Youcef Nemmar
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de toujours
Une histoire vraie qui vous plonge dans le récit émouvant d'un enfant à la recherche désespérée de la mer interdite. Confronté à l'injustice et à l'exclusion, il rêve de découvrir le monde marin en brisant les chaînes de l'interdiction parentale. Entre frustration et désir inassouvi, suivez l'appel irrésistible de la mer, symbole d'une quête personnelle et d'une échappée poignante au-delà des tabous familiaux.
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Les Kabyles d’antan redoutaient de passer près des cimetières. Très superstitieux, ils croyaient que des esprits surgissaient des tombes pour effrayer les passants.
Une profonde anxiété s’emparait d’eux lorsqu’ils s’approchaient des sépultures. Leurs cœurs battaient fort, notamment, à la lueur des étoiles.
Ce peuple avait une croyance ancestrale qu'il entretenait depuis la nuit des temps. Il s'agissait de l'existence d'un animal mythique qui hantait les cimetières. On l'appelait «ajedɛun n leqber», le cheval des tombes.
À Tiaouinine, les hommes se réunissaient tous les jours à la place du village. Ils se donnaient rendez-vous chaque soir devant un mausolée dénommé Taqerrabt n Sidi Amer.
C'était une maisonnette de deux mètres sur quatre, haute d’environ trois coudées. Elle avait des murs de pierre d'une épaisseur de quarante centimètres et un toit en forme de V inversé fait de tuiles creuses rouges.
À l'intérieur, l'atmosphère était fraîche, sombre et silencieuse. Les murs, lisses et recouverts d'argile blanche, étaient creusés, en hauteur, de profondes niches, ou «tiḥnayin», où l'on plaçait des bougies. Le plancher en pisé comportait deux petites dalles de carrelage que les visiteurs embrassaient avec honneur et grand respect.
Devant la structure, se trouvait une placette exiguë et revêtue de pierres plates, où s’asseyaient en cercle les personnes présentes, sous l’ombre d’un oléastre. C’est là que se tenait le conseil du village.
Un soir, le sujet de la frayeur fut abordé par un groupe de jeunes, en marge de l’assemblée. Chacun fit part de son point de vue sur la question. Les plus aguerris racontèrent leurs expériences personnelles de situations épouvantables.
L’inquiétude se lisait sur le visage de certains villageois alors qu’ils écoutaient ces histoires d’horreur. Leurs gestes nerveux trahissaient leurs émotions et des frissons leur parcouraient l'échine. L'obscurité de la nuit renforçait leur imagination et exagérait leur effroi.
À un moment donné, un villageois audacieux lança un défi : qui oserait se rendre seul au cimetière à la nuit tombée ?
Le cimetière en question était situé à la lisière du village, sur une crête appelée Tighilt El Bey. On y trouvait le tombeau du fondateur de Tiaouinine, le saint patron Sidi Lhadj Hand ou Sadek, venu s'y installer vers le seizième siècle du village voisin de Tizi Tzegguert.
Personne n’avait osé se porter volontaire pour relever le défi.
Les hommes étaient allés jusqu’à collecter une importante somme d’argent. Celui qui oserait entrer dans le tombeau du fondateur du village pendant la nuit gagnerait le pari.
Parmi la foule, il y avait un villageois au caractère bien trempé. Il s'appelait Akli. Un homme qui se moquait des croyances et des superstitions. Costeau et fort, rien ne l'effrayait. Son visage impassible cachait une profonde détermination et son attitude défiait la peur commune.
Courageux et résolu, il accepta l’offre. Une lueur de bravoure brillait dans ses yeux au milieu de l’obscurité qui l’entourait. O lui remit un pieu en bois. Il lui était demandé de le planter à l’intérieur du tombeau comme preuve de son passage.
