chapitre 20
Eros m’emmène à l’extérieur. C’est la première fois qu’il fait ça. Comme il ne vit pas seul, on évite d’aller dans son jardin. Si on veut sortir, on va directement en ville pour se fondre dans la masse. Mais là, j’ai l’impression que c’est différent. Certaines lanternes sont allumées et il y a des pétales de roses par terre. Il s’est vraiment donné. Au milieu, une table est dressée avec quelques bougies. Il me tire une chaise et je m’y installe. Au diné de ce soir, salade de légumes. Il sait que j’aime la simplicité. Ça me fait plaisir de voir tout ce qu’il a réussi à retenir sur moi. Arrivé au dessert, deux violonistes s’installent à quelques mètres de nous et commencent à jouer. Parfois j’oublie qu’Eros est riche. Lorsque je finis de manger, Eros me tends la main et m’invite à danser, ce que je ne refuse pas. La sérénade de Schubert commence et les mains d’Eros glissent de mon dos vers mes bras puis mes mains. Il me lâche, pose un genou à terre et sort une petite boite de sa poche. Qu’est-ce qui est en train d’arriver ?
- Sienna Jeanne Eloïse Colombo, je ne veux plus qu’on se cache. Je t’aime du plus profond de mon cœur, et je crois que seule toi peux comprendre ce que ça signifie. Est-ce que tu veux être ma femme ?
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Est-ce que je veux être sa femme ?
- Eros Marco Loris Lo Piccolo. Je… Bien sûr que je veux être ta femme.
Je n’arrive pas à y croire. Ça ne fait peut-être qu’un peu plus d’un an qu’on se connait mais je sais déjà que je le veux dans ma vie pour toujours. Alors même si on est encore jeune, je suis prête.
***
La fin de la soirée s’est très bien passée. On a dansé, beaucoup dansé, et quand l’heure de se coucher est venue, on a juste passé du temps collé l’un à l’autre à se parler. Ma main posée sur son torse, je l’ai regardé dormir. J’adore son visage lorsqu’il dort. Il parait tellement calme.
***
Un mois et demi s’est écoulé et le grand jour arrive déjà. On peut dire que nous nous sommes précipités mais je crois qu’on a fait ce qu’il faut. J’ai fini ma première année de master et décidé de ne pas continuer. J’en ai déjà fait bien assez. Je vais m’installer chez Eros et tout ira pour le mieux. Bref, nous sommes le 4 juin, et je me marie. Je n’aurais jamais pensé dire ça un jour.
Nous avons choisi comme lieu une petite Eglise à côté d’un parc en France. On a voulu faire les choses simples. Les sièges sont en bois, des pétales blancs ont été déposés sur le sol par Sarah et Dimitri, et j’aperçois Eros au bout de l’allée, stressé comme au premier jour. Après tout, je peux le comprendre, il a appris le français durant toute cette année, mais a peur de ne pas tout gérer. Mais je sais qu’il y arrivera. Il est donc là, debout, devant l’hôtel, ne connaissant pas le quart des invités, dans son meilleur costume. Et moi, je suis derrière la porte avec Cléo, dans ma robe blanche qu’elle m’a aidé à choisir, tremblante comme une feuille. Lorsque la musique commence, je me redresse, respire un grand coup, et pousse la porte de l’Eglise. Tout le monde me regarde, émerveillé, mais le seul que je remarque, c’est Eros. Je le vois essuyer une larme sur sa joue. J’avance alors d’un pas assuré jusqu’à lui, et, lorsque j’arrive à sa hauteur, il prend mes mains dans les siennes et me regarde dans les yeux.
Le prêtre nous lit un passage de la Bible, le Psaume et l’Evangile. Eros et moi échangeons ensuite nos consentements. Mon cœur bat tellement vite que j’ai l’impression de m’évanouir.
- Consentez-vous, Sienna Jeanne Eloïse Colombo, à prendre pour époux Eros Marco Loris Lo Piccolo, et de l’aimer dans la joie comme dans la peine, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
- Je le veux.
- Consentez-vous, Eros Marco Loris Lo Piccolo, à prendre pour épouse Sienna Jeanne Eloïse Colombo, et de l’aimer dans la joie comme dans la peine, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
- Je le veux.
On échange un petit regard, mais qui en dit long. On sait qu’on l’a fait, et on est soulagé.
- Je vous déclare alors unis par les liens sacrés du mariage.
Nous échangeons les alliances, nos mains tremblent et une larme coule sur ma joue. Je relève la tête et Eros m’embrasse tendrement. Toute l’assemblée se lève et nous applaudit.
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