Queen_Butterfly
Coucou ! Je m'appelle Alissia, je suis originaire de Marseille, et je suis passionnée d'art, notamment d'écriture.
J'ai aussi fait des études de psycho, et croyez-moi c'est bien utile pour créer des personnages, pour imaginer leurs histoires, ce qui a pu mener à leur personnalité et leurs réactions !
J'adore m'évader dans mon monde imaginaire, et j'aimerais vraiment pouvoir vous emmener avec moi ! Il y a beaucoup de textes ici qui sont anciens, mais je me partage aussi un roman récent, qui s'appelle "Miss Méduse". Je l'ai passé en privé le temps de faire les corrections
Si jamais vous me lisez, je vous souhaite une excellente lecture !
Gros bisouuuuuuuuus !
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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus
Œuvres
Défi
Je ne voulais pas. Ma vie est gâchée ; parce que je suis une menteuse. Vêtue de mon uniforme orange, je passe le balai dans ce qui est aujourd’hui ma salle à manger. Il y a toutes ces tables alignées, avec tous ces bancs sans dossier qui me rendent nostalgique de mon ancienne maison. Je suis en prison et j’ai dix-huit ans.
J’avais cinq ans quand j’ai commis l’erreur qui m’a poursuivie toute ma vie. Cinq ans, c’est jeune, mais les enfants peuvent être punis à vie, comme les adultes.
A cinq ans, j’avais tout pour être heureuse. J’avais une maman, une sœur, un bel appartement avec vue sur tout Los Angeles et un chat. J’avais perdu mon père quatre ans plus tôt, il me manquait à chaque jour. A maman aussi. Elle me parlait souvent de lui. Mais elle avait refait sa vie. Avec une femme. Ça ne me gênait pas outre mesure. May était gentille et je ne savais pas vraiment que c’était supposé être mal.
Ma mère m’avait appris la tolérance depuis toujours, assortie d’un peu de vérité et de beaucoup d’amour. Elle m’avait enseigné les lois de l’honnêteté, mais je n’en avais eu que faire.
Un jour, May a accompagné maman à une réunion pour l’école, en voiture. Pour se dire au revoir, elles se sont innocemment embrassées et tout le monde a vu. A partir de ce jour-là, ma vie a volé en éclats.
A l’école, des garçons plus âgés venaient me piquer mon goûter. Ils m’humiliaient souvent de quelques mots dont je ne savais pas me défendre. C’était toujours ma grande sœur qui parlait pour moi, mais elle n’était pas là. Ils m’appelaient « la fille des gouines ». L’école entière savait que maman sortait avec une fille et ça ne s’arrêtait plus. Les quolibets quotidiens me détruisaient. J’étais une enfant réservée et je me suis transformée en petit monstre.
Un jour, les garçons sont allés beaucoup plus loin que d’habitude. Ils m’ont frappée. Ils m’ont poussée au sol et l’un d’entre eux à réussi à me coller un coup de pied. C’est Emma qui m’a sauvée. Elle s’est plantée devant les garçons. Ils ne l’ont pas frappée. Elle avait sept ans, et elle m’a sauvée d’horribles garçons de onze ans parce qu’elle a ameuté toute la cour. Emma m’a aidée à me relever. Je n’ai rien dit, même pas merci. Ça non plus, je ne voulais pas. Ce jour-là, je me suis aigrie. Je n’ai vu qu’une seule solution à tous mes problèmes : faire partir May le plus vite possible.
Je suis allée me coucher sans un mot pour personne. J’ai embrassé ma mère et Emma, mais j’ai ignoré May.
Le lendemain, mon plan tenait debout. J’ai attrapé, dans ma petite garde-robe, le pull le plus difficile à enfiler et j’ai demandé de l’aide à ma mère. Emma prenait son petit-déjeuner à la table, juste derrière ma mère.
Bien entendu, ma mère, en m’habillant, a vu mon petit corps couvert de bleus.
– Mon Dieu, Noah ! Comment tu t’es fait ça ?, s’est exclamée ma mère.
– C’est May qui m’a tapée.
