Au matin, après un copieux petit déjeuner préparé par son écuyer, Dergval reprit la route, suivi par son armée qui s'amusait à bouter le feu à tout ce qu'ils croisaient dans leur sillage, champs, fermes, gens et autres. C'est alors qu'une armée se dressa sur leur chemin, menée par le prince paladin du pays de la lumière. Des colonnes de chevaliers firent face aux mercenaires et leur sommèrent de se rendre. Si Dergval a bien des défauts, la lâcheté n'en fait pas partie. Saisissant cette magnifique occasion de démontrer son habileté martiale il ordonna à son écuyer de lui donner ses armes et à son armée de prendre position. En triple vitesse, il enfila son armure comme seul un homme expert tel que lui dans l'art de s'enfiler des choses pouvait le faire. Sa cuirasse était d'un métal enchanté aussi noir que la nuit, ciselée de formes gothiques aussi tordues que son esprit au point de faire souffrir les yeux qui se posaient sur lui. Son heaume sauvage était surmonté de deux ailes de chauve-souris en argent et son destrier portait une barde grise couverte de lames et de piques acérées. Le chevalier noir s'équipa de sa puissante lance d'arçon et attendit que les paladins chargent. Les chevaliers rutilants lancèrent leurs fougueux destriers sur les mercenaires patibulaires qui furent écrasés en grand nombre par le choc. Pendant ce temps, Dergval les avait contourné pour pouvoir charger de flanc, frappant par surprise et infligeant de lourds dégâts. La bataille vira à la mêlée totale, qui ne dura que quelques instants avant que les mercenaires ne se dispersent en détalant comme des lapins. Dergval finit par fuir à contrecœur en abandonnant son écuyer derrière lui pour ralentir l'ennemi. Le chevalier, honteux et confus jura mais un peu tard qu'on ne l'y prendrait plus.