42 – 1er janvier 2023 – Prendre la vie du bon côté.
Cette année, je change tout. Je deviens béat, jovial et souriant comme je l'étais sur scène, derrière le micro et l'harmo, les épaules légèrement repliées, dans cette position imbécile propre aux harmonicistes. Je vous souhaite donc une bonne année. Et elle le sera, n'en doutons pas.
Nous aurons en effet le plaisir de nous glisser dans nos tenues d'été beaucoup plus tôt que d'habitude. Il fera beau, il fera chaud, ne t'inquiète pas, tout va bien.
Nous nous verrons offrir la possibilité de nous réaliser dans le travail jusqu'à un âge avancé et ce sera beau et intense parce que le travail libère, le travail épanouit, le travail, c'est digne et en plus, c'est la santé. Ne t'inquiète pas, tout va bien, va bosser.
Nous aurons le loisir de nous intéresser une fois de plus à maintes cavalcades de la part de sportifs apolitiques capables de nous faire vivre l'émotion du dépassement de soi. Nous verrons des gars s'échiner pour trois fifrelins à refroidir le désert et nous serons rassasiés, ne t'inquiète pas, tout va bien.
Nous serons émus devant les morts de l'hôpital public et vibrerons en conséquence devant les discours transpirants de soignants épuisés et nous en parlerons peut-être entre la poire et le fromage, tâcherons peut-être de nous en aller manifester, respirer le gaz des pandores qui nous protègent de nous-mêmes pour trois autres fifrelins vite dépensés, et je sens que je me perds dans cette phrase trop longue, mais je m'en fous, t'inquiète donc point, tout baigne, tout roule, c'est la fête du slip au pays des faux-semblants.
Bonne année, pourtant, toutefois, néanmoins, bonne année, bordel, sous forme de revanche et de poing levé. Bonne année parce que personne ici n'a envie de passer l'arme à gauche et de laisser tomber. Et si tu y penses de temps en temps, si la pensée t'inonde parfois entre deux moments de vie mal maîtrisée, relève-toi et marche. J'aimerais te coller la main sur l'épaule et te pousser en avant, j'aimerais sentir aussi cette main virtuelle me signifiant d'avancer – et il m'arrive de la sentir.
Bonne année parce que merde. On ne nous aura pas comme ça, pas vrai ?
Je vais vous laisser. C'est court mais j'ai un mal de crâne étrange dans la mesure où je ne bois pas. Une sorte de migraine empathique, j'imagine.
Je vous souhaite un monde meilleur et des pensées glorieuses.
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