Patrice Lucquiaud
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de toujours
Ceci devient le recueil de mes essais poétiques, de mes pamphlets, de mes errances bucoliques et de mes rimailleries loufoques pour rêver, rire et sourire... parce-que la vie est avant tout, belle et drôle pour peu que l'on oublie ses soucis et ses aléas...
Bon séjour avec mes mots !...
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Voyager loin, même très loin, aujourd’hui est chose courante pour ne pas dire banale, de nombreuses destinations sont rendues plus accessibles et les déplacements se font tellement rapidement… Il existe de nombreuses formules pour passer ses vacances à l’étranger et l’avion s’étant démocratisé, de ce fait, aller en Grèce, par exemple, est aussi aisé et abordable que d’aller se reposer tout un mois en Vendée…
Ce Vendredi 31 Juillet 1970, six jeunes, encore dans la vingtaine, entamions un voyage prévu depuis presqu’une année, vers la Grèce éternelle, à bord de deux voitures chargées comme des bourriques… une expédition qui, au fil des kilomètres, s’est révélée être aussi une aventure …
Un « road-movie » à la française, sans aucun doute, nous inaugurions le genre !…
Ce Vendredi 31 Juillet 1970, six jeunes, encore dans la vingtaine, entamions un voyage prévu depuis presqu’une année, vers la Grèce éternelle, à bord de deux voitures chargées comme des bourriques… une expédition qui, au fil des kilomètres, s’est révélée être aussi une aventure …
Un « road-movie » à la française, sans aucun doute, nous inaugurions le genre !…
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Défi
... Se payant vôtre tête... de façon excès "lentes"...
Kretanpoulh *
Ô bulbeuse tête,
Excroissance hideuse !...
Toi, conviée à la fête,
N'as que pensées creuses !...
Ta cervelle blette,
A la paroi poreuse,
Fait fuir les poulettes,
Qui se montrent curieuses...
Cette ampoule sur ta tête,
Une idée lumineuse !...
Mais si jamais tu pètes,
Elle devient fumeuse !...
*
http://idata.over-blog.com/0/23/15/62/photos-2008-2009/File0417.jpg
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à suivre : Leocrine
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La nature humaine a ses mystères… une culotte de maillot de bain, si mini soit-elle, n'attire pas spécialement les regards à l'encontre de celle plus intime, semble-t-il, qui se porte dessous une robe ou une jupe et qu'un retroussis malicieux nous dévoile subitement ...
La petite culotte, cet incontournable composant de la lingerie féminine exerce sur la gente masculine une fascination qui, au premier abord s'avère juvénile, quasi inconsciente mais qui a tôt fait de devenir de plus en plus attractive pour nos pupilles. Phase extatique qui s'ensuit alors d'une palpitante émotion qui vire bientôt à l'excitation propre au mâle, virile et grivoise… Plaisir qui monte, qui monte, qui monte… devrions-nous en avoir honte ?...
A propos de l'Image illustrant cet article ...
Jupe tombante... dans le film " Trois souvenirs de ma jeunesse" - Avec un charme fou, même dans sa virginale simplicité, cette délicate partie du vêtement de dessous au tissu si doux, à la découpe si adorablement enveloppante, souligne avec grâce, les galbes et les attraits intimes de la féminité, nous les rendant désirables.
En matière de style... le point de vue du Farfadet :
"S'il s'avère que le string met les fesses en évidence, une jolie petite culotte les met bien mieux en valeur..."
- Culotte… l'ayant vue subrepticement et de le faire remarquer pouvait vous valoir en retour une bonne calotte … ça commence tôt, ces émotions là, quand, tout gamin on découvre pour la première fois ce textile vierge qui habille le haut des jambes menues des fillettes lesquelles, gesticulant sans cesse, comme c'est le cas à leur âge, n'ont nullement conscience ni le moindre souci de ce que l'on entrevoit leur culotte quand virevolte leur jupaille … L'exemple nous est donné à travers le film « Le grand chemin » par la répartie bien sentie et sans vergogne de la gamine accroupie en face à son petit copain qui mate béatement le plastron blanc de son entrejambe...)
- De la culotte, pantalon fendu de nos aïeules au string, ce sous-vêtement a franchement évolué vers le plus strict minimum. Il faut convenir, qu'on s'intéresse bien plus au style et à l'aspect des sous-vêtements féminins qu'à ceux des hommes, ceux-là étant plus grossiers, bien plus fades et sans fioriture. La parure, en matière de dessous féminins, se doit d'être esthétique, légère et sexy à la fois...
- Charme de la lingerie... lingerie de charme... Y prévaut le soyeux, la finesse, la pureté des matières textiles qui ont recours au coton, au rayonne, au satin, au nylon, au lycra, à la soie. Le genre est riche aussi : culotte, shorty, panty, slip, string. Les couleurs sont tendres délicates, parfois vives... éclat de la blancheur, symbole de pureté et de fraîcheur mais aussi des tons pastels et parfois « flashy ». De la forme jouant sur la découpe résulte les slips maxi, midi, mini, tanga, brésilien ; ces culottes ne manquent pas d'ornements en picots, dentelles, volants, broderies et autres imprimés. Il existe aussi des ensembles corsetés des guêpières, des culottes gainantes, des combinés seyants, qu'en certain temps, il fut chic de porter chez soi en tant que déshabillé. Dépareillée, ou combinée avec le soutien-gorge, la culotte pare magnifiquement l’anatomie féminine, met en valeur se plasticité, sa grâce, ses rondeurs généreuses, tellement sexy…
- Ces parures charmantes et intimes, nos belles les choisissent pour s'y sentir bien et surtout s'y sentir féminine mais aussi pour séduire, les réservant alors aux regards émus et bouleversés des élus de leur cœur …
- Elles ont aussi pris place dans la chanson… évocations musicales, verbales dont la mission revient toujours et encore à séduire, envoûter, ravir nos sens telles que « les dessous chics » (Jane Birkin – Serge Gainsbourg) ou « Sous les jupes des filles » (Alain Souchon) …
Évocation...
