Préparatifs

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                Le roi les conduisit devant la forge quand un homme à la barbe bien fournie et au tablier de cuir vint les rejoindre en courant.

                — Pardonnez-moi, mon roi. Le charpentier et moi-même étions en train d’évaluer le travail à faire sur votre demeure.

— Il n’y a pas de problèmes, Barn, et ma demeure n’est pas la priorité. Il y a des réparations à faire un peu partout dans le village. Mais surtout, il nous faudrait tes meilleures pièces pour ces deux braves.

                Il tendit le bras vers Dave et Astrid, et le forgeron fronça les sourcils.

— Astrid La Vagabonde, fille d’Ingrid La Guerrière Sans Peur, que fais-tu ici ? Et qui est cet étranger que tu as ramené chez nous ?

                Dave, qui ne s’attendait pas à un tel accueil, ouvrit de grands yeux étonnés avant de tourner la tête vers Astrid, la découvrant déçue.

— Bonjour Barn. Je constate que tu es toujours amer…

                Se penchant vers elle, Dave murmura.

— Il n’a pas l’air de te porter dans son cœur.

                Astrid lui répondit sur le même ton.

— Justement si, un peu trop. Il a demandé ma main, mais je l’ai éconduit. Je préférais parcourir le monde, et il n’a pas apprécié mon refus. Depuis, à chaque fois que je souhaite acheter ou vendre des armes et des armures dans le village, il ferme sa forge jusqu’à mon départ.

— Très mature…

                Barn croisa les bras sur son torse puissant avant de parler d’une voix puissante.

— Est-ce là ton compagnon ?

                Les yeux de Dave s’ouvrir plus grands encore alors que le roi intervenait.

— Astrid a deux dettes d’honneur envers cet étranger. Et dans la mesure où il s’est proposé pour pénétrer dans la grotte sacrée pour nous débarrasser des démons qui s’y sont réfugiés, je souhaiterais que tu les équipes de tes meilleures pièces.

                Barn fronça les sourcils avant de grogner.

— Je n’en ai pas envie. Je ne souhaite pas voir mes meilleures pièces perdues dans la grotte sacrée et aux mains de nos ennemis.

                Se tournant vers le roi, il reprit.

— Regardez mieux votre champion. Il a un corps chétif, ce n’est pas un guerrier !

                Le roi vint se coller à l’armurier avant de rugir en bombant le torse.

— Oserais-tu défier mon autorité ?

                Le forgeron bomba le torse à son tour en soutenant le regard du roi, un rictus mauvais au visage et les poings serrés, prêt à en découdre, avant de se détourner de lui.

— Si telle est votre volonté, mon roi. Venez.

                Barn fusilla Astrid du regard avant de se diriger vers sa forge, se saisir d’une grosse clé et déverrouiller la porte. Il entra ensuite, suivi de près par le roi, le grand mage, Astrid et Dave. Une fois devant les râteliers d’armes, il leur fit face et reprit.

— Astrid, je présume que tu continues à préférer les armes à deux mains ?

                La jeune femme opina du chef et Barn se tourna vers le râtelier le plus à gauche de tous pour y prendre un marteau de guerre qu’il lui tendit.

— Tiens, c’est plus lourd à manier que ton épée à deux mains, mais ça fait plus de dégâts à mon sens.

                Astrid s’en saisit en acquiesçant.

— Je te remercie.

                Il dévisagea ensuite Dave avant de reprendre.

— Entre ton équipement et ton corps de lâche, je me dis qu’une dague devrait suffire.

                Dave manqua de s’étrangler avant de brandir un majeur rageur.

— Le corps de lâche t’emmerde ! Sans mon intervention, combien d’entre vous seraient morts ? J’ai servi de cible humaine, connard ! Et si je n’étais pas là, qui irait déloger les démons de votre grotte à la con ?

                En un instant, Barn sortit une épée courte d’un râtelier et la pointe de celle-ci termina sous la gorge de Dave, pressant la pointe de sa lame contre la pomme d’Adam du joueur qui se crispa au même moment.

— Ne manque pas de respect à Guerre !

                Dave recula lentement de deux pas avant de répondre.

