A côté d'une rivière...
Je me souviens comment tu me regardais la deuxième fois que nous nous sommes vus. Je te trouvais d’un coup très beau, avec ta main que tu passais sur tes cheveux blonds. Cette balade, par un soleil paresseux qui se mirait sur les eaux vertes du cours d’eau que nous avions suivi. Je t’avais dit que j’avais mes études à poursuivre, et que partir à l'étranger... Tu marchais lentement, c’était moi, la meneuse du tandem. Tu avais du soleil tout plein ton visage angélique, et tu m’avais dit, « mais je ne savais pas, moi ! ». Je m’étais sentie mal. Ni moi ni toi n’envisagions à ce moment d’arrêter là. La rivière était trop belle, entre les prairies vertes. Un souffle de vent en ridait mélancoliquement la surface. Il avait plu dans l’après midi, et les rayons s’embrouillaient en couleurs floues dans les flaques d’eau. « On fait demi tour ? » avais tu demandé... Et comme je te regardais là, déçue de ce que je venais d’entendre, tu avais dit, sans entendre le tumulte qui venait de m’assaillir, « sinon, ces sentiers, ça va à l’infini, et j’ai quand même un peu soif ! »…
Oui, j’ai été coupable. Le soir même, on m'a dit « ca ne te correspond pas », mais je revoyais tes yeux briller en face de moi. Et ces yeux pleins de feu avaient déjà un peu électrifié mon cœur. Je me sentais mal. J’avais l’impression que je ne retrouverais pas ton regard avide, mais en même temps, je voulais te changer, comment comprendre ?
J’ai été sotte. Je pensais que quelque part, cette étincelle qui brillait en toi était un peu ma voix du ciel. J’aimais me dire que celui qui m’était destiné n’était pas tel que je l’imaginais, mais je ne me rendais pas compte que je ne l'appréciait pas.
Je n’étais pas prête à l’accepter, je voulais la changer. La réalité.
Toute cette journée pénible, j’avais fait demi-tour psychologique. J’essayais de me convaincre que non ce n’était pas ça, sans parvenir à effacer l’image de ces yeux qui me dévoraient, ni cette sensation de proximité, de presque fusion platonique. Je savais que là où il était, il pensait à moi, et se languissait.
J’avais pleuré de nerfs, d’amour enfoui, de pitié pour nous ce soir là. Je savais, je voulais poursuivre mais prendre mon temps. C’est toi qui avais voulu précipiter tout ça.
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