15 - Dialogue (très original !)

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Alain et Opale se dirigèrent vers François après s'être brièvement entretenus avec le détective qui, semble-t-il, était parvenu à libérer la Girafe en quelques minutes.

- Votre ami détective, a-t-il toute sa tête ? s'enquit Opale.

- Pas de danger! Il n'y a pas de voleur dans la région.

- Et si la Girafe était déjà blessée?

- Elle a été blessée par les chiens de M. Vecoq mais j'ai déjà prévenu tous les médecins...

- Vous avez raison! J'ai peur que ce ne soit un cambriolage!

- Qu'est-ce que vous en pensez, s'enquitta Opale en regardant alentour, le caractère de la Girafe, ses mouvements, son comportement?

- C'est une petite fille d'environ dix ans, si j'ai bien compris.

- Un enfant?!

- Et ce sont les mêmes choses que les miens.

- Il n'y a aucune raison de croire que la Girafe a été kidnappée.

- Est-ce qu'on peut vraiment tolérer la pédophilie de la Girafe ? s'inquiéta Opale. Si seulement le psychiatre était là... ou Nénette...

- Nénette n'est pas encore revenue ? demanda Alain.

- Non, elle a pris le large avec les ours hybrides. Il faut leur trouver un foyer.

- Mais pour l'heure, les interrompit Laurent, il faut surtout comprendre pourquoi François a voulu tuer quelqu'un au mariage. François, mon frère, explique-nous donc ce qui t'as pris.

- J'étais gêné, il y a eu des moments où je me suis demandé ce que ça allait bien pouvoir arriver à Sophie, à mes enfants.

- Moi, je n'en reviens pas que tu aies fait ça!

- Il n'y a pas de quoi.

- Tu veux dire que tu ne t'es pas préparé au mariage?

- J'étais déjà marié. Je n'avais pas réalisé qu'on me prenait pour un père.

- Tu veux dire que tu n'as jamais eu de relations sexuelles avec ta femme?

- Non, non.

- Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu te retrouves avec ta femme?

- On était en vacances à l'étranger.

- L'étranger, c'est-à-dire?

- L'étranger, c'est...

- L'étranger, c'est où?

- L'étranger, c'est l'étranger.

- De quel pays est originaire votre femme Sophie ? interrogea le détective, dubitatif.

François se tordit les lèvres avant de répondre, penaud :

- Mon épouse est née en France, mais ses parents sont originaires d'un pays dont je ne connais pas l'identité, je ne le sais même pas.

- Ah, c'est une belle raison pour laquelle vous êtes en train de mourir, dit le détective en riant.

- Hé! Ça n'a pas d'importance, elle est morte depuis longtemps.

- Vous voulez dire que vous ne savez pas qui est son père?

- Exactement.

- Oui, en fait, j'ai lu son nom sur le certificat de décès, mais ce n'est pas assez pour me le dire.

- Vous avez un nom, monsieur, un nom dont vous ne savez pas le père?

- Oui, mais c'est un nom très répandu, un nom très connu.

- Je connais le nom, mais je ne connais pas l'identité de la personne, je veux dire de votre femme.

- Vous voulez dire qu'elle est la fille de qui?

- Oui, je ne sais pas qui est son père.

- Je crois que vous avez été surpris par les allégations de Sophie, alors je vais vous expliquer la situation.

L'homme raconte alors une histoire très drôle.

- Avant-guerre, dans les années 40, un type d'un certain âge et d'une certaine apparence vient à Paris et s'installe dans la rue Montmartre.

C'est une sorte de génie médiocre, mais il est d'une certaine manière fascinant,

car il s'est acheté un manoir situé dans la région de Lille, mais il n'est pas né dans cette région-là,

il a juste acheté ce manoir, un manoir dont on ne sait pas très bien comment il s'est fait.

Il a l'air d'un homme qui a de l'argent, il a l'air d'un homme à qui on pourrait s'adresser.

Il a laissé ses parents, il ne leur a pas donné le nom de père, il s'est juste acheté un manoir,

il a ses raisons, sauf qu'il ne les connaît pas, il n'a pas la moindre idée de ce qui se passe,

il n'a pas une idée de ce qui se passe et il se passe que, dans un manoir qu'il a acheté,

il a trouvé un mannequin de 15 ans qui lui ressemble.

C'est un adolescent, il est un adolescent à la fois médiocre et fascinant,

et il est né à Paris, c'est ce que dit le témoin, dans le manoir.

Il est également né en France, on n'est pas sûr qu'il soit né dans le manoir, mais il est né dans une ville de France,

qui est Paris.

- Vous savez que la moitié de l'humanité se trouve dans la France?

- Oui, je sais, dans la France et en Allemagne.

- Oui, mais vous savez que l'humanité a un manque dans la France?

- J'ai toujours eu la même idée.

- Vous savez que vous êtes un type qui a un manque de logique?

- Une sorte de génie médiocre et fascinant, mais c'est tout moi ! s'écrie Laurent.

François et Opale s'entreregardent, consternés.

- C'est toi qui t'es en train de dire?

- Oui, je suis bien ici.

-J'ai eu le temps de me dire, c'est tout.

-Et tu t'es trompé sur moi?

-Oui.

-Tu as pensé que j'étais une sorte de... de célèbre?

Laurent se racle la gorge.

- Il faut que je te le dise. Je suis un peu jaloux.

- C'est tout?

- Et puis je n'ai pas le temps de te le dire. Je dois partir. Je pars demain matin.

L'homme fait un signe de la main, nous invite à monter dans sa voiture.

Opale est saisie.

Elle est émue. Elle est toujours émue. C'est son être. Elle est comme ça.

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