Agir en vrai guerrier
— Dave… Debout, Dave.
Le jeune homme, affalé sur la table contre laquelle il s’était endormi, grogna.
— Ne parle pas si fort Astrid, j’ai mal au crâne…
La guerrière se retint de rire.
— Je ne fais que murmurer. Mais tu as trop bu, surtout pour quelqu’un qui n’en a pas l’habitude…
— J’ai la gueule de bois
Succès déverrouillé : Une bonne gueule de bois — Boire cinq fûts de cervoise
Dave soupira.
— Tant que ça ? Je ne les ai pas vu passer…
Astrid sourit.
— Tu parles encore à Savoir ?
— Ouais… Elle me dit que j’ai bu cinq fûts… J’ai la nausée…
— Tiens, bois ça.
Elle posa une petite fiole au liquide mauve sur la table et Dave fronça les sourcils.
— De l’alcool ? Tu me suggères de combattre le mal par le mal ?
La jeune femme rigola, ce qui vrilla le crâne de son acolyte.
— Du tout. Je savais ce qui t’attendait, alors j’ai demandé au grand mage de te préparer une de ses décoctions. Bois-la, et en quelques minutes les effets de tes excès se seront dissipés. Allez.
Dave se redressa lentement de sa chaise et tout autour de lui se mit à tourner tandis que son estomac se révulsait. Il parvint néanmoins à en garder le contrôle et avança lentement sa main vers la fiole, s’y reprenant à deux fois pour s’en saisir. Il la déboucha ensuite avant de la porter lentement à ses lèvres pour en boire le contenu en grimaçant.
Succès déverrouillé : Médecin — Boire une potion ou lancer un sort de soin
— Pourquoi ça a un goût de poisson ? Ça me donne encore plus envie de vomir…
Astrid haussa les épaules.
— Je n’en sais absolument rien. Repose-toi un peu, ça va bientôt faire effet.
— Il est beau le champion !
Astrid se retourna d’un coup tandis que Dave tournait lentement la tête vers l’entrée de la salle pour y découvrir Barn se tenant droit, les bras croisés sur son torse imposant et le regard sévère. Dave s’affala sur le dossier de sa chaise tandis qu’Astrid criait.
— La leçon que je t’ai donnée hier ne t’a pas suffi ? Tu en redemandes ?
— Je viens défier le champion. Ainsi, les gantelets, son titre et sa quête me reviendront ! Il n’y a qu’un Nordien qui puisse être béni par Guerre.
La guerrière bomba le torse.
— Soit ! Du fait de ma dette d’honneur, je relève le défi en son nom.
Dave lui saisit le bras.
— Non Astrid. C’est à moi de le faire.
Elle le regarda avec un mélange de peur et d’interrogation dans le regard avant de demander.
— Tu es sûr de toi ?
— Non. Mais relever un défi, c’est ce que ferait un vrai guerrier, pas vrai ? Alors je dois prouver que je suis effectivement digne d’être le champion de Guerre.
Il se leva lentement de sa chaise, heureux de ressentir enfin les effets de la potion qu’il avait bue, avant de se redresser de toute sa stature.
— Je relève ton défi, Barn.
Le forgeron afficha un sourire prédateur avant de répondre.
— Bien. Alors, suis-moi sur la place du village, freluquet.
Dave se mit en route avant d’être arrêté à son tour par Astrid.
— As-tu la moindre idée de ce qui t’attend ?
Dave haussa les épaules.
— En toute logique, on va se foutre sur la tronche…
— Barn n’est pas simplement le forgeron du village. Son travail a fait de lui un monstre de puissance, on l’appelle Barn Cogne-Dur. Je ne connais pas grand monde qui n’ait pas été assommé en un seul coup de poing.
— Ce qui explique pourquoi tu as frappé la première hier. Bien, bah, je sais ce qu’il me reste à faire. Frapper vite et ne pas prendre de coup en retour…
— Ne prends pas ça à la légère, Dave !
Le joueur planta un regard sévère dans celui apeuré de sa comparse avant de répondre.
— Fais comme dans la grotte. Fais-moi confiance. Je commence à avoir une idée très nette de ce qui m’attend à court, moyen et long terme. Alors, autant faire mes preuves dès maintenant. S’il te plaît.
Elle le dévisagea quelques secondes en pinçant les lèvres, se remémorant son comportement dans la grotte et la victoire qu’il leur avait apportée, puis lui lâcha le bras.
— Que Guerre veille sur toi.
Dave leva les bras en exhibant ses bracelets de force et en souriant.
— Il veille déjà sur moi, mais merci… Princesse.
Astrid lui lança son regard le plus noir avant de sourire.
