93 – 9 mars 2023 – Ze day of ze figu.
Retour sur les plateaux sétois de la série « Demain nous appartient ». Il est environ neuf heures moins dix. L'équipe est différente. Je ne connais personne, ne reconnais plus personne en Harley Davidson. Comme Malcolm MacDowell sur le plateau d' « Orange mécanique », j'attends. Comme Peter Sellers jouant aux échecs avec un Stanley Kubrick doué d'ubiquité sur le tournage de « Dr Folamour », j'attends. Comme Mitchum qui picolait entre les prises, comme Klaus Kinski qui faisait chier son monde, comme une loutre dans sa tanière hivernale, j'attends. Le concept de figuration m'apparaît de façon de plus en plus criante comme la métaphore ultime de la condition humaine. Personne ici ne se tient au centre de l'histoire, forcément arbitraire et soumise au hasard, puisque rédigée par d'autres, peu soucieux de narrer les trépidantes origines d'un simple élément de décor.
On change d'étage. Nous voici à l'accueil du commissariat. Correction : nous voici au deuxième accueil du commissariat. Il y en a un autre au rez-de-chaussée. C'est un commissariat particulièrement accueillant.
Honnêtement, ça reste à prouver : j'incarne un détenu, m'a-t-on dit. Aurais-je droit au tabassage en règle, à la clef de bras, aux insultes racistes ?
L'important, c'est de repérer le réalisateur de ce qui s'annonce comme un chef-d’œuvre. Le sempiternel bonhomme aux tempes grisonnantes, aux mèches blanches sur une brosse ébouriffée, à la fois placide et hâbleur, une figure d'autorité étouffant ses bâillements sous des ordres secs emprunts d'une courtoisie feutrée que l'on devine essorée depuis des années de pratique. Subtil équilibre, en tout cas. L'homme maîtrise son machin.
Je me rendrai compte plus tard qu'il s'agit en réalité du chef-op. J'aurais dû m'en douter.
Mon référent – le berger des figurants – s'appelle Hasdine. Un grand type rompu à la patience. Il sait s'appuyer contre un mur sans évoquer l'ennui, consulter son portable sans manifester la moindre dépendance, se mouvoir d'un pas leste et silencieux. Un bon mètre quatre-vingt-quinze de discrétion. Le dynamisme mou, tout en retenue des mecs qui se sentent chez eux dans un hall de gare à quatre heures du matin alors que le premier train n'arrive pas avant sept heures. L'incarnation du défi, mais un défi peu consistant et dépourvu de fantaisie.
Je n'ai pas compté le nombre de personnes présentes sur le plateau. Sept ou huit figurants. Le reste de l'équipe, je l'évalue à une petite trentaine – et j'inclus les innombrables et mystérieux va-et-vient de tel technicien au treillis boursouflé, la ceinture chargée d'outils divers, les jeunes femmes d'aspect fragile dont je peine à comprendre la fonction, les comédiens qui me toisent sans suffisance, un peu comme l'ouvrier saluant sa pointeuse sur un ton narquois qui frise l'indifférence mais parvient tout de même à demeurer courtois, la porteuse de cafés ou de gobelets vides qu'il convient d'évacuer.
J'écris debout dans un escalier en retrait par rapport aux angles des caméras. Hasdine vient de me libérer le temps de la séquence. Pas de détenu dans celle-ci. Ca m'arrange. Je m'installe au comptoir de l'accueil du rez-de-chaussée. A ma droite, un téléphone fixe débranché, à ma gauche des tampons glanés aux puces de Montreuil dans les années quatre-vingts. Traite-moi de mauvaise langue si tu veux, ça se voit ! Pile devant, sous le casier dissimulé à la vue du public – des plaignants – des dossiers remplis de pages vides ou de vieilles factures.
Au pif : un devis du CROUS pour une « désinsectisation des 975 chambres et des parties communes de la cité [U] » pour une somme de 1562,85 euros TTC. Il y en a des pochettes remplies à ras, de ces papelards mortifères. On tue des forêts pour ça. Les arbres crèvent par milliers pour achever leur existence sous cette forme aseptisée, ornée de chiffres, glissée dans une chemise au pastel moche.
