Chapitre 8 partie 3
Alors que le groupe retournait vers les couloirs sombres du lycée, Udgy sentit à nouveau une étrange sensation l'envahir. Les contours de la réalité se dissipaient, et il se sentit projeté ailleurs. Cette fois, il se retrouva sur une herbe séchée, le parfum de la végétation flétrie flottant dans l'air. Il vit sa mère descendre d'un véhicule noble, la tête basse. Elle avançait lentement, ses pas lourds de tristesse.
— Maman ! cria Udgy, désespéré. Je suis là !
Mais sa mère ne l'entendait pas. Elle continuait à marcher, ignorant sa présence. Udgy tenta d'avancer, mais il était cloué sur place, forcé de regarder une scène troublante se dérouler devant lui. Quatre hommes descendirent après sa mère, leurs visages cachés sous des capuches sombres. L'un d'eux lui sembla étrangement familier.
Les vêtements des hommes étaient d'époque, des habits riches mais poussiéreux, et la scène se déroulait devant un manoir imposant, dont les murs de pierre grisâtres étaient envahis par le lierre. Les fenêtres du manoir étaient sombres, semblant absorber la lumière plutôt que la réfléchir.
— Coucou, on n'a pas eu le temps de papoter ! dit soudain une voix derrière lui.
Udgy sursauta et se retourna pour voir Leopold, son visage empreint de tristesse et de sagesse.
— Le roi et la reine s'inquiètent pour toi. Tous les mondes ne s'écoulent pas pareil. Vingt-quatre heures sur Terre équivalent à une heure ici, à Slavinya.
Udgy ouvrit grand la bouche, ses pensées tourbillonnant dans son esprit.
— Mais je viens de la Terre. Je...
Leopold posa une main affectueuse sur son épaule, interrompant ses pensées.
— Toi aussi, tu es lié à Slavinya. Ce monde est plus complexe que tu ne le penses. Moi, je suis piégé à jamais dans l'entre-deux. Mais toi, tu as encore une chance de revenir.
Udgy regarda autour de lui, essayant de comprendre ce que Leopold venait de dire. Slavinya, un monde parallèle où le temps s'écoulait différemment. Le paysage, bien que similaire à la Terre, avait une qualité éthérée, presque irréelle. Les couleurs semblaient plus vives, les sons plus clairs. Le ciel était d'un bleu profond, presque surnaturel, et l'air était rempli de parfums exotiques inconnus.
— Pourquoi suis-je ici ? demanda Udgy, la voix tremblante.
Leopold soupira.
— Tu es ici pour une raison. Le roi et la reine de Slavinya sont inquiets pour toi. Ils sentent que quelque chose ne va pas. Tu dois comprendre ton lien avec ce monde et les autres âmes errantes.
Udgy fronça les sourcils.
— Les autres âmes errantes ? Comme toi ?
Leopold hocha la tête.
— Oui. Il y en a d'autres, comme toi et moi. Chacun d'entre nous est piégé entre les mondes pour une raison différente. Tu dois les trouver et les aider à se libérer. C'est la seule façon de briser le cycle et de retourner sur Terre.
Udgy sentit un nouvel espoir naître en lui. Peut-être y avait-il un moyen de sortir de ce cauchemar après tout. Mais la route serait longue et ardue. Il devait retrouver Andjo, Candice et Beckie, et ensemble, ils devaient trouver les autres âmes errantes.
— Merci, dit-il, les yeux pleins de détermination.
Leopold sourit à nouveau, puis continua.
— Il faut rentrer chez nous, retrouver le roi et la reine, qui...
Mais avant que Leopold ne puisse finir sa phrase, Udgy fut brutalement arraché de cette vision. La réalité le happa violemment, et il se retrouva allongé sur le sol froid des couloirs du lycée.
Andjo, Candice et Beckie étaient à ses côtés, leurs visages empreints d'inquiétude. La lumière des néons clignotait faiblement, projetant des ombres tremblantes sur les murs délavés. Les carreaux du sol étaient froids et humides sous ses mains, ajoutant à l'atmosphère oppressante.
— Udgy ! s'écria Andjo, le secouant légèrement. Tu vas bien ?
Udgy hocha la tête, se redressant avec difficulté. L'air était lourd, chargé de l'odeur persistante de désinfectant et de moisi.
— Oui, je vais bien. J'ai... j'ai eu une vision. J'ai vu le château, mes parents, et une autre âme errante nommée Leopold. Nous devons les retrouver toutes.
Candice le regarda, les yeux écarquillés.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
Udgy prit une profonde inspiration, racontant en détail ce qu'il avait vu et entendu. Andjo, Candice et Beckie écoutaient attentivement, comprenant la gravité de la situation.
— Leopold a mentionné quelque chose d'important avant que je ne revienne. Il parlait de rentrer chez nous, de retrouver le roi et la reine... mais il n'a pas pu finir, dit Udgy.
Beckie fronça les sourcils.
— Mais il n'y a plus de royauté depuis quatre cents ans ! Ça voudrait dire quoi, alors ?
Andjo réfléchit, cherchant une explication.
— Peut-être que ce roi et cette reine symbolisent quelque chose d'autre. Quelque chose de plus ancien, de plus profond. Nous devons comprendre cette symbolique pour avancer.
Candice ajouta, son ton pragmatique.
