96 – 19 et 20 mars 2023 – Strange Days.

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J'ai écrit hier soir l'équivalent de trois feuillets sur un carnet glané chez Gibert (au rayon arnaque pour auteurs fauchés qui se rêvent écrivains). J'avais besoin de me détendre et je gage que j'en aurai encore besoin ce soir, en rentrant de la classe d'ensemble du JAM. Il est 16h20 – ou à peu près – et je sors d'une sieste en compagnie du fiston, récupéré à l'école ce midi pour cause d'exténuation significative. Il s'endormait en classe, le bougre. Je détaillerai plus tard pourquoi ma fatigue perpétuelle semble avoir contaminé le reste de la famille – même si j'affirme d'emblée que les apparences sont trompeuses – et déclare également devoir remettre à plus tard la continuité du jour. Ce récit sera haché, le fruit d'un cut up entre le brouillon d'hier soir, les mots de l'instant, ceux de ce soir en rentrant. Un patchwork peu habile, à l'absence patente de maîtrise littéraire mais criant de vérité, habité d'un amour incommensurable pour l'espèce humaine et non dénué d'intérêt pour la musique et / ou le moment politique que nous subissons / vivons / suscitons ces derniers jours.

En partie rédigé hier soir :

Je ne sais par où commencer. Ces derniers jours n'ont pas cessé d'osciller entre l'inquiétante étrangeté d'une existence lambda, soumise à la contingence que les horaires et l'agenda rêvent de museler, et les disruptions impromptues que le hasard dicte en bâillant, comme pour signifier sans un regard en arrière qu'il est ici seul maître. Pour le regard en arrière, ne vous creusez pas la tête, je vous ai prévenus : la plume aujourd'hui a largué les amarres et j'abandonne toute maîtrise au profit de l'idée qui tombe sans crier gare. On dira ce qu'on veut du résultat mais n'oublions jamais que ce journal mal nommé reste avant tout un laboratoire personnel.

Je dors trop peu pour me sentir reposé les lendemains des nuits dépassant les quatre heures de sommeil, et je travaille sans discontinuer. Ca en devient physique, avec les yeux qui brûlent contre les paupières, les globes oculaires qui grincent comme dans du sable, les douleurs qui virent au rhumatisme et le souffle qui manque. Et la tête qui tourne, la sueur froide qui dégouline sous la nuque et te mange le dos, les pertes soudaines d'équilibre, les phosphènes dans le champ de vision...

La soirée de samedi, je l'ai passée à mettre de l'ordre dans les répertoires des différents projets en cours, à ce niveau d'épuisement où la moindre pensée t'embarque pour un autre monde – et tu te retrouves à jouer aux morpions sur un coin de feuille en imprimant les paroles des JAG, googlant aussi des titres dont il faut récupérer les paroles et grilles d'accords, fouillant chaque tiroir en quête de pochettes cartonnées datant de Mathusalem et des pochettes de papier couleur pour optimiser le classement, puis tu croises un vieux texte et tu attrapes la guitare pour mettre à profit ces derniers mois d'apprentissage intensif, composer dans l'heure qui suit sans oublier de penser à la bouffe, à l'ampli de retour qu'il faut quérir je ne sais encore où, et c'est une activité qui dévore, digère et vomit l'autre, et tes yeux te semblent de plus en plus secs et enflés, ton esprit sent la boue squameuse et la poussière qui durcit, ta colonne et tes vertèbres te susurrent ton âge en pinçant les lèvres pour étouffer un fou rire, et la crampe du soir à la cheville droite annonce peut-être celle qui te réveillera à 7 ou 8 heures du matin alors que tu vises un lever tardif, parce que c'est ce genre de crampe qui t'a arraché à Orphée ce jour même, fallait pas taquiner le vélo pour aller au concert, pédaler comme un ado, rechigner à changer de vitesse pour assouplir la cadence, fallait pas diviser les nuits par deux.

Vendredi matin, 10 heures au Jam, j'ai répété avec l'un, passant de la guitare à la basse et de la basse à l'harmonica. L'après-midi, j'ai répété avec l'autre, guitare ou harmo, chant lead ou seconde voix, simples chœurs ou contre-chant. Puis course à vélo pour rendez-vous psy derrière la gare. Une belle trotte à vitesse grand V. Je reviens à temps, une heure plus tard, pour la troisième répétition, informelle, détendue. Un élève du Jam, encore un, avec lequel je fais tourner des plans, on joue des grilles qu'on n'a pas fini de composer l'un ou l'autre. C'est du chantier et de la friche, mais un chantier géré par des contremaîtres qui se refusent à porter une montre et à remplir des bases de données, et des friches qui n'ont pas besoin de se transformer en champ de récoltes. Je doute que cela débouche sur autre chose que des enregistrements maison. Tant mieux, j'aime les enregistrements maison, j'aime composer. La création restera toujours l'étape qui m'accroche à l'univers, ce moment où l'idée, que tu façonnes seul ou à deux, ou en équipe, voire sur plusieurs années avec des individualités différentes, devient un objet sonore que l'on pourrait presque toucher.

M'enfin, Miguel, c'est la musique qui nous touche, pas l'inverse.

Gnagnagna. Il est pourri, ce cut up.

Me suis couché fort tard après le concert des JAG mais comme je l'ai exprimé par ailleurs, ça valait largement le coup.

Pause nocturne. Je suis enfin fatigué. Il est deux heures et des brouettes et je me lève à sept heures demain.