Loin du geste pudique de l' ingénue Marylin Monroe qui retient le haut de sa robe gonflée par le souffle d'une bouche d'aération, j'ai ce souvenir nous ramenant aux années « 70 ». C'était un mardi, jour de foire sur la place du marché à Bressuire (Deux-Sèvres), par devant les étals, une jolie jeune femme brune, sans complexe, laissait toute liberté au vent jouant avec l'étoffe légère de sa mini-jupe ...
La petite culotte
Le vent coquin
A soulevé sa jupe...
Regard faquin,
Nul n'est dupe !
Admirable vision,
Objet de fantasme,
Blanche émulsion,
Don d'orgue asthme !...
Doux tissu tendu
Sur croupe altière,
Fruits des fendus,
Ouvre la portière !...
Charme du picot blanc
Qui ourle sa cuisse,
Soulignant les bas-flancs
Des plaisirs qui glissent ...
Blanche culotte,
Fines dentelles,
Petite Pelote,
Sous porte jarretelle !...
Adorable cache-fesse,
Affriolante soierie,
Si on t'abaisse,
Gare aux houris !...
Voile des pensées,
Extra Libidineuses...
Blancheurs osées,
Des brises vertueuses...
Triangle sacré,
Étoffe qu'on élude,
Toucher nacré,
Odieux des Bermudes !...
Fine culotte blanche
Ô belles ingénues,
Magnifie vos hanches
Et vos rondeurs charnues !
Excite la vision crue
D'indécentes coutures
Du doux écrin écru,
Aux descentes de voitures...
Ceux qui crieront,
Honte au fétichisme,
Jamais n'aboliront,
Panorama sur l'isthme !
Farfaku Loth
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C'est bientôt la Saint Jean, une fête cardinale pour célébrer ce moment du zénith où le soleil est à son apogée avant de décliner, progressivement pendant 6 mois, jusqu’au solstice d’hiver, juste avant Noël … Pour marquer l’événement par une prestation théâtrale, en 1996, j’avais écrit un conte villageois, s’inspirant de ce thème de la course annuelle du soleil …
Ce 24 Juin 1997 nous présentions cette première de « La Berlotte », dans le cadre de l’institution Saint Martin, foyer de vie pour personnes adultes handicapées mentales.
Ce « jeu » scénique, interprété par les résidents du Centre et quelques uns de leurs accompagnateurs, s’est exécuté en pleine nature, face au public, en interne, auquel s’était joint des amis et des gens de la localité voisine, invités, à cette occasion…
La distribution offre l’intérêt de faire jouer un nombre assez important de résidents intéressés par l’activité théâtre. Les rôles se rapportant à des personnages caractéristiques, parfois caricaturaux, typiques d’un monde campagnard, sont assez faciles à intégrer. Leur attribution s’est faîte en fonction des possibilités des participants (aptitude à mémoriser un texte et capacité de dynamisme scénique) Le choix venant des résidents, a aussi été pris en considération pour quelques rôles… Les répliques sont le plus souvent courtes. Pour certains d’entre eux, une seule petite phrase à apprendre, c’est tout un problème, bien articuler chaque mot, en est un autre encore plus ardu, le pire étant de sortir sa réplique au bon moment… Les déplacements, bouger sur scène, faire les gestes appropriés avoir la mimique de circonstance, sont autant de grandes difficultés qu’ils doivent apprendre à surmonter … Dans ce répertoire champêtre rythmé, la présence de quelques animateurs parmi les résidents vient dynamiser le jeu de ces étonnants acteurs … ll faut encore préciser qu’en plus des dialogues, la mise en scène comporte aussi des chants et de la danse folklorique.
Ainsi, il a fallu 10 mois de répétition à raison de une à deux par semaine, plus des moments « d’ateliers » de travail plus individuel pour réaliser ce spectacle présenté une première fois en extérieur dans un décor naturel … Une deuxième présentation s’est faîte en 2002, sur scène, cette fois, impliquant la réalisation des décors et une totale révision des déplacements sur un espace plus confiné. Il a pratiquement fallu une année de préparation pour faire aboutir cette remise en œuvre … Costumes et accessoires ont été réalisés dans le cadre de nos ateliers couture, menuiserie, cuir, boissellerie, poterie, vannerie …
Ce spectacle s’appuyait sur toute une logistique technique et artistique impliquant une équipe de machinistes, bruiteur, régie éclairage et accompagnement musical, en partie instrumental et, en partie, sur bande son.
Cette histoire se déroule dans un village de la France profonde du début des années « 20 » au cours du siècle dernier …
Personnages :
- Le Conteur
- La Berlotte / Une jeune fille gaie et naïve
- Gueureleu / Le forgeron
- Praloup / L'épicier
- Homma / La boulangère
- Tiffaine / Le cordonnier
- La Gazette / Le coiffeur
- Mémé Granny / Une vieille brave femme
- Toussain / Le Maire
- Champereau / Le Cabaretier
- Didou / Le Photographe
- Castagnet / Le Pharmacien
- Lomaizé / L'instituteur
- La Paulette / La couturière
- Bouche-Bée / La poissonnière
- Champi / Le peintre en bâtiment
- Cibelle / Le boucher
- Courlivent / Le garde-champêtre
- Mina-Nima / La serveuse du café
- Léontine / La lavandière
- Marinette / La marchande de quatre saisons
- Merlot / Un vagabond
à suivre ...
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Reprenant le roman de Chrétien de Troyes... on en arrive à cet instant où les pérégrinations du jouvenceau désireux d'être chevalier, l'ont conduit à trucider, d'un magistral coup de lance, le chevalier Vermeil lequel venait de renverser le vin du hanap du roi sur la robe de Dame Guenièvre "l'honorable" épouse d'Arthur.
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Vie bien en ligne,
Au passe-âge, à niveau,
Voit passer son train.