J’ai senti le regard lourd d’Emma, posé sur moi. Elle savait que je mentais. Je savais qu’elle ne parlerait pas. Ma mère m’a crue. J’ai inventé une histoire qui avait l’air vraie. Si je l’entendais à nouveau de la part d’un enfant, je la croirais pour sûr aussi.
C’en était fini de la petite vie de ma famille. May et ma mère se sont disputées au point que May s’en aille de la maison le soir-même. Ma mère n’a jamais porté plainte contre elle. Une partie d’elle devait la savoir incapable de me faire du mal. Emma se taisait toujours. Elle ne me parlait plus.
J’ai grandi, tourmentée par la déchéance de ma mère, incapable de faire confiance à qui que ce soit. J’ai grandi, tourmentée par le silence de ma sœur, qui n’a plus jamais ouvert la bouche. Elle n’avait pas parlé au bon moment. Elle ne parlerait plus jamais. J'ai grandi, tourmentée par le sort de ma victime, qui n'a trouvé refuge qu'en prison. J’ai grandi, tourmentée par mes propres démons. Le démon du mensonge et de la vérité qui s’affrontaient. Mon démon s’appelle May Moretti. Je crois qu’on est irrésistiblement attirés par nos démons, malgré nous. Un peu sans le vouloir, j'ai suivi les traces de celle que j'avais accusé à tort. J'ai sombré, d'abord dans la petite délinquance, puis dans la drogue. Ma vie de débauche s'est arrêtée quand, un jour, ivre morte au volant, j'ai percuté un pauvre piéton qui n'avait commis que le crime de rentrer chez lui à une heure tardive.
Aujourd'hui, je m'appelle Noah, j’ai dix-huit ans. Je n’ai plus rien pour être heureuse. Je n’ai plus de mère, plus de sœur, plus de balcon avec vue sur Los Angeles, plus de chat. Juste mon démon, vêtu aussi d’orange, qui me regarde passer le balai dans la cantine de la prison. Non, je ne voulais pas. Je ne veux toujours pas. Je suis une vilaine petite menteuse.
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Défi
Le soleil se couche. Je n’aime pas voir le jour partir. Il s’éloigne avec mes bons souvenirs de la journée et ne laisse derrière lui que l’angoisse d’être rattrapé par le sommeil.
Depuis quelques temps, je suis pris de terribles insomnies. Dès que je ferme l’œil, j’ai l’impression d’une présence près de moi. Son regard est si lourd qu’il m’écrase de tout son poids. Dès que j’ouvre les yeux, plus rien. Le néant. Rien d’autre que ma chambre dans l’état exact où je l’avais laissée. J’ai l’impression de perdre les pédales.
Ce soir, comme tous les soirs après mon dîner, je veille jusqu’à n’en plus pouvoir. Je veille jusqu’à ce que mes paupières deviennent trop lourdes pour être maintenues ouvertes. Je veille jusqu’à ce que mon corps me supplie de l’abandonner à la nuit.
Je raccroche le téléphone. Ma mère m’a rassuré pendant une heure. Je vis seul, mais j’ai besoin de sa compagnie. Elle sait toujours trouver les mots qu’il faut. Elle m’assure que je me fais des idées : si mes affaires ne sont pas fouillées, si rien n’est jamais déplacé, alors personne n'entre chez moi. Je me sens bête d’avoir tant besoin d’être épaulé par ma maman à vingt-et-un ans, mais je pense que nous demeurons des enfants face à nos peurs. Ces peurs irrationnelles qui n’existent que parce que le jeune « nous-même » n’a pas affronté ses démons.
Prêt à me glisser sous les draps, je pousse un soupir. Du regard, je fouille ma chambre une dernière fois. Porte ouverte sur le couloir sombre. Penderie fermée. Réveil affichant une heure quarante-deux. Sa faible LED verte éclaire le pan de mur d’en face. La vieille chaise en bois sur laquelle je pose mes vêtements se trouve dans le rayon de lumière coloré. Rassuré par cette énième précaution, je ferme un œil, puis l’autre.
