La capitale Empiréenne

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                Le jour du départ arriva, et Astrid et Dave s’en allèrent au pas, ménageant leurs montures en prévision des deux semaines de trajet qui les attendaient, chevauchant côte à côte en savourant la douceur du soleil levant, les yeux mi-clos et de légers sourires aux lèvres.

                — Alors ? Est-ce que ce n’est pas plus agréable de partir à deux et bien équipés que tout seul ?

                Dave ricana doucement.

— Ce n’est pas tant le fait d’être à deux, c’est surtout le fait d’être avec toi.

                Astrid dévisagea son compagnon de quête quelques instants, dubitative, avant de demander.

— Pourquoi avec moi ? En quoi est-ce si important ?

                Le sourire de Dave s’étira.

— Par chez moi, on a un adage qui dit qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné. Mais être bien accompagné, c’est encore mieux. Et j’aime…

                Dave se reprit et corrigea.

— J’apprécie ta compagnie.

                Le sourire d’Astrid s’étira à son tour.

— Moi aussi, j’apprécie ta compagnie, Dave. Aussi bizarre et original que tu puisses être.

                Dave rigola.

— C’est dingue, mais plus le temps passe, et moins ça ressemble à une insulte.

— Ça tombe bien, ce n’en est pas une.

                Elle lui mit une petite tape sur l’épaule et reprit.

— Et puis, à tout t’expliquer, j’ai l’impression d’être la déesse Savoir, ce qui est agréable.

                Les deux cavaliers s’échangèrent un sourire complice avant de recommencer à profiter du soleil. Ils chevauchèrent ainsi toute la journée, mangeant quelques morceaux de viande séchée aux environs du déjeuner sans descendre de leurs montures, ne s’arrêtant qu’à la nuit tombée et après avoir trouvé une auberge qui, bien que miteuse, leur offrit du confort pour la nuit.

                Ils continuèrent ainsi deux jours de suite avant de franchir la frontière entre la Nordie et l’Empire et accéder à des auberges de meilleure qualité à mesure qu’ils se rapprochaient de la capitale. Au matin du treizième jour, Dave s’arrêta sur le pas de la porte en poussant un murmure stupéfait, quand Astrid vint le rejoindre en le dévisageant.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

                L’adolescent tendit un index devant lui pour guider le regard de la jeune femme qui regarda dans la direction indiquée et sourit.

— Donc, j’en déduis que tu n’es jamais allé dans la capitale. Oui, c’est très beau, je te l’accorde. Mais ça veut aussi dire qu’il ne nous reste qu’une demi-journée de trajet.

                Au loin, dans la direction indiquée par l’apprenti aventurier se dessinait une citée aux hautes fortifications surmontées d’une tour s’élança dans les cieux et se dessinant dans le soleil levant que Dave n’avait pu voir la nuit dernière en arrivant à l’auberge.

— Une demi-journée ? Mais ça doit être immense, alors, vu comme on les voit de loin…

                Astrid acquiesça.

— Les remparts mesurent plusieurs centaines de mètres de haut, et la tour de Sol est réputée pour mesurer plusieurs kilomètres.

— C’est impressionnant…

— Je te l’accorde. Mais bon, si j’ai bien compris ce que t’a dit notre grand mage, c’est dans le sous-sol que nous devons nous rendre. Tu penses qu’il faudrait essayer quel chemin ?

                Dave réfléchit en se rendant à son cheval.

— Je serais tenté de dire qu’on devrait essayer de passer par le temple, mais de nuit. La salle du trône comme la chambre de l’empereur, de jour comme de nuit, me semblent trop compliquées… Nous ne sommes pas des professionnels de l’infiltration et de la furtivité…

                Astrid acquiesça.

— Sage décision. Je ne sais pas si tu as réfléchi ou si tu as été guidé par une forme de couardise, mais cette idée me semble être la meilleure des trois.

                Dave haussa un sourcil.

— Couardise ? T’es dure…

                Astrid monta en selle en rigolant.

— Ton sens de l’autodérision laisse vraiment à désirer. Tu es aussi susceptible qu’une…

                Dave la coupa.

— Si tu dis princesse, ça va mal se passer.

                Astrid acquiesça.

— C’est ça, aussi susceptible qu’une princesse.

