Il est presque 13 heures. J’ai déjà fait passer le message comme quoi Lorenzo était le nouveau père de notre famille. Je ne peux plus revenir en arrière. De toute façon, je ferais tout pour Sienna. Mon cœur bat tellement vite. Je ne sais pas ce que je lui dirais. Je sais qu’elle aura peur de moi. Et je peux la comprendre. Mais elle doit savoir que je n’ai jamais voulu tuer personne. J’étais drogué, et Elisabeth m’avait dit de le faire. Mon frère ne l’a jamais su. Il n’a jamais eu les détails. Personne ne les a jamais eus. Mais je veux que Sienna sache tout.

Je suis debout au milieu de la place.

- Ah Eros !

- Où est-elle ?

Le lieu se vide à vue d’œil. Les habitants, et même les touristes, savent qu’il ne faut pas rester ici.

- Dans la voiture.

Il fait un signe au chauffeur qui ouvre la portière. Sienna sort de la voiture. Elle garde la tête baissée. Qu’est-ce qu’il lui a fait ?

- Je vais te tuer.

- Essaye pour voir. Où est ton arme ? Et tes employés cachés aux quatre coins de la place ?

Je sers les dents. Sienna s’approche.

- Tu vas bien ?

- Oui…

- Viens, je vais tout te raconter.

Elle ne dit rien mais je sais qu’elle n’en pense pas moins. Je passe ma main autour de ses épaules et elle se laisse faire. Je n’ai pas tout perdu. Mon stress ne redescend qu’au moment où on quitte la place.

Dans la voiture, elle ne dit rien. Arrivés chez nous, elle ne dit rien. On rentre et on arrive dans le salon, elle ne dit rien. Je lui prends la main et je sens qu’elle tremble.

- Sienna…

- Eros…

- …

- Je suis désolée.

- Non, tu n’as pas à l’être. C’est moi qui ai merdé. Je te demande pardon. Je t’aime Sienna. Je ne veux rien te cacher.

- Je t’aime.

Elle vient se blottir dans mes bras et je comprends que ce n’est peut-être pas le bon moment pour lui raconter mon adolescence.

- Qu’est-ce qu’il t’a fait ?

- Je ne sais plus. Il est là le problème. Je n’ai plus aucun souvenir.

- Regarde-moi.

Elle relève la tête pour la première fois et je vois que ses yeux sont rouges, mais pas comme si elle avait pleuré.

- Quel connard.

- Qu’est-ce qu’il m’a fait ?

- Il t’a drogué.

- Putain.

- C’est moi qui dis des gros mots de base.

- Eh bien, aujourd’hui on change. Bordel de merde, la vie ça pue.

- Dis pas ça. On va s’en sortir. On s’en est toujours sorti.

- Je t’aime Eros. Je ne veux plus jamais être séparée de toi. Peu importe ce que je sais ou ce que je ne sais pas sur toi.

- Justement, je ne veux plus de secret. Je veux tout te raconter.

- Embrasse-moi d’abord.

C’était tout ce que je voulais. Depuis tout à l’heure, je ne faisais que regarder ses lèvres. Je l’embrasse et elle passe ses bras autour de mon cou. J’ai des papillons dans le ventre comme la première fois. Je ne me lasserai jamais de cette sensation.

- On monte ?

- A quoi tu penses, Sienna Lo Piccolo ?

- Tu sais très bien à quoi je pense.

Bien sûr que je le sais.

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On arrive à la fin