Apprendre à survivre

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               Ils marchèrent encore une journée avant d’atteindre la frontière entre l’Empire et la Nordie où ils passèrent la nuit dans une vieille auberge miteuse au bois vermoulu et aux paillasses odorantes, mais pourtant ce confort spartiate permit à Dave de se réveiller plus reposé que les jours précédents. Ils reprirent la route au petit matin, commençant à arpenter les steppes nordiennes, et à la fin du premier jour de marche Dave avait pu constater une grande évolution de l’environnement. Les plaines verdoyantes regorgeant de cultures et de vie animale avaient laissé place à des terres balayées par un vent froid sur lesquelles la culture semblait plus laborieuse tandis que la faune avait changé au profit d’animaux plus adaptés à la rigueur de l’environnement, et Dave ne peut retenir un murmure admiratif quand il vit passer une famille de renards des neiges totalement blancs à l’exception de la pointe de leurs oreilles et de leur queue qui étaient d’un noir profond. S’en rendant compte, Astrid l’avertit.

                — Oui, c’est joli, mais ici d’autres animaux essayeront de te dévorer.

                Dave la regarda avec de la peur dans les yeux tandis qu’elle continuait.

— Les loups géants, les tigres des glaces et les ours sont des prédateurs redoutables, et crois-moi, nous ne ferions pas le poids.

                Dave frémit de peur, mais continua sa marche silencieuse. À la tombée du jour, ils avisèrent une petite grotte peu profonde et semblant libre de tous prédateurs, et décidèrent d’y passer la nuit. Astrid installa les peaux de bêtes de leur tente pour colmater l’entrée et bloquer le vent froid avant de préparer le feu tout en s’adressant à Dave.

— Mémorise bien ceci, il ne faut jamais boucher le haut de l’entrée, pour que la fumée s’échappe. Sinon, tu mourras asphyxié dans ton sommeil.

— D’accord…

— Ensuite, il faut dormir collés l’un à l’autre pour se tenir chaud.

                Dave haussa un sourcil.

— Avec cette épaisseur de peaux de bêtes sur nous ?

                Astrid lui lança un regard en biais avant de répondre.

— Tu n’y connais rien en survie, hein ? Nous allons dormir nus dans les peaux de bêtes, avec nos tenues posées sur nos corps pour leur transmettre notre chaleur. D’où l’intérêt de dormir collés l’un à l’autre.

                Dave se raidit immédiatement.

— Nus ? Tu es folle ! C’est une blague, n’est-ce pas ?

                Astrid le dévisagea avec étonnement pendant quelques secondes avant de se mettre à rire.

— Bravo, tu as presque réussi à m’avoir ! J’ai failli y croire !

                Décontenancé, Dave hasarda.

— Croire quoi ?

                Astrid répondit entre deux éclats de rire.

— Que tu es encore puceau ! Bravo, quel talent d’acteur !

                Dave baissa honteusement la tête et Astrid s’arrêta immédiatement.

— Attends, tu es sérieux ? Tu n’as encore jamais connu de femme ?

                Dave se détourna en marmonnant.

— Je te l’ai dit, là d’où je viens, j’étais un souffre-douleur… Alors les femmes ne s’intéressaient pas vraiment à moi, bien au contraire…

— Pourtant tu es plutôt bel homme, et bien bâtis. Comment ça se fait ?

                Dave haussa les épaules.

— Je crois que c’est parce que je n’ose pas répondre… J’ai peur, et du coup je me laisse faire…

                Astrid haussa un sourcil étonné.

— Pourtant, je t’ai vu combattre, et tu ne semblais pas du genre à te laisser faire. Tu n’es certes pas un grand guerrier, mais tu y as mis tout ton cœur. Comment l’expliques-tu ?

                Dave soupira avant de prendre un bâton et attiser le feu de camps avec.

— Je n’avais pas vraiment le choix…

— Savoir t’a conseillé ?

— Pas vraiment. Elle m’a laissé le choix entre te sauver ou fuir.

                Astrid fronça les sourcils, perturbée.

— Alors tu avais le choix.

                Le joueur laissa échapper un rire.

— Bien sûr que non ! Quel homme je serais si je laissais une femme se faire violer puis tuer ? Je n’avais pas le choix…

                Astrid acquiesça lentement.

— Comme quoi tu n’es pas le lâche que tu prétends.

                Dave hésita. Comment aurait-il pu faire comprendre à Astrid qu’elle n’était qu’un personnage fictif, et que ce n’était pas tant sa mort qui dérangeait Dave, mais la perte d’un potentiel acolyte ? Alors il arrangea la vérité.

— C’était plutôt égoïste de ma part, en fait. Je sentais au fond de moi que je ne m’en sortirais pas tout seul. Te sauver était ma meilleure option.

                Il soupira et reprit.

— Oui, j’ai été très égoïste…

                Le visage d’Astrid s’était fermé pendant quelques secondes avant de répondre.

