22 – 15/01/21 – 1793

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Il est minuit cinquante à l'heure où j'entame ce texte. Techniquement, nous sommes déjà demain, formule prétentieuse et niaise s'il en est mais je n'ai pas envie, ce soir, de chercher mes mots. J'écris au stylo-bille sur du papier brouillon – le verso de vieilles set-lists des Barbiches dont je sais, de source sûre, qu'elles ne serviront plus. J'ai pour habitude de taper mes écrits sur un logiciel de traitement de texte et d'effectuer mes corrections à mesure que j'avance dans la rédaction, relisant sans cesse, reprenant chaque phrase, interrogeant chaque virgule. Je ne conserve plus mes premiers jets – à l'exception de quelques chansons ou poèmes qui me tombent parfois tout cuits dans le bec tandis que mon enveloppe charnelle se tient à des kilomètres de mon ordinateur. Il m'arrive de numéroter les versions lorsque je relis le texte achevé et qu'il me semble grossier, bancal, terne dans l'expression, et je refonds le tout, remodèle en profondeur. C'est rare et je me rends bien compte que ça ne sert à rien. Mais c'est plus fort que moi : je répugne à effacer un document entier.


Pourquoi je vous parle de ça? Je n'arrive pas à entrer dans le vif du sujet. Alors je louvoie en me raccrochant à la matière, à la technique, à la forme plutôt qu'au fond.


Nous sommes déjà demain et c'est donc hier, il y a quelques heures à peine, que Fred est mort, un peu avant 21h, dans une chambre dont j'ai oublié le numéro dans un service dont j'ai oublié le nom de l'hôpital St-Eloi à Montpellier. La veille, mercredi 13 janvier, j'ai préparé son sac pour un séjour aux Urgences que nous espérions bref et salutaire. Une formalité. Je l'entends d'ici : « Bah, un caleçon, une paire de chaussettes, ça ira bien. »


Il s'agissait de sa deuxième crise aigüe en moins d'un mois et, s'il semblait clairement souffrir le martyre, nous avions tous deux conscience que la douleur et la gêne étaient moindres par rapport à la crise précédente. Hier matin, j'accueillais le livreur d'un lit médicalisé qui n'aura par conséquent jamais servi. Si la vie est absurde, la mort, elle, ne s'embarrasse pas de manières pour manifester à tout bout de champ son ironie mordante et son humour tordu. La mort est un psychopathe épanoui et un humoriste frustré. D'où ce mépris violent et définitif pour nos efforts dérisoires pour nous maintenir en vie, vaillants et combatifs.


Vaillant et combatif, Fred le fut assurément, de façon héroïque et soudaine, surprenant son monde autant qu'il se surprenait lui-même. Lorsqu'il cessa totalement de boire, il y a quoi. Quatre, cinq ans ? Puis il s'attaqua au haschich, puis au tabac, s'éloigna des excès qui, selon ses propres dires, avaient miné son brin de vie. Il intégra un programme de sevrage, perdit du poids, s'essaya au sport, se souvenant tout à coup qu'il adorait nager et devint un habitué des piscines municipales. Malgré les rechutes, malgré le cancer, la souffrance et la peur qui le contraignirent, la dernière année, à noyer son esprit dans les fumées blanches et goûtues, apaisant un peu sa peine et l'angoisse nocturne, il tâcha de tenir, droit comme un I lorsqu'il recevait sa fille de 6 ans, aussi digne que lui permettait son état.


Ma compagne et moi l'aidions comme nous pouvions. Il vivait chez nous, à l'étage du dessous, à deux portes à peine de mon bureau. Nous l'aidions dans la mesure du possible et, bien sûr, ce n'était pas assez à mon goût. La mort a ceci de pernicieux qu'elle grignote également les vivants, à grands coups de regrets, de remords et de remises en question. Chacun de ses proches, parents ou amis, ne manquera pas de se reprocher un mot plus haut que l'autre, un appel en absence, un message non-envoyé, autant de lettres mortes par la force des choses, parce qu'on s'imagine qu'il y aura toujours un lendemain. Je regretterai longtemps de n'être pas monté dans l'ambulance, avant-hier, pour l'accompagner encore un peu. C'est idiot, je suppose, mais allez savoir. Ma présence à ses côtés aurait peut-être eu les effets des ailes du papillon capable de provoquer un ouragan de l'autre côté de la planète. Ce micro-événement, moi dans l'ambulance au lieu de lui tout seul et moi à la maison, aurait peut-être entraîné toute une série de micro-événements alternatifs susceptibles de modifier à son avantage le taux de probabilité d'une issue fatale précoce. Eh bien ma foi, on saura jamais.