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Pâques 1960, je viens d’avoir 16 ans … comble de bonheur pour mes parents j’ai accompli un deuxième trimestre scolaire sanctionné par des notes honorables. Aux examens trimestriels j’ai obtenu la moyenne de 13,60 ce qui me place 3ème de ma classe… Ma mère est ravie et les encouragements pleuvent d’autant que se profile le concours d’entrée à l’école normale …Pour augmenter mes chances, mes parents ont opté pour des cours particuliers et ont obtenu que mon professeur principal, l’abbé S. me donne des cours particuliers de français afin de mieux me préparer à l’épreuve clé de ce concours : le commentaire de texte…
Mais pour l’instant, en famille, nous sommes tout à la joie de ces bons résultats qui, associés aux précédents, assurent pratiquement mon passage en classe de seconde à la rentée suivante… Ces quinze jours de vacances sont donc illuminés par la satisfaction de mes parents ce qui me vaut de profiter un peu plus librement de mes après-midi. Retrouvant quelques copains mirebalais nous allons faire de belles randonnées à bicyclette. Avec Jean-Marc et Nicolas, elles nous entrainent jusqu’à Lencloître où Nicolas a une petite amie, Pierrette et cette dernière a une sœur Jeannette et une amie Nicole… Trois filles, trois gars… premiers flirts …
Je suis de plus en plus pressé de déjeuner pour partir le plus tôt possible avec les copains, mes parents ne sont pas dupes et au bout de quelques jours ma mère me demande :
« - Alors elle est brune ou elle est blonde ta petite copine ?…
- C’est à dire que c’est Nicolas qui connaît des filles M. à Lencloître et on a sympathisé…
- Sympathisé seulement ? Vas me faire croire ça Patrice ! …
Je me rends compte qu’il ne sert à rien de cacher ce qu’il se passe en réalité et avoue donc à ma mère que Jeannette est devenue ma petite amie et que j’en suis amoureux… Suite à cet aveu, je n’ai aucune autre remarque à ce sujet de la part de mes parents qui m’accordent leur confiance et me font ainsi comprendre que pour eux, tout ceci, c’est bien de mon âge…
Mon père va jusqu’à me réparer le vieux cyclomoteur « Le Poulain » pour que j’effectue avec moins de peine mes allers et retours à Lencloître... Bien sûr, je suis ravi de disposer d’un vélomoteur mais, à l’usage, comme vous pouvez le lire ici : Le Farfadet en mobylette , cela ne va nullement me servir… En me voyant arriver sur cette machine d’un autre âge, très pétaradante, à la mécanique essoufflée autant que celui qui la menait, l’effet produit sur mes nouvelles relations n’aura rien de celui sur lequel j’aurai pu escompter, bien au contraire - et c’était prévisible - du statut d’un petit gars fréquentable j’en étais arrivé à celui de clown de service sorte de gugusse en pétrolette tout juste bon à faire rire à ses dépens… La Jeannette riait aux éclats bien sûr, mais se montrait manifestement moins enthousiaste pour sortir avec moi…
Qu’importe… elle fit mine de rester mon amie et entretint avec moi une correspondance régulière me laissant penser qu’elle ne m’oubliait pas…
Arriva le jour du concours… ce devait être en fin Mai. J’avais donc eu l’autorisation de sortie pour quatre jours à partir du samedi après-midi. Les épreuves se déroulant sur deux jours, la première journée, le lundi, comportait l’épreuve du commentaire de texte le matin et celle d’histoire ou géographie, l’après-midi. La seconde journée, le mardi, comportait l’épreuve de mathématique le matin et, l’après-midi l’épreuve en première langue anglais espagnol ou allemand suivant les cas. Si l’ensemble des notes étaient bonnes on était convoqué pour une troisième journée d’oraux en Histoire-Géographie et Sciences naturelles puis d’épreuve sportive ou artistique au choix… Hors, le français ou les mathématiques, on pouvait choisir la matière où l’on excellait comme pouvant être renforcée par un coefficient supérieur influant alors sur la moyenne des notes…
Ce fut pour moi l’occasion d’aller, pour la première fois seul, au restaurant entre les deux temps d’examen du matin et de l’après-midi où il fallait être présent dès 14 heures. Je n’étais pas peu fier et j’ai parfaitement savouré l’instant : la classique entrecôte-frites, la belle part de tarte aux pommes en dessert sans oublier la cigarette accompagnant le café express… le parfait jeune homme libre…
Au soir de la première journée d’examen revenu à Mirebeau en car, j’avais, suivant ma nature optimiste, le sentiment d’avoir réussi les épreuves de la journée.
- Alors comment ça s’est déroulé ? Comment t’en es-tu sorti ? m’interrogea fiévreusement ma mère…
- Ma foi, le commentaire de texte n’était pas trop difficile à résumer et à analyser et, pour ce qui est des questions s’y rapportant, j’ai répondu et développé à 5 sur 6 …
- Tu n’as donc pas tout traité, cela va se ressentir sur la note, je te rappelle que c’est un concours Patrice, ce sont les meilleurs compositions qui sont retenues…
- Oui Maman, je sais… mais en math, je pense me rattraper et puis j’ai choisi l’Histoire-Géographie comme matière au coefficient double, là je suis bon…
- Attention Patrice … être confiant c’est bien, mais l’excès d’optimisme peut nuire ; ce qui compte c’est la concentration, l’application et ce qui résulte de ce que tu as appris assidument autant que du travail fourni au cours de ton année scolaire, ne l’oublie pas…
Ma mère était pointilleuse surtout pour ce qui concernait le français : orthographe, rédaction, exposition et développement des idées, présentation globale du devoir, etc. Moi je pensais que tout ceci était bien superficiel que ce qui comptait était d’avoir des idées, de ne pas s’étaler et se perdre dans les détails mais de répondre de manière brève et stricte aux questions posées et puis, ma nature optimiste me faisait penser qu’il ne pouvait pas y avoir de questions pièges impliquant des réponses nuancées.
