Le véritable empereur

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                Astrid et Dave entrèrent dans le temple de Sol en regardant tout autour d’eux. Les bancs destinés au public s’étalaient sur une centaine de mètres de long pour autant de large, avant d’arriver à l’autel en marbre et au chœur surplombés d’une voûte haute de plus de deux cents mètres, et ornés de nombreux vitraux à la gloire de Sol et des autres Anciens Dieux, devant un immense piédestal de marbre supportant la statue de Sol, tandis que sur leurs côtés s’élevaient de larges escaliers aux rampes en bois merveilleusement sculptées qui s’enroulaient autour de la statue de Sol jusqu’à un plafond peint, et permettant de se rendre plus haut vers le clocher. Le binôme s’avança lentement dans le temple, sachant pertinemment ce qu’il cherchait, mais tâchant de paraître aussi innocent que possible, tentant de ressembler à de simples touristes ou pèlerins.

                Ils remontaient lentement les différentes parties du temple jusqu’à l’autel pour découvrir que celui-ci était fermé par une petite clôture en fer forgé aux allures du soleil, emblème de Sol. Ils échangèrent un regard avant de grogner.

                — Voilà qui confirme qu’on sera obligés de passer de nuit…

                Astrid murmura.

— Quel sens de la déduction… Maintenant, il faut tout à la fois trouver l’entrée secrète et un moyen d’entrer de nuit…

                Dave sortit une clé accrochée à une chaîne autour de son cou de dessous sa tenue de cuir en souriant et en lui faisant un clin d’œil.

— Je sais où est l’entrée secrète, et j’en ai la clé, merci à ton grand mage.

                Astrid sourit à son tour.

— Bien, reste à trouver par où passer…

                Une fois encore, le jeune homme lui fit un clin d’œil.

— Suis-moi, j’ai une idée.

                Il se dirigea vers les escaliers qu’il commença à gravir lentement pour économiser son souffle, suivi de près par Astrid qui le regardait en fronçant les sourcils.

— Qu’est-ce que tu as en tête, toi ?

— Tu verras…

                Ils montèrent aussi haut que le plafond le permettait pour faire face à une trappe fermée par un lourd cadenas en fer forgé qui fit soupirer l’aventurier et sourire sa comparse.

— Alors, génie, et maintenant ?

                Dave examina le cadenas sous toutes les coutures avant de se tourner vers Astrid en fronçant les sourcils tandis que celle-ci haussait les siens.

— Quoi ? Qu’est-ce que tu me veux ?

                Un petit sourire naquit sur le visage de Dave.

— Dis-moi, Astrid, est-ce que tu sais comment faire sauter un cadenas ?

— Non, pourquoi ? Toi, tu sais, peut-être ?

                Dave leva les yeux au ciel.

— Bobby et ses potes ont suffisamment remplacé le cadenas de mon casier pour que j’apprenne à me débarrasser de ces conneries.

                Astrid le dévisagea, perdue dans l’incompréhension.

— Un casier ? C’est quoi ?

                Se rappelant qu’il se trouvait dans un jeu vidéo, Dave soupira.

— Laisse tomber… Ce qui compte, c’est que je sais faire sauter ce truc.             

                Il regarda autour de lui avant de sourire tout en tirant sur un clou mal enfoncé qu’il arracha du bois. Il le montra ensuite à Astrid avant de prendre le cadenas et montrer un petit trou à côté de la serrure en souriant.

— C’est par là qu’on peut huiler le mécanisme, s’il commence à gripper. C’est aussi par là qu’on peut le forcer.

                Le clou fut enfoncé dans le trou jusqu’à ce qu’il bute contre le demi-anneau de métal fermant le cadenas, et Dave frappa alors sur la tête du clou à l’aide de la paume de sa main. Un petit clic sonore se fit alors entendre, et le cadenas s’ouvrit.

Succès débloqué : Serrurier

                Dave se retint de rire alors qu’Astrid le regardait avec de grands yeux ronds, et il lui fallut quelques secondes pour se ressaisir et sourire à son coéquipier.