Participer à un tournage revient toujours à chercher la limite entre le décor de cinéma et celui de nos vies fracassées.
J'éprouve depuis toujours une sensation d'enfermement lorsque je chemine en ville, que je longe un mur, mes pieds docilement soumis au tracés des ruelles qui se transforment en avenues, boulevards, autoroutes. Enfant, derrière la vitre de la portière, j'observais les rues sinuer sous mes yeux de môme cherchant à voir par-delà la ligne claire, et je rêvais de disruption, de crevasse soudaine, de miroir s'ouvrant sur un ailleurs. J'étais déçu, pourtant. De façon catégorique et irrémédiable : une rue, une route, une allée, un chemin taillé dans la nature, tout parcours se résume en définitive à une sorte de vaste et long couloir à ciel ouvert que séquestre une forteresse cosmique dont chacun d'entre nous constitue un forçat parmi d'autres. La phrase est moche, l'image pénible, mais c'est ainsi que je voyais la réalité et c'est pourquoi je continue à lire Stephen King et Borges.
J'ai écrit « forçat » et non « forcené » mais l'un n'empêche pas l'autre.
Je vais marquer une pause. J'ai peu dormi et je fatigue.
(…)
Changement de plan. Tout ce petit monde s'agite. Les premiers à emprunter l'escalier sont les deux acteurs principaux de la séquence et l'assistant-réal – dont on aimerait entendre la voix déblatérer sur les radios. Ils allument leur cigarette à l'intérieur, ouvrent la porte du hall et sortent, pressés de s'enfumer les poumons. Longue séquence, j'imagine.
Evidemment, comme je n'entrave pas grand chose aujourd'hui, je percuterai dans peu de temps que cet assistant-réal est, de fait, le réalisateur de l'épisode. J'aurais dû le reconnaître : la voix qui porte, les lunettes noires à l'intérieur, l'imprécision autoritaire... Enfin, je tombe sur lui : le cliché du réalisateur.
Il me plaît d'imaginer les membres de cette équipe vivant leur rôle à contre-emploi – comme beaucoup d'entre nous, diront les grincheux. L'acteur jouant le petit flic a raté une carrière de jockey et la maquilleuse s'est fait la main en singeant le travail de Tom Savini dans « Zombie ». Le figurant aux yeux bleus est également chanteur de charme et tourne entre le Touquet, Nice et Evian. Il enchaîne les galas dans les maisons de retraite et les cures thermales, mais il manque parfois de cachets pour cause de décès répétés d'une part croissante de son public de prédilection. Le cadreur quadra à la gueule burinée, au menton carré emprunté à Kirk Douglas, quoique sans la fossette, a navigué plus de vingt ans avant de poser son cul fripé de loup de mer dans un fauteuil trop grand pour lui. C'est pourquoi il filme, stoïque, les enquêtes de Mickey et Goofy au pays du soleil. Le technicien bavard, blagueur, musclé, tatoué, plus trapu tendance Pesci que sculpté version Momoa, fut champion de bridge au temps de sa jeunesse dévoyée, et la script girl boit du gin en cachette pour oublier que sa rivale de toujours lui est passée devant sur le tournage de l'Astérix de Canet.
Ce jeu d'imagination a beau combler des beaux moments de vide total, je me caille un brin les miches.
Nouvelle pause. Je vais m'enfiler quelque chose de chaud, et, autant le préciser pour les esprits mal tournés, je parle de café.
Fin de séquence.
(…)
Pipi rapide, prout caché dans les toilettes – le plateau regorge de micros avec des ingé-son au bout et je n'ose même plus péter – passage en loge pour récupérer anorak et écharpe. J'ai tellement froid que j'envisage sérieusement d'éventrer un technicien afin de m'enfouir dans ses entrailles fumantes. Ca risquerait toutefois d'être mal perçu alors je me retiens, tant pis. Ils ont peut-être un chameau au rayon accessoires. Ou un radiateur.
Quoique. Eventrer un radiateur... Quelle idée saugrenue.