Vaillant et combatif également lorsqu'il s'agissait de sa fille, Abby, dont il s'était séparé de la mère peu avant qu'elle ne se découvre enceinte. Une situation délicate. Fred lutta becs et ongles pour s'imposer en tant que père, passant d'un simple droit de visite à une véritable garde à distance. Le processus dura plusieurs années mais Fred sut s'obstiner. Nous en discutions parfois et il ne cessa jamais d'affirmer que ça en valait la peine. La petite a pris ses marques, elle avait sa chambre, ses habitudes, ses jouets, ses rituels et ses plats préférés. Elle adorait ma fille (ma belle-fille) aînée, à qui elle voue encore cette admiration inconditionnelle que les petits réservent aux enfants plus âgés. Et elle adorait son père. Leur complicité était manifeste, leur amour évident. Et si Fred pouvait difficilement s'occuper d'Abby ces derniers temps, il n'en restait pas moins un super-héros aimant aux yeux de sa fille.


Mercredi soir, vers 18h, j'ai reçu un texto de Fred. « La douleur est retombée », disait-il. Il allait « tâcher de sommeiller ». La nouvelle m'a soulagé. Le ton était guilleret. « Ne m'attendez pas pour dîner », plaisantait-il. Je me dis maintenant qu'il rédigeait probablement sous l'effet euphorisant de la morphine. Mais s'il a eu droit à une dernière vraie nuit de sommeil, débarrassé enfin de la douleur et des cauchemars, je peux dormir tranquille.


Nous sommes un certain nombre, parmi ses proches, à avoir réceptionné son dernier texto, hier matin, à 11h06. Fred nous annonçait son départ au bloc pour une énième gastroscopie. Peut-être qu'il a eu le nez creux. Peut-être se donnait-il du courage. Peut-être s'est-il soudain senti très seul dans cet hôpital tout en couloirs et blouses blanches. Je regrette évidemment de n'avoir pondu une réponse plus expansive. Je venais de réceptionner le lit, je discutais avec le livreur, m'apprêtais à rejoindre les Barbiches pour une réunion déjà maintes fois reportée. J'aurais dû relire son sms, prendre plus de temps, chercher mes mots. Bah. Le film est déjà tourné et Fred a déroulé son générique de fin.


Ce soir, vers 18h, l'interne du service en question a appelé ma compagne – Fred l'avait désignée comme référente auprès de l'administration médicale en cas de pépin. Elle était bouleversée, à tel point que nous avons commis l'erreur – compréhensible, je le crains, et peut-être même inévitable – d'en parler devant le petit. Oh, nous avons pris soin, ensuite, de lui expliquer très précisément et avec les mots adaptés ce qui était en train de se passer. Il a compris, posé des questions directes, écouté nos réponses et posé d'autres questions, plus fondamentales et pleines d'espoir.


Milo comprend la mort. Il la côtoie depuis sa naissance dans la mesure où, dès tout petit, il a vu mourir successivement six hamsters, deux gerbilles, deux lapins, un chat, un poisson rouge et un scarabée. Le chat était vieux et les autres bestioles n'ont pas la même espérance de vie. Chucky, le lapin blanc, s'est étouffé et sa compagne, Mimi, lui a survécu une petite année avant de finir bouffée par je ne sais quel animal – un chat errant, je suppose. Elle aura au moins connu le premier déconfinement. Le poisson est mort pour des raisons mystérieuses. Ma compagne l'a retrouvé flottant sur le ventre dans l'aquarium sur la table de nuit de Nausicaa, heureusement absente cette semaine pour cause de garde alternée. Le chagrin de la grande fut immense et Milo partagea la tristesse de sa sœur, par solidarité, par empathie, voire par mimétisme. J'assistai Kadi, le vieux chat de ma compagne, lors de son dernier râle.


Je me préparais à partir pour l'école. Les enfants étaient chaussés et avaient passé leur veste et tour du cou. Il me semble que je sortais de la salle de bain quand Nausicaa a crié que Kadi était malade et qu'elle se sentait mal. J'ai couru jusqu'à la chambre parentale, où Kadi aimait à se glisser parmi les piles de vêtements. Elle gisait au pied des étagères, convulsant et vomissant. J'ai dit aux enfants de m'attendre dans le jardin. A peine ai-je refermé la porte derrière eux que le chat se tordait dans tous les sens, dégobillant une mare de pus noirâtre chargée de caillots de sang marronnasse. J'ai failli rendre mon café. Réprimant ce haut-le-coeur, j'ai glissé ma main à la base de son crâne, l'ai soutenue quelques secondes avant de la sentir se raidir sous les doigts, devenant tout à coup dur comme de la pierre, la gueule à jamais figée dans un rictus béant.