C’est dans cet esprit serein et tout à fait sûr de moi que le lendemain j’abordais les épreuves de mathématiques. J’ai traité tous les exercices d’algèbre en deux temps trois mouvements, consacrant bien plus d’attention aux deux exercices de géométrie dont l’un comptait une démonstration faisant appel à l’incontournable théorème de Pythagore. Confiant, j’étais à peu près certain d’obtenir au moins 15/20 … tu parles !…
La pause restaurant fut encore mieux appréciée que celle de la veille… L’anglais, l’après-midi ce serait une formalité … version thème ça ne devrait pas poser de problème … Sorti de séance d’examen à 16 heure 30, je disposais de plus d’une heure avant de reprendre le car STAO pour revenir à Mirebeau… et j’allais donc jusqu’à Bel-Air où je devais rencontrer la Jeannette. Suivant des cours à l’école ménagère, elle logeait dans une famille d’accueil de cette cité. Elle m’avait fixé ce rendez-vous au cours de nos récents échanges de lettres… hélas, je ne la trouvais pas au lieu convenu : une petite place proche de l’adresse où elle demeurait et où il n’était pas question que j’aille me présenter, cela n’étant pas accepté par la maitresse de maison… Je l’ai attendue plus d’une demi-heure mais elle ne s’est pas présentée… A regret, il me fallut repartir si je ne voulais pas rater mon car …
De retour à Saint-Louis, je lui écrivais aussitôt pour lui dire ma déception. Elle me répondit presque par retour m’expliquant qu’elle n’avait pas pu sortir n’en n’ayant pas eu l’autorisation …
Quant à une convocation pour passer les oraux du concours, il n’y en eut pas … mes notes étant bien trop insuffisantes… je n’avais même pas la moyenne… Ma pauvre maman en fut très affligée et à la sortie du dimanche suivante, j’eus droit aux reproches et appréciations de mes parents …
« Voilà Patrice, c’est tout toi ça, toujours sûr d’avoir réussi… pire, tu as obtenu des notes piètres : 8 en français, 9.5 en math, 10 en anglais, 11 en histoire et géographie, tu peux imaginer que nombreux sont ceux qui ont obtenu des notes nettement supérieures aux tiennes et parmi ces concurrents tellement mieux placés que toi, les meilleurs on été retenus … tu ne fais pas d’efforts Patrice, ça ne vient pas tout seul tu sais !... Si tu continues sur cette voie, bien des déconvenues t’attendent au rendez-vous… »
J’entendis bien la leçon... mais, de déconvenue, celle de ne pas avoir rencontré la petite Jeannette, m’était bien plus insupportable… ça, bien sûr, je n’en parlais pas à mes parents…
Nous étions au milieu du troisième trimestre… et échangions toujours du courrier, voulut-elle se faire pardonner ?… Le fait est que, dans une de ses lettres, Jeannette y joignit une photo d’elle… en maillot de bain deux pièces et dans un bois… sans doute celui où nous nous retrouvions lors des vacances de Pâques…
Vous dire combien j’étais fier de disposer d’une telle photo de « ma petite amie », une photo comme peu de copains pouvaient en avoir et qui mettait en avant les charmes et les jolies rondeurs de cette avenante et si souriante demoiselle… Je la plaçais dans mon livre d’histoire… Les soirs d’études je ne manquais pas de contempler cette photo en fourgonnant dans le casier de mon pupitre, le battant-écritoire relevé au-dessus de ma tête… lors d’une de ses contemplations béates, mon voisin de derrière, Jean B. s’étant aperçu de mes manœuvres répétitives, zyeutant dans mon dos à s’en faire exploser les globes oculaires, me demanda si je pouvais lui montrer la photo… A cet âge, voyez vous, on est vraiment « petit con » et c’est avec un sourire de vainqueur que, me retournant, je lui passais mon livre d’histoire ; d’avoir une telle photo de fille était tout à mon avantage pensais-je, voilà qui en bouchera un coin à ceux de mes camarades qui me prennent pour un puceau incapable de se trouver une petite amie… Jean B. se chargerait bien de le faire savoir à la cantonade… il n’eut pas trop le temps de contempler la photo car Luis G., le pion surveillant l’étude en haut de sa chaire, ayant surpris notre manège et voyant Jean B.« rignocher » la photo en main … l’interpella :
- B. apporte-moi ce que tu as dans les mains !… Jean s’exécute quelque peu gêné, tandis que je pâlissais…
- C’est à toi ça ?
- Heu non c’est à Lucquiaud…
- Lucquiaud vient voir là… - Force est de me déplacer jusqu’à la chaire du pion.
- Cette photo t’appartient ?
- Oui …
- Qui est cette personne ?
- Heu… une amie …
- Une amie ! Court vêtue cette amie !…
- Sans doute… elle est en maillot de bain…
- Dans les bois ?...
- C’est ce qui semble…
Tout autour, dans les rangs de la salle d’étude ça commence à rire joyeusement.
- Tu te fous de moi Lucquiaud !… Je garde cette photo… saches que je la présenterai au Supérieur, tu t’expliqueras avec lui…
A partir de cet instant j’ai compris que les choses allaient bougrement s’aggraver pour moi et que tout ceci se solderait par un renvoi de l’établissement… Il y avait un mois de cela, un élève de première A, pris en possession du roman « La jument verte » avait été renvoyé définitivement du collège… Ce soir là, je me doutais bien que j’allais suivre immanquablement le même chemin…
Le lendemain matin, passant en salle d’étude après le petit déjeuner, je constatais que mon bureau avait été ouvert, tous mes livres posés sur le banc à côté. Tout avait été méticuleusement inspecté et, de mon courrier personnel, les lettres de Jeannette avaient été extraites …
A la récrée de 10 heures 30, comme je m’y attendais, je fus convoqué chez le père supérieur. C’est tout pantelant, la gorge nouée que je frappais à la porte de son bureau…
- Entrez ! J’entrais penaud, tête baissée…
- Vous pouvez m’expliquer Lucquiaud ? M’invita-t-il, en brandissant la photo …
- Eh bien c’est la fille d’amis de notre famille que …
- De votre famille !...
- Oui des relations de mes parents … on s’est connu l’été dernier et …
- Et cette fille d’amis de vos parents vous a donné une photo d’elle en tenue de bain … quelle belle attention !...
- Oui, en souvenir… bredouillais-je
- En souvenir ! Et en souvenir de quoi ?... Bon ! Lucquiaud, ne perdez pas votre temps à chercher des explications oiseuses, nous avons aussi récupéré le courrier que vous avez reçu de la part de cette jeune personne. A la lecture, il apparaît clairement que cette demoiselle n’est pas qu’une simple amie pour vous et sa tenue légère sur la photo est sans équivoque quant à la nature de votre relation…
- Tout de même, m’indigne-je - vous n’avez pas le droit de fouiller ainsi dans mes affaires…
- Ah vous croyez ! S’emporta soudainement l’abbé R. - Il y a un règlement dans cette institution qui stipule que toute fréquentation intime de personnes du sexe opposé est interdite dans le cadre de l’établissement et vous êtes sensé le savoir.
