Enfin arrivé
Deux mois s'écoulèrent entre le moment où Uther abandonna " Lolo " au milieu de la forêt, et celui où le garçon atteint enfin sa destination.
Le chemin fut long et périlleux, notre jeune héros frôla la mort de nombreuses fois, et du survivre avec ce que la nature lui offrait, mais enfin, le voici, il était enfin arrivé à destination.
- Oooh ! Ce s'rait pas mon p'tit Lolo qui vient d'arriver ? ! S'exclama Uther qui semblait l'attendre devant les portes de Nemeos. Tiens... T'as changé un truc non ?
Dire qu'il avait " changé un truc " est un euphémisme. En effet, en deux mois, la musculature du garçon semblait s'être grandement développée, trop pour celle d'un enfant de son âge. Le petit garçon qui avait pris la route il n'y a pourtant que peu de temps semblait avoir bien grandi. Autour de sa taille pour tout habit, il portait la peau d'un des grands félins qui rôdaient dans les forêts à l'ouest de Nemeos, à cette simple vue, les lèvres d'Uther formèrent un large sourire... Celles du collègue qui l'accompagnait en revanche... C'était une autre affaire.
- Oy oy oy, Uther-San, c'est le gamin dont vous nous parliez ? Demanda un homme aux cheveux coiffé en un chignon, un sabre à la ceinture et les yeux bridés.
- C'lui la même mon p'tit Musashi, je sens beaucoup de potentiel dans ce gamin ! Regarde-le, il a sept pauvres années... Quoi que peut-être huit maintenant, je ne sais pas trop, et il a déjà trucidé un des grands Laohu de l'ouest, c'est pas mal pour un gamin ! Est-ce que ton p'tit Mifune peut en dire autant ? Rétorqua le guerrier roux.
- Chez nous, on n'envoie pas les enfants se battre contre des bêtes sauvages... Et puis regarde le, a son âge, en dehors du danger évident, tu pourrais avoir altéré sa croissance sur le long terme avec des tels agissements... Mais oui, Mifune pourrait abattre une des bêtes.
Cette dernière phrase fit exploser de rire Uther dont la mentalité était simple " oublie les risques, et fonce ".
- T'arrives pile à temps mon p'tit Lolo ! Aujourd'hui, c'est le test mensuel de force pour les disciples ! Prépare-toi, tu vas te foutre sur la gueule avec les aut-...
Uther n'eut pas le temps de finir sa phrase. Dans un " paf ", quelques volutes de poussières se soulevèrent et sous les yeux écarquillés du Maitre, le garçon gisait au sol.
- Qu'est-ce que je te disais ? Ce pauvre enfant est à bout de force, par chance, c'est le jour du test et les Sages nous ont envoyé Cassiadora, il sera vite remis sur pieds... Mais tout de même, je te savais idiot, mais pas à ce point.
- Ah... J'admets que j'm'attendais pas tout à fait à ça...
Sans plus attendre Uther se pencha sur le gamin avant de le porter jusqu'au bâtiment principal. Au détour d'un des innombrables couloirs aux murs tapissés d'incalculables fresques narrant d'épiques batailles, se trouvait la salle ou logeait la fameuse Cassiadora.
Évidemment, sans grande surprise, le guerrier entra dans la pièce sans s'inquiéter de toquer ou autre, son camarade à côtés le suivant se contentait de soupirer devant un tel manque de manière. Pour toutes ses qualités de guerriers et de meneur, Uther manquait cruellement de finesse, il était loin d'être un mauvais bougre, simplement... Spontané ?
- Uther ? Qu'est-ce que tu fa-, la phrase de la demoiselle fut coupée par sa propre surprise en voyant le garçon porté par Uther.
- Salut Cass', tu peux le remettre sur pied ? Le garçon vient de passer deux mois seul dans la forêt au sud Ouest, il vient de faire le trajet d'un petit village à des lieux d'ici, seul. Il est un peu à bout de force.
Les yeux de la dame, encore écarquillaient à la vue de son nouveau patient, elle ne sut que laisser s'échapper un soupir d'exaspération. Le corps du gamin avait été mis à rude épreuve et elle ne sut même pas par où commencer. Uther avait encore fait des siennes, comment un guerrier si puissant pouvait être aussi idiot ? À moins que la source de sa force soit sa bêtise ? Si tel était le cas, cela expliquerait bien des choses.
- Uther ! Abruti ! C'est toi qui as fait ça à ce pauvre gosse ? !
Les minutes suivantes furent composées en grande partie de cris, insultes et autres injures à l'encontre du Gardien.
- Par les dieux, tu me rends dingue... Tu sais que je ne suis pas une magicienne, ni une faiseuse de miracles, n'est ce pas ? Si c'était de ça dont vous aviez besoin, il aurait fallu vous envoyer la dame Acéso, soupira la soigneuse.
- Mais non ! Je suis sûr que tu feras très bien l'affaire ! Je suis certain que Telesphore fera très bien l'affaire !
Rétorque Uther, riant de la situation. Difficile de savoir s'il avait en elle une confiance aveugle, ou s'il ne s'agissait simplement que d'inconscience.
- Uther, mon soach n'est pas aussi grandiose que ce que tu ne sembles croire. Je ne soigne pas les blessures. Je ne fais qu'accélérer le processus naturel de guérison, et face à ça, on est tous différent. Si la capacité naturelle de récupération de ton petit protégé est en dessous de la moyenne, ça risque de prendre du temps, il est dans un sale état. Si elle est au-dessus, il peut être debout dans une heure, au mieux.
Malgré sa colère, la fameuse Cassiadora prit soin du jeune homme et de ses blessures. Posant sa main gauche sur le torse meurtrie de l'enfant, de sa dextre, elle se saisit d'un encensoir reposant sur une table proche.