— Et toi, ne me manque pas de respect tout court. Bouffon.

                Barn arma le bras en criant, mais le coup fut stoppé par le marteau d’Astrid qui l’invectiva immédiatement.

— Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans le fait que lui seul peut entrer dans la grotte sacrée ? T’en prendre à lui, c’est mettre le village en péril !

— Il manque de respect à Guerre !

— Et toi à l’honneur du village en te montrant aussi agressif envers un invité qui est ignorant de notre culture ! S’il n’était pas lié à moi d’une quelconque manière, tu ne te comporterais pas de la sorte, et tu le sais !

— Écarte-toi, femme !

— Hors de question !

                Dave se tourna vers le roi, terrifié.

— Vous n’intervenez pas ?

                Celui-ci sourit tandis que Barn attaquait de nouveau.

— D’après vous, le devrais-je ?

— Bah oui ! On ne peut pas se permettre qu’Astrid soit blessée ! Votre forgeron, je m’en tape, mais pas Astrid !

— Alors, retournez-vous et soyez rassuré.

                Dave pivota sur lui-même juste à temps pour voir Astrid enfoncer le manche de son marteau de guerre dans l’estomac du forgeron avant de lâcher l’arme, de lui saisir la tête à deux mains et de lui écraser son genou sur le front. Barn tomba à la renverse, inconscient, sous le regard effaré de Dave qui intervint aussitôt.

— Mais pourquoi t’as fait ça ?

                Astrid le regarda, dubitative, avant de répondre.

— Il t’a attaqué, cette raison ne te suffit pas ?

                Dave cligna plusieurs fois des yeux avant de reprendre calmement.

— D’abord, j’aurais pu m’en tirer seul à mon sens. Ensuite… Il est sonné ! Comment il va nous donner de l’équipement maintenant qu’il est allongé sur son plancher ?

                La jeune femme haussa les épaules.

— Nous n’avons qu’à nous servir. De toute façon le roi lui a donné l’ordre de nous donner du matériel, pas de nous le vendre. Alors servons-nous, nous ne ferons qu’obéir au roi.

                Dave se tourna vers le roi et le grand mage, le premier souriant et le second acquiesçant lentement, avant de se voûter en murmurant.

— J’abdique… On n’a clairement pas la même culture…

— Visiblement non, princesse. Après tout, nous sommes des Nordiens, et toi un Empiréen. Viens, trouvons une épée pour toi.

                Elle entreprit de remonter les râteliers avant de s’arrêter devant l’un d’eux en souriant.

— Celle-ci devrait t’aller, non ?

                Elle lui tendit une épée en reprenant.

— Une épée plus longue que celle que tu as prise aux brigands, non ?

                Dave s’en saisit et fit quelques mouvements avec avant de répondre.

— Oui, ça devrait faire l’affaire. Il y a des boucliers ?

                Le roi intervint.

— Dans la réserve, avec les armures.

                Astrid le remercia avant de se rendre dans la pièce, suivie de peu par Dave, avant de s’arrêter devant des mannequins en bois rudimentaires.

— Voilà ce qu’il nous faut. Serre-toi, je vais chercher ce qu’il me faut de mon côté.

– Bien.

                Ils se dirigèrent vers les mannequins et commencèrent à chercher jusqu’à être satisfaits de leur équipement et se faire face.

— Ah, toi aussi tu as opté pour une armure de fer ?

                Astrid croisa les bras sur le plastron de son armure en souriant.

— Même si c’est plus lourd, c’est bien plus résistant que nos tenues de cuir et de fourrures. Crois-moi, ton dos appréciera.

                Dave acquiesça avant de se saisir d’un casque avec deux cornes sur les côtés et de le poser sur sa tête au même moment où Astrid lui tendait un bouclier en métal.

— De quoi j’ai l’air ?

                La jeune femme l’observa quelques secondes en portant deux doigts à son menton avant de répondre.

— Tu as l’air de quelqu’un qui veut se faire passer pour un Nordien… Il ne te manque que la carrure.

                Astrid s’esclaffa devant l’air vexé de son comparse avant de reprendre

— Je crois que tu as tout ce qu’il te faut, non ?