- Mais elle n’est pas dans l’établissement et puis elle n’est jamais venue ici.
- Elle non, mais sa photo la rend bien présente surtout étant montrée ostensiblement à vos camarades.
- Mais c’est une maladresse de Jean B….
- Ca suffit Lucquiaud ! Nous avons bien compris de quoi il s’agit avec cette malheureuse fille. Vous êtes élève pensionnaire dans ce collège pour apprendre tout ce qui tient au savoir scolaire autant à ce qui, du point de vue conduite et sens moral, relève d’une attitude digne et honorable. Vous avez franchi la ligne rouge et donc je vais aviser vos parents puis les convoquer. En attendant, vous êtes condamné à rester en salle d’étude pendant tous les temps de récréations. Au réfectoire, tenu au silence absolu, vous mangerez à l’écart, nous ne souhaitons pas que par vos vantardises et vos petites histoires malsaines, vous alliez souiller les bonnes mentalités chez vos camarades. Et bien sûr, pas de sortie jusqu’à nouvel ordre … disparaissez ! Me lança- t-il furieux …
Le dimanche suivant, mes parents furent convoqués puis, en fin d’entretien, moi en leur présence. Ma mère avait les larmes aux yeux, le visage rouge d’indignation. Je n’eus pas à m’expliquer une nouvelle fois sinon entendre la sanction : Je finissais l’année scolaire, approximativement un mois, en permanence privé de récréation et de sortie et, à la rentrée suivante, j’étais définitivement exclu de l’établissement.
A la conciergerie où nous nous retirions ensuite pour quelques minutes de droit de visite, j’eus à entendre ce que pensaient mes parents de cette lamentable histoire. Le premier réflexe de ma mère fut de me gifler. Je revois encore ses yeux noirs embuées de larmes, grossis à la fois par la colère et par le dépit. Mon père, plus pragmatique, me dit que j’avais « tout gagné » avec mes imbécilités, qu’il fallait trouver un autre établissement pour ma prochaine rentrée scolaire, que ça n’allait pas être simple d’intégrer un lycée de l’enseignement public au sortir d’une école libre… Avant de repartir profondément dépités, déçus par mes incartades, ma mère fondit en larmes et me serrant contre elle me recommanda de bien me tenir et de ne plus faire parler de moi aussi négativement jusqu'aux prochaine grandes vacances…
Je n’en avais pas encore conscience, mais je venais d’entrer dans une spirale infernale où les échecs allaient se succéder sur une période de deux ans, une période où je n’accorderai pas grandes satisfactions à ces parents que j’aimais pourtant du fond du cœur où, malgré mes bons sentiments, des tonnes de bonnes résolutions et autres vaines promesses, par ma faute, ma mère n’aura à connaître que bien trop de soucis et d’instants marqués par la tristesse.
à suivre ...
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- Première partie : d'une guerre à l'autre.
Germaine Adolphine Moreau est née le 18 Octobre 1908 à Aubervilliers, son père avait 15 ans et sa mère 16 ans …
Bien que je garde de ma mère, un souvenir impérissable, sa vie est pour moi, auréolée de mystères …
Je n’avais que 18 ans quand elle est décédée, encore jeune, dans sa 54ème année et je venais juste d’entamer mon service militaire… Ma première permission fut pour aller à son inhumation …
Ne restaient que les souvenirs de mon enfance encadrés par les boucles brunes de ma mère, son parfum délicat et le chaud de sa voix … Elle est partie avec une bonne part de mystère sur la tranche d’existence, avant qu’elle soit ma mère …
Étant le seul enfant qu’elle ait eu, sur le « tard » à 35 ans, je ne savais pratiquement rien de sa vie de jeune fille puis de sa vie de jeune femme … Ses secrets, sans doute lourds à porter et qu’elle a certainement volontairement effacés pour les oublier, elle les a emmenés avec elle, dans l’au-delà … Peut-être, qu’à mon retour du régiment, elle m’aurait révélé certaines anecdotes de sa vie avant ma naissance… En réalité, j’étais encore un gamin quand je suis parti pour l’armée et sans doute pas assez mûr pour recevoir ses confidences. La seule chose que je savais c’est que sa mère, ma grand-mère maternelle donc, l’a eu tôt, s'étant retrouvé enceinte, à 15 ans, d’un jeune-homme adolescent comme elle. Ainsi ma mère avait des parents très jeunes. De ma grand-mère, sa mère elle ne m’a rien dit de plus, et ne répondait que de façon très évasive à mes questions sur le sujet, me faisant comprendre qu’elle ne la voyait plus ni ne comptait la revoir … premier mystère … pourquoi ? Quant à mon grand-père, son père, il est mort jeune, des suites de ses blessures au front, pendant la première grande guerre et sans doute de maladie nosocomiale à l’hôpital militaire auxiliaire de Saint Denis, le 4 Novembre 1918 …
Ainsi fut, que de ma mère, je n’ai connu que ce que nous avons pu échanger ensemble d’affection car elle m’a entouré de beaucoup de tendresse et de soins, s’est toujours montrée attentive à mon éducation, suppléant l’autorité de mon père auquel elle vouait un amour sans limite et sans doute passionné …
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui s’aimaient et s’appréciaient, de bénéficier de cet entourage à la fois protecteur et formateur dans un climat familial sain et surtout joyeux mais hélas, trop court, s’agissant de la présence de ma mère …
Mais qui était-elle vraiment ?