- Télesphore, j'en appelle une nouvelle fois à ton aide, permets à l'enfant d'ouvrir les yeux, fermer ses plaies, et reprendre connaissance.
À peine eu-t'elle finit sa phrase, que les nombreuses gravures ornant l'encensoir se mirent à prendre en vie. L'une d'entre elles en particulier, une gravure décrivant une magnifique jeune femme se mit à prendre vie sur le métal doré de l'objet de rite. L'être étrange prit une grande inspiration avant de la libérer. L'encens embaumait la pièce, l'impulsion offerte par la dame de métal luisant ayant eu l'effet d'une tornade sur l'étrange brume odorante.
- Maintenant, c'est à lui de travail-... C'est quoi ça ?
Comme pour répondre au soudain changement d'atmosphère de la pièce, comme s'il avait conscience des hypothétiques bienfaits de l'encens, ce fut au tour de l'enfant de prendre une puissante inspiration. En l'espace de quelques petites secondes, l'air de la chambre se trouva être vidée de toute fumée, a nouveau pur et clair.
- Qu'est-ce que tu nous as ramené Uther ? Lui demanda son camarade aux yeux en amande.
La cible de la question ne put s'empêcher de rire aux éclats.
- En voilà une bonne question ! Ce gamin est un vrai tapir ma parole ! Heureusement que personne ne dors ici !
Dans un sursaut, l'enfant se releva, les yeux grands ouvert, tout sourire.
- J'y suis ! Regarde Ignis ! On est arr.... Ben, tiens, ou est passé Ignis ?
En effet, l'arme qui jusqu'à présent reposé à sa ceinture, se trouvait maintenant entre les mains de son maître.
- Bienvenue Lolo, et tu n'auras pas besoin de ça, ne t'en fais pas, Ignis sera ramené en lieu sûr, et toi, tu vas pouvoir rejoindre les autres, aujourd'hui vous allez vous foutre sur la tronche comme des pochtrons à la taverne !
L'excitation semblait ne venir que d'un côté, mais cela n'empêcha pas le jeune homme de se lever, et de suivre ceux qui lui enseignerait bientôt les arts du combat.
Ce n'est qu'une fois au centre de la forteresse des Gardiens, que l'enfant comprit où il se trouvait. Il ne semblait y avoir ici place que pour la guerre et le combat. Des hommes de tout âge, s'entraînant et se battant sans la moindre considération pour une hypothétique sécurité. Seule leur lutte comptait ici, ils ne semblaient pas avoir le temps pour des considérations telles que " l'instinct de préservation ". Voilà ce dont il rêvait depuis la première fois ou sa chere mère lui lu le conte du dieu Uther, l'excitation s'empara rapidement de lui, et celle-ci ne fit qu'augmenter quand il vit enfin ceux avec lesquels il partagera bientôt son entraînement.
En ligne, droits comme des piques, une dizaine de gamins allant de 6 à 8 ans, attendaient leurs instructeurs, et la deuxième édition du test d'aptitude au combat.
- Va te mettre en rang gamin, il n'y a plus le temps.
Se tenant face aux élèves, Uther, Musashi ainsi qu'un dernier dont notre jeune héros ignorait encore le nom, se tenaient. Celui qui prit la parole en premier n'était autre que l'homme au chignon. D'une voix claire et audible, il fit les présentations et annonça les règles de ce petit tournoi.
" Jeunes gens ! Aujourd'hui, c'est moi qui serais l'arbitre et juge de ce test. Vous me connaissez comme Maitre Musashi des quatre vents, à ma ceinture se trouve Sakegari, Soach ayant la régence sur l'air et les vents. A ma droite, Maitre Uther le champion de l'Ordre, maître de bien des Soach, dont l'arme de prédilection n'est autre que Kil'Roc, le violent. Et à ma gauche, Maitre Aleksei, porteur d'Iltik, soach du froid et de la glace. La plupart le savent déjà, mais ces combats ont pour but de vous départager. Nous ne jugerons pas que votre capacité à étripé vos adversaires, n'oubliez pas, nous ne tuons pas les Soach, notre but n'est pas de causer le chaos, nous les soumettons. Votre force seule ne vous servira pas, nous jugerons avant tout vos prouesses guerrières et votre intellect, sortez victorieux sans devenir des tueurs. Les Gardiens ne forment pas des meurtriers, ce n'est pas là notre travail. Je me répète, mais il faut bien que cela rentre dans vos crâne. Ne pariez pas tous sur la force... Surtout en sachant que je suis celui qui va vous juger, et pas Maitre Uther... Bien, sur ce, en piste, vous viendrez un par un pour tirer un petit papier dans cette boite puis vous mettrez cote a cote avec celui qui aura tiré le papier correspondant au vôtre."
Quelle différence avec son précédent maître, le nouveau venu ne sut point sur quel pied danser. Maitre Uther et Maitre Musashi n'avaient rien à voir, les choses semblaient être bien plus carrées et organisées avec ce dernier. C'en était presque déstabilisant. Mais il lui fallait agir, et il se mit donc en file avec les autres apprentis, tirant à son tour un papier, le numéro trois. À ses côtés, un... Jeune garçon ? Se tenait, il devait bien faire un mètre cinquante, pour un enfant qui devait avoir entre six et huit ans, il était monstrueux, jamais Lolo n'avait vu un enfant de cette taille !
- Je suis Arnold, enchanté mein kameraden, je sens qu'on va faire un bon combat tous les deux !
Tout géant était-il, " Arnold " semblait parfaitement amical et sympathique, c'est sans hésitation que notre héros lui tendit la main.
- Lothar, enchanté aussi m...me.... mein... Enfin, mon ami !
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