35 – 24 décembre 2022 – Ocean's Eleven.

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35 – 24 décembre 2022 – Ocean's Eleven.

Ma fille – qui ne l'est pas vraiment mais que je considère comme telle parce que j'ai eu le meilleur beau-père du monde et que la vie n'est qu'un jeu de miroirs que l'on s'évertue de briser sans pour autant en abîmer les reflets – vient d'atteindre l'âge canonique de douze ans. Nous entrons donc dans la période que d'aucuns qualifieraient de pénible et difficile à passer. Je gage que ces personnes n'aiment pas vraiment le cinéma. En effet, la grande a grandi également dans sa tête et se débarrasse tranquillement de ses oeillères d'enfant (relativement) repliée sur elle-même. Pour parler franchement, on peut enfin lui montrer des films cools !

C'est une intro comme une autre et je n'ai que peu de temps devant moi pour développer un propos. Disons qu'on lui a montré Ocean's Eleven, qu'elle a adoré, et que ça m'a remis en tête cette réplique de Brad Pitt à qui Elliott Gould demande s'il est suicidaire : « Seulement le matin. »

Pour ma part, j'ai dressé des horaires pour mes pensées suicidaires et je m'y tiens scrupuleusement.

Il est tard, le matin s'étiole depuis déjà quelques minutes pour se muer en début d'après-midi. Votre humble narrateur s'est enfermé dans le bureau avec un poids indéterminé (mais conséquent) de cadeaux à emballer et ça le rend chèvre. J'ai beau les regarder avec toute la superbe du cow-boy désabusé et leur lâcher un « faites pas les malins, c'est moi qui emballe » aussi stupide que bravache, je sais pertinemment que c'est eux les plus forts. Putains de cadeaux. Il y a tous mes organes là-dedans. Et oui, je cause finances. Putains de taxes indirectes.

« Oui, mais c'est pour glisser des étoiles dans les yeux des enfants. »

Non mais ça va pas ? Si l'on s'en remet aux statistiques, la même personne qui voudrait reconstituer la voie lactée dans les pupilles des marmots est susceptible de vouloir glisser autre chose dans l'une ou l'autre de ses cavités à hauteur d'un gamin sur cinq.

« Oui mais je lui avais offert un cadeau avant. »

Ben tiens. Un pot-de-vin avant de lui faire le pot, une logique particulièrement tordue qui colle parfaitement à notre époque.

Je m'énerve, je m'énerve, mais mettez-vous à ma place...

Oui, bon, vous y êtes déjà. Vous aussi avez dépensé plus que de raison pour des enfants dont l'avenir est déjà sacrifié sur l'autel de la surconsommation. Vous aussi acceptez de jouer le jeu selon les règles parce qu'ils ont tout de même le droit d'oublier, le temps d'un grand déballage, qu'ils devront bientôt affronter des forces colossales ne serait-ce que pour exister.

Il n'y aura pas de grand soir alors contentons-nous du réveillon ?

Il me semble que tout ceci est un rien décousu.

Je vous laisse, j'ai un sapin mort qui attend qu'on le nourrisse.

Prenez soin de vous, embrassez ceux qui vous aiment et respirez un bon coup, je vous retrouve demain.

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