                Dave la fusilla du regard, ce qui la fit rire, avant de manquer de tomber en essayant de monter en scelle à son tour, et les rires de la jeune femme redoublèrent d’intensité tandis qu’il se stabilisait sur la scelle.

— Qui sait, peut-être qu’un jour, tu ne te moqueras plus de moi à chaque opportunité…

— C’est mal parti, mais, d’un autre côté, tu pars d’un niveau tellement bas que tu ne peux que progresser.

                Dave afficha un petit sourire en coin en repensant aux niveaux d’expérience qu’il avait acquis ces derniers jours, ainsi qu’à l’évolution de certaines de ses statistiques, et se prit à espérer progresser encore assez et suffisamment vite pour que ce jour arrive bientôt.

— Bientôt, tu verras, je serais reconnu par tout le monde.

                Astrid rigola de nouveau.

— Si cette situation se réalise, je m’engage à devenir ta femme.

                Dave ouvrit de grands yeux stupéfaits avant de se tourner lentement vers la Nordienne.

— Je te demande pardon ?

— Tu as bien entendu. Si tu deviens l’homme le plus reconnu du monde, j’accepte de t’épouser.

                Dave reporta son regard vers la capitale en soupirant.

— Tu racontes vraiment n’importe quoi… Allez, en avant.

                Il éperonna son cheval, vite imité par Astrid, et ils prirent la route vers la capitale qu’ils atteignirent aux environs du déjeuner. Ils s’arrêtèrent alors à une auberge, et Dave demanda à prendre une chambre pour trois jours. Astrid le regarda sans comprendre, mais ne dit rien jusqu’à ce qu’ils s’y soient enfermés.

— Pourquoi trois jours ?

                Dave lui sourit.

— On va prendre le temps de faire du repérage de jour comme de nuit, voir si les chemins d’accès sont libres ou non, comment se passent les tours de garde et repérer d’éventuelles voies de repli. Se jeter dans la gueule du loup en aveugle serait idiot et suicidaire.

                Astrid acquiesça lentement.

— En effet, c’est très malin.

                Dave sourit.

— En revanche, il va falloir revoir notre équipement. Les armures de métal risquent de faire trop de bruit…

— Mais, on n’a pas de quoi acheter de nouvelles tenues… On a à peine eu de quoi payer notre séjour ici…

                Dave pinça les lèvres quelques secondes avant de répondre.

— Qui sait, on va peut-être trouver une solution en ville…

                Astrid pencha légèrement la tête sur le côté.

— Tu ne suggères pas de jouer le pickpocket, j’espère ?

                Dave s’exclama.

— Quoi ? Jamais de la vie ! Je ne sais pas, je n’ai pas d’idées… J’espère juste trouver quelque chose en ville… Allez, viens.

                Ils quittèrent leur chambre qu’ils verrouillèrent derrière eux avant de descendre dans les rues de la capitale et avancer en direction du temple de Sol. Ils marchaient depuis de nombreuses minutes quand Astrid arrêta Dave en le saisissant au bras. Il se tourna vers elle et la découvrit extrêmement souriante.

— Dave, je crois que j’ai trouvé la solution à notre problème.

                Elle lui indiqua une petite place d’un mouvement de la tête, et Dave regarda dans la direction pour y découvrir un attroupement haranguant deux hommes qui s’affrontaient tout en pariant sur le potentiel vainqueur. Le jeune soupira alors.

— Sérieusement ? Tu ne crois pas que j’ai suffisamment souffert avec ton forgeron ?

                Astrid le regarda avec surprise avant de répondre comme s’il venait de sortir une ineptie.

— Pas toi. Moi. L’idée, c’est de gagner, pas de simplement participer. Allez, viens.

                Elle s’en alla sous le regard surpris de son coéquipier qui trotta pour la rejoindre tandis que l’un des deux combattants, un humain athlétique, s’écroulait et que son adversaire, un demi-orque tout en muscles, levait les bras au ciel en hurlant sa victoire. Les parieurs s’échangèrent les sommes engagés tandis qu’un petit homme assez gros et richement vêtu s’adressait à la foule.

— Alors, braves gens, qui se croit capable d’affronter Garkut ? Cinquante pièces d’or à celui qui en sort victorieux, je dis bien cinquante pièces d’or !

                Il y eut de nombreux murmures dans l’assistance sans que personne ne se porte volontaire pour autant.