Nous venions juste d’arriver à Mirebeau comme retraités, quand, au mois de janvier 2005, je reçois la lettre d’une personne inconnue de moi, lettre qui, avant de me parvenir, était passé en Normandie où nous étions, précédemment, en activité …
Relisant cette lettre à plusieurs reprises, ce fut pour moi un choc, car elle m’était envoyée par une cousine de quatre ans mon aînée et dont les écrits me révélèrent que ma mère avait une sœur, la mère de cette cousine, une tante donc, toujours en vie et maintenant âgée de 92 ans…
Moi, je ne savais pas que ma mère avait une sœur… je tombe des nues … Je réponds aussitôt à cette cousine avec laquelle, nous faisons connaissance lors de sa visite, ici, chez nous, en Eté 2005. Je me souviens encore du choc que ce fut pour moi quand elle apparut sur le seuil de notre porte, j’étais stupéfait par la ressemblance avec ma mère : même taille, même chevelure, très brune, même yeux noisettes, même visage rond, aux douces fossettes …
A l’occasion de cette rencontre, j’apprends qu’elles étaient trois sœurs : ma mère qui était l’ainée, puis la benjamine née en 1912 et décédée toute jeune enfant à l’âge de trois ans et demi, prénommée Suzanne, puis la cadette, la mère de ma cousine, du nom de Marcelle née en 1913 … Ma cousine me montre alors des photos de ma tante et bien sûr la ressemblance avec ma mère est flagrante… Mon Dieu !
Pourquoi ma mère ne m’a jamais révélé qu'elle avait des sœurs ?... que cache ce lourd et long silence à ce sujet … C’est quelque peu douloureux … la guerre bien sûr, et les malheurs qui en résultent, brisant, déchirant les familles !… Un nouveau mystère s’ajoute au précédent…
Et tout à coup un éclair me vient ; ma mère se faisait toujours appeler Suzanne alors que par son identité elle se prénomme Germaine … Est-ce en souvenir de cette sœur qu’elle a connue et qui avait quitté ce monde dans la petite enfance ?...
Mais le plus grave de ces révélations que me fait la cousine, documents à l’appui, tient au fait que les deux sœurs de ma mère ont été placées à l’assistance publique tout au début de la guerre. En Décembre 1915, Lucien mon grand père obtient une permission et se marie avec Amandine, ma grand-mère maternelle donc. En même temps, il reconnait officiellement les trois filles qu’ils ont eu ensemble… Remise par la cousine, je possède une photocopie de l’acte de ce mariage écrit sur deux pages du registre et comportant également la mention officielle de reconnaissance des trois enfants…
Hélas ma grand-mère, simple journalière, comme beaucoup de petites gens pendant cette grande guerre, se trouve dans une misère noire et ses deux filles ne lui sont pas restituées, le temps que Lucien reste au front… pire, on ne corrigera pas leur identité quant à leur patronyme, ainsi, les deux fillettes garderont le nom de leur mère. Au début de l’année 1916, Suzanne décède dans sa quatrième année. En 1917 Lucien gravement blessé au front, est transféré à l’hôpital militaire auxiliaire de Saint Denis où il décédera un an plus tard… Marcelle restera à l’assistance publique. Ma Grand-mère maternelle n’a conservé que la garde de son aînée, ma mère … Ces malheurs de ma grande famille maternelle constituent là, un troisième mystère.
Au début de l’année 2006, ma cousine qui effectue des recherches sur sa famille vient à découvrir l’existence d’une autre cousine. Cette dernière vient alors, à me contacter au téléphone. Elle porte le nom de famille de jeune fille de ma mère et m’apprend qu’elle est la fille d’un frère de ma mère né M... en 1919 … Ce dernier, décédé il y a environ une dizaine d’année, avait connu ma mère, sa sœur ainée et longtemps après, il se souvenait encore d’elle … D’après cette cousine, il avait 4 ou 5 ans quand ma mère a quitté le domicile familial au milieu des années « 20 ». Elle n’était pas encore majeure… Après le décès de Lucien son mari, ma grand-mère Amandine, va connaître un autre homme et vivre en concubinage avec lui. C’est un commerçant d’Aubervilliers, boucher de son métier et patron de son affaire. Prenant ma grand-mère et sa fille aînée, ma mère, sous son toit, il sort l’une et l’autre d’une existence misérable. Tout cela je l’apprends de cette deuxième cousine par conversation téléphonique puis par quelques échanges épistolaires… Cette dernière qui habite Aubervilliers, étant à la retraite au cours de l’année 2006, me dit qu’elle va déménager et habiter le sud de la France. Ce qu’elle a fait mais, depuis nous avons perdu le contact …
Si je résume, l’enfance de ma mère, laquelle, ne m’en avait jamais rien dit, se passe dans des conditions difficiles jusqu’à la fin de la guerre. Au début des années « 20 » elle doit sans doute profiter d’une existence plus confortable et même recevoir une bonne instruction scolaire puisqu’elle obtient son brevet. Elle écrit magnifiquement et sans faire la moindre faute d’orthographe et est grande consommatrice d’œuvres littéraires. Seul ombre à ce tableau : ses sœurs qu’elle a du connaître et qui elles sont restés pupilles de la nation, l’une n’ayant pas survécu …
Il semble qu’à l’âge de 16-17 ans, ma mère quitte le foyer familial protecteur. Pour quelle raison ? À la suite de quoi ? Quel événement l’a ainsi poussé à se jeter dans la rue ? Mystère, une fois de plus… On peut supposer pas mal de choses. Dans des bribes de conversations que ma mère avait avec mon père, à propos de souvenirs qu’elle évoquait avec beaucoup de parcimonie, je l’avais entendu parler d’un oncle qui était peu respectueux envers elle et aussi, de disputes qu’elle avait fréquemment avec sa mère de seulement 16 ans son aînée … L’oncle en question, n’était-ce pas le concubin de ma grand-mère ?
Ainsi sommes-nous arrivés aux années «24-25» C’est semble-t-il à cette époque que ma mère prend son avenir en main… Avec quelles ressources s’en sort-elle ? Quelle activité lui permet de gagner sa vie ? Mystère … une fois encore !…
Quand elle connaîtra mon père quelques 18 années plus tard, elle est propriétaire d’un appartement à Paris dans le 17ième arrondissement, possède beau mobilier, bijoux et vêtements chics. C’est une Dame distinguée et cultivée qui fréquente les champs de courses et connaît pas mal de personnalités comme Eric Von Stroheim, Pierre Frenet, elle est également ami avec Roger Poincelet, Jockey dont la renommée s’amorce justement, à la fin des années « 30 » … Voilà qui constitue un énième mystère …
à suivre : les années "40"
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Si de nos jours, on peut considérer que la création artistique sous toutes ses formes n’est nullement en faillite, la Poésie qui en fait partie, elle, fait cruellement défaut dans nos vies malmenées par le fatras de toutes ces pollutions de l’âme propres à notre temps…
A cette occasion, je profite de remercier vivement ma chère mère pour, au cœur de sa trop courte existence, s’être nanti de l’œuvre complète de ce génial poète dont je lis maintenant avec délectation les ravissantes compositions.
