Chapitre 5 : Elmin. (2/2)

2 minutes de lecture

La guerrière libre rentra à l’hôtel au moment où Öta se préparait à sortir. Il rencontrait régulièrement son interlocuteur auprès des ravisseurs. Ces derniers avaient admis que le capitaine ne pourrait jamais payer la rançon. L’apprenti négociait un substitut acceptable pour les deux parties. Les discussions étaient longues.

— Cette nuit, je visite l’entrepôt, annonça-t-elle.

— Comment ? demanda Öta, entrer par la porte ou les fenêtres manquerait de discrétion.

— Je pense qu’il existe un accès du côté du fleuve certainement sous la surface, pour évacuer les déchets. C’est par là que je rentrerai.

— En revenant, je rapporterai de la graisse.

— L’eau qui descend des montagnes est saine. Je ne risque pas de m’empoisonner.

— On ne sait jamais.

Öta sortit pour aller jouer son rôle. Restée seule en compagnie des deux Alminatii, Saalyn réfléchissait. La facilité avec laquelle les ravisseurs de la jeune fille avaient renoncé à l’argent lui semblait suspecte. Ce qui confirmait son idée. La rançon ne les avait jamais intéressés, ils visaient autre chose dès le début. Les autorités de l’Yrian avaient raison de se méfier.

Mais quel était leur but ? Elmin était le fief des rois d’Yrian. C’est là que se concentrait sa puissance. Plus de la moitié des garnisons du pays avait leur caserne dans la province. Elle était si bien défendue qu’il aurait rendu nécessaire une troupe considérable pour la prendre. Et située au cœur de l’Yrian, jamais une telle bande n’aurait pu l’atteindre. L’armée l’aurait interceptée bien avant. Les États où les individus capables de rassembler une force pareille étaient peu nombreux. Sans compter son acheminement. Pour traverser l’Unster, il aurait fallu utiliser les ponts, tous sous le contrôle du royaume, ou disposer d’une flotte. Et les nations de la rive droite de l’Unster n’avaient pas la puissance pour s’attaquer à leur voisin. En fait, seule l’Helaria bénéficiait à la fois des troupes et des navires. Sauf que la Pentarchie n’avait aucune raison de se lancer dans ce genre d’opération.

Et si le but de toute cette affaire n’était pas Elmin ? Peut-être, n’était-ce même pas l’Yrian qui était concerné ? Quelle était la particularité d’Elmin, comparée à d’autres villes ? Que pouvait bien savoir ou faire le capitaine de la garde qu’un autre que lui n’aurait pas pu faire ? Elle en revenait toujours à l’hypothèse du cambriolage d’envergure. Seulement la province était principalement agricole. La Grande route du sud passait sur la rive opposée du fleuve, ce qui isolait Elmin de la plupart des royaumes. Elle commerçait avec les cités-États du nord de l’Ocarian et les royaumes nains qui échangeaient des minerais contre de la nourriture. C’était Sernos, le cœur économique du pays.

Au fur et à mesure qu’elle progressait dans ses réflexions, elle éliminait les hypothèses les plus absurdes et en développait d’autres. Brutalement, son visage s’illumina. Elle avait compris. C’était bien l’argent en fin de compte. Mais une quantité si énorme que la somme demandée pour la rançon valait à peine mieux qu’une aumône.

Et cela impliquait que ni le capitaine, ni sa fille, ni le négociateur ne devraient survivre à l’affaire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Laurent Delépine ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0