Mais mon pire cauchemar recommence dès que je ne surveille plus. Je sens qu’on m’observe. J’ai peur d’ouvrir les yeux. Je ne les ouvre jamais tout de suite. Je ne veux pas risquer de croiser le regard de l’intrus.
Dès que le puissant regard s’éloigne un peu de moi, je soulève mes paupières. Tout est identique à la minute précédente. La porte ouverte sur le couloir. La penderie. Le mur. Le réveil qui affiche une heure quarante-trois. La chaise éclairée par la LED. Mais je ne me sens qu’à moitié en sécurité.
Epuisé, je referme les yeux. L’oppression revient. J’ouvre les yeux. Rien.
Ce petit jeu dure jusqu’à trois heures du matin et je finis par tomber dans les bras de Morphée.
Cette fois, je suis réveillé par un petit « clac ». Je sursaute. Je sens un léger courant d'air sur ma peau. Mes yeux se posent sur mon réveil. Il est quatre heures et demie. Il me semble que l’entrebâillement de la porte est moins important. A-t-elle été fermée par le courant d'air ? Ou bien le courant d'air n'est-il qu'une conséquence de sa fermeture ? La fenêtre est close. Je prends peur. Cette fois, je suis certain d'être épié pendant mon sommeil. Je me saisis de mon téléphone pour appeler la police.
Et là, je manque de m’évanouir. L'image de mon fond d'écran a été changée : c’est une photo de moi en train de dormir.
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Il était blasé. Des années qu’il faisait le même métier.
Elle était résignée. Des années qu’elle était enfermée entre ces murs.
Il était fatigué. Une rude journée venait de s’achever.
Elle était en pleine forme. Elle s’apprêtait à recevoir une bonne nouvelle.
Il entendit quelqu’un frapper à la porte de son bureau.
Elle frappait à la porte du bureau où on venait de l’envoyer.
– Entrez !
Elle entra.
– Asseyez-vous.
Elle s’assit.
– Dr Maurice André.
– Alice.
– Vous savez pourquoi vous êtes là ?
– Evidemment qu’elle le sait !
– Oui, je sais.
Le docteur hocha la tête. Il tapait frénétiquement sur les touches de son clavier alors qu’elle n’avait encore qu’à peine parlé.
Il avait les traits durcis par les années.
Elle avait un visage juvénile.
Il avait une vie monotone.
Elle ne savait jamais de quoi demain serait fait.
– Vous allez signer mon papier ?, demanda-t-elle.
– Ça dépend de vous, mademoiselle.
– Je te l’avais dit !
Le docteur releva les yeux vers elle.
– Pourriez-vous aller fermer la porte ?, demanda-t-il en remarquant qu’elle l’avait laissée ouverte.
– Bien sûr, répondit-elle.
Elle se rassit tout de suite après.
Il la regardait. Il avait le regard fixe.
Elle le regardait. Elle baissait parfois les yeux.
– Vous comprenez bien que je ne peux pas signer ce papier sans vous poser de question, lui expliqua-t-il.
– Je comprends, soupira-t-elle.
– Puisqu’elle te dit qu’elle comprend !
Il était psychiatre depuis des années. Il ne prenait jamais à la légère les missions du genre de celle qu’on venait de lui confier. Alice était une patiente parmi tant d’autres. On avait demandé au Dr Maurice André de la psychanalyser. Il devait s’assurer qu’elle ne constituait plus une menace pour elle-même ou son entourage.
En fait, non, Alice n’était pas une patiente parmi tant d’autres. Il était rare de voir une fille aussi jeune dans la peau d’une tueuse en série.
– Pourquoi avez-vous assassiné les jumeaux Lambert ?, demanda le psychiatre.
– Il me disait qu’ils se ressemblaient trop et qu’ils étaient trop ronds.
– Qui est celui qui vous a dit ça ?
– Je ne sais pas son nom, mais il m’a obligée, répondit-elle péniblement.
– Oh, tout de suite les grands mots !
Le psychiatre notait.
– C’est lui aussi qui vous a obligée à tuer l’homme qui fumait la pipe ?, questionna-t-il.
– Oui. Il disait qu’il aimait beaucoup trop l’orthographe et la langue française.
