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L’écho, le mien, se trouve au lointain dans le monde des villes, quand je cherchais, en faiseur d’ombres, l’Amour en un seul regard. Un mythe tissé dans les mots doux d’une mère au soir : ceux de nos histoires douces et pourtant contrariées. Libéré de l’enfance, en quête de ces promesses, je palpitais tel un origami, à tire-d’aile, dans les recoins sinueux qu’offraient les ruelles de ma ville fantôme : mon labyrinthe. Toujours cet entêtement faisait battre mon cœur, mes ailes : celui d’un bombyx contre un réverbère, au miroir violent de son soleil factice, dru dans l’horizon noir : de grandes espérances, de grandes déceptions.
À me voir me brûler les ailes, Reine riait comme une hyène. Le corps plaqué sur le muret en affiche verbeuse, non loin de son royaume venteux et éventé - les pissotières - elle savait tout. Elle disait, d’une voix perchée haut, jusqu’aux cimes du cliché : les hommes défilent ou se défilent, vois-tu, selon ce qu’ils veulent, ce qu’ils peuvent. Des fauves, je te dis, des fauves ! Et des lavettes beaucoup. Il en faut des lavettes dans ce temple d’urine, pour nous donner un peu de joie, toi, tu en es une, de lavette, car tu n’as rien connu encore des plaisirs, du sauvage des hommes, de ta sauvagerie. Tu n’as pas connu le loup, les vieux boucs qui descendent aussi aux heures les plus sombres. Ceux dont le goût est aigre. Ceux qui te donnent de l’argent. Ceux qui tournent comme des mouches à merde autour d’un puits d’amour, pour l’infester de hontes, de maladies. Ce sont eux, qui te feront comprendre les mondes. Les loups, les boucs, les cloportes. Toi, tu résonnes en amour dans un monde qui en est dépourvu : regarde autour de toi, ouvre enfin les yeux au-delà de toi. Je vais te raconter une histoire, Mikulas.
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