Géographie des Terres de Pangée

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               Dave et Astrid mangeaient autour du feu de camp crépitant, à manger le gibier que la jeune femme avait chassé quand Dave s’arrêta.

                — Mais au fait, tu ne m’as pas parlé de la géographie de Pangée. Tu me l’avais promis pourtant.

— C’est exact.

                Elle vida sa bouche en réfléchissant avant de se saisir d’un morceau de bois et commencer à dessiner sur le sol une forme de poire à travers laquelle elle traça différents traits sous le regard attentif de son comparse, divisant sa représentation en six parts de tailles différentes.

— Voilà, Pangée ressemble un peu à ça, une grosse poire au milieu d’un vaste océan.

                Les sourcils froncés, Dave demanda.

— Il y a donc d’autres continents ?

                Astrid releva la tête pour le dévisager avec étonnement.

— Continents ?

                Le jeune homme ferma les yeux quelques secondes en inspirant, se rappelant que ce monde n’était pas le sien et qu’il devait s’y adapter, avant de reprendre.

— D’autres îles.

— Ah ! Oui, mais nous en parlerons après. Alors voilà, Pangée se divise en six territoires. Le plus à l’ouest, ou plutôt au nord-ouest, c’est le pays de Sylvia. Des terres majoritairement boisées et luxuriantes, territoire des Elfes Sylvains et de tous ceux désirant vivre en harmonie avec la nature.

— Et c’est pour ça que leur déesse tutélaire est Forêt.

                Astrid lui tapota le torse de son bâton en souriant.

— Exactement. Là-bas, les récoltes sont toujours abondantes, la terre riche et les forêts généreuses en gibier. Ce sont eux qui ravitaillent le reste de Pangée en céréales, notamment. Des gens gentils et ouverts d’esprit, tant que tu ne t’en prends pas à la nature ou à l’un d’entre eux. Parce que sinon, gare à toi, même les arbres essayeront de te tuer.

                Dave ouvrit de grands yeux étonnés tandis qu’Astrid pointait le territoire à côté.

— Là, le pays le plus au nord, c’est chez moi. La Nordie. De belles steppes à perte de vue et des hivers rigoureux ont fait de nous un peuple de guerriers et de chasseurs rustiques, forts et résistants. Le froid et la rigueur de notre environnement a aussi fait des gens généreux, ne te méprends pas, mais nous avons le sang aussi chaud que l’hiver est froid, et il en faut parfois peu pour déclencher une guerre des clans.

— Et c’est pour ça que votre dieu principal est Guerre ?

— Tout à fait. D’ailleurs, les nôtres sont souvent employés par l’Empire comme soldats dans la lutte contre les démons.

                Concentré, Dave demanda.

— Ceux du Roi Noir qui reviennent alors que le portail vers le Royaume des démons a été fermé ?

— On appelle ce portail le Pont du Destin, mais oui, c’est bien ça. En parlant de l’empire.

                Elle pointa un pays situé sous la Sylvia et la Nordie avant de continuer.

— Avant, ils s’appelaient le Peuple des plaines, mais un chef de guerre les a unifiés pour former l’empire. Comme son ancien nom l’indique, ce sont majoritairement des plaines, mais c’est aussi le pays le plus prospère économiquement. Le seul qui n’ait pas besoin des Sylvians pour s’approvisionner en nourriture tout en taxant les routes permettant aux autres pays de commercer, la force économique et militaire la plus puissante des terres de Pangée, et le pays le plus crains de ses voisins. S’ils disent ne pas chercher la guerre, en tout cas leur politique militaire nous incite à penser l’inverse. Ils ont développé leur armée depuis bien avant l’arrivée des démons, et nombre des habitants de Pangée pensent que si le Royaume des démons n’avait pas recommencé à vomir ses habitants, l’Empereur serait parti en guerre contre les autres pays pour les envahir… Il fait peur à beaucoup de monde… C’est aussi là que tu trouveras le plus d’Hauts-Elfes, cette bande de politiciens assoiffés de pouvoir… Et si leur dieu est Sol, à mon sens leur comportement le déshonore…

                Le visage d’Astrid s’était assombri au fur et à mesure de ses explications avant qu’elle se taise quelques secondes puis se saisir d’une outre de gnole dont elle but quelques gorges pour ensuite reprendre ses explications en pointant le pays le plus au sud de son plan.

— La Sudie… Désert, chaleurs extrêmes, jungles, l’opposé de la Nordie. Les populations nomades y sont courantes et leurs guerriers sont des experts de l’escarmouche, et leurs terres regorgent de richesses telles que l’or, les diamants et diverses pierres précieuses, ainsi que d’animaux exotiques merveilleux, mais mortellement dangereux. Pour le reste, à moins de tomber sur une tribu cannibale, ce sont des gens charmants.

                Dave se redressa au mot cannibale.

— Tu en as déjà rencontré ?

                Astrid soupira avant de remonter le pan gauche de sa tenue de cuir et de fourrures pour montrer son ventre plat parcouru d’une longue cicatrice remontant du nombril jusqu’aux côtes flottantes.