— C’est de bonne guerre. Va, le village t’attend.
Le joueur acquiesça avant de se mettre en chemin, la jeune femme avançant quelques pas derrière lui, puis ils sortirent de la salle pour arriver sur la place du village où de nombreux villageois avaient formé un arc de cercle autour de la sortie du bâtiment et de la place au milieu de laquelle se tenaient Barn et le roi Wulfrich. Une ovation accueillit le champion de l’Ancien Dieu et celui-ci la savoura quelques instants avant que le roi lève les bras pour imposer le silence. Quand celui-ci fut revenu, il parla de sa voix la plus forte.
— En ce jour, Barn Cogne-Dur a lancé un défi à Dave, Champion de l’Ancien Dieu Guerre, pour lui disputer son titre, son artefact et sa mission divine. Champion, relèves-tu le défi ?
Dave s’avança silencieusement jusqu’à se tenir face à Barn qui le toisa de haut avant de répondre.
— Je relève le défi en personne. Je ne prends pas de champion, car c’est ainsi qu’agit un vrai guerrier. Guerre choisira lui-même qui est le plus digne de le représenter.
Barn afficha un nouveau sourire prédateur avant de répondre.
— Et l’affaire sera bientôt entendue.
Il se détourna de lui puis s’éloigna de trois pas et Dave en fit autant avant de se retourner pour lui faire face. Barn ôta sa chemise, révélant un corps taillé pour le combat et parsemé de cicatrices dont il fit rouler les muscles et Dave l’imita, dévoilant le corps musclé qu’il avait choisi comme avatar, au torse balafré en diagonal et au dos portant encore la marque de l’attaque des démons, mais garda les bracelets de Guerre. Son torse était moins large et musclé, mais semblait plus vif et réactif que celui du forgeron qui semblait uniquement capable de cogner fort, et Dave se dit une fois encore qu’il devait immédiatement prendre l’initiative du combat alors que le roi reprenait.
— Ce combat se fera à mains nues, jusqu’à ce que l’un d’entre vous ne soit plus en mesure de combattre.
Il tira son épée, la brandit vers le ciel et reprit.
— Prêts ?
Il abaissa ensuite son épée en vitesse en criant.
— Combattez !
Dave se mit en garde en observant Barn faire de même et analysa sa position. Son adversaire lui rappelait Bobby quand il boxait, et il connaissait les limites de ce type de combat. Son adversaire n’utiliserait en théories pas ses jambes pour autre chose que se déplacer. Il s’approcha alors de lui lentement, pas après pas, et chaque centimètre parcourut fit grandir le sourire du forgeron.
— Alors champion, tu hésites ?
— Disons que je n’ai pas envie de vérifier si tu portes bien ton surnom. Dis-moi, il est joli ton pantalon, c’est ton mari qui te l’a offert ?
Le sourire de Barn devint une grimace tant que quelques rires s’élevaient dans l’assistance, aussi Dave continua-t-il en essayant de contrôler sa peur et dissimuler ses tremblements.
— Allez, une belle rousse comme toi, ça doit plaire aux hommes, non ?
Les rires se firent plus nombreux alors que barn s’avançait d’un pas déterminé.
— Mais c’est peut-être pour ça qu’Astrid t’a repoussé… Elle voulait d’un homme, un vrai. Tu sais que j’ai passé plus de nuits nu contre elle que toi ?
Le barbu courut vers sa cible en écartant les bras et en rugissant, et alors qu’il allait le saisir Dave s’accroupit en frappant de toutes ses forces dans son ventre de son poing droit, stoppant le colosse dans sa charge furieuse, avant de se relever en secouant la main.
— Putain la vache ! Ça fait mal !
Barn sourit avant de répondre.
— Maintenant, je vais te faire très mal !
Il saisit Dave par les cheveux et le tira à lui avant de lui asséner plusieurs coups de tête sur le front, et quand il relâcha le jeune homme, celui-ci tituba sur quelques pas avant de tomber en arrière, le front en sang, alors que le forgeron levait les bras en clamant sa victoire sans que le public l’acclame pour autant.
— Ce n’est pas fini, la rouquine…
Le Nordien se retourna pour trouver Dave toujours conscient et se relevant lentement. Il poussa alors un nouveau rugissement avant de le frapper du pied en plein torse et le renvoyer au sol. Dave roula sur lui-même, emporté par l’élan, avant de s’accouder sur la terre et cracher par terre. Il recommença à se lever avant de reprendre d’une diction mal assurée.
— Sérieusement, tu ne peux pas faire mieux ? Conge-Dur, mon cul… Un gringalet comme moi se relève, alors tu ne dois pas frapper si fort… En fait, Astrid avait raison, tu frappes comme une princesse…
Le roi jeta un bref regard à la jeune femme qui murmura à son intention.