« La coupe et les lèvres » poème dramatique d’Alfred de Musset* …
Insatiable producteur de vers, le poète d'une rare sensibilité d'âme, authentique esthète à la fibre artistique empreinte de tendre mélancolie, se livre ici, à l'exercice de la tragédie tenant à la fois aux destins et aux desseins des personnages en présence. Cette pièce en 5 actes, écrite en Juillet/Août 1832 est tout à fait représentative du talent d'écriture et de la sensibilité de son auteur.
Dégageons quelques vers ça et là, et voyons ce dont ils sont porteurs, nous renseignant sur la nature profonde de son compositeur autant que sur les mœurs et les états d'âmes des hommes et femmes de son temps.
D'abord ce passage de la dédicace à M. Alfred Tattet :
« … Lorsque la jeune fille, à la source voisine,
A sous les nénuphars lavé ses bras poudreux,
Elle reste au soleil, les mains sur sa poitrine,
A regarder longtemps pleurer ses beaux cheveux.
Elle sort, mais pareille aux rochers de Berghèse,
Couverte de rubis comme un poignard persan. -
Et sur son front luisant sa mère qui la baise,
Sent au fond de son cœur la fraîcheur de son sang.
Mais le poète, hélas ! S'il puise à la fontaine,
C'est comme un braconnier poursuivi dans la plaine,
Pour boire dans sa main, et courir se cacher. -
Et cette main brûlante est prompte à se sécher...
… Vous me demandez si j'aime la sagesse,
Oui ; - J'aime fort aussi le tabac à fumer.
J'estime le bordeaux, surtout dans sa vieillesse ;
J'aime tous les vins francs, parce qu'ils font aimer.
Mais je hais les cafards et la race hypocrite
Des tartufes de mœurs, comédiens insolents,
Qui mettent leurs vertus en mettant leurs gants blancs.
Le diable était bien vieux lorsqu'il se fit ermite.
Je le serai si bien, quand le jour viendra,
Que ce sera le jour où l'on m'enterrera. »
Dans la première partie l'habileté narratrice de M. Alfred de Musset tient en la présentation du sort du poète qui puise à la source inspiratrice "comme braconnier", ô combien distante de celui de la naïade qui ruisselle de candeur et beauté !... Une description où perle toute la grandeur d'âme de l'auteur...
Lequel, dans la deuxième partie, ayant avoué combien il aime les bonnes choses, tel ce divin breuvage que l'on verse en coupe où il est si agréable de tremper ses lèvres, se rebiffe contre ceux qui l'accusent de plagia et mettent en cause sa probité... il ne craint pas alors d'égratigner les bien-pensants à l'apparence honnête et flamboyante, ceux, celles qui sont à l’affût du désordre des autres lequel les met si bien en valeur. Et d'ajouter que ce n'est pas au bout de l'âge que l'on sera plus sage, tel diable se faisant ermite, lui, le poète, véritable épicurien, plutôt que de se livrer à toutes ces fausses repentances, préférerait mourir...
Maintenant, cet extrait tiré de la scène première du deuxième acte, met en scène le personnage principal de cette pièce, Frank, faisant face à une table chargé d'or :
« De tous les fils secrets qui font mouvoir la vie,
O toi, le plus subtil et le plus merveilleux !
Or ! Principe de tout, larme au soleil ravie !
Seul dieu toujours vivant, parmi de faux dieux !
Méduse dont l'aspect change le cœur en pierre,
Et fait tomber en poudre aux pieds de la rosière
La robe d'innocence et de virginité ! -
Sublime corrupteur ! - Clé de la volonté ! -
Laisse-moi t’admirer ! - parle-moi, - viens me dire
Que l'honneur n'est qu'un mot, que la vertu n'est rien ;
Que dès qu'on te possède, on est homme de bien ;
Que rien n'est vrai que toi ! - Qu'un esprit en délire
Ne saurait inventer de rêves si hardis,
Si monstrueusement, en dehors du possible,
Que tu ne puisses encor, sur ton levier terrible,
Soulever l'univers, pour qu'ils soient accomplis !
- Que de gens cependant n'ont jamais vu qu'en songe
Ce que j'ai devant moi ! - Comme le cœur se plonge
Avec ravissement dans un monceau pareil ! -
Tout cela, c'est à moi ; - les sphères et les mondes
Danseront un millier de valses et de rondes,
Avant qu'un coup semblable ait lieu sous le soleil.
Ah ! Mon cœur est noyé ! - Je commence à comprendre
Ce qui fait qu'un mourant que le frisson va prendre
A regarder son or, trouve encor des douceurs,
Et pourquoi les vieillards se font enfouisseurs. »
L'apologie de l'aisance, du confort et de la richesse qui rendent si brillant leurs possesseurs, à l'encontre de ce qui brille naturellement, vient ternir toutes autres valeurs dont celle de l'honorabilité... l'homme de biens prévaut sur l'Homme d'honneur … L'or attire et attise, l'or n'est que possession : on l'a ou on ne l'a pas mais on le convoite sans cesse... il est le grand levier de nos motivations jusqu'à la fin de chacune de nos existences où il convient alors, l'enfouir pour les générations à venir...
« Larme au soleil ravie » quelle belle image ! Combien de flots de larmes engendrera jusqu'à la fin des temps, cette goutte perlée ?... La coupe en sera-t-elle pleine ?...
La pièce nous présente le parcours aventureux d'un pauvre hère méprisé et raillé par les siens devenant riche seigneur par la « bonne fortune » et ce, à la croisée de chemins... Le manant devenu "héros" a pleine jouissance des biens matériels et de tous les plaisirs possibles de ce monde... un seul lui manquera, vous devinez lequel… la coupe peut s'emplir de tous les joyaux du monde, les lèvres s'y tremper, le corps s'y rassasier mais l'âme s'y dessécha inéluctablement si l'Amour, jamais ne l'assoiffe !...