— Bah, tu vois que tu sais faire quelques trucs qui sortent du commun.

                Dave haussa les épaules.

— Crois bien que je me serais volontiers passé d’avoir eu à apprendre ça…

                Il retira le cadenas et ouvrit la trappe menant vers la tour tout en faisant un ample mouvement du bras à l’attention de la Nordienne.

— Honneur aux dames.

                Astrid haussa un sourcil avant de répondre.

— Je ne vois pas où tu as vu une dame. Moi, je ne vois que deux aventuriers.

                Dave sourit.

— Je n’en attendais pas moins de toi.

                Il prit l’échelle de bois à deux mains et entreprit de la grimper jusqu’à ce que sa tête dépasse de du plancher de l’étage. Il regarda alors autour de lui avant de murmurer.

— Bah, ça alors…

— Quoi ?

                Dave termina vite son ascension.

— Viens voir !

                La tête d’Astrid apparut à son tour, et la jeune femme regarda autour d’elle avant de murmurer.

— Qu’est-ce que c’est que ce bazar ?

                Tout autour d’eux était recréée une immense chambre richement décorée pouvant facilement appartenir à un membre de la royauté, mais dont chaque centimètre était recouvert d’une épaisse couche de poussière. Dave commença son exploration tout en allumant les chandeliers qu’il croisait alors qu’Astrid refermait la trappe derrière eux, et la jeune femme ne put s’empêcher de commenter.

— C’est dingue, on dirait les appartements royaux…

— En tout cas, c’est assez luxueux pour l’être… Regarde, l’armoire est pleine de vêtements bouffés par les mites… Quelqu’un aurait vraiment pu vivre ici…

                Il observait le contenu de l’armoire, un chandelier à la main, tandis qu’Astrid en prenait un autre pour explorer de son côté.

— Regarde, il y a des portes…

                Dave s’approcha d’Astrid alors qu’elle ouvrit la porte la plus à droite avant de murmurer.

— Une salle de bain… On avait vraiment affaire à quelqu’un de riche…

                Dave reporta son attention sur la seconde porte qu’il ouvrit à son tour avant de rentrer dans la pièce en s’extasiant.

— Regarde-moi ça…

                La pièce était assez large pour accueillir une table de banquet, plusieurs sofas et un canapé, ainsi qu’un canapé et quelques guéridons et une cheminée, mais surtout, le long du mur courait un escalier en colimaçon à la rampe ouvragée, tandis que les murs étaient faits de rayonnages d’une bibliothèque intégralement remplis. Les deux adolescents échangèrent un regard surpris avant qu’Astrid murmure.

— Il y avait de quoi tuer le temps…

— Oui… Regarde, il y a des traces de pas dans les escaliers, la poussière y est un peu moins épaisse par endroits, sur les marches comme sur la rampe de l’escalier…

                Astrid sourit.

— Attention, tu vas bientôt savoir suivre une piste.

                Dave simula un rire avant de commencer à gravir les escaliers en regardant vers le haut.

— On dirait qu’ils vont jusqu’au sommet de la tour… On est partis pour une longue ascension…

                Astrid ne put s’empêcher de soupirer, mais il précisa.

— Si on veut connaître le fin mot de cette histoire, on doit explorer. C’est la règle des donjons.

                La jeune femme haussa un sourcil dubitatif.

— La règle des donjons ? Tu t’es pris pour un aventurier professionnel ?

                Dave sourit en pensant à toute son expérience vidéoludique, mais ne répondit pas, économisant son souffle pour l’ascension à venir. Après plusieurs tours dans les escaliers, ils troquèrent leurs lustres pour des torches, et il leur fallut plus d’une heure pour atteindre le sommet du donjon. Ils se retrouvèrent alors face à une porte entrouverte qu’ils firent pivoter sur ses gonds avec précaution pour rentrer dans une salle d’observation astronomique agrémentée d’un large bureau et d’un fauteuil faisant deux fois la largeur des explorateurs. Astrid se rendit vers un télescope et regarda dedans.

