaine mon ami Pierrot
Frère Jacques sonne toutes les matines
J’ai volé cette plume pour écrire ce mot
Mes rimes sont nulles, sortez la guillotine !
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Eh gros ? Ouais c’est toi, bizarre hein ?
Bref, écoute bien.
Je n’ai que 30 secondes et une tonne de trucs à te dire alors comme papa disait toujours (oui, disait, désolé) « il faut être pragmatique dans la vie ». Je viens d’aller voir sur internet : le numéro gagnant de l’Euro millions de vendredi prochain est le 7-26-41-3-18 et les étoiles le 6 et le 9.
Je ne sais pas ce qui va se passer maintenant al…
BIIIIIP
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Sincèrement, je dois l’avouer, j’ai trouvé ça beau. Ouais ! J’étais heureux, enfin, moi aussi j’étais comme vous.
Mais bon, rien à voir avec la féérie qu’on m’avait vendue. Le ciel était terne, recouvert d’un voile ne laissant traverser qu’un pâle rayon jaune. Pas de nuages cotonneux en touffes gorgés d’une lumière aveuglante, pas d’oiseaux virevoltant en couple, pas d’infini où le soleil fait des clins d’œil à la lune. Rien. Il y avait bien plus de lumière dans la chambre d’hosto que dehors.
D’ailleurs, un hosto, c’est moche ! Les couleurs, c’est pour les cons ? Tout est terne, fade, triste ; déjà que ça pue !
Et on garde le meilleur pour la fin : Les gens.
Désolé, ne le prenez pas mal mais, après avoir fantasmé le truc pendant aussi longtemps, faut avouer que ça fait un peu « plof » le moment venu. C’est con, je sais, mais que voulez-vous, c’est ce que je ressens.
D’ailleurs, pour l’instant, je refuse d’aller devant un miroir. J’ai trop les boules de me trouver dégueulasse. Je suis dégueulasse ? Probablement. Depuis toujours on me fait des courbettes, on me congratule, on me décrit monts et merveilles ; et que c’est beau, et que c’est chaleureux, et que c’est coloré. Et que ta gueule ouais ! Tu sais (tu pensais) que jamais je pourrais le vérifier alors rien à foutre, autant en faire un bisounours docile.
Franchement, je m’excuse de vous heurter, je sais que vous pensiez bien faire, que vous le faisiez pour moi. Ne m’en veuillez pas trop, demain je veux bien refaire un essai. Mais demain. D’ici là, j’aimerais juste fermer les yeux et revoir les choses comme d’habitude.
Mes choses.
Mon habitude.
Demain Sharky sera là. Il sera beau, je pourrai voir ses yeux, ses moustaches, sa couleur.
Vivement demain.
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Oui c'est vrai que je suis sorti sans me laver ni me raser ce matin mais c'est pas si grave que ça quand même et puis de toutes manières je m'en fous un peu si je pue
Je n'ai pas peur d'affronter ni les nez ni le regard de tous ces cons qui pullulent dans les rues et si jamais il y en a un qui veut m'en toucher deux mots de plus près je le tue
Personne n'ose s'approcher d'un gars comme moi qui es grand beau et fort et avec des tatouages et des muscles qui sortent de partout avec cette dégaine j'ai l'air d'un malotru
Alors qu'au fond je suis un gars bien et très sensible et même que je pleure devant les films pour midinette et que bientôt je vais trouver une femme qui m'aime comme je suis et ça j'en suis convaincu
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