M. Alfred de Musset, votre adorable romantisme sied non seulement à votre époque mais aussi à notre temps, lorsque nos lèvres avides s'animent avec entrain à ces instants de paix où nous buvons vos vers !... Alors la coupe devient délices...
*Alfred de Musset ... * 11.12.1810 à Paris - † 2.5.1857 à Paris.
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Défi
- Qu'est-ce que tu nous chantes là encore Vincent ? L'hyperloop c'est quoi ce monstre ? Un engin à grossir le moindre laps de temps pour réduire les distances ou le contraire ?...
- Mais tu n'y est pas mon pauvre Hector, ce n'est pas une loupe c'est un compartiment de train supersonique qui se déplace dans un tube géant...
- Ah je vois et on jaillit de ce tube comme du dentifrice dès le Signal du départ… hi ! Hi ! Hi !
- Tu le fais exprès de ne pas comprendre... arrête de dire des conneries... écoute plutôt mes explications puisque je l'ai pris la semaine dernière le lendemain du voyage inaugural.
- Et d'où es-tu parti ? Vers quelle destination ?
- Mais bon sang de bonsoir, tu ne lis pas les journaux ni ne regardes la télé ! C’était mardi dernier entre Belouville-le-Vieux et Saint-Miroir-Auzalhouët distant de 108 kilomètres dans la région Crêpes & Cidre*… on a assez parlé tous ces jours-ci.
- Oh mais je ne suis pas comme toi, mon cher Vincent, suspendu aux nouvelles du jour, à me scotcher pendant des heures devant un écran quelconque ou à dévorer les bafouilles des quotidiens à chaque petit-déjeuner.
- Cesse de faire le grincheux blasé et regarde donc cet article dans le « Sac à DOS » de ce matin. Jean de la Source, chroniqueur en chef, nous conte son voyage . Lui sera mieux que moi te convaincre puisque tu ne me crois pas :
- Attends, je vais chercher mes lunettes, pour lire, moi aussi, j'ai des hyper-loupes...
« Il est 8 H45… Avec 18 autres membres de la presse, invités pour le voyage inaugural du « Pousse-au-train N° 0001 » nous pénétrons dans le sas d'embarquement. Bruit très atténué de portes coulissantes... 20 longues secondes d'auto-rotation et nous sommes projetés tout en douceur dans le compartiment qui nous est réservé. Incroyable, sans nous en être rendu compte, chacun se retrouve bien assis et parfaitement sanglé à la place correspondant à son billet.
8 : 59. 55. Vrombissement strident... léger tremblement sous nos pieds... retour au silence feutré. L'éclairage du compartiment vire du bleu au violet puis pâli...
9 : 00. 00. Une phénoménale poussée nous fait entrer dans la mousse ADP (Auto-Déformante Progressive) de nos sièges intégraux... j'ai soudain la nausée, dans mon estomac, mon petit déjeuner prend le parcours inverse...
9 : 00. 04. L'accélération a cessé aussi subitement qu'elle avait commencée au moment du départ. Nous émergeons de la mousse. On est parfaitement bien assis et calé dans nos fauteuils. Mon petit déjeuner a retrouvé sa juste place en panse...
9 : 00. 08. la ravissante hôtesse rousse de notre compartiment s'est dégagée de son harnais de sécurité. Eulalie de Montenlère, c'est ainsi qu'elle se présente, sert là chaque passager le soucho-calva traditionnel.
9 : 01.00. Une voix suave annonce. "Chers heureux passagers du Pousse-au-train N° 0001, nous venons de franchir avec succès la vitesse du son. L'Hyperloop va atteindre sa vitesse maximum dans 15 secondes nous nous déplacerons alors, à 1444 km/h pendant 2 minutes et demi, avant d'amorcer la décélération."
9 : 03. 34. Notre charmante hôtesse réintègre sa place et son harnais de sécurité. Elle nous a recommandé de ranger nos verres dans le fourre-tout de l'accoudoir gauche de nos sièges.
9 : 04. 00. L'éclairage d'ambiance se fait plus intense.. du violet, il vire au bleu azur. Un bref et vif effet de souffle vient nous rafraîchir.
9 : 04. 09. Je sens les sangles de mon harnais presser de plus en plus fort contre mon thorax. De part et d'autre de l'appui-tête sortent deux mordaches courbes garni de mousse qui se rejoignent pour enserrer ma tête au niveau du front... la décélération a commencé... Je suis comme pétrifié, les membres dur comme du bois, la langue desséchée, le gosier en zinc, les yeux exorbités...
9 : 04. 47. fin de la compression... je découvre que mon voisin de siège à ma droite est une passagère...elle me sourit ...
9 : 05. 00. Nous voici de nouveau dans le sas d'embarquement parvenus là, on ne sait comment. Je cherche du regard ma voisine... elle a disparu... panique... je me retrouve tout seul … la lumière s 'éteint et voilà que tout se met à tourner autour de moi… un bruit sourd… »
Ding-ding-dong !...
- Madame Pillet ?
- Oui, c'est moi… c'est à quel sujet ?...
- On vient de transporter votre mari à l'hôpital Bonsoin...
- Hector ! Mais qu'est-ce qu'il lui est arrivé encore ?...
- Rassurez-vous, rien de bien grave... on l'a retrouvé ce matin sur le chantier de la Courneuve entrain de délirer, lové dans une bétonnière. Quand on l'a sorti de là, non sans mal, il n'arrêtait pas de nous demander s'il était bien arrivé à Saint-Miroir-Auzalhouët. Vous savez où ça se trouve ?
- Non !... Connais pas ce bled... mais alors, il devait encore tenir une sacrée cuite, mon Hector...
- C'est bien possible car à peine rendu à l'hôpital il a sauté sur la première infirmière qui passait à ses côtés en criant : « Ah ma jolie voisine d'Yperloop ! Vite, il faut vous débarrasser de votre harnais... allez ! Allez ! On est arrivé ! » et le bougre, il voulait absolument dégrafer son soutien-gorge. Il a fallu quatre infirmiers pour le maîtriser...
NB : * "Crêpes & Cidre", nom des ex régions réunies : Bretagne et Normandie...
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