— Allons, messieurs… Personne pour sauver l’honneur des hommes face à un demi-orque ?

— Moi, je vais le faire.

                Tous les spectateurs se tournèrent vers Astrid avant de rire tandis qu’elle s’avançait avec détermination. Le gros homme richement vêtu sembla embêté.

— Écoute, ma jolie, ce sont des vrais combats, tu risques d’être blessée… Laisse faire les hommes, tu veux bien ?

                Astrid regarda autour d’elle avant de pouffer.

— Je ne vois pas d’hommes, je ne vois que des poules mouillées.

                Refaisant face au petit gros, elle reprit en posant les mains sur les hanches.

— Je veux affronter ton combattant.

                Le demi-orque vint les rejoindre et poussa son comparse du coude.

— Laisse-la faire, Valmir. Ça fera une distraction comique au public.

                Astrid haussa un sourcil.

— Oh, ça oui, ils vont bien rire quand je vais t’envoyer au tapis.

                Valmir et Garkut ouvrirent de grands yeux avant de rire, et Valmir répondit.

— Très bien. Mais ne viens pas te plaindre après.

                Astrid frappa dans ses mains tandis que Garkut partait à l’autre bout du cercle et que Valmir s’écriait.

— Nous avons une nouvelle candidate. Une jeune femme plus courageuse que vous. Ou plus bête, c’est selon. Compte tenu de son gabarit, la côte est de vingt contre un pour Garkut. Envoyez les paris !

                Astrid se pencha vers Dave et lui tendit deux pièces d’or qu’elle sortit de son gantelet gauche.

— Va miser ça sur moi. Vu la côte, quand j’aurai gagné, ça nous rapportera quarante pièces d’or. Additionnées aux cinquante pièces d’or de la victoire, nous devrions pouvoir nous équiper.

                Dave acquiesça et alla voir le bookmaker tandis que la Nordienne retira son armure de métal pour rester en pantalon de cuir et chemise de lin, puis fit jouer ses muscles pour s’échauffer alors que Valmir s’écriait.

— Allez, encore quelques secondes avant le début du combat. Je rappelle que, si par miracle, la jeune fille gagne, elle empochera cinquante pièces d’or.

                De nombreux commentaires s’élevèrent de la foule tandis qu’Astrid et Garkut se faisaient face en se mettant en garde, quand Valmir lança le combat.

                Garkut lança les poings sans atteindre sa cible, Astrid se fendant à chaque fois pour éviter les coups avant de le frapper par trois fois dans les côtes flottantes gauches en lui arrachant un grognement de douleur.

— Tu es rapide, bravo. Mais ne va pas t’imaginer que je vais te ménager parce que tu es une femme.

                Astrid sourit.

— J’allais te dire exactement la même chose.

                Le visage de Garkut passa de la stupeur à la colère en quelques secondes, et il se remit à frapper, en vain. Au mieux Astrid esquivait les coups, au pire elle les parait, et le demi-orque dut vite admettre que le combat serait moins facile qu’il ne le pensait. Astrid le laissa attaquer et s’exciter tout seul, donnant du spectacle aux parieurs qui commençaient à regretter leur choix, quand un uppercut la frappa dans les côtes flottantes en lui arrachant un glapissement de douleur et l’envoyait au tapis. Valmir commença le décompte, mais la jeune femme se releva très vite tout en lançant un clin d’œil à Dave qui la regardait sans comprendre le jeu auquel elle jouait. Garkut repartit à la charge, et après de longs enchaînements un crochet la frappa à la tempe et l’envoya à terre une seconde fois sous les ovations du public. Valmir reprit le décompte, et Astrid mit plus de temps à se relever, avant de tituber légèrement, tandis que la côte des paris évoluait en temps réel en faveur du demi-orque qui repartait à l’assaut au moment où Valmir annonçait une côte à cent contre un pour Garkut, et son exact opposé pour Astrid.

                La jeune femme se redressa alors, et plus rien dans son maintien ne pouvait laisser supposer qu’elle avait déjà été mise au tapis par deux fois, et Garkut s’arrêta dans sa charge avant de reculer, perturbé par cette évolution soudaine. Astrid sourit tout en avançant vers son adversaire avant d’armer le poing droit puis de le lancer en poussant un puissant cri de guerre, et atteignit le demi-orque sur la tempe gauche. Garkut se redressa, les yeux révulsés, et tituba quelques secondes avant de basculer en arrière sous les regards incrédules du public. Valmir s’approcha de lui lentement et tenta de le ramener à lui jusqu’à ce qu’Astrid se penche vers lui.