— La lentille est recouverte de poussière, mais, malgré tout, on peut deviner qu’il est orienté vers l’île des Démons… Je me demande bien pourquoi…

                S’approchant du bureau, Dave répondit.

— Je vais regarder, j’ai l’impression qu’il y a une sorte de journal qui est ouvert, et… Oh, bordel de merde !

— Que se passe-t-il ?

                Dave eut besoin de quelques secondes avant de répondre.

— J’ai trouvé l’occupant des lieux… Et il n’est plus très frais…

                Astrid fronça les sourcils avant de venir le rejoindre, pour découvrir un corps desséché et presque réduit à l’état de squelette arborant une longue barbe et des cheveux lui tombant aux épaules. Elle lui toucha une joue du bout des doigts avant de commenter.

— Plus très frais, c’est le moins que l’on puisse dire… Il est même putréfié…

— Oh, humour… Bravo…

                Dave se saisit de la main squelettique qui reposait sur le journal et l’écarta pour se saisit du registre sur lequel il souffla pour chasser la poussière, avant de lire à voix haute.

— Cela fait maintenant cinq ans que je suis prisonnier ici, victime de ma folie… Quel fou ai-je été de faire appel à la magie noire pour essayer de sauver mon royaume… Le Grand Prêtre de Sol m’avait pourtant averti, mais je ne l’ai pas écouté… Je perds mes forces de plus en plus vite, et j’ai bien peur que cette entrée dans mon journal de captivité soit la dernière… Je n’ai été qu’un sot, et ma mort n’est qu’un piètre prix, par rapport aux ténèbres que j’ai abattues sur notre monde… L’enfer est pavé de bonnes intentions, et j’aurais rendu ses voies encore plus carrossables… Puisse Sol me pardonner et accepter mon âme en son Domaine… Et puisse l’histoire se rappeler que, si j’ai fait appel aux démons, c’était en désespoir de cause. Ainsi s’éteint, dans la plus complète solitude et indifférence, l’empereur Sigismund, troisième du nom…

— Sigismund, dis-tu ?

                Dave leva le nez des lignes manuscrites et dévisagea Astrid.

— Oui, c’est ce qui est écrit, pourquoi ?

                La jeune femme fronça les sourcils.

— L’empereur Sigismund est actuellement sur le trône de l’Empire…

                Dave fronça les sourcils à son tour.

— Ça ne se peut pas… Attends, on va reprendre depuis le début, on va forcément trouver une explication…

                Il tourna les pages du registre jusqu’à l’avoir ramené à son début tandis qu’Astrid se penchait vers le corps décharné, et reprit.