— Au moins, ta franchise est tout à ton honneur. Et ça aussi, ça demande du courage. Et puis, quoi que tu en dises, et même si tu dis avoir eu des motivations égoïstes, te jeter dans la mêlée au péril de ta vie était un acte très courageux aussi, voir même fou. Alors, relève la tête. Tu as agi en homme, continues dans cette voie.

                Dave la dévisagea avec étonnement et la guerrière lui sourit avant de reprendre.

— Allez, je pense qu’il est temps que tu apprennes à dépecer un lapin. Prends un couteau et une de nos proies, puis fais comme moi.

                Il opina du chef avant de s’équiper puis de s’asseoir aux côtés de sa coéquipière.

— Regarde. D’abord tu l’éventres en lui rentrant la lame dans le cul, et tu remontes jusqu’aux cotes, comme ça.

                D’un ample mouvement du bras, Astrid sépara le ventre de l’animal en deux de l’anus au sternum, laissant ses organes internes pendre, et Dave fit une moue écœurée avant de l’imiter plus laborieusement sous ses encouragements.

— Tu verras, ce n’est jamais qu’un coup de main à prendre, mais tu t’en sors bien. Maintenant, tu lui casses les quatre pattes à hauteur des genoux, comme ça !

                Il y eut un craquement osseux et Astrid brandit un morceau de patte antérieur séparé du reste du corps.

— Allez à toi !

                Dave se saisit d’une patte et força avant que le membre se divise, et il fut surpris de constater la facilité de la chose. Il sourit à Astrid et tous deux finir de démembrer leurs lapins. Quand ce fut fait, la jeune femme reprit son couteau continua ses explications.

— Tu glisses la lame entre la peau et la chair, en forçant un peu au besoin, tu fais pivoter le couteau à quatre-vingt-dix degrés et tu coupes en descendant jusqu’à avoir atteint l’éventrement.

                Elle fit une démonstration et Dave l’imita, la langue tirée sur le coteau gauche du visage, signe de concentration, tandis que l’odeur de viscères et de sang lui prenait le nez sans pour autant l’incommoder de trop. Une fois qu’ils eurent fini les quatre membres, Astrid reprit.

— Maintenant, tu prends la peau des pattes, et tu tires dessus pour la décoller. Et tu peux y aller de bon cœur, parce que ça ne se décolle pas facilement. Allez, vas-y.

                Le jeune homme hésita quelques secondes avant de s’exécuter, arrachant lentement la peau des muscles auxquels elle était rattachée jusqu’à avoir atteint la fin de l’éventrement. Il regarda alors Astrid et la vit arracher la tête avec le reste de la peau et blêmit.

— C’est répugnant… Et je n’aurais jamais la force…

Astrid lui lança un regard en coin avant de soupirer.

— Je connais des filles de ferme moins peureuses que toi. Allez, tires un coup sec.

                Vexé, Dave s’exécuta, arrachant la tête dans une giclée de sang qui lui recouvrit le visage sous le rire puissant d’Astrid.

— J’en ai dans la bouche… Arrête de te moquer de moi…

                Il s’essuya le visage comme il put à l’aide d’une manche de sa tenue tandis qu’Astrid continuait de rire avant de cracher au sol pour évacuer le sang de sa bouche jusqu’à ce que sa coéquipière lui donne une outre d’alcool.

— Tiens princesse, rince-toi la bouche.

                Dave s’en saisit en grognant qu’il n’était pas une princesse, mais Astrid ne l’écouta pas, lui tendant à la place un bâton en reprenant ses explications.

— Maintenant, tu finis d’arracher les viscères qu’on va balancer loin de la grotte, puis tu embroches le lapin et tu le mets au-dessus du feu.

                Dave positionna le pique comme la jeune femme le lui montra avant de l’accompagner à plusieurs mètres de la grotte pour jeter les entrailles encore gorgées de sang le plus loin possible. Quand ils revinrent dans leur logement de fortune bien chauffé par le feu de camp, Astrid reprit.

— Enlève-le haut de ta tenue. Transpirer ne servirait à rien d’autre que te déshydrater inutilement.

                Il obéit avant de la voir faire de même et ne put s’empêcher d’observer son corps du coin de l’œil. Son corps semblait bâti pour le combat tout en restant féminin, tout en muscles et en courbes, son ventre plat aux abdominaux dessinés rejoignant des hanches ni trop larges ni pas assez alors que sa poitrine aux seins lourds tenait dans une bande de tissus enroulée plusieurs fois en dessous et autour, tandis que les muscles saillants de ses bras se contractaient à chacun de leurs mouvements, le tout parcouru de quelques cicatrices, stigmates de sa vie d’aventurière. Quand Astrid le surprit, il rougit en détournant prestement la tête tandis qu’elle posait les mains sur ses hanches.

— Tu peux regarder, si tu veux. De toute façon, à moins de passer la soirée les yeux fermés, il y aura forcément un moment où tu me verras.

                Elle claqua ensuite ses mains l’une contre l’autre en s’écriant.

— Bon, si on mangeait ?

