Sauvetage - Parking

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- On ne bouge plus !

La situation est tendue. Les forces de l'ordre font face aux militants en colère, retranchés sur le parking d'un supermarché. Cela fait des semaines que la tension monte. Hier, des actions plus musclées ont été engagées des 2 côtés. Qui peut dire qui a commencé ? Pour les 2 camps, c'est forcément l'autre. Mais le calme est revenu, plus ou moins. Il suffira d'un micro choc pour mettre le feu aux poudres définitivement.

Sur le parking carré, les manifestants sont acculés. Dos au supermarché. A droite un gros entrepôt aux fenêtres brisées. En face et sur la gauche, la route, et les flics. L'étau se resserre. Certains viennent pour la première fois, sont intimidés, ou au contraire excités. Certains veulent tout casser et n'attendent que l'occasion qui légitimera leurs exactions. D'autres ont plus l'habitude, et se demandent si tout se passera de manière légale cette fois-ci. Combien seront arrêtés ? Ou peut-être que la tension s'évaporera avec le temps, le status-quo inébranlable s'éternisant...

En face, les gars dans leur uniformes n'en mènent pas large non plus. Ces crasseux ont l'air déterminés aujourd'hui... Combien de temps se laisseront-ils encore intimider ? Certains n'attendent que la fin de l'immobilisme, d'autres la redoutent. Même protégés, il parait que certains ont déjà pris cher.

Le négociateur fend la foule et se retrouve entre les deux armées. Il se tient, là, stupide, avec son mégaphone. Il va bredouiller des banalités en langue de bois pour éviter l'escalade, pour calmer le jeu. Personne ne sera dupe. On n'attend évidemment qu'un faux pas de sa part. Les gorges se serrent, les mains moites resserrent les armes et objets divers que chacun a récupéré au cas où. Tout le monde est prêt. Que va-t-il dire ?


- Messieurs, dames, la situation est tendue n'est-ce pas ? (il rit nerveusement)

Je ne vais pas vous la faire à l'envers. Oui, je suis envoyé par le Gouvernement, par l'Ennemi au sens large. Mais je suis comme vous. J'ai une famille, un revenu qui pourrait être meilleur, et j'ai parfois l'impression que la société pourrait aller mieux.

Le silence lui répond de manière criante.

- Alors je ne vais pas y aller par quatre chemins. Au delà de ma fonction, je crois que tout le monde souhaite que tout aille bien. Non ?

Pas un hochement de tête d'approbation, les statues enfoulardées restent de marbre.

- J'imagine que si je vous dis, là, de rentrer chez vous pour qu'il n'y ait pas de blessé, vous n'allez pas m'écouter. Mais pensez-vous que la violence résoudra le problème ? On devrait peut-être discuter... On m'envoie vous tendre la main. Envoyez des émissaires discuter directement avec nos représentants, trouvez des compromis. Il ne faudrait pas que la tragédie d'hier se reprod...

Trop tard, le sujet à éviter a été abordé ! "Quel débile" se disent les uns, "Salauds !" se disent les autres. Un cocktail est lancé, le négociateur recule. Le pacifisme appartient au passé. Les soldats s'avancent, d'un pas rapide et peremptoire, en formation, armes levées, et commencent à canarder le groupe. Tout à coup c'est l'escalade. Certains se jettent à l'assaut des boucliers, on hurle, on menace, on tente d'intimider. Les balles fusent, paralysantes. Les armes improvisées pleuvent, assomantes. Le brouhaha s'intensifie, le choc sonore s'amplifie. Certains se retrouvent à terre, d'autres sont déjà bons pour l'hôpital, et au chaos sonore s'ajoute un bordel chromatique. Le noir des armures, le rouge du sang, l'arc en ciel de foulards et de gilets, le blanc des fumigènes, le jaune des flammes...

Le nombre des rebelles s'amenuise. Le bras armé de la nation ne semble pas faiblir. Un déséquilibre qui rappelle celui pour lequel ils se sont soulevés. Sauf qu'ici le petit groupe n'est pas intouchable. Il agonise au sol, il pleure, il insulte, il gueule sa frustration au visage placide d'un flic qui n'a pas choisi d'être envoyé ici. Et pourtant il appuiera sur la détente, calmant net la colère. Certains s'imaginent déjà à l'ombre pour un temps suffisamment grand pour ruiner leur famille.

Soudainement, on entend des vrombissements à travers le chaos. Des cris, et de la musique hurlant à travers les rues proches. C'est une autre poche de "manifestants". Ils sont encore moins enclins au dialogue. Des extrémistes. Des casseurs, comme on dit. Ils ont saisi l'occasion. Leurs monstres à 4 roues et pare-buffle foncent à toute blinde vers le parking. Les flics se retournent, mais n'ont pas le temps de reformer les rangs. Les 4x4 bariolés, chantant la fin de la paix foncent dans le tas. Leurs "alliés" ont à peine le temps de s'écarter. Et tous n'ont pas cette chance. De même pour les types en armure. Les roues écrasent et crissent. Un nouveau bordel. Le sang et les cris se mêlent. Certains du premier groupe en profitent alors. En quelques minutes, les forces de l'ordre sont anéanties. Certains s'enfuient, blessés.

Peu importe maintenant, peu importe ce qu'on dira, qui sera cru. Les amalgames seront faits, et les alliances vont devenir nécessaires. L'insurrection et la guerre ont commencé. 

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