— Je lui ai dit l’exact opposé, promis.
Les deux guerriers coururent l’un vers l’autre en armant leurs bras, mais au moment de les lancer, Dave se jeta dans les jambes du forgeron qui trébucha et chuta lourdement en avant. Le souffle coupé, il mit plus de temps que son adversaire pour se relever, et Dave en profita pour se placer derrière lui et lui asséner un violent coup de poing dans les côtes puis recommencer trois fois de plus.
— T’aimes ça ? Avoue !
Barn tenta de s’en débarrasser d’un puissant coup de coude qui n’atteint pas sa cible, et Dave revint à la charge, frappant de fois de plus en arrachant un cri de douleur à son adversaire.
— Je suis peut-être moins fort que toi, mais je suis visiblement plus malin et plus déterminé.
Barn se redressa précipitamment en pivotant sur lui-même et son poing manqua de peu le visage du jeune homme tandis qu’il hurlait.
— Tu parles trop !
— Bien sûr ! Comment je dissimule ma peur sinon ?
Barn s’immobilisa, surpris, avant de demander.
— Tu as peur ?
— Je suis mort de trouille tu veux dire.
Le forgeron fronça ses épais sourcils.
— Alors pourquoi te bats-tu ?
— Parce que c’est ce que ferait un vrai guerrier, qui plus est béni par Guerre. Je n’ai pas le choix…
— Bien, alors je vais vite en finir et offrir à mon dieu un champion digne de ce nom !
Il s’avança de nouveau et Dave sentit sa dernière heure arriver en même temps qu’il ancrait ses pieds dans le sol, prêt à recevoir la charge, quand il sentit une immense puissance grandir en lui. Barn jeta ses mains en avant pour se saisir de Dave, et celui-ci les attrapa des siennes pour l’immobiliser. Ils restèrent ainsi à pousser chacun de leur côté tandis que les villageois retenaient leur souffle devant le guerrier tenant tête au colosse, jusqu’à ce que ce dernier commence à reculer. Dave parvenait subitement à le repousser et ressentait chaque seconde sa puissance croître encore jusqu’à ce qu’il oblige le forgeron au regard paniqué à mettre un genou à terre.
— Mais comment fais-tu ?
— Je suis le champion de Guerre !
Il lui tordit les bras jusqu’à lui arracher un hurlement de douleur avant de le lâcher et d’armer le poing droit pour lui asséner le plus violent coup qu’il puisse, et alors que le corps de Barn volait jusqu’à s’écraser sur le porte du hall de la victoire. Quand le forgeron glissa contre le sol, Dave l’observa quelques secondes avant de reporter son attention sur son poing.
— Comment j’ai fait ça, moi ?
Subitement des hurlements de joie s’élevèrent alors que le roi s’approchait de lui pour poser sa main sur son épaule.
— Bravo, Dave, tu viens de découvrir la puissance des gantelets de force de Guerre, en agissant en vrai guerrier.
Le jeune homme le dévisagea quelques secondes avant de murmurer.
— Le combat est fini ?
Le roi observa Barn avant de dévisager Dave.
— Je ne pense pas que ton adversaire soit en mesure de se relever.
Il se détourna du jeune homme et reprit.
— Nordiens, vous êtes témoins ! Guerre l’a bel et bien choisi !
Les acclamations reprirent de plus belle tandis qu’Astrid courait vers Dave.
— Tu as été épatant !
Essuyant son front ruisselant de sang, Dave marmonna en s’asseyant.
— Tu parles… Sans l’aide de Guerre, je me serais fait croquer…
— Non, pas ça, idiot ! Te relever après ses coups, encaisser sans baisser les bras, et le pousser à bout en le comparant à une femme, bravo.
La tête lui tournant après les coups reçus, Dave grogna.
— J’ai juste fait comme toi avec moi… Dis, c’est grave si je m’évanouis ?
La jeune femme sourit avant de passer le bras du héros par-dessus ses épaules.
— Allez, viens avec moi, nous allons voir ce que le grand mage peut faire pour toi.
Astrid entraîna Dave titubant à travers la foule qui le félicitait jusqu’à atteindre la maison du grand mage. Une fois à l’intérieur, elle coucha le jeune homme par terre avant de refermer la porte.
— Allez, Dave, courage. Il va s’occuper de toi dès qu’il sera revenu.
Comme il ne répondit pas, elle se tourna dans sa direction pour le découvrir inconscient et sourit en le regardant respirer lentement avant de sourire.
— Quel drôle de champion tu fais…
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