— Non. Je voudrais un nouvel arc aussi. L’arc court que j’ai convient pour la chasse, mais il manque de puissance et de portée.

                Astrid regarda autour d’elle avant de répondre.

— Je n’en vois pas… Je crois que tu vas devoir continuer avec celui-ci.

— Bien… Une dague, au cas où ?

                Astrid en saisit une sur un râtelier et la lui lança. Dave s’en saisit et l’intégra à son inventaire puis quitta la réserve pour retourner dans la forge auprès du roi et du grand mage. Celui-ci sourit en le voyant arriver avant de lui tendre un sac plus gros que celui qu’il possédait.

— Tiens, étranger. Il y a dedans plusieurs fioles de soin, je pense que ça te sera utile.

                Dave acquiesça tout en le remerciant avant d’échanger ce sac avec le précédent dans son inventaire, prêt à s’en aller, quand le grand mage l’arrêta d’un mouvement de la main.

— Tiens, prends ceci.

                Il lui sortit un rouleau de parchemin d’une manche de sa bure.

— C’est une carte, elle pourra t’être utile.

                Dave dévisagea le grand mage avant de répondre.

— La grotte est genre à cinq kilomètres de là… Pourquoi il me faudrait une carte ?

                Plus un seul personnage ne bougea, et après quelques secondes d’attente dubitative Dave soupira avant de se saisir de la carte.

— Vous êtes maintenant en possession d’une carte. Celle est déjà partiellement renseignée, et se complétera au fur et à mesure de vos explorations. Quand vous apprenez la localisation d’un lieu, celui-ci apparaît en blanc sur votre carte. Quand vous vous êtes rendu à un lieu, celui-ci apparaît en noir. Il vous est aussi dorénavant possible de vous déplacer automatiquement jusqu’à un lieu déjà exploré en regardant votre carte et en vous concentrant dessus. Chaque lieu dont vous connaîtrez l’emplacement, que vous l’ayez découvert ou non, apparaîtra désormais sur votre boussole en respectant le même code couleur que votre carte. Bonne exploration.

— Tiens, bah ça faisait longtemps que je ne t’avais pas entendu, toi…

                Le roi et le grand mage froncèrent les sourcils tandis qu’Astrid s’extasiait.

— Savoir t’a encore parlé ?

                Les deux hommes dévisagèrent Dave avec étonnement tandis que celui-ci se voûtait, puis le grand mage demanda.

— Mon garçon, tu entends la déesse Savoir te parler ?

                L’intéressé lança un bref regard au vieil homme encapuchonné avant de soupirer.

— J’entends une fois me guider et me donner des conseils, ça ne signifie pas que c’est Savoir. Astrid s’enflamme, c’est tout.

                Le roi se tourna vers la guerrière.

— Tu peux prendre feu ?

— Non !

                Dave soupira de nouveau.

— Non, elle ne prend pas feu… C’est une expression pour dire qu’elle est trop enthousiaste, c’est tout… Rien ne nous permet d’affirmer que c’est Savoir…

                Astrid le coupa.

— Mais tu as dit que cette voix était celle de la déesse des tutoriels !

                Sentant la conversation lui échapper, Dave roula les yeux au ciel avant de répondre.

— Écoute, si Guerre me parle dans la grotte, alors nous dirons que tu as raison, OK ? Mais là, il faudrait qu’on y aille.

                Un grognement s’éleva du plancher et le roi indiqua.

— Barn se réveille. Laissons-le digérer son humiliation et allons vous trouver des chevaux. Venez.

                Dave attrapa Astrid par le bras et lui murmura à l’oreille.

— Mais je ne sais pas monter à cheval, moi.

                Elle le regarda sans être surprise avant de répondre.

— Je suis prête à parier que pour ça aussi tu as un talent naturel. Allez, viens.

                Le roi les guida jusqu’aux écuries où plusieurs montures déjà sellées les attendaient, et Astrid se dirigea sans hésiter vers une jument à la robe alezan* tandis que Dave se dirigeait précautionneusement vers un cheval à la robe champagne* et lui tendit la main ouverte et paume vers le haut. L’animal y déposa le museau avant de souffler un grand coup et Dave sourit.