L'équipe technique reçoit tout un lot de sandwiches, livré en fanfare par une de ces jeunes femmes un peu éthérées dont je causais tantôt. Je crois juste qu'elles sont très jeunes, qu'elles n'ont pas dormi, et que le mélange des deux facteurs leur confère une allure de lutin défoncé à l'hélium imbibé d'absinthe.
Les sandwiches, les figurants n'y ont pas droit. Quel que soit mon domaine d'activité, je reste un prolétaire désorienté mais pas forcément cafardeux.
Nouvelle pause. Le froid m'engourdit et je vais profiter du changement de plateau qui s'éternise pour me dégourdir les jambes. Je m'en vais par ailleurs réfléchir, sur un support différent, à ma liste de tâches en suspens – qui s'allonge en prenant la poussière.
Mais je reviens, disait l'autre.
(…)
Ok. J'ai « joué » un plaignant lambda. Je croyais incarner un détenu. On m'a refilé des fringues de détenu. Un sweat informe et gris. Une paire de blue jean's. Et des Van's sans lacets. Des fois que je me pende avec. Mais en fait voilà, je vais d'abord porter plainte, tout va bien, avec un peu de chance, ils m'attraperont et je serai bien content, puisque la plainte aura abouti.
Bref.
La figurante à l'accueil manipulait un document que nous faisions semblant d'examiner avec force mimiques et gesticulations artificielles. Oui, nous en faisions trop et c'est peu de le dire. Evidemment, nous ne lisions pas, occupés que nous étions à mimer en silence, lorsque ses yeux se sont soudain posés sur le papier et qu'elle s'est rendue compte qu'il s'agissait d'un faux rapport de police détaillant un viol. Je me suis efforcé de lire en découvrant sa mine brusquement renfrognée. Elle est devenue beaucoup plus crédible, comme ça, paf, sans effort. Dommage, le contexte ne collait absolument pas à son talent impromptu et j'ai même cru un instant que m'étais égaré sur le plateau de « Troll 2 », de Claudio Fragasso. Un film que je conseille aux véritables amateurs de cinéma. Non seulement ça joue mal mais ça joue mal dans toutes les directions à la fois. Le meilleur mauvais film que j'ai jamais visionné et j'ai possédé pendant quelque temps une copie à peu près passable de « Virus Cannibale » de Bruno Mattéi. C'est dire.
Ah, je dois lâcher le carnet, je suis censé commencer ma garde à vue.
(…)
Ah la vache, c'est énorme. Le réal se prend pour Kubrick. Il a une vision. Clairement, le gars tourne sans storyboard et rien ne va. Rien ne lui convient. Il faut tout faire et refaire. Le plan n'est pas précis. Cette ligne de dialogue, là, t'es sûr qu'il faut la prononcer comme ça ? C'est improbable. Chaque nouvelle prise amène son lot de changements. On marche sur des sables mouvants. Mieux. Paradant dans nos pyjamas de soie, nous tâchons de nous allonger sur des draps de satin qui moulent un matelas gorgé d'eau. C'est beau comme du Verlaine. Le gars joue les Peckinpah et confond direction d'acteurs, réécriture scénaristique et stream of consciousness. Du génie.
Je sens qu'on va finir tard.
J'entends également les comédiens ergoter sur l'intention que cache telle ou telle réplique. C'est mal de se moquer mais c'est plus fort que moi. Le texte n'a rien de minable en soi, mais on nage dans la vacuité la plus terne, le cliché plat. On imagine Chéreau se tenant le ventre à rire comme un bossu atteint de scoliose.
Bref bref bref.
On s'amuse comme on peut et j'aime mieux coucher ceci sur papier plutôt que de consulter mon téléphone, manifestement un sport en vogue au pays des figurants. Encore une métaphore du quotidien, la vie normale, le flux du temps sur fond urbain.
Je t'avoue que j'en ai un peu marre d'écrire. L'ambiance sur le plateau demeure paisible, voire légèrement échevelée, et je sais pourquoi je suis là, à courir le cachet comme un galérien qui s'achète une table et un tapis pour s'embourgeoiser à peu de frais. Je décèle les figurants qui s'emmerdent à force d'attente, qui pestent parce qu'on exige qu'ils arpentent les mêmes cinq ou six mètres sans leur garantir ne serait-ce qu'un plan d'une seconde et demi, loin, derrière l'épaule du personnage secondaire. Ceux qui râlent, enfin, parce que le temps ne fléchit pas malgré ce temps suspendu. Ils connaissent déjà les lieux et se juchent en habitués sur leur meilleur profil dont personne ne profitera jamais vraiment.