La pièce de bois en main, le jeune homme quitta le groupe d'un pas qui résonnait dans la nuit ténèbreuse. Il était enveloppé dans un bournous blanc, un vêtement que tous les hommes kabyles d’autrefois portaient avec fierté, en été comme en hiver.
Akli s’éloigna dans les ténèbres de la nuit, suivant un chemin étroit qui serpentait entre des jardins potagers entourés de haies basses en branchages. Le sentier, bordé par des frênes, desservait quelques maisons du quartier dit Elhara Bouadda.
Le brave homme traversa, ensuite, un verger de figuiers pour atteindre les bords d’un cours d’eau nommé Ighzer Iheddadhène, qui délimitait la fameuse crête de Tighilt El Bey.
Akli poursuivit sa marche résolue. Les étoiles scintillaient au-dessus de lui, mais l’obscurité du cimetière s’étendit devant ses yeux, enveloppant chaque tombe dans un manteau d’ombre. Malgré le bournous en laine porté sur ses épaules, le froid de la nuit lui glaçait la peau le pénètrant jusqu’aux os.
La crête de Tighilt El Bey était couverte de tombes en forme de dômes de terre. Chaque sépulture était menue de deux pierres tombales équipées de réceptacles remplis d’eau pour «étancher la soif des défunts».
Le cimetière était envahit d’herbe éparse et de broussailles par endroits. Au sommet, se dressait le mausolée du saint maître de ce village maraboutique.
Le mausolée de Sidi Lhadj Hand ou Sadek était une construction rectangulaire traditionnelle de taille moyenne. Ses murs en pierre, peu épais, supportaient un toit recouvert de tuiles anglaise. Une ancienne porte en bois et deux petites fenêtres complétaient sa structure.
Les murs intérieurs, blanchi à l'argile, présentaient des niches en hauteur, où des bougies étaient allumées à maintes occasions. Le plancher en pisé, recouvert d’une natte en doum, comportait trois minuscules dalles carrées que les vieilles femmes vénéraient curieusement. Elles les embrassaient respectueusement tout en prononçant des prières incompréhensibles.
La modeste structure était perchée majestueusement sous l’ombre d’un gigantesque caroubier. L’arbre centenaire gardait son feuillage vert et dense tout le long de l’année.
À l’intérieur du tombeau du fondateur du village, Akli se tenait debout, un frisson parcourant son échine. La sueur perlait sur son front, son souffle saccadé par l’excitation et la crainte mêlées.
Les rayons du cosmos pénètraient à peine à travers les fentes du mausolée, créant une atmosphère lugubre et mystérieuse.
Akli planta le pieu dans le sol à l’aide d’une pierre de fortune. La pièce de bois s’enfonça solidement dans la terre.
Une heure était passée et le jeune homme ne revint pas. L’incertitude flottait dans l’air et les regards anxieux des villageois se croisaient.
Une tension palpable régnait dans l’air, chaque minute s’étirant comme une éternité. Les murmures inquiets se faisait entendre, les expressions de préoccupation et de doute se lisaient sur les visages craignant que l’audace d’Akli ne l’ait mené à sa perte. Chacun se demandait si Akli avait réellement bravé la superstition ou s’il avait choisi de fuir dans l’obscurité pour échapper au défi.
Tout le monde était convaincu que, honteux de faire demi-tour et de montrer sa faiblesse, Akli avait préféré contourner le village et rentrer discrètement chez lui. Ils décidèrent de rentrer, eux aussi, et de vérifier l'exploit plus tard, à la lumière du jour.
Le lendemain matin, la nouvelle de la disparition d’Akli se répandit à travers Tiaouinine. Les habitants se rassemblaient à la place du village, leurs visages exprimant un mélange d’inquiétude et de curiosité. L’absence d’Akli était une énigme qui pesait sur tous, et l’atmosphère est chargée de préoccupations.