(…)

2h36. Rédigeons encore quelques lignes pour hâter le choc des paupières. Samedi, je l'ai passé à dégager de la place dans le garage en prévision de la répétition du dimanche soir. J'ai accueilli la classe d'ensemble. Ne manquait que le saxophoniste. Un piano électrique – gracieusement prêté par ma moitié, un synthétiseur fourni par le musicien, deux guitares, une trompette, deux chanteuses, et bibi à la basse. Le batteur nous a rejoints en cours de route avec une batterie amputée de ses toms. Nous avons joué deux heures dans un chaos sonore jouissif pour qui apprécie l'art du bruit et l'avant-garde sous toutes ses formes, et j'avais des nœuds à la main gauche, la tendinite au coude droit, l'estomac encore plus vide que le volet social d'un projet lepéniste, manque de temps pour manger, dormir, réfléchir, se poser.

Samedi, donc, rangement et translations de vélo d'une pièce à l'autre, classement de papelards et grattouillage anarchique, le tout dans l'ambiance survoltée d'un foyer de plus en plus investi dans les discussions politiques. Milo nous questionne sans discontinuer, Esteban m'a enfin rappelé, Nausicaa apprécie l'effusion des manifestations tout en marquant une distance salutaire sans toutefois nous reléguer à notre place de vieux cons que corrodent d'antiques combats, des idéaux gâchés et des rêves sans fondement.

Esteban, je l'ai gardé longtemps au bout du fil. Il faut dire que je l'avais appelé quelques fois cette semaine. Euphémisme, quand tu nous tiens...

Sans réponse, ni relance, sans texto de rigueur, ni mail, tweet ou pigeon voyageur. Rien, que dalle, nib, nada, zéro, néant, les limbes dans les limbes des limbes de la communication. Dans mon avant-dernier message, je lui suggérais de modifier quotidiennement l'annonce de son répondeur pour m'autoriser l'illusion d'un dialogue – certes un rien décousu.

Vendredi, rentrant du concert des JAG, je commente l'un de ses tweets politiques : « C'est bien beau tout ça mais appelle ton père. » Toujours rien. Le lendemain, samedi, je craque et c'est un papa blessé et traversé de colère qui lui pourrit le répondeur en lui rappelant que le contexte des échauffourées parisiennes justifie pleinement mes inquiétudes. Il m'a rappelé dans l'heure.

Cette fois, je l'entends qui toque à ma porte, le foutu marchand de sable. A tantôt.

(…)

Fin de la partie rédigée hier soir et retravaillée dans l'après-midi de ce lundi déjà vieux. Je bosse ma basse à présent et achèverai ceci cette nuit après onze heures.

23 heures ou pas loin. Rentré du Jam il y a une demi-heure. Mal au bras. Tendinite. Mal aux doigts. Fatigue. Phrases courtes. Pas de verbe. Naze. On dirait Duras sans le souffle épique – un rien catarrheux il est vrai. Entendu dans la voiture les dernières nouvelles, les motions de censure rejetées, Borne qui se félicite, les rues qui s'agitent et les feux qui se déclarent. Plus de cent interpellations à Paris dans la soirée – pour l'instant. Nous vivons un moment historique. J'ose croire qu'il va durer. J'ose espérer un aboutissement positif, une véritable renaissance, pour récupérer un terme que des salauds nous ont volé sans se préoccuper, une fois du plus, du sens et de la valeur des mots.

Les politiques agissent de la sorte depuis longtemps déjà. On évoquera la « langue de bois », poussiéreuse, purement générique, appréciée des journalistes qui refusent de se mouiller, ou la « novlangue », héritée d'Orwell, dont les subtilités de fonctionnement concernent essentiellement les linguistes. On connaît le principe : usons d'euphémismes, inventons des mots-valises et abusons d'anglicismes. Piochons allègrement dans le vocabulaire d'entreprise, les abus de langage du net, le glossaire technologique. L'objectif est toujours le même : interrompre momentanément, voire durablement, le processus de la pensée. Positivons le langage. On n'est pas licencié mais remercié ; on ne travaille pas à la chaîne, on est « ouvrier non-qualifié » ; l'élève devient « apprenant » dans le vocabulaire institutionnel de l'éducation nationale et les « plans sociaux » cachent des licenciements de masse.

L'ère macroniste a poussé ces tendances à un degré hallucinant. Les mots perdent de leur sens et l'on ne sait plus sur quel pied danser. Macron lui-même se pose en prince du mensonge, n'hésitant pas à assener des vérités contradictoires, si ce n'est diamétralement opposées, avec les mêmes accents de sincérité dans sa voix de quadragénaire ultime, de mâle florissant parce que chef de projet depuis son plus jeune âge. Il serait temps de reprendre possession du langage.

Je passe du coq à l'âne parce que tel est mon bon plaisir et que je n'avais pas terminé de raconter les derniers jours écoulés, ces jours qui donnent leur titre à ce texte n°96 du « Journal qui s'achève en traînant la patte. » Etrangeté des temps que nous vivons, où l'on hurle à la révolte alors que nous avons passé trente ans à grossir les rangs des abstentionnistes, que nous avons avalé des couleuvres parce que nous pensions ne pas avoir le choix. Il y a un bail que l'on assassine dans les manifs, que les flics s'en tirent en toute impunité, que la répression s'installe, tranquillement dans le paysage. Las, nous relevons le menton parce que la faim, parce que le climat, parce que la crise COVID et tout ce que ça implique, parce que les dirigeants qui se gaussent à notre nez et à notre barbe ricanent un peu trop fort et en se cachant de moins en moins. Manifestement, nous n'en pouvons plus – et même ainsi je me rends bien compte que rien n'est joué, que la main qui tient la matraque jouit d'une fermeté inédite à hauteur de ma vie d'homme déjà mûr.

Etrangeté dans ma perception personnelle des événements qui jalonnent ma vie et celle de mon entourage proