De la parole ou du silence
Ceux qui me connaissent savent que je suis une vraie pipelette muette.
Ceux qui me connaissent savent mes maladresses. Des mots sortis de nulle part. Des plaintes à tout va. Des injustices dénoncées. Des cris calomniés.
Haut et fort je proclame le droit.
Mon cœur se brise à chaque mot caché. Les mots tus me secouent. Ils me mettent en morceaux et me tuent.
Je n'aime pas les silences, vous l'avez compris.
Dans les silences, il y a les secrets. Secrets de naissance, secrets d'alcôves, secrets d'histoires et secrets de cœur.
Dans les silences, il y a les non-dits, les errances dans des vides infinis, des réflexions à tourner en rond et à s'imaginer plus laid qu'on ne l'est.
Dans les silences, il y a mon ignorance : ma méconnaissance des choses de ce monde, mes manquements à la bienséance et l'ignorance de mon importance.
Dans le silence, mes maux se terrent dans mon univers. Ils se mélangent aux ténèbres et me gangrènent. De l'intérieur, je me liquéfie, une dislocation programmée. Un compte à rebours arrêté dans ma vie aux sonorités désespérées.
Dans les silences il y a l'absence. Celle des êtres aimés, celle de l'être choyé. Celle de l'enfant qu'on est, et celle des mots restés prisonniers.
Dans le silence, la liberté n'est pas gagnée. Mon silence donne du crédit à l'ignorance, à ces tortures des corps et des esprits, à ces maltraitances.
Dans mon silence, les fascismes se développent. Je ne vote pas contre, suis-je pour alors ? Si je ne suis pas pour, dois-je continuer à me taire.
Dans mes silences, j'ouvre la porte à la plus grande des ignominies…
Dans mes silences, je suis complice !!!
©Wafa 23/04/22
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