Le groupe qui avait lancé le défi la veille parlait à voix basse, se sentant coupable de ce qui était arrivé. Ils savaient que la dernière fois qu’ils avaient vu Akli, il se dirigeait résolument vers le cimetière. L'anxiété se lisait dans leurs regards alors qu’ils partageaint leurs souvenirs de la nuit précédente.
Finalement, une décision était prise : partir à la recherche du jeune homme perdu. Les villageois se rendirent au cimetière où Akli aurait dû se trouver pour la dernière fois. L’incertitude pesait sur chacun d’entre eux alors qu’ils se dirigeaient vers ce lieu empreint de mystère et de superstition.
Lorsqu’ils atteignirent enfin le tombeau du fondateur du village, une scène sinistre s'offrira à leurs yeux. Akli gisait sur le sol, inerte, immobile, comme si la nuit l’avait figé dans le temps.
Le silence régnait parmi les villageois qui contemplaient la scène macabre. Les émotions étaient vives, mélange de peur, de chagrin et d’incompréhension. Les superstitions qui hantaient leurs esprits semblaient prendre vie devant eux, sous la forme de cette énigme étrange et troublante.
Tout le monde se demandait : que s’était-il réellement passé la veille dans le cimetière ? Les esprits des morts avaient-ils joué un rôle dans la disparition d’Akli, ou existait-il une explication plus rationnelle à ce mystère ?
La découverte du corps provoqua une onde de choc dans les esprits tourmentés des habitants de Tiaouinine. Les rumeurs et les spéculations se propageaient rapidement, alimentées par la peur et la fascination pour le surnaturel. La plupart étaient convaincus qu’Akli avait été victime d’une malédiction due à son intrusion dans le cimetière sacré.
Rares étaient ceux qui avait opté pour une explication rationnelle. Ces derniers remarquèrent que le pieu en bois avait transpercé le pan du bournous avant de s'enfoncer dans la terre. Tout leur paraissait clair maintenant.
Alors qu'il s'apprêtait à partir, Akli sentit une force invisible le retenir. Dans l'obscurité oppressante et l'atmosphère mystérieuse, il imagina que c'étaient les esprits ancestraux qui s'emparaient de son être.
Son cœur s'emballait et une terreur indicible l'envahissait. Superstitieux comme tout le monde, il était persuadé que les esprits furieux du cimetière, le retenaient captif, lui infligeant une frayeur mortelle.
Illizi, le 19 septembre 2023.
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La virginité occupe une place essentielle dans les mariages traditionnels. Elle symbolise la chasteté de la fille et sa conduite exemplaire, tout en offrant au jeune homme l’occasion de démontrer sa masculinité et sa capacité à assumer sa vie sexuelle. L’hymen revêtait une importance capitale aux yeux des Kabyles, bien au-delà de la simple vertu. Il représentait la pureté et la moralité d’une jeune fille, tout en permettant au futur marié de prouver sa virilité et sa capacité à fonder une famille. Cependant, cette quête parfois inatteignable de la virginité pouvait engendrer des situations sociales d’une complexité déconcertante, parfois tragiques, au sein des familles kabyles. L’honneur de la famille, souvent lié à l’intégrité de l’hymen, était parfois mis en jeu, et ce sont souvent les femmes innocentes qui en payaient le prix. Par ailleurs, en plus de cette hantise de perdre sa virginité avant le mariage, il arrivait parfois, pour diverses raisons, d’ordre physiologique ou psychologique, que la défloration «licite» se révèle difficile lors de la nuit de noces. Cette réalité engendrait des situations sociales complexes, voire dramatiques, au sein de la famille. Voici l’histoire p
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Sans prévenir, il fit irruption à l’intérieur de l’habitation en claquant violemment la porte d’entrée. Les femmes, toutes surprises, se turent instantanément, étouffées par la honte d’être « prises en flagrant délit ». Dans une tentative de sauver les apparences, elles lui souhaitèrent la bienvenue avec des sourires forcés, mais leurs yeux trahissaient leur inquiétude.