— Il ne m’a pas mordu, ça doit être bon signe.

                Astrid soupira.

— Tu parles d’un paysan… Bon, tu montes, ou il te faut de l’aide ?

                Elle mit le pied à l’étrier gauche de la jument et se hissa sans difficulté sur la selle avant de dévisager le jeune homme. Celui-ci, penaud, essaya de l’imiter en vain, manquant de tomber par trois fois avant que deux Nordiens à la forte stature l’aident à s’installer sous les rires du roi, du grand mage et d’Astrid.

— Et dire que c’est toi qui es supposé nous venir en aide.

— Je te dirais volontiers des choses désagréables, Astrid, mais je vais m’abstenir parce que j’ai besoin de ton aide.

                Pendant la tête vers les rennes, il reprit pour lui-même.

— Bon, alors ça, c’est le volant… Où sont l’accélérateur et le frein ?

— Pour faire avancer votre cheval, tapez ses flans de vos talons. Une fois pour le pas, deux fois pour le trot, trois fois pour le galop. Pour tourner, tirez les rennes du côté vers lequel vous souhaitez tourner. Pour vous arrêter, tirez les rennes vers vous.

                Dave leva les yeux au ciel et Astrid s’écria.

— Savoir vient de t’apprendre à monter à cheval !

— Mais pitié, arrête…

                Le roi vint se placer à hauteur du cavalier et lui prit le bras.

— Étranger, le village tout entier compte sur toi. Revenez-nous vivants, et nous célébrerons votre victoire par un grand banquet !

                Dave le dévisagea en pinçant les lèvres.

— Je vais faire ce que je peux, mon roi…

                Il mit un coup de talons au cheval qui se mit en route.

                Succès débloqué : Cavalier — Monter un cheval

— Sérieusement…

                Astrid s’enthousiasma, mais il la coupa d’un index rageur.

— Je ne veux rien entendre au sujet de Savoir ! Je veux juste qu’on accomplisse notre quête, c’est tout !

                La jeune femme grogna avant de marmonner.

— Quel casse-pieds…

— Je t’entends, hein, tu es juste à côté de moi…

— Je m’en moque !

                Sans un mot de plus, elle partit au galop en arrachant un soupir à Dave qui dut se résoudre à la poursuivre.

L’alezan consiste en des poils et des crins dans des tons fauve, marron à roux, sans aucun poil noir. On distingue l’alezan, l’alezan cuivré quand les poils et les crins sont dans des tons roux, et l’alezan foncé quand les poils et les crins sont dans des tons marron. L’alezan brûlé consiste en des poils et des crins de la couleur du café torréfié ; il fait bien partie des robes alezanes et n’est pas le résultat de l’action d’un gène supplémentaire. La peau est noire, et les yeux foncés. Il s’agit de la plus fréquente des robes de base du cheval.

Gène champagne : Ce gène, extrêmement rare, agit sur la couleur des poils, des crins et des yeux ainsi que sur la pigmentation de la peau. À la naissance, les poulains champagne possèdent une peau rose et des yeux bleus. En grandissant, leur peau développe de petites taches sombres et leurs yeux deviennent verts ou noisette. Les chevaux porteurs de ce gène présentent souvent des pommelures et un reflet métallique. Il existe plusieurs cas de figure selon que le cheval possède ou non en plus du gène champagne un gène crème, et selon la famille de robe de base à laquelle le cheval appartient.

Si le cheval appartient à la famille des alezans, il s’agit d’un champagne or. Cette robe est très proche du palomino, mais la peau est rose avec de petites taches et les yeux sont clairs. Si le cheval appartient à la famille des noirs, sa robe est champagne classique, intermédiaire entre l’isabelle et le souris. Leurs crins sont brun foncé plutôt que noirs, la peau rose à taches et leurs yeux clairs. Si le cheval est bai, la dénomination est champagne ambre, robe la plus proche de l’isabelle avec cependant des crins plus bruns que noirs, la peau rose avec des taches et les yeux clairs.

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