J'ai enterré Kadi le soir même au centre d'un rond-point en périphérie de la ville. Il y avait des plantes et la terre était meuble.


L'épisode du scarabée concerne surtout Milo. Il l'avait trouvé dans le jardin, l'avait adopté et baptisé Gilbert Déclair. Il avait sa boîte, avec de la terre et des feuilles. Il en avait fait son jouet, son ami, sa bague, sa mascotte... Au bout de quelques mois, Gilbert Déclair a flanché et nous avons dû éponger une longue crise de larmes sous laquelle j'ai cru déceler une forme de prise de conscience brutale et définitive. Le lendemain, il nous affirmait que le fantôme de Gilbert l'accompagnait en permanence.


« Papa, est-ce que, quand on est mort, on devient fantôme ? - Tu sais, moi je ne crois pas aux fantômes, mais en toute honnêteté, personne n'en sait rien. Pourquoi ? Tu as peur des fantômes ? - Ben non, mais si on devient tous des fantômes, après, on peut se retrouver. »


Que répondre à ça ?


Mes parents sont venus garder Milo. Ma compagne et moi sommes arrivés à l'hôpital autour de 20h. En guise de comité d'accueil, des mines contrites et des regards trop fixes pour ne pas sembler fuyants. Les infirmières, une interne, des aides-soignantes, toutes manifestement embarrassées, empathiques, se cramponnant au protocole. Elles nous expliquent qu'il ne durera pas huit heures, qu'il ne se réveillera pas et que seule la morphine l'empêche de souffrir.


« Vous voulez dire qu'il est inconscient et qu'il ressent quand même la douleur ? - Pas avec la morphine. Si vous avez l'impression qu'il souffre, nous augmenterons le dosage. »


Fred se tient recroquevillé sur le côté droit, le dos rehaussé par le dossier du lit médical, incliné à 60 degrés. On dirait qu'il s'est endormi sur une chaise et qu'on lui a jeté un drap dessus. Je ne dirais pas qu'il a le teint cireux et qu'il sent la mort. Il a un tube dans sa bouche entrouverte. J'aperçois sa langue, légèrement relevée en arrière. Il ne se réveillera pas, nous dit-on. J'ai pourtant l'impression qu'il va ouvrir les yeux d'une seconde à l'autre. Sa respiration est forte, saccadée, profonde. Elle me semble régulière. On sent quand même que ça gratte dans la gorge, que ça s'agite même, un peu plus bas. On reste là. On le regarde.


Ma compagne réprime un sanglot. Je crois qu'elle se retient en ma présence, comme si elle n'osait pas lâcher les vannes devant moi. Elle lui parle à mi-voix. C'est l'un de ses très vieux amis. Elle le connaissait depuis vingt ans. Je n'entends pas tout ce qu'elle dit mais je comprends qu'elle lui abjure de se réveiller. Je l'entends lui signifier que Milo veut qu'il rentre à la maison. Elle appelle Sylvain ou Sylvain l'appelle. C'est le frère de Fred. Elle s'éloigne du lit, s'approche de la fenêtre. Je prends sa place auprès de Fred. Je mets ma main sur son crâne. Je ne sais pas ce que j'essaie de faire mais quelque chose en moi me dicte de le toucher. Moi qui répugne à toucher les vivants.


Il est chaud, il respire. « Vivant », semble-t-il exhaler faiblement. « Je suis vivant ». J'articule une phrase-cliché, je lui demande également de se réveiller et me rends compte dans la foulée que, moi aussi, je bloque. Ma compagne raccroche et je lui cède la place, m'installe sur le fauteuil devant la fenêtre. La fatigue m'envahit et je sens que je pourrais m'endormir. Puis ma compagne se souvient des deux coups de fil qu'elle doit passer et je l'invite à fumer une cigarette à l'extérieur du bâtiment. « Je prends le relais », lui dis-je, « et ensuite j'irai fumer à mon tour. »


Elle sort de la chambre et je m'installe une dernière fois au chevet de Fred. J'applique la paume de ma main sur son front. Je ne sais pas trop quoi lui dire.


Puis j'ôte ma main et ça sort tout seul.