J'aime à penser qu'il y a pire comme boulot alimentaire. Je bois des cafés, j'écris, j'observe des artisans de l'image s'échiner sur du vide avec autant de sérieux que de désinvolture. En plus, et ça ne gâche rien, quelqu'un a oublié de refermer une porte dont je pensais qu'elle n'était que décor. Elle mène en réalité à un escalator décoloré par des tagueurs nocturnes, des prises évidées, des fils électriques jaillissant de blocs de béton, des murs sans tain, des morceaux d'échafaudage. Le décor s'arrête au niveau des coutures et j'en déglutis mon Borges et mon Cortazar avec la joie enfantine des lecteurs écroués. Je repense à cette escale à Abou Simbel lors d'un voyage de noces vécu dans une autre vie. Il y avait les statues et derrière : des parpaings, du plâtre étalé à l'arrache pour renforcer les jointures, une structure en métal. On se serait cru dans une bande-dessinée de Schuitten et Peeters.
Non, la journée n'a rien de nuisible et j'ai volé deux pommes à la régie.
Je devrais assener un point final à ce texte qui s'allonge à mesure que l'heure coule. Il faudra le taper ce soir et je prévois deux bonnes heures – plutôt quatre, en réalité, mais je mixe un morceau bizarroïde en même temps.
(…)
Un vilain coup de barre a démarré il y a dix minutes à ce bureau de pacotille situé pile sous la clim réversible réglée sur « chaud ». J'ai croisé mes jambes façon pacha qui ne s'assume qu'à moitié (s'assumer pleinement impliquerait d'étaler mes panards sur le clavier factice en renversant la tasse immaculée et la lampe pas branchée).
Les paupières lourdes s'accompagnent volontiers de pensées déplaisantes et me renvoient à des souvenirs de mon passage dans les Barbiches. Un ami m'a suggéré il y a une quinzaine qu'il valait mieux ne plus rien écrire sur le sujet. Une démarche qui me dessert avant tout.
Ma foi, ça se discute. Je n'ai plus grand monde à qui causer alors pourquoi ne pas l'écrire et le lâcher au gré du vent. On n'écrit pas uniquement pour se libérer d'un poids. Ou plutôt, la libération exige le risque d'être lu. Je m'estime lésé, trompé, trahi. J'ai été utilisé, harcelé par l'un, manipulé par l'autre, exploité par l'ensemble, et je devrais me taire pour faire bonne figure et respecter l'adage du linge sale qui se lave en famille. Mais de quelle famille parle-t-on ? Celle qui m'a dévoré jusqu'au foie sous prétexte d'amitiés anciennes, fondées sur de vieilles beuveries et des souvenirs de fumées blanches ? Celle qui me rappelait dès que l'occasion se présentait que je ne devais pas quitter la case qu'on m'avait assigné semble-t-il ad vitam ? Celle qui me rabaissait volontiers ?
J'aime beaucoup l'image des Barbiches Tourneurs, cette famille d'amis qui se connaissent depuis toujours et se soutiennent mordicus, contre vents et marées. J'y ai moi-même souscrit et contribué en pleine conscience de façon à alimenter une actualité pas toujours aussi dense qu'on l'eut souhaité avec les moyens du bord – rarement secondé par mes camarades qui regardaient ça d'un œil désabusé, voire suspicieux.
Le mythe repose sur des bases avérées, fondatrices, légèrement exagérées dans le souvenir de chacun des protagonistes. Ca reste un mythe et un leurre.
