Qu'est-ce que je me prends la tête!
Maintenant, je suis en pause. Je ne sais ce que cela veut dire, et j’essaie de ne pas y penser. Lorsque je suis revenue à mon tour de voyage, d’un coup les doutes me sont revenus.
Lui aussi. Il a proposé qu'on attende deux semaines et qu'on fasse ensuite le point. J'ai saisi l'occasion comme une en or, bien qu'au fond de moi je nourris des inquiétudes. Pourtant je sens qu'il me ressemble. Quelqu'un qui réfléchit, encore et encore. On n'a pas le sens de l'orientation, on se perd tout le temps. Mais là il faut que j'oublie. Que j'arrête d'y penser. Que je pense la vie sans cela.
J’ai peur de ce que l’avenir me réserve. J’ai peur de ne pas être à la hauteur de ce que je souhaiterais accomplir.J'ai envie de fonder un foyer solide, d'avoir de beaux enfants avec le mien, l'unique. J'ai envie qu'il n'y en ait qu'un seul. J'ai envie de perpétuer des valeurs qui me tiennent à coeur avec quelqu'un qui les partage.
J'ai retrouvé, à la sortie de l'école, Sarah. On s'est enlacées, elle avait encore embelli. Elle était chez ses parents à Paris pour les fêtes et la bar mitsva de son frère, elle devait rentrer à ses études à l'étranger le lendemain. Une petite recontre, arrachée au temps, comme pour replonger dans le passé. Les rues parisiennes par un froid de fin d’Octobre à l’heure de la sortie des bureaux, cette nonchalance savourée en amitié au crissement des feuilles d’automne, ces néons des métros prématurément nocturnes, recueillir les compliments et rire dans les boutiques combles, tout cela m'a apaisée.
Et contrairement à nos dernières retrouvailles en été où l'on s'était raconté nos balbutiements, là, on ne les a même pas évoqués. On sentait chacune le poids de ces rencontres peser sur l'autre, et pourtant, je n'avais pas envie de parler. Trop pleine, et vide à la fois. On a virevolté dans les magasins. On s'est raconté nos études, notre boulot, on a bien ri. Comme une parenthèse de bonheur.
Et pourtant, sur le chemin du retour, j'ai une drôle d'impression. J’ai l’impression que je suis encore passée à une étape supplémentaire, que j’ai encore gravi un échelon, ou tout simplement changé. La vie change à chaque fois de visage et je m’en trouve perplexe. Et face au moi qui change, face à ces incertitudes, je sens naitre en moi des peurs sourdes…
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