                Dave se dirigea avec elle vers le feu et elle lui tendit sa pique avant de s’asseoir. Sans cesser de regarder le sol, il s’assit à son tour avant de murmurer.

— Bon appétit.

— Toi aussi.

— Merci.

                Il mordit dans le lapin et en arracha une bouchée qu’il mâcha en s’exclamant.

— C’est bon !

      Succès déverrouillé : Cuistot — Cuisiner un plat

                Dave sourit sans rien dire, se contentant de finir son repas en l’agrémentant de quelques gorgées d’alcool avant d’imiter Astrid en jetant la pique de bois dans le feu. La jeune femme y ajouta trois bûches avant d’utiliser le reste de bois pour faire une pyramide au-dessus du foyer et quand elle eut fini elle se tourna vers Dave en souriant.

— Bien, voici le moment que tu redoutais tant. Tu es prêt ?

Dave se raidit, peinant subitement à déglutir tout en suant à grosses gouttes, en proie à une peur phénoménale tandis qu’Astrid rigolait.

— Rassure-toi, je ne vais pas te manger, nous allons simplement dormir. Et si ça peut te rassurer, même si je sais à quoi ressemble un corps d’homme, je n’ai jamais partagé ma couche autrement que pour dormir. Nous sommes sur un pied d’égalité.

                Dave bégaya avant de réussir à répondre.

— Bah, t’es quand même plus avancée que moi… C’est la première fois que je vois une femme aussi peu vêtue… Alors nue…

— Bien, bah il y a un début à tout.

                Elle défit la ceinture de son pantalon de cuir et de fourrures et le laissa tomber à ses chevilles, figeant Dave de stupeur tandis que son corps se révélait totalement à lui. Ses jambes étaient tout autant en muscles et courbes harmonieuses que le reste de son corps, mais ce qui troubla définitivement le jeune homme fut la toison blonde à l’entrejambe de la femme dont il ne pouvait se détourner.

— Bon, bah puisque tu ne sembles pas motivé pour te coucher, j’y vais toute seule.

                Elle ramassa ses affaires avant de se poser sur les peaux de bêtes et d’e les glisser à l’intérieur, offrant une vue totale à Dave sur ses fesses rebondies et son intimité tandis que l’adolescent ouvrait à chaque seconde des yeux plus larges tandis qu’une partie de lui se gorgeait de sang, quand enfin elle se glissa dans son lit de fortune en demandant.

— Tu comptes rester debout toute la nuit ? Allez, viens, tu as besoin de repos. Une dure journée nous attend demain.

                Dave respira de nombreuses fois pour essayer de calmer les tensions en lui, en vain. Au bout de plusieurs longues secondes, il s’avança vers la couche quand Astrid l’arrêta.

— Nu. Chaleur humaine, chaleur pas chère.

                Il soupira avant de s’exécuter à contrecœur, et alors qu’il s’avançait en tremblant vers le couchage, Astrid se retourna en souriant, les yeux rivés sur son érection.

— Eh bien, voilà un grand garçon…

                Pris de panique, Dave cacha son sexe comme il le put de ses deux mains en criant.

— Mais pourquoi tu fais ça ?

— Tu as regardé, j’ai regardé.

                Elle s’accouda avant de reprendre.

— Allez, j’arrête de t’embêter, je vois bien que ça te met mal à l’aise.

— Alors, retourne-toi !

                La jeune femme roula les yeux au ciel en soupira avant de se retourner, et Dave reprit sa progression lentement avant de se glisser dos à elle dans le couchage, soupirant de soulagement à l’idée que tout ceci se termine enfin, quand la voix d’Astrid s’éleva.

— L’un contre l’autre, ce n’est pas dos à dos, tu sais. J’aurais dû être plus claire, je pense. Dans les bras l’un de l’autre, ou l’un des deux dans les bras de l’autre. Peau à peau autant que faire se peut.

                Dave eut subitement envie de pleurer, mais se retourna pour faire face à Astrid souriante.

— Tu as le choix. Face à face, ou face à dos, à toi de voir. De toute façon, je crois qu’aucune position ne te conviendra, pas vrai ?

                Dave déglutit bruyamment et le sourire d’Astrid s’élargit.

— Bien, je vais décider alors. Bonne nuit.

                Elle se retourna et plaqua son dos contre son torse et son bassin contre le creux de ses hanches tandis que Dave priait silencieusement pour que son érection passe, en vain. Le corps chaud et la peau douce de la jeune femme l’empêchaient de penser à autre chose qu’à la montée de sève qu’il subissait tandis qu’elle se saisissait de son bras pour l’enrouler autour d’elle, le plongeant dans un mélange de terreur et d’extase, n’ayant jamais penser pouvoir un jour se trouver en compagnie d’une si belle femme, même vêtue et éloignée d’un mètre de distance. Plus d’une heure plus tard, après s’être répété plusieurs fois que tout ceci n’était que virtuel et inexistant, son érection finit par s’apaiser et Dave put enfin s’endormir contre le corps chaud d’Astrid, plongeant dans un sommeil réparateur qu’aucun rêve ne vint perturber.

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