Je travaille depuis trois jours sur une reprise de Zappa, le seul morceau chanté de l'album Hot Rats, 1969. Le chant y est tenu par Captain Beefheart, que je m'efforce d'imiter le moins possible à cause d'un foutu mal de gorge. J'y tiens la basse et la guitare. La batterie se résume pour l'instant à une simple boucle puisée dans un plug-in batterie de Cubase. Je l'affinerai plus tard. Je compte y ajouter de l'harmonica et solliciter certains de mes co-disciples du Jam. Juste pour voir.

C'est une entorse à l'une des règles que je me suis fixé début octobre : ne pas enregistrer, composer le moins possible, ne pas s'acharner sur des objets sonores techniquement ingérables (à mon niveau bien sûr), centrer mes efforts sur des exercices de guitare, de basse et de chant, comprendre l'harmonie. Il faut croire que j'ai besoin de vacances.

J'ai subi ces dernières années une pression continue. Elle s'est accrue avec les divers confinements, ce qui ne surprendra personne. Elle a failli m'avoir à la mort de Fred. Il vivait chez nous. Mes enfants l'évoquent encore de loin en loin, surtout Milo, le petit dernier. J'ai tenu bon pour les autres, c'est comme ça que je fonctionne. Porter les Barbiches à bout de bras a eu raison de mon sourire et de ma fierté de musicien. Je rêve d'un long sommeil dans la vallée des ombres.

Milo, hier soir, a eu droit à un revival de la Faucheuse devant Avengers Endgame. Je me suis dit en le voyant pleurer devant la mort d'Iron Man que je m'étais encore loupé sur le choix du film. Ce sont des choses qui arrivent. J'ai essayé de lui faire comprendre qu'Iron Man ne meurt que dans cette version de l'histoire, qu'il existe des réalités parallèles, qu'il peut lire les comics, que Robert Downey Jr joue dans Kiss Kiss Bang Bang et que c'est mon film préféré. Il s'en branle. Son super-héros préféré a cassé sa pipe et il trouve ça injuste. Je lui ai parlé de cohérence narrative, d'épopée magnifique, de sacrifice rédempteur et du cahier des charges des studios Disney. Il s'en tape. Un génie arrogant à l'humour sans limite est mort en sauvant la planète et ça l'a terrassé.

Déjà que le loup blanc dans le Chat Potté l'avait terrifié...

Ce monde n'est pas tendre avec les âmes sensibles.

C'est tout pour aujourd'hui. Je retourne à ma récréation.

Ne regardez pas le foot, allez plutôt jouer au ballon.