— Il pourrait s'agir de figures légendaires, des gardiens des âmes ou quelque chose dans ce genre. Nous devons explorer toutes les pistes.
Le groupe se leva, déterminé. Les couloirs du lycée semblaient plus longs et plus sinistres que jamais, les ombres des casiers s'étendant comme des tentacules menaçants. Le silence était pesant, uniquement brisé par le bourdonnement des lumières fluorescentes.
— Commençons par la bibliothèque, proposa Andjo. Il pourrait y avoir des livres anciens ou des archives qui parlent de l'histoire du château et de ses habitants.
Ils se dirigèrent vers la bibliothèque, leurs pas résonnant dans les couloirs vides. La porte grinça en s'ouvrant, révélant l'immensité de la pièce. Les étagères en bois, pleines de livres poussiéreux, semblaient les observer.
Ils commencèrent à fouiller les étagères, cherchant des livres susceptibles de contenir des informations sur le château et ses anciens occupants. Beckie tira un vieux grimoire d'une étagère du fond, soufflant sur la couverture poussiéreuse.
— Regardez ça, dit-elle en ouvrant le livre. Il y a des dessins de rituels et des annotations en marge. Cela pourrait nous donner des indices sur les âmes errantes et sur ce que nous devons faire.
Udgy, toujours secoué par sa vision, se concentra sur un autre livre, cherchant des références à un roi et une reine. L'odeur des pages anciennes et le craquement du papier sous ses doigts apportaient un étrange réconfort. Les rayonnages de la bibliothèque, couverts de poussière, ajoutaient à l'atmosphère de mystère.
— Nous devons trouver un lien, murmura-t-il. Quelque chose qui relie tout cela.
Soudain, Andjo s'exclama.
— Regardez ça ! Une carte ancienne du château et de ses environs. Il y a des annotations sur les différentes salles et sur des passages secrets. Peut-être que cela nous mènera aux autres âmes errantes.
Candice se pencha sur la carte, ses yeux parcourant les annotations.
— C'est un bon début. Si nous pouvons trouver ces passages secrets, nous pourrions découvrir où les autres âmes sont piégées.
Avec la carte en main, le groupe se dirigea vers les endroits indiqués. Les couloirs sombres du lycée se mêlaient aux souvenirs du château, créant une atmosphère surréaliste et oppressante. Ils suivirent les indications de la carte, découvrant des portes cachées et des escaliers dissimulés derrière des panneaux muraux.
— C'est ici, murmura Beckie, pointant une porte en bois massif. Selon la carte, cela devrait nous conduire à une salle cachée sous le lycée.
Ils ouvrirent la porte avec précaution, descendant un escalier étroit et sinueux. L'air devenait plus frais et humide, une odeur de moisissure et de terre ancienne flottant autour d'eux. Les murs de pierre étaient couverts de lierre, et leurs pas résonnaient sourdement dans ce silence oppressant.
En bas de l'escalier, une grande salle se révéla, faiblement éclairée par des torches vacillantes. Des fresques anciennes couvraient les murs, représentant des scènes de rituels et des figures royales.
— C'est incroyable, murmura Candice. Ces fresques racontent une histoire.
Udgy s'approcha d'une des fresques, ses yeux se fixant sur les figures royales. Il reconnut les visages, son cœur se serrant dans sa poitrine. Les fresques étaient détaillées, montrant des scènes de vie quotidienne, de batailles et de cérémonies.
— C'est... c'est impossible, murmura-t-il. Ces visages... ce sont mes parents.
Les autres se rapprochèrent, observant les fresques avec attention.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Beckie, incrédule.
Udgy sentit une vague de souvenirs enfouis ressurgir. Des images de son enfance, des moments passés avec ses parents, lui revenaient en mémoire. Ses parents étaient les figures royales de Slavinya, les gardiens des âmes errantes.
— Mes parents... ils sont le roi et la reine de Slavinya, dit-il, la voix tremblante. C'est pour ça que je suis lié à ce monde.
Andjo posa une main réconfortante sur son épaule.
— Alors nous devons les retrouver. Si tes parents sont les gardiens des âmes errantes, ils peuvent nous aider à briser ce cycle.
Le groupe, plus déterminé que jamais, continua d'explorer la salle. Ils savaient maintenant que leur mission était encore plus cruciale. Ils devaient non seulement retrouver les autres âmes errantes, mais aussi découvrir comment libérer les parents d'Udgy.
— Nous devons trouver des indices sur l'endroit où ils pourraient être, dit Candice. Les fresques pourraient nous donner des pistes.
Ils examinèrent chaque détail des fresques, cherchant des symboles et des indices. Les scènes représentaient des rituels anciens, des combats contre des forces obscures, et des lieux cachés.
— Regardez ça, dit Andjo, pointant une fresque représentant une forêt dense. Cette forêt... elle ressemble à celle près du château. Peut-être que nous devons commencer par là.
Udgy hocha la tête.
— Oui, c'est un bon point de départ. Nous devons suivre chaque piste, chaque indice. Mes parents comptent sur nous.
Avec cette nouvelle détermination, ils se préparèrent à quitter le lycée et à explorer les environs du château. Ils savaient que la route serait longue et semée d'embûches, mais ils étaient prêts à tout pour réussir.
Le château, avec ses secrets enfouis et ses échos du passé, les attendait.
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