— Tu te mets à compter ou je te réserve le même sort. Compris ?

                Le petit gros la dévisagea avec effroi avant de se mettre à compter sans que Garkut ne revienne à lui, et Astrid fut déclarée vainqueur du duel. Cinq minutes plus tard, elle quittait la place aux côtés de Dave en jouant avec une bourse pleine à craquer tandis que le joueur s’exclamait.

— Comment tu as pu te relever ? Je l’ai vu te cogner comme un sourd. Je t’ai vu tomber… Je sais qu’il t’a fait mal…

                Astrid lui sourit.

— Oh, tu t’es inquiété pour moi ?

                Dave s’exclama.

— Bien entendu, qu’est-ce que tu crois ?

— C’est trop touchant… Mais quand tu seras aussi musclé que moi, tu verras que ça protège bien.

— Ouais, c’est ça… Et pour ta tête ?

                Astrid haussa les épaules.

— Le plus tu prends de coups sur la tête, le mieux tu les encaisses après. Alors, on va s’acheter de l’équipement ?

                Dave regarda la bourse avant de murmurer.

— Avec ça, tu peux t’acheter toute la boutique…

— Tant mieux ! Comme ça, on est sûrs de trouver ce qu’il nous faut ! Allez, suis-moi.

                Elle s’en alla à travers la foule et Dave lui emboîta le pas. Ils remontèrent une allée bardée d’échoppes avant d’arriver dans une grande place dans laquelle les commerces arboraient de grandes devantures mettant en avant du matériel d’une qualité supérieure et aux prix plus élevés. Voyant la mine décontenancée de son acolyte, Astrid jugea utile de préciser.

— On est dans la Grande Place, la place marchande la plus proche du palais. C’est là que les riches aventuriers et les plus grands héros viennent s’équiper. Après, si on voit que c’est vraiment trop cher, on retournera dans notre coin pour pauvres, mais j’aimerais bien juste une fois m’équiper de manière luxueuse.

                Dave ouvrit de grands yeux avant de murmurer.

— C’est ton argent, c’est comme tu veux…

— Je ne te le fais pas dire. Allez, en avant.

                Astrid se mit en marche et Dave lui emboîta le pas jusque dans l’enseigne où ils furent accueillis par un homme au teint buriné et à la barbe brûlée qui les regarda de haut à peine avaient-ils franchi la porte avant de grogner.

— Qu’est-ce que vous voulez ?

                Dave haussa un sourcil.

— Bah, mon vieux, vous avez le sens des affaires, vous…

                Le forgeron lui lança un regard noir avant de répondre.

— Qu’est-ce que des gamins comme vous peuvent vouloir faire ici ? D’une, ce n’est pas pour les enfants, de deux je doute que vous ayez les moyens de payer quoi que ce soit ici.

                Astrid s’approcha du comptoir et y lâcha bruyamment sa bourse en souriant.

— Moi, je ne dis pas comme vous.

                Le regard du forgeron s’illumina instantanément.

— En effet, je vous ai peut-être mal jugée, mademoiselle.

                Dave manqua de s’étrangler.

— Mademoiselle ? On voit que vous ne la connaissez pas…

                Astrid lui mit un violent coup de coude dans les côtes qui lui coupa le souffle, et alors qu’il se pliait en deux, elle expliqua.

— Nous voudrions un équipement plus léger et discret, quelque chose de plus passe-partout.

                L’homme se pencha en avant et murmura.

— Comme pour commettre un vol ?

                Il se redressa et fit un clin d’œil.

— Je garderais le silence, ne vous en faites pas. Enfin, si vous y mettez le prix…

                Dave se redressa lentement en murmurant.

— oh oh… J’en connais un qui n’a pas choisi la bonne cible…

                Astrid se pencha vers le forgeron en souriant.

— Donc, vous pensez que nous sommes des cambrioleurs ? Et vous nous proposez de taire ça en échange de quelques pièces d’or ?

                Le forgeron sourit.

— Oui, ça restera notre petit secret.

                Astrid passa une main délicate sur la joue de l’homme.

