chapitre 16
On est vendredi. Je rentre demain. Ça fait plus de 24 heures que je n’ai pas eu de nouvelles d’Eros, mais j’avoue que c’est moi qui ai décidé de m’éloigner. Hier, j’ai appelé les filles pour leur raconter tout ce qu’il s’est passé, et, fidèles à elles-mêmes, Cléo m’a dit de couper les ponts, que de toute façon je ne le reverrai pas, et Sarah nous a déballé un discours sur l’amour dans les films. Alors j’ai bien évidemment décidé d’oublier son existence, même si il reviendra sous forme de note à la fin du semestre.
Toute la journée, j’ai fait le tour des Eglises, car il faut dire qu’elles sont vraiment belles. Le soir, en rentrant, j’ai fait ma valise, je me suis fait des pâtes, et j’ai regardé un épisode de Prison break.
***
Nous sommes samedi. Aujourd’hui, je prends l’avion. Mon vole est à 14 heures, je n’ai donc pas à me presser. J’arrive donc à l’aéroport juste après avoir déjeuné, je passe les contrôles et j’attends l’heure de mon vol. Il fait plutôt beau aujourd’hui.
- Les passagers du vol 307 à destination de Paris sont priés de se rendre à la porte C.
Je range le livre que j’avais sorti et me dirige vers la porte C. Le mur du bâtiment n’est qu’une grande baie vitrée ce qui fait que l’on peut voir les avions décoller, mais aussi tout ce qu’il se passe en dehors de l’aéroport. Je passe devant le personnel et arrive à la passerelle où je remarque quelque chose. Et après observation… quelqu’un.
C’est lui. Il n’est pas loin de la piste. Accoudé à sa voiture. Une cigarette à la main. Et il m’a vu. Mon cœur rate un battement et je ne me rends compte qu’après que je me suis arrêtée en plein milieu du couloir. Je me ressaisis rapidement et détourne les yeux. Je recommence à avancer. A la fin du couloir, je risque un regard derrière moi en me retournant. Eros me fait un salut militaire et retourne dans sa voiture. Et cette fois c’est mon cœur qui se serre.
***
Je descends de l’avion. J’ai la tête complètement vide. Je n’arrive plus à réfléchir correctement. Mais il n’y a rien à réfléchir, n’est-ce pas ? Cléo l’a dit, je n’étais pas censée le revoir. Alors il n’y a aucun problème.
Je retourne à mon appartement. Je suis la première à arriver.
***
Quelques heures après moi, Cléo rentre à l’appartement.
- Salut.
- Salut. tu vas bien ?
- Oui ça va.
Cléo me raconte son procès, mais aussi ce qu’elle a pu visiter, et au final un peu tout ce qu’il s’est passé. Au moment où elle finit, c’est Sarah qui rentre accompagnée de Dimitri. Elle nous dit qu’il restera dormir.
***
Mon mois de janvier se passe relativement bien. Tout comme février et mars au final. Ce n’est qu’en avril que l’action revient. Enfin « l’action » est un grand mot. J’ai simplement vu Eros passer à la télévision. Parce que oui, je pense toujours à lui.
Il a accepté une interview pour un reportage sur les réseaux mafieux. Je sais que dans ce milieu, c’est très rare que quelqu’un se montre. Mais je pense qu’il a fait ça pour éloigner les forces de l’ordre. Il a expliqué qu’en tant que chef de famille, il avait décidé d’imposer de nouvelles règles. A présent il faut limiter la violence. Je trouve ça bien qu’il essaye de faire changer la vision des mafias.
Je suis donc assise dans mon canapé, complètement seule dans mon appartement, et je regarde la télévision.
« Je ne voulais pas prendre le même chemin que mon père. Je voulais faire changer les choses pour le mieux. »
« Et à quel moment avez-vous compris que vous deviez changer tout ça ? Surtout que vous étiez proche de votre père. »
« En réalité, je n’ai compris tout ça qu’il y a quelques mois. Quand je suis sorti de prison. »
Je me redresse, espérant qu’il évoque d’une quelconque manière une personne qu’il aurait rencontrée.
« Je pense aussi que mon avocat m’a beaucoup aidé. »
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine.
« Il a beaucoup discuté avec moi après ma sortie de prison et m’a fait comprendre pleins de choses. »
M. Russo. Bien sûr. Je suis légèrement déçue. J’éteins la télé.
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