Pluie de mai
Ce vendredi après-midi. Je me souviens encore de cette sensation mitigée quand je l’ai vu pour la première fois. Il descendait d’une démarche lente les marches menant au métro… Je me souviens avoir marché vers lui, hésitante, et avoir senti sur moi son regard bleu enchanté de me découvrir. La pluie fine de ce mois de mai nous avait accueillis au dehors, et je l’avais suivi vers l’intérieur de ce café.
Tout de suite je m’étais dit : c’est un oriental. Malgré son air nonchalant, ses yeux brillaient déjà, et moi, d’un coup, je me sentais en confiance. De tous les garçons que j’avais déjà vus, aucun ne m’avait fait cette impression, d’immédiate confiance. Pourtant…
Etait-ce son sourire qui m’avait fait cette impression ? J’avais comme cette délicieuse sensation de le réjouir… Et je cachais en mon for intérieur qu’il ne répondait pas à ce que je cherchais. Je voulais moi-même me tromper, ou alors…
Peut être ce regard bleu me semblait trop enfantin, pas assez fort, pas assez digne de l’image de l’homme dont je me faisait l’idée, et ce sourire, ravissant, trop féminin, trop je ne sais pas, trop…
Non, je m’étais dit que j’aimais être en face de lui, et le valoriser. Lui dire « c’est beau » quand il disait quelque chose, et allumer à mon tour mon regard… M’incliner du même coté que lui, vers la fenêtre, ignorer ce qui se passe autour, et me laisser me couper du temps. Entendre son rire résonner comme une douce mélodie à mes oreilles, et me dire que peut-être ce serait pour l’éternité. Me forcer à y croire. Savourer le temps jusqu’à la dernière seconde, et imaginer un jour la fusion.
Quand on s’était levés, j’avais laissé mon coca entier, et il m’avait dit "je saurais que quand tu dis quelque chose, tu ne changes pas d’avis !", et je me souviens comment j’étais proche de son visage, quand je lui avait demandé s’il ne voulait pas le prendre…
Il avait descendu avec moi les marches du métro pour me raccompagner, cela faisait déjà trois heures que nous étions ensemble, et il m’avait parlé je ne sais plus de quoi jusqu’à ce que le métro arrive. Il avait attendu que je sois en train d’y monter pour me souffler « j’attends de te revoir, je ne sais pas si c’est ton cas… » et moi, derrière les portes qui se refermaient, j’avais tout juste dit « merci !! » la tête embrumée et les pensées confuses.
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