Lorsque je suis revenu dans le groupe, il y a sept ans, nous n'avions pas encore de camion à disposition et j'utilisais ma voiture (un break) pour transbahuter le gros du matériel. Mon co-pilote passait l'essentiel du trajet à cracher dans le dos des autres et personne n'a songé à évaluer les frais d'essence. Evoquer un quelconque remboursement me mettait automatiquement dans la peau du radin de service. Il m'a fallu un certain temps pour comprendre que l'avarice correspondait à un fonctionnement. J'ai fini par réussir à imposer le remboursement des frais kilométriques selon un calcul favorable aux économies du groupe – qui ne prenait absolument pas en compte l'usure des véhicules engagés. L'autre conducteur ne défendit jamais mon point de vue mais toucha les sous comme moi. Je suppose que j'ai été syndicaliste sous une précédente incarnation.
Ce premier été, pourtant, coûta six cents euros à ma moitié, qui me les avança sans poser de questions, sans jamais me le reprocher, sans jamais les réclamer. Elle n'en pensait pas moins, m'avoua-t-elle plus tard, bien plus tard, lorsque je les lui rendis après en avoir exigé la dévolution l'année dernière. C'était en mars 2022, ou par là. Quand j'ai commencé à prendre conscience qu'on se moquait sans vergogne de tout ce que je pouvais penser, ressentir, demander, malgré un investissement total de ma part à tous les niveaux.
Le premier été, je me rends compte qu'il m'aura brisé longtemps. Je n'étais pas prévu sur toutes les dates. Question de budget. J'ai donc proposé de jouer gratuitement sur une quinzaine de concerts parce que l'un de mes collègues en particulier – celui que j'appris, avec le temps, à surnommer « ma Némésis » dans mon for intérieur – s'évertuait à me rappeler tous les quatre matins que ma place dans le groupe était loin d'être acquise. A l'époque, je n'avais pas de revenu fixe. Dans ce contexte particulier, cela s'appelle jouer avec les nerfs et les miens furent soumis à rude épreuve. Je ne raconte pas tout. Je ne raconte pas la moitié. Ni le quart de ce que j'ai subi ce premier été. J'effectuais ces dates gratuitement pour me rendre indissociable du projet que j'avais co-fondé des années plus tôt, le groupe que j'avais nommé. J'occupais le terrain et je le payais de ma personne et ma compagne payait le gasoil.
J'en ai encore des sacs entiers, de ce fumier putride. J'aimerais le vider ici ou ailleurs, m'en débarrasser une fois pour toutes. Les remarques sur mon physique, les attaques personnelles déguisées en « fions » de bon aloi, les changements d'humeur de mi-saison du lider maximo et les oublis administratifs, les défauts de communication d'une bande qui préférait se dédouaner sur la prod plutôt que de prendre ses responsabilités. Je sais que personne n'a envie de lire ceci. On m'a bouffé tranquillement sans que je ne parvienne réellement à comprendre ce qui se passait. On m'a volé également. Du temps. De l'argent. Alors tant pis, ça dégorge. C'est une question d'hygiène mentale.
Vivement la psy, j'ai des reflux de Barbiches.
J'ai l'âme aigrie, le fond de l’œil nauséeux. Allez pause.
(…)
Je m'apprête à jeter le point final en bout de texte. Je suis à la maison, deux heures du matin, je finis de taper, de reprendre. Je suppose que je vais relire et virer quelques coquilles. Je me rends compte que cette histoire me souille de l'intérieur et me ronge encore les viscères. Je ne souhaite pourtant rien à personne. J'ai juste besoin de vider certains abcès.
La journée de tournage s'est poursuivie sans encombres jusqu'à 18h et des brouettes. J'ai sympathisé avec un figurant. Nous étions face à face, à l'accueil du rez-de-chaussée et l'on nous donnait des indications contradictoires. C'était magique. « Toi, tu passes derrière le comptoir. Voilà, il faut qu'il y ait un mouvement, là... »
Heu, oui ok, mais je suis un détenu, qu'est-ce que je fous derrière le comptoir ?
Mon collègue du jour jouait un flic en uniforme. Il me répétait en chuchotant « dites donc,, oh, c'est ma place, monsieur. » Je répondais que je cherchais les toilettes, de la drogue, un chameau. Bref, on a frôlé le fou rire sous les regards réprobateurs de l'équipe technique.
Je t'embrasse, te souhaite une bonne journée et te dis à bientôt mais je ne sais quand, mon programme est chargé depuis peu.
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