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« Me suivras-tu dans la nuit ? »
Voilà ce qu’il me dit, à demi-mot, par le langage de son regard et moi, qui meure lui parler, retrouve le térébrant sur ma langue, l’impossibilité de dire, et ma tête de s’incliner avec la honte d’un enfant qui dérobe le dernier biscuit, cette honte de n’être pas assez beau face à sa splendeur, d’être ignare face à l’intelligence du monde, idiot face aux dires d’un philosophe, inepte, inapte devant ces fenêtres fermées qu’il dresse en portails, à ne pas voir ces cartes qui ouvrent la marche du monde, peuplent nos existences dévoyées d’idées trop grandes pour nous. Pour moi. Pour lui ?
Stupide, je me sens.
Figé, au dedans.
Mes lunettes volent en éclat dans ce monde que je m’invente alors : un monde sans nous qui conjugue nos absences. L’impossibilité d’une possibilité, l’histoire avortée qui s’avorte elle-même en son ventre et n’écrit rien à l’encre de son sang, pas l’ombre d’un testament, la nécrose d’une rose à peine effleurée, au parfum de poussière.
Nous sommes seuls entre les mers et les dunes, à errer dans l’attente d’une réponse, d’un dialogue, d’un écho.
Une main tendu vers l’abîme qui se créée.
Une solitude palpable en habit de chair seule.
Cet l’écho, où se cache-t-il ?
Est-ce :
Un simple point dans l’horizon ?
Une boîte à musique, figée sans sa ritournelle ?
Une caresse sur le sable : celle d’un pied qui hésite, résiste au mouvement ? Le mien, le sien. Un sourire : le sien. Oserai-je dire : le tien ?
Et moi, figé au dedans.
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