Pesée du Pour et du Contre

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Même si parler d'analyser les sentiments et faire un inventaire des valeurs qui nous réunissent gâche un soupçon le charme d'une histoire à son début (quoi que six mois c’est bien entamé), pour moi c'est maintenant bien nécessaire. Je sais ce que je vis, ce que j'ai dans le coeur pour toi mais au fil du temps tu restes finalement une page blanche sur laquelle je ne vois pas d'indicateurs rassurants d'un futur à deux. Même dans le langage, (et ce n’est qu’un constat) je n’entends quasiment jamais « nous », « toi et moi », ou «tous les deux», c’est presque toujours « tu » ou « je », comme un symptôme de disjonction.

Tu vois, en anglais on ne distingue pas les amoureux des amants : c’est « lovers » le seul mot. Quels « lovers » sommes-nous ?

Tu sais, je n’arrive pas à oublier ta phrase mémorable : « faudra bien se faire à la séparation géographique les premières années… » … Les premières années ???!! Mais tu tues dans l’oeuf l’idée même de chercher une parade ou un compromis sans attendre des années entières ! C’est précisément ce jour-là que j’ai commencé à perdre confiance en moi et douter de ma capacité à continuer de vivre notre histoire en pointillés sans m’insuffler d’espoir évident ou verbalisé que j’y arriverai.

Je ne crois pas qu’on puisse déjà parler de routine installée, ou d’évolution à un autre stade, parce que pour moi, on est encore au stade 1, qui précède la révélation des sentiments. Je ne m’ennuie JAMAIS avec toi, même si le contenu de la communication est moins grand que ce à quoi je suis habituée. Ta simple présence me comble, mais mes mots ne sortent pas pour te le dire, la réciprocité ne se voyant pas.

Tu as très clairement et objectivement dit qu'il te fallait une personne capable d'être heureuse seule et qui te rejoigne dans ta vie avec cette capacité au bonheur solo sans promesses, sans plan. Tu ne souhaites pas être le garant du bonheur d'une personne. Peut-être que je devrais commencer par là ? Ma philosophie est autre !

Je t'envie cette capacité que tu as de te suffire à toi-même parce que mon incapacité à en faire autant génère finalement de la peine.

Moi je vois mon bonheur intrinsèquement lié à une personne qui devient dans ma vie l'alter ego, attention ça ne veut pas dire âme soeur mais juste un autre moi. Un autre moi qui prend le contre-pied de mes peines en me donnant de la joie, et qui se sert de ma joie pour équilibrer ses peines. Quelqu’un qui me comprend, me décode, m’anticipe et me rassure consciemment ou inconsciemment. Un autre moi qui rende moins lourde l'existence qui parfois est fatigante, juste par une présence, un sourire ou de l'affection. Bien sûr au quotidien j’oeuvre pour me mettre aussi fidèlement et sincèrement au service du partenaire moi aussi. Pas besoin de grandes promesses, ou de longs discours.

Quand je me sens tirée par le bas par les soucis, 3 petits mots arrivent à tout faire s’envoler. C’est « Je Suis Là » : il y a tellement de force derrière cette phrase ! Pas besoin de développer ! Elle n’est pas magnifique ? Surtout accompagnée d’une étreinte ou un bisou sur le front ! Le summum de la sécurité à mon avis !

Il me manque ce petit quelque chose qui ne me ferait pas hésiter si j'ai envie de te charrier sans retenue. Mon humour est ensommeillé, pourquoi ?

Ca n’est pas normal pour moi d’hésiter à te dire que je perds pied certains jours parce que ça revient à avouer que je ne suis pas forte toute seule, ou tangiblement heureuse sans aide, comme ce que tu attends d'une compagne digne de toi.

Pas sûr que je sois une source de besoin dans ta vie. Peut-être une valeur ajoutée à un instant-T de ta ligne du temps, ou tout au plus une source d'envie, ce qui serait tout de même flatteur, mais pas foncièrement une source de besoin. Le mot besoin te fait fuir, j'ai bien compris, tu ne veux pas de charge mais pour moi le mot besoin est une belle chose. Ça veut dire qu’une connexion magique est établie et ressentie comme manquante quand elle n'est plus là car elle apporte tout ce qui nous rend pleinement heureux. C’est tellement naturel et sain, et ça ne porte pas atteinte à la liberté de chacun tant que du temps solo est aussi accordé! C’est en tout cas ma définition tirée à la fois de mon expérience du passé depuis toujours et de mon espoir que ce soit vrai dans l’absolu. Je ne vois rien de tabou à le dire.

Je ne veux pas être la fille après qui on ne court pas lorsqu'elle disparaît d'une soirée (en référence à l’anecdote de ton ex). Je ne veux pas être la fille qui se doit d'être forte et trouver automatiquement soutien en elle-même pour des raisons comme "on a tous nos galères.", « il suffit de le vouloir pour passer une bonne journée.» Je ne veux pas être la fille qui attend les signes, qui attend le quand se voir, dans la crainte de déranger ou faire renoncer l’autre à d’autres activités. La fille qui attend en vain au fil des mois qui passent le déclic amoureux, la flamme soudaine capable d'embraser un homme quand instantanément il comprend ce qu'il ressent. La fille qui donne plus que l’autre ses sentiments avoués, jusqu’à un déséquilibre visible. (Je ne le répèterai jamais assez: je parle de faits, pas de fautes)

Tu as dit que tu étais avec moi depuis assez longtemps pour savoir que j'ai un coeur pur. Merveilleux compliment, du fond de ce coeur merci ! Mais dans ton langage de la séduction, est-ce que c'est sexy ? Est-ce que c'est ce que tu attends, ou alors un risque d’embarquement direction la lassitude ? Est-ce que c'est le genre de profil qui peut te faire tomber amoureux un jour ? Que je sache si je suis dans la bonne direction !

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