— Journal de captivité de l’empereur Sigismund, troisième du nom. J’ai commis la pire erreur de ma vie, et j’en paie les frais. La peste s’est abattue sur ma capitale, et les prêtres de Sol ne trouvaient pas de remèdes. J’ai alors écumé les bibliothèques de l’Empire pendant des jours, dans l’espoir fou de trouver une solution, et ma quête fut couronnée de succès. J’ai découvert, dans un grimoire issu de la bibliothèque interdite, une ancienne magie pouvant changer la mort en vie. J’ai couru auprès du Grand Prêtre de Sol, mais celui-ci m’a interdit d’employer pareil sorcellerie, arguant qu’il s’agissait là de la magie du Roi Noir. Je lui ai ri au nez. Le Roi Noir a été vaincu, tout le monde le sait. Quel idiot j’ai pu être… Le soir même, j’organisais la cérémonie dans mon cabinet. Les sacrifices humains ne furent pas difficiles à trouver, nos prisons regorgent de malandrins de toutes sortes. À Peine arrachais-je le douzième cœur encore palpitant que le pentacle s’illuminait pour laisser une créature dont la seule vue fit manquer un battement à mon cœur. Encore aujourd’hui, y penser me glace d’effroi, même si je ne suis pas un brave parmi les braves… Ce démon devait mesurer plusieurs mètres de haut, puisqu’il se tenait voûté dans mon cabinet, alors que son plafond atteint les trois mètres de hauteur, et ses longues ailes membraneuses ne pouvaient se déplier dans toute la pièce du fait de leur envergure, et sa queue s’enroula sur elle-même faute de place. Mais son visage, son visage surtout me réveille encore la nuit. Des yeux noirs dans lesquels de fins iris jaunes malveillants se posèrent sur moi tandis que ses lèvres se tordaient dans un herzats de sourire en dévoilant de fines dents sales semblant tranchantes comme autant de lames de rasoir. Puis sa voix emplit le silence surnaturel que son apparence avait provoqué. Et je compris à ce moment précis que j’aurais dû écouter le Grand Prêtre. Les explications du démon me permirent vite de comprendre que le Roi Noir vivait toujours, et que c’était lui qui était à l’origine de la peste qui rongeait ma capitale. Azurael, tel était le nom de mon invité, m’offrit un choix simple. Le laisser régenter mon empire à ma place et sauver mon peuple de la maladie, ou accroître les souffrances des Empiréens jusqu’à leur extinction totale. J’ai donc abdiqué, mais avais-je le choix ? Le démon m’a saisi le bras gauche et y a planté ses crocs pour boire mon sang, et à mesure qu’il s’abreuvait de ma vie, son allure se transformait jusqu’à ce que je me retrouve face à un parfait sosie. Le lendemain, j’atterrissais ici. J’ai fouillé mes nouveaux appartements et ai trouvé ce registre vide. Le remplir de mon savoir sur ce que je découvrirais quotidiennement aidera peut-être quelqu’un à libérer un jour mon peuple du joug de ce démon. C’est bien là la dernière chose que je puisse faire pour essayer d’être utile à mon peuple…

                Dave releva la tête pour regarder Astrid avant de murmurer.

— Bah, mon vieux, il s’est bien fait avoir…

                Astrid acquiesça sans quitter le corps des yeux, avant de se saisir de son bras droit pour en porter la main à ses yeux. Sur l’index du squelette se trouvait une chevalière à tête d’ours couronné qu’elle entreprit de lui retirer lentement, en vain. L’index se brisa, et la chevalière rebondit sur quelques mètres en tintant tandis qu’Astrid lui courait après sous le regard dubitatif de Dave.

— Tu t’amuses bien ?

                La jeune femme ramassa la bague et la regarda sous toutes les coutures en maugréant.

— Reprends donc ta lecture, tu veux bien ?

                Dave rigola avant de tourner quelques pages et reprendre.

— Je crois que j’ai quelque chose d’intéressant.

                Il se racla la gorge et commença à lire tandis que la jeune femme passait la chevalière à son doigt pour constater que celle-ci était bien trop grande pour elle.

— Azurael est venu me voir, aujourd’hui. Me voir me tenir droit devant moi est perturbant, mais son sourire sadique et mesquin l’était plus encore. Il tenait dans sa main un sac en toile de jute particulièrement rempli et semblant bien lourd qu’il jeta à mes pieds en en libérant le contenu. Je vis alors rouler à moi les têtes du Grand Prêtre de Sol et de ses quatre conseillés. Je me souviens être resté figé de longues secondes, et de n’être sorti de ma torpeur que quand le rire diabolique du démon usurpateur résonna dans ma chambre. Vois ce qu’il arrive, m’a-t-il dit, vois comme les serviteurs du Roi Noir remplacent les serviteurs de ton Ancien Dieu. C’était donc acté, le temple de Sol allait perdre sa lumière à cause de moi, au profit des ténèbres du Roi Noir. Il est ensuite parti sans un mot, me laissant seul avec ses macabres trophées. Je suis alors tombé à genoux pour pleurer pendant de longues heures, avant de les prendre et de les mettre dans ma cheminée. Les prêtres de Sol pratiquent une cérémonie funéraire crématoire dont je ne connais pas les rites, mais je me sentais obligé de leur en offrir une copie en même temps que je remettais leur âme à notre dieu tutélaire...

                Dave tourna la page et fronça les sourcils tout en restant silencieux, à tel point qu’Astrid vint se mettre derrière lui pour lire par-dessus son épaule.

