39 – 28 décembre 2022 – Vingt minutes max.
39 – 28 décembre 2022 – Vingt minutes max.
Tout est dans le titre et j'aime bien me relire après avoir craché ma prose. Pas le temps de finasser : aujourd'hui c'est écriture automatique.
Quand je ne sais pas quoi écrire, j'ai tendance à dresser des listes. Je les multiplie et avant même d'avoir eu le temps d'en mener une à son terme, je la vois qui s'autocopule et engendre d'autres inquiétants listings pour désoeuvrés de l'organisation. La liste des idées de textes à écrire engendre la liste des textes à relire, laquelle mord la queue du serpent sans se fouler une écaille.
Je me suis attardé sur Willie the Pimp, hier soir, ce matin, et encore tout à l'heure, avant de déjeuner/goûter. J'y suis presque. Les soli sont fragiles, inaboutis et racontent avant tout l'histoire d'un type assez sincère pour refuser les retouches mais trop scrupuleux pour favoriser la première prise. A l'exception de l'harmonica et des voix finales. Ceux-là sont des premiers jets. Imparfait mais je garde.
Je suppose qu'argumenter sur le refus de la perfection me retomberait sur la gueule : « Tu vas trop vite, prends le temps, tu veux tout faire, il y a trop de choses, apprends à choisir, ne te contente pas d'une demi-mesure... » C'est idiot. La seule perfection qui soit se résume à des auteurs ou artistes morts. Ils ne meurent pas, d'ailleurs. Ils arrêtent juste de se renouveler. J'ai l'impression que je me définis en creux de ce que j'aurais pu devenir : un prof de fac, frustré de rock'n'roll mais comblé par les livres et par l'écriture balisée d'une vie dans l'antre du savoir et de la transmission.
Je crois que ça me va d'avoir des doutes, des lacunes, de toujours marcher entre deux douzaines d'oeufs. Gare à la bascule et à la chute dans le vitellus. Tout le monde la craint, cette gamelle ridicule qui t'imbibe d'un liquide jaune et visqueux. On te montrera du doigt, on rira dans ton dos ou sous ton nez qui goutte de l'or.
Une douche, un rien de savon, un coup de serviette. Terminé. Comme neuf. Et je reprends la traversée des océans de coquilles pleines de fœtus ou d'omelettes en devenir.
Je ne comprends pas grand chose à la métaphore que je file mais j'éprouve la nette sensation que l'on peut y dénicher un sens quelque part.
La perfection, je dois me contenter de la chercher à l'état d'idée – c'est déjà pas si mal. Tout le travail de création consiste à détruire ce belle idéal en lui accolant des parcelles de réalité. Si je veux lire l'histoire qui se tisse dans ma tête, je dois d'abord l'écrire et quelle que soit l'étendue de mon « talent », peu importent les heures, jours voire années passés dessus, le résultat ne sera jamais aussi bon que la forme canonique qui s'était formée comme par magie dans les caves mal éclairées de ma pauvre cervelle.
J'arrive toutefois au bout de ma version de Willie the Pimp. Nous vivons dans un monde détestable où l'on préfère le clip à la musique qu'il est censé défendre, ce qui m'incite donc à tourner des images. Je ne promets rien. Ou plutôt si : je promets quelque chose de techniquement raté et de sémantiquement tiré par les cheveux. Un peu comme un film Netflix, en fin de compte. (Quoi, vous trouvez pas qu'ils se ressemblent tous?)
Mes vingt minutes sont presque écoulées.
Willie the Pimp sera en ligne dans les deux jours. Le temps de filmer quelque chose, de le monter comme je peux et de finaliser le master. Autant vous dire que je risque de dépasser les délais.
J'ai connu plus inspiré en termes d'écriture automatique.
Et je n'ai même pas parlé de licorne ou de torture médiatique.
Je vous embrasse, bonne fin de journée à vous, bonnes représailles à tous les dictateurs du monde, bonne famine à tous les affamés, non parce que des fois on oublie des gens.
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