chapitre 26
Nous sommes tous les deux allongés sur notre lit, à moitié nus, mais bon, ce n’est qu’un détail. Je respire vite. Elle aussi.
- Pourquoi t’as commencé à te droguer ?
- J’en ai aucune idée. Le concept devait avoir l’air sympa.
Je lui ai raconté tout ce que je sais, y compris sur sa grand-mère. En réalité, je ne sais pratiquement rien, je n’étais pas là. Mais je sais que ce que mon frère lui a dit est faux.
- Et donc Elisabeth, c’est la blonde du procès ?
- Oui, c’est ça.
- Quelle connasse.
- Tu continues avec les gros mots.
- Tant pis.
Quelqu’un toque à la porte. Je regarde Sienna, elle n’a pas l’air de savoir qui ça peut être. J’enfile des vêtements et elle fait de même.
- C’est la police. Ouvrez ! on entend.
Je deviens pâle.
- Putain Eros, ton frère sait ?
- Oui.
- Putain, on est dans la merde.
- …
- Pourquoi tu me corriges pas sur les gros mots ?
- Sienna, mon cœur, je veux que tu restes là. Je vais descendre tout seul.
- Non.
- Sienna.
Une larme coule sur sa joue. Elle sait. Je sais aussi. Je m’apprête à sortir de la pièce et elle attrape ma main.
- Eros.
- Sienna.
- Je t’aime.
- Je t’aime.
Elle m’embrasse tendrement et je suis l’homme le plus comblé. Je descends les marches et mon cœur ne fait qu’accélérer. J’arrive devant la porte d’entrée. Je ferme les yeux un instant, prends une grande inspiration, et ouvre la porte.
- M. Eros Lo Piccolo, vous êtes en état d’arrestation. Veuillez nous suivre.
Je ne dis pas un mot et je suis les policiers dans leur voiture. Ils me passent les menottes, une sensation que je ne connais que trop bien. J’ai merdé et je le sais. Mais j’avais 15 ans. Et personne ne devait être mis au courant.
***
Nous arrivons au poste de police où on me place en cellule, le temps de prendre des notes sur moi sûrement. Après une bonne heure d’attente, un homme en uniforme ouvre ma porte et me demande de le suivre. Il m’emmène dans une petite pièce aux murs gris pâle.
- Est-ce que vous savez pourquoi on vous arrête ?
- Plus ou moins. Je ne sais pas ce que mon frère a pu vous dire en tout cas.
- Qui vous dit qu’il s’agit de votre frère.
- Me faites pas rire. Je sais que c’est lui.
- Bien. Alors m. Eros Lo Piccolo, vous êtes ici car vous êtes accusé de trafic de drogue, mais aussi et surtout des meurtres de Alessandro Gallo et de Antonella Colombo.
- Pardon ?
- Vous m’avez bien entendu. Vous pouvez garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous. Vous avez le droit à un avocat.
- Je veux voir ma femme. C’est tout ce que je veux.
- Je ne peux pas accéder à votre requête.
L’homme s’en va et deux autres entrent dans la pièce pour me sortir de ce lieu. Je monte dans une voiture aux vitres teintées. Antonella Colombo ? Je ne l’ai pas tué. J’avais 10 ans lorsqu’elle est morte. Je ne sais pas qui l’a fait. Mais ce n’était pas moi. Alessandro Gallo. Ce nom me fait encore frissonner aujourd’hui. Oui, je l’ai tué. Elisabeth et lui se disputaient le monopole du marché de la drogue. Et elle ne le supportait pas. Alors elle m’a pris moi, le petit adolescent drogué du quartier, et elle m’a dit de le tuer. Alors je l’ai fait. C’était la copine de mon frère. J’étais pas clean. J’ai cru que c’était le bon choix.
***
Je sors de la voiture. La prison. Elle n’a pas changé. Dommage. Ils auraient pu refaire la déco. Parce que je vais y être pour longtemps. Je retrouve ma cellule. Elle non plus n’a pas changé.
Sienna. Qu’est-ce qu’on va lui dire ? Et si elle les croit ? Elle va m’en vouloir à vie. Non, elle ne peut pas les croire. Elle me fait confiance. Pas vrai ? Je sais pas. Je sais plus.
***
Je suis resté 2 jours en cellule sans nouvelle d’elle. « Elle », la seule et l’unique. Et je crois que c’est à cause de ce mot qu’elle est partie de la soirée. L’affaire « elle ». Si elle savait. « elle » pour « L ». Lorenzo. Mon connard de frère qui cherche uniquement le pouvoir. Le seul but était de le faire partir loin d’ici. Lui et sa copine. Et on ne l’a pas fait à temps. Si seulement on avait pris des décisions plus rapidement. Je sais qu’il ne sera jamais considéré comme le père de notre famille. Même si je l’ai dit à tout le monde. Et ça me rassure.
- Lo Piccolo. Procès à 15 heures.
- Bien.
Je stresse. Ou ça passe. Ou ça casse.
***
J’arrive dans la salle d’audience. Il y a beaucoup de monde. Le programme d’aujourd’hui devait être sympa. Mes yeux se perdent dans la foule à la recherche de la seule personne que je veux voir. Et elle est là. Un peu sur la gauche. Elle me sourit. Elle pense que tout va bien se passer. Et je ne peux même pas dire qu’elle ne connait pas ce milieu. Bien sûr que si. Elle veut même y travailler.
- Eros Lo Piccolo. Vous êtes accusé de trafic de drogues et des meurtres d’Antonella Colombo et Alessandro Gallo.
Sienna ne parait pas surprise. Elle a déjà été mise au courant. Et elle sait que je n’ai pas tué sa grand-mère. Je suis soulagé. Mais ça ne me sort pas du pétrin dans lequel je suis.
- Monsieur le juge. Je suis Joseph Russo, avocat de m. Eros Lo Piccolo.
M. Russo. Il ne m’avait pas manqué. Souvent quand je le vois, c’est que je suis dans la merde.
- Avant toute chose, j’aimerais connaitre les preuves qui vous ont été assignées pour accuser mon client.
Un procès à l’aveugle ? C’est vraiment la merde.
- Tout d’abord, il suffit de regarder les comptes que m. Lo Piccolo à soigneusement cachés pour remarquer tout le trafic de drogue dans lequel il a été pris.
M. Russo prend des notes.
- Concernant le meurtre d’Antonella Colombo, l’arme du crime a été retrouvée récemment avec les empreintes de l’accusé dessus. Quant à Alessandro Gallo, un témoin est venu nous donner le lieu où le corps a été enterré.
Lorenzo. Il a osé. Est-ce qu’il a conscience que ça va apporter des suspicions sur lui aussi ? Sûrement pas.
M. Russo me défend comme il le peut. Selon lui, l’arme du crime d’Antonella Colombo a très bien pu être nettoyée entre temps, et quelqu’un aurait pu ajouter mes empreintes dessus. Alessandro Gallo. Ça sera beaucoup plus compliqué de me défendre sur ce point comme je ne suis pas innocent.
« Je plaide coupable ».
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