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Je ne vois là plus que cette absence de flou alors qu’il prend corps dans le monde réel. Non pas celui que je m’impose, fantasmatique, mais celui qui se dresse devant moi comme un tableau fenêtre, celui qui, du dehors, passe au dedans en cognant à la porte sans jamais dire bonjour. Lui, il attend, avec la nonchalance franche d’un désir affiché aux prismes de son visage, fragments de tous les possibles : voilà que je sens son regard infini s’étendre sur mon corps ensommeillé comme la solaire caresse d’un nouvel astre, et m’emballe. Tout cela me saisit, me fait vibrer : c’est moi, et moi seul, qu’il entrevoit par la lucarne de son désir. Projette-t-il aussi, en ses paysages, les sanglots convulsifs de nos nacres violentes, après l’amour ? Douce folie : mes yeux descendent jusqu’à trouver l’organe du plaisir, au milieu de ses chairs offertes, ces landes sauvages que je traverse ainsi à la recherche d’une sombre finalité, la croisée de nos chemins, le point de notre origine, celui du non-retour qui signe son absolu.
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