D’une voix forte, rapide et agressive, mon père appella ma mère et la fit venir dans sa chambre. Ses yeux rouges et perçants et son regard fixe et intense dévoilaient son courroux.
Ma mère s’exécuta immédiatement, sa détresse et son désarroi se lisant sur sa face devenue pâle et exsangue. Les autres femmes se regardèrent, muettes et figées sur place, conscientes de ce qui allait se passer.
D’une voix forte, rapide et agressive, mon père appella ma mère et la fit venir dans sa chambre. Ses yeux rouges et perçants et son regard fixe et intense dévoilaient son courroux.
Ma mère s’exécuta immédiatement, sa détresse et son désarroi se lisant sur sa face devenue pâle et exsangue. Les autres femmes se regardèrent, muettes et figées sur place, conscientes de ce qui allait se passer.
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J’avais blasphémé, certes, non par intention, mais par ignorance. Une fureur ardente se mêla à mon chagrin, faisant couler des larmes que je ne pouvais retenir.
J’avais à peine cinq ans à l’époque. Imaginez l’ampleur de mon effroi !
Mon âme innocente, qui aurait dû rester un espace de jeux et de rêves à ce jeune âge, était devenue un champ de bataille intérieur entre ma perception enfantine et la véritable essence du divin.
J’avais à peine cinq ans à l’époque. Imaginez l’ampleur de mon effroi !
Mon âme innocente, qui aurait dû rester un espace de jeux et de rêves à ce jeune âge, était devenue un champ de bataille intérieur entre ma perception enfantine et la véritable essence du divin.
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Le métier de soldat comporte beaucoup de risques. Mais, au fond, les jeunes sont heureux de recevoir leur convocation d'incorporation. C'est une occasion en or pour s'éloigner de la monotonie des villages et se libérer des contraintes familiales. Une opportunité pour partir à l'aventure, découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles cultures. C'est un peu comme l'émigration de nos aînés. L'exil est dur, certes, mais il a des avantages indéniables.
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Dans les rares moments où leurs regards se croisent, ils s'échangent des éclairs de curiosité et de désir retenu, l'amour lui-même étant un fruit défendu.
Pourtant, le destin nous réserve parfois des surprises. Ainsi, nous pouvons trouver l'amour là où nous l'attendons le moins.
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Un imam respecté remet en question ses croyances après un séjour en France. Confronté à des perceptions erronées sur les non-croyants, il abandonne ses traditions pour étudier la vie quotidienne. Séduit par la culture européenne, il conteste ses enseignements religieux, ce qui choque sa communauté et remet en cause sa crédibilité en tant que guide spirituel.
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Un étudiant pauvre, amoureux de Lynda, se prépare pour la Saint-Valentin. Sa maigre garde-robe et ses moyens limités le remplissent d'angoisse. Malgré ses efforts pour se présenter sous son meilleur jour, il craint de ne pas être à la hauteur...
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Mon père, en rentrant du travail, fit irruption dans la quiétude de la maison. Sans prévenir, sa colère jaillit telle une tempête soudaine, projetant des mots venimeux et enflammés. Insultes et reproches pleuvaient, puis gifles, fessées et coups de poing s'abattaient sur mon corps malingre et frêle, laissant en moi un sentiment d’abattement et d’injustice.
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Les sujets en rapport avec l'affection, le mariage, la nudité et tout ce qui pouvait suggérer un rapport avec la sexualité étaient tabous. Or, les autorités coloniales avaient exploité ce «point faible» dans leur guerre psychologique contre les indigènes. Les militaires cherchaient à briser ces codes sociaux et à faire vaciller la dignité et l'honneur des individus pour affaiblir la résistance algérienne.
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Que s’était-il réellement passé dans le cimetière ? Les esprits des morts avaient-ils quelque chose à voir avec la fin tragique d’Akli ? Existait-il une explication plus rationnelle à ce mystère ?
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