— Tu as trouvé quelque chose d’intéressant.

— Je crois… Écoute ça.

                Il posa son index sur le registre pour en lire un extrait.

— J’ai rêvé de notre grand dieu Sol, cette nuit. Il m’est apparu dans toute sa quintessence divine, et sa douce chaleur apaisa les tourments de mon âme. Son sourire était triste, mais quand il s’adressa à moi, son ton était bienveillant. Il me dit alors quelque chose que je me dois de reporter ici. Cesses de te morfondre, mon enfant, car ton erreur était une nécessité. Ta peur pour ton peuple a fait sortir notre ennemi de la lui, et maintenant que nous savons qu’il est toujours vivant, nous pouvons retourner combattre. D’ici quelque temps, un homme étranger à ces terres, aidé d’une farouche mortelle et de deux de mes enfants, viendra au secours de ton peuple. Tu ne seras alors plus en vie, mais tu devras malgré tout lui remettre la clé de mon coffre, afin qu’il puisse se saisir de mon arme et défaire les démons. Puisse ta main lui indiquer la bonne direction.

                Dave leva le nez du registre pour fixer Astrid avant de répéter d’un ton dubitatif.

— Puisse ta main lui indiquer la bonne direction ? Mais, laquelle ? Et puis, nous les avons bougées, alors, elles n’indiquent plus rien, à présent.

                Il soupira avant d’ajouter.

— On a l’air fins, maintenant…

                Astrid fronça les sourcils, plongée dans une profonde réflexion, avant de reporter son attention sur le recueil en relisant à voix basse.

— D’ici quelque temps, un homme étranger à ces terres, aidé d’une farouche mortelle et de deux de mes enfants, viendra au secours de ton peuple. Tu ne seras alors plus en vie, mais tu devras malgré tout lui remettre la clé de mon coffre, afin qu’il puisse se saisir de mon arme et défaire les démons. Puisse ta main lui indiquer la bonne direction.

                Elle resta muette de longues secondes avant de fixer la paume de sa main dans laquelle reposait la chevalière de l’empereur, puis se mit à sourire. Elle prit alors le registre des mains de Dave malgré les objections de celui-ci, et le reposa sur le bureau avant de faire face au jeune homme dans les yeux duquel elle planta un regard amusé.

— Dave, donne-moi ta main.

                L’adolescent se raidit avant de balbutier.

— Je te demande pardon ? Tu veux que…

— Oui, donne-moi ta main.

                Dave recula d’un pas.

— Écoutes, tu es une femme extraordinaire, et je suis flatté et honoré, mais je ne suis pas sûr d’être l’homme qu’il te faut…

                Astrid roula les yeux au ciel en soupirant.

— Ça, c’est certain. Viens là !

                Elle lui saisit la main droite et glissa la chevalière à son index. Immédiatement, Dave s’exclama.

— Ah, d’accord ! J’avais compris autre chose…

                Astrid le regarda avec neutralité.

— Ça, je l’avais remarqué. Ton estime de toi est vraiment déplorable, mais passons. Est-ce qu’elle te va ?

                Dave leva la main à ses yeux en murmurant.

— Non… Regarde, je l’enlève sans difficulté.

                Il se saisit du bijou et tira dessus, mais ne parvint pas à la retirer.

— Mais… Qu’est-ce que…

                Il réessaya par trois fois, en vain, quand la couronne de la chevalière se mit à luire avec intensité, jusqu’à ce qu’un puissant flash aveugle les deux explorateurs. Quand ils purent y voir de nouveau, Dave observa son doigt en murmurant.

— Elle s’est ajustée à ma taille…

                Astrid sourit en posant les mains sur ses hanches.

— Ne me dis pas que tu n’as pas compris la prophétie de Sol ?

                Dave la regarda en haussant les sourcils, aussi soupira-t-elle avant de répéter.