— Oui. Et je n’ai pas hâte que ça se reproduise. J’ai eu beaucoup de chance qu’un dragon passe par-là au même moment, ça les a fait fuir et m’a permis d’en faire autant… Enfin, passons. À l’est se trouve l’Orie, des experts en magie et en sciences de toutes sortes, leurs mages sont redoutables, et ils refusent de partager leur science des explosifs. Quant à leurs forces armées, elles sont en gros divisibles en cinq catégories, les archers et leurs balistes à répétitions, les tueurs noirs et leurs techniques furtives, les soldats lambda, les mages et les guerriers d’honneur à la lame à simple tranchant et au code de l’honneur réputé pour être le plus grand existant. On dit qu’ils peuvent mettre fin à leurs jours s’ils se sentent déshonorés… J’ai beaucoup de respect pour ces guerriers d’exception.

                Dave acquiesça lentement avant de pointer un petit espace au centre de la carte qu’Astrid n’avait pas encore mentionné.

— Et là, c’est quoi ?

                Un large sourire illumina le visage de l’aventurière.

— Ce massif montagneux impraticable ? C’est le Domaine des Anciens Dieux. Ils se sont exilés là-bas depuis des millénaires, n’en sortant que pour aider les peuples de Pangée à vaincre le Roi Noir. Et depuis ce jour, personne ne les a jamais revus. On dit que seul le Hérault des Dieux peut accéder à leur Domaine, mais je crois que je pourrais tout donner pour voir ne serait-ce qu’une minute à quoi tout ça ressemble… Enfin… Il est peu probable que les Anciens Dieux me choisissent comme Hérault, alors tant pi…

                Elle traça ensuite un cercle à l’Est de la carte et reprit.

— Là, c’est l’île du Royaume des Démons, là où se trouvent le château des démons où vit le Roi Noir, et le Pont du Destin, accessible uniquement depuis la salle du trône du château…

                Dave fronça les sourcils quelques instants avant de demander.

— Donc, pour détruire le pont et bloquer l’accès aux démons, le Hérault doit traverser l’île et le château tout en luttant contre la faune et la flore locale, se défaire du Roi Noir puis donner sa vie pour fermer le portail ?

                Astrid opina du chef et il reprit.

— Tout un programme, ça donne envie…

                La guerrière le fusilla du regard avant de répondre, une pointe de colère dans la voix.

— Parce que d’après toi, se sacrifier pour sauver le monde n’est pas une juste cause ?

                Dave ouvrit de grands yeux terrifiés tout en levant les mains devant lui.

— Ah non non ! Je n’ai surtout pas dit ça ! Simplement, je ne sais pas si moi j’en aurais la force, le courage et la détermination… Je ne suis pas un guerrier, moi… Je suis juste un type banal au possible qui essaye de vivre sans s’attirer d’ennuis…

                Astrid se détendit sans quitter Dave du regard.

— Tu sais, nous avons un dicton chez nous. Le meilleur moyen d’éviter un coup d’épée, c’est de frapper le premier. Tu devrais y réfléchir.

                Sans un mot de plus, elle reprit son morceau de viande dans lequel elle mordit à pleines dents sous le regard dubitatif de son comparse.

— Mouais… J’ai déjà du mal à lever une épée… Enfin, je crois que j’ai compris ce que tu voulais dire…

— Alors, tais-toi et mange. Nous devons nous coucher tôt, il nous reste beaucoup de marche.

— Oui madame…

                Cachée derrière sa viande, Astrid sourit en dévisageant le drôle de personnage dont elle s’était affublée.

— T’es vraiment quelqu’un de bizarre, Dave.

                L’intéressé haussa les épaules.

— Ce n’est pas le pire des qualificatifs qui ait été utilisé à mon égard.

                Astrid lui accorda alors toute son attention tandis que Dave, les yeux fixant les flammes du feu crépitant, reprenait.

— Dans mon… Village, j’étais le souffre-douleur de tout le monde… Il paraît que maintenant, je peux me révéler à moi-même et reprendre ma vie en mains, mais… Je ne sais pas vraiment par où commencer…

                Astrid acquiesça lentement avant de reprendre.

— Déjà, tu pourrais apprendre à te défendre, à défaut de te battre, non ? Quelque chose me dit que ça te sera utile avec le retour des démons.

— Oui, c’est vrai… Ce serait un bon début…

— Alors c’est entendu. Quand nous serons arrivés dans ma tribu, je t’apprendrais à utiliser correctement ton arme.

                Dave l’observa quelques secondes pour savoir si elle se moquait de lui, mais Astrid planta son regard dans le sien avant de reprendre.

— Si tu as cru que je te laissais le choix, tu te trompes. C’est réellement nécessaire. Et de ce que j’ai vu quand tu m’as sauvé, tu as quelques prédispositions. Maintenant, mange et allons nous coucher. Il commence à se faire tard.

                Dave acquiesça lentement avant de mordre dans sa viande, tandis qu’au fond de lui persistait l’impression de ne rien contrôler dans cette situation.

Le jour où je saurais comment intégrer une image au texte, vous aurez une belle carte en supplément

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