Le psychiatre notait toujours.
– Et la femme aux cheveux noirs vêtue de rouge ?
– Il la trouvait beaucoup trop autoritaire.
– Et l’homme en retard ?
– Il trouvait sa montre horrible.
– L’homme au chapeau ?
– Un ami à lui qui avait oublié son anniversaire.
Le psychiatre trouvait que les mobiles évoqués par la jeune fille étaient parfaitement inadmissibles. Il le lui fit remarquer.
– Je sais. Et je m’en sens coupable chaque jour. Il a tenté de m’utiliser encore, mais je ne veux plus faire ça, peu importe à quel point il me menace.
Et la discussion allait bon train dans ce registre. Elle s’apitoyait sur le sort des victimes et blâmait son ami dont le nom restait inconnu de tous.
– Maintenant, quand il essaie de me manipuler, il trouve porte close, avoua-t-elle.
– Même ici, il vous menace ?
– Oui.
– Tu mens.
Le psy nota encore. Elle lui paraissait saine d’esprit, point comme autrefois, le jour où on l’avait amenée ici. Elle décriait avoir un travail à terminer. Plus il passait de temps avec elle, plus il réalisait à quel point elle était fragile et malléable. Elle souffrait d’un mal qui était celui d’avoir été une enfant abandonnée. Petite, elle parlait avec un ami imaginaire. Celui qu’elle accusait d’être l’instigateur des crimes paraissait, quant à lui, bien réel.
Il l’écoutait.
Elle parlait.
Il la trouvait saine d’esprit.
Elle se sentait parfois tourmentée.
– A l’heure d’aujourd’hui, comment vous sentez-vous ?, demanda le psychiatre.
– Je me sens bien. J’arrive à ignorer les mots incessants de ce manipulateur. Avant, il suffisait qu’il me sourie, avec sa tenue rose et violette, pour m’hypnotiser.
– Tu me dénigres ? Tu ne perds rien pour attendre.
– Il vous contacte par quel moyen ?
– Il est inventif. Il sait toujours comment venir à moi sans jamais être vu.
– Beau compliment.
Il avait du mal à la cerner.
Elle savait exactement ce quoi dire.
Il attrape le stylo.
Elle jubile.
Il pose le stylo sur le papier.
Elle jouit.
Il signe.
Elle exulte.
Il lui tendit le papier.
Elle le pris.
Alice se leva de sa chaise, son papier si précieux entre ses doigts. En sortant, elle laissa encore la porte ouverte.
– Tu fermeras la porte, lança-t-elle en empruntant les escaliers.
Intrigué, le psychiatre se leva et la suivit du regard. Elle souriait d’un sourire qu’il lui semblait avoir déjà vu. Soudain, son cœur s’arrêta. A travers la baie vitrée de son bureau, il vit Alice tenir la porte en verre, en bas. Personne ne sortit, mais elle parlait. Il se souvint où il avait vu ce sourire, ces yeux-là. Il comprenait tout.
Alice avait tué Tweedle Dee et Tweedle Dum, Absolem, La Reine de cœur, le lapin blanc et le Chapelier fou. Son ami vêtu de rose et de violet au sourire maléfique était le Chat de Cheshire. Il ne l’avait jamais quittée depuis le jour où il avait commencé à hanter l’enfance d’une enfant abandonnée dans un monde qu’elle égayait avec l’imaginaire. Le Chat de Cheshire n’avait jamais quitté Alice aux pays des merveilles.
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs
Pourquoi écrivez-vous ?
J'ai toujours aimé écrire. Je crois que je cache mes propres sentiments derrière mes personnages... C'est plus facile pour exprimer ce qui me tient à cœur. C'est un peu le rôle de l'art, en général.
Listes
Avec Battement d'ailes, D'un auteur inconnu, Là où vont les statues brisées, La rue qui nous sépare, Karin et le Dragon de Cristal...
Avec Le voyage des parents, Matière grise, L'extraordinaire secret de Justin (Tome 1), L' Antre Nous, Micronouvelles macabres (Terminées), Trois ou merde (Terminé)...