— D’ici quelque temps, un homme étranger à ces terres, aidé d’une farouche mortelle et de deux de mes enfants, viendra au secours de ton peuple. Tu ne seras alors plus en vie, mais tu devras malgré tout lui remettre la clé de mon coffre, afin qu’il puisse se saisir de mon arme et défaire les démons. Puisse ta main lui indiquer la bonne direction. Un garçon étranger à ces terres, c’est forcément toi. Tu ne sais rien de notre monde, à croire que tu viens d’une autre planète. Et tu es aidé par deux des enfants de Sol. Savoir, qui te murmure à l’oreille plein de choses, et Guerre qui a fait de toi son Hérault.

                Dave ajouta.

— Sans oublier la farouche mortelle. N’est-ce pas ?

                Astrid sourit.

— Un tel compliment, venant de Sol… Je suis plus qu’honorée. Mais comprends-tu ce que tout ceci implique ?

                Dave releva la tête alors que la lumière se faisait dans son esprit.

— Je vais libérer l’épée de Sol et vaincre Azurael…

Nouvel objectif de quête : Trouver l’épée de Sol

Nouvel objectif de quête : Vaincre Azurael et son armée de démon

                Il se voûta et reprit.

— Je vais te faire plaisir… Savoir vient de me le murmurer à l’oreille…

                Astrid croisa les bras sur son torse, un sourire narquois aux lèvres.

— Donc, tu reconnais enfin que Savoir te guide depuis le début ?

                Dave la fusilla du regard avant de changer de sujet.

— Nous devrions essayer de nous reposer avant que la nuit tombe et que nous reprenions nos recherches du temple de Sol. Visiblement, ce qui nous attend est plus laborieux, et bien plus dangereux que ce à quoi nous nous attendions…

                Astrid acquiesça, toujours souriante.

— Utilisons le lit de l’empereur. Après en avoir longuement secoué les draps poussiéreux…

— Oui, c’est une bonne idée.

                L’adolescent reprit le registre avant d’entamer la descente en expliquant.

— D’autres informations importantes sont peut-être disséminées là-dedans.

— Oui, tu dois avoir raison.

                Ils redescendirent bien plus vite que lors de leur ascension, et regagnèrent la chambre de l’empereur. Ils y prirent alors tous les draps et entreprirent de les secouer dans le bureau attenant avant de les remettre sur le matelas, puis Astrid entreprit de défaire sa tenue sans pudeur.

— Je vais me laver.

                Le nez dans le registre, Dave acquiesça en rougissant, son regard suivant discrètement les courbes de la belle Nordienne tandis qu’elle changeait de pièce, avant de pousser un profond soupir de soulagement quand la porte fut refermée. Elle ne ressortit de la salle d’eau qu’une heure plus tard pour aller se glisser sous les draps toujours aussi nue.

— Tu ne viens pas dormir ?

                Dave se raidit en rougissant.

— Mais… Tu es… Tu es… Tu es…

                Astrid haussa un sourcil dubitatif.

— Je crois que le mot que tu cherches est nue…

— Oui…

— Et alors ?

                Dave cligna plusieurs fois des yeux avant de répondre.

— On n’est pas en mode survie dans la toundra… Alors, pourquoi ?

                La jeune femme s’étendit dans le lit en répondant.

— C’est plus confortable comme ça !

                La bouche de l’adolescent s’entrouvrit quelques secondes avant qu’il parvienne à balbutier.

— Ah ? Ah… D’accord…

                Astrid tapa la couverture à ses côtés en rigolant.

— Ne t’en fais pas, tu devrais savoir, depuis le temps, que je ne vais pas tirer profit de la situation. À moins que ton livre te semble à ce point important…

                Voyant là une opportunité de s’échapper d’une situation compliquée, Dave acquiesça.

— Oui. Peut-être qu’il y a dedans des détails qui pourront nous aider dans notre mission.

                Astrid acquiesça à son tour avant de bâiller.

— Bien. Bah, moi, je vais en tirer profit. Réveille-moi à minuit.

— Oui, pas de soucis.

                La jeune femme sourit avant de s’allonger, et Dave eut l’impression qu’elle sombra immédiatement dans un profond sommeil. Il sourit alors pour lui-même et reprit le récit de la captivité de l’empereur.

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