« Tu te souviens de ce voyage en Bretagne, quand on a déménagé les amis de Lucie ? Tu te souviens de la réaction de ton homonyme – enfin, ça se prononçait pareil mais avec une écriture différente – quand tu lui as dit qu'on t'avait diagnostiqué un cancer de l'oesophage ? T'as pas de chance, qu'il avait dit. Eh bien tu sais quoi ? On l'encule ! »


Je m'interromps deux secondes. Je me vois bien partir dans une violente tirade, chargée de fiel et de poison, mais une petite voix me dit que ce ne sont pas des propos haineux ou des reproches qu'il souhaite entendre dans sa putain de léthargie, quand bien même le gars l'avait blessé, oui, sans doute, mais plutôt par maladresse que par simple malice. Alors je reprends :


« La chance, ça n'existe pas. Mais putain, on aura passé un sacré bon moment, tous les deux, à enquiller les kilomètres. Alors je sais que je t'ai pas trop laissé conduire, tellement j'adore ça, mais tu m'avais dit que ça t'allait. Et vraiment, je te remercie de m'avoir laissé le volant. On se sera bien marré pendant ces trois jours, pas vrai ? »


Je me tais. J'ai l'impression qu'il ne respire plus. La dernière expiration date un peu et j'attends la suivante, de plus en plus inquiet.


« J'ai l'impression que tu n'as plus envie de respirer, Fred. »


Il inspire profondément. Ses paupières closes évoquent une certaine quiétude. Ses traits paraissent détendus, sereins. Je compte les secondes. Il expire un grand coup et je recompte encore.


Je pose ma main sur son front et me penche sur lui.


« Zabou est dehors. Elle est au téléphone avec ton frère et avec la Doudou. Ils parlent de toi et ils vont venir. Tu n'es pas seul. Je suis juste là et tu n'es pas seul. »


Je suis encore en train de compter et ça fait un moment que je n'ai pas repris le compte à zéro. Je fais quelque chose que je ne pensais pas faire un jour. Je vais chercher le téléphone de Fred sur la petite table sur roues au pied du lit. Un I-phone à l'écran lisse et propre. Un parfait petit miroir. Je l'approche de ma bouche dont j'entrouvre les lèvres avant de respirer le plus doucement possible. De la buée se forme sur l'écran. Ok, je voulais vérifier que ça marchait comme dans les films. Je répète l'opération devant la bouche de Fred et j'attends longtemps. Rien. Il ne respire plus. Je regarde son œil sous la paupière légèrement entrebâillée. Fred est mort à 43 ans d'un cancer de l'oesophage.


Je le regarde longuement. Je ne lui parle pas. Je sais qu'il n'est plus là et ça n'aurait aucun sens. Mais je veux me souvenir de son visage encore serein, soulagé enfin de sa douleur. Il me rappelle le Fred encore vivant, celui d'avant sa maladie lorsque nous pourchassions les lapins, échappés de leur cage dans l'immense jardin de la maison que nous occupions à St-Geniès de Fontedit, il y a cinq ans seulement. Trois heures du matin. Nous avions bu et il neigeait. Mais nous pourchassions deux lapins pour les mettre au chaud, pour éviter qu'ils ne gèlent dans le froid glacial. Il m'évoque le Fred des bons jours, lorsque nous devisions autour du café matinal, de politique, de sa fille, de mes enfants. La souffrance ne lui déforme plus les traits comme c'était le cas la dernière fois où je l'ai vu conscient, juste avant de monter dans l'ambulance qui l'amenait aux Urgences. Je réalise en cet instant que je suis le dernier à l'avoir vu conscient et le dernier à l'accompagner pour son dernier souffle. Je me sens petit, écrasé, et pourtant soulagé de sa fin paisible. J'espère avoir été à la hauteur. S'il m'a entendu, j'espère ne pas l'avoir déçu. J'espère que le son de ma voix ne l'a pas froissé.


Je gardais l'anecdote qui va suivre pour la fin, bien qu'elle se situe plus tôt dans la chronologie des événements. Avant de descendre appeler Sylvain et la Doudou, ma compagne s'est saisi du téléphone sus-mentionné. Nous souhaitions accéder à sa liste de contacts pour prévenir les quelques personnes que nous ne connaissions pas, ou peu, ceux dont nous n'avions que les noms ou un vague souvenir. Des amis d'enfance, des anciens collègues, ses infirmières à domicile, le médecin-traitant, ses compagnons de cure, une ex...


Elle a tapé quatre chiffres, la date de naissance d'Abby. Rien. Puis celle de Fred, pas franchement convaincue. Rien non plus.


« Ah, Fred, Fred, Fred, c'est quoi ton code ? »


Et là, prise d'une fulgurance géniale, elle tape « 1793 ».


Clic-clac, nickel.


1793. L'année de l'exécution de Louis XVI. Fred avait étudié et enseigné l'histoire. Il en avait le goût et la passion communicative. Sa période préférée était la révolution française.


Jusqu'au bout, Fred, jusqu'au bout.


Repose en paix, mon ami.
(achevé le 16/01 à 00:29, passé au propre dans la nuit du 19 au 20)

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