Par un lendemain de Kippour
Le temps s’est écoulé et l’eau a coulé sous les ponts… Je l’ai rencontré, et toutes ces impressions furtives me laissent encore toute songeuse. Je perçois cette attente, cette expectative, cette découverte, cette hésitation, ces balbutiements, ces traits de crayons tracés peu à peu dans mon esprit…
Je le revois en face de moi, surprise, ce fameux soir, sous l’emprise de l’effet de Kippour, tout me semble blanc et spirituel… Je me revois chassant tout cela de mon esprit, ne voulant pas y penser, trop échaudée par des projets tombés à l’eau trop nombreux. Je revois ce matin capitonné, l’odeur du café sous la bruine automnale et le visage gris des immeubles parisiens aux alentours de gare de Lyon.
Je me revois le quittant, pressée, interceptant ce grand sourire touchant qui nous sépare. Sa grande silhouette qui me rattrape pour me dire au-revoir, ses yeux noirs pétillant. Je ressens encore cette gène de parler de ce de quoi que j’ai honte d’être déçue. Je prends mon temps, et j’ai trop peur de dire quoi que ce soit. Je sens tout cela comme si fragile au fond de moi, que si je parle, je lui donnerai malgré moi une forme, que pour l’instant je n’ai pas envie de définir. Je vais laisser le temps agir…
Je me souviens de ce chabbat, la synagogue pleine de jolies dames m’embrassant et me complimentant, papy et mamie invités à la maison, notre escapade chez ma tante…
J’ai besoin de glaner autour de moi, d’utiliser d’autres yeux que les miens pour me former mon idée, et pour arroser ce nouveau germe. J’ai besoin de me changer les idées, et de penser à autre chose pour laisser ces impressions au coin de l’esprit grandir et prendre plus de place, pour devenir ce petit secret qui devient plus doux.
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