— Quelqu’un d’aussi arrangeant que vous, c’est un bonheur.

                Il passa à son tour une main calleuse sur la joue de la jeune fille.

— Et vous n’avez pas idée de jusqu’où je peux me montrer arrangeant, jeune fille.

                Dave ouvrit de grands yeux choqués, se demandant ce qu’Astrid avait en tête à se laisser toucher de la sorte par un inconnu, persuadé qu’il aurait eu la main brisée depuis de nombreuses secondes s’il en avait fait ne serait-ce que la moitié, quand soudain Astrid saisit le forgeron par les cheveux pour lui écraser par trois fois le visage sur son comptoir avant de lui relever la tête, révélant un nez cassé et en sang et trois dents manquantes. Elle le regarda sans se départir de son sourire et s’exprima d’une voix douce.

— Vous savez, je n’aime pas me faire insulter gratuitement, monsieur. Nous voulons un équipement plus discret et passe-partout parce que nous comptons rester en ville quelque temps. Se promener en armure quand nous rendons visite à ma famille, ce n’est pas l’idéal, vous ne croyez pas ? Mais à côté de ça, en tant qu’aventuriers, nous aimons rester prêts à tout, en toute situation. Est-ce si difficile à comprendre ?

                Le forgeron émit un gargouillis étranglé alors que ses yeux se révulsaient, et Astrid le lâcha en soupirant.

— Dave, tu peux aller chercher…

— Un guérisseur ?

                La Nordienne dévisagea son acolyte en fronçant les sourcils.

— Et payer des soins à ce pauvre type ? Non, un seau d’eau, pour le réveiller. Non, mais, et puis quoi, encore ?

                Dave émit un petit rire avant de passer dans l’arrière-salle de la forge pour en revenir quelques instants plus tard avec deux seaux remplis à ras bord. Il en posa un au sol et versa le second sur le forgeron qui se redressa en criant avant de se rouler en boule en gémissant.

— Vous m’avez cassé le nez…

                Astrid se pencha vers lui en murmurant.

— Et ce n’est que le début. Insultez-nous encore, et ce sera pire. Alors, pouvons-nous faire affaire ?

                Le forgeron émit un étrange gémissement qui ressembla vaguement à un oui, et Astrid se redressa en souriant.

— Super ! Alors, dites-moi, mon brave, qu’avez-vous à nous vendre ?

                Le forgeron prit appui sur son comptoir pour se relever en se tenant le nez.

— De quoi avez-vous besoin ?

                Astrid lança à Dave un regard satisfait en croisant les bras.

— Des tenues en cuir clouté, pour commencer. Et nous parlerons de l’armement et de l’équipement après.

— Oui, mademoiselle.

                Astrid et Dave retournèrent à leur chambre presque deux heures plus tard pour y ranger leurs affaires fraîchement achetées. La guerrière rangea son armure de métal dans le coffre de la chambre en souriant.

— Alors, dis-moi, Dave. Qui est la meilleure négociatrice ?

                L’adolescent la regarda, toujours profondément choqué par la situation à laquelle il avait assisté.

— Tu appelles ça négocier ? Tu lui as brisé le nez et cassé trois dents en préambule, puis tu lui as brisé trois doigts quand il a refusé de racheter ta vieille dague rouillée pour finir par lui déboîter le genou quand il ne t’a fait qu’une ristourne de dix pour cent. Et tu lui as brisé trois doigts de plus jusqu’à ce qu’il suggère une ristourne de cinquante pour cent… Ce ne sont pas des négociations, c’est de la torture !

                Astrid haussa les épaules.

— Tu peux jouer avec les mots tant que tu veux, ça n’empêche que ça a fonctionné. Tu es jaloux que ce soit moi qui ai tout pris en charge, c’est tout.

                Dave rangea ses affaires à son tour en rigolant.

— Oui, on a qu’à dire ça… Bien, et maintenant, si nous allions faire un tour dans ce temple, qu’en dis-tu ?

                Astrid acquiesça.

— Oui. Une longue promenade s’impose.

                Elle accrocha une épée courte à sa ceinture tandis que Dave ouvrait la porte.

— Après vous, jeune fille.

                Astrid leva les yeux au ciel avant de le dépasser en lui décochant un coup de poing dans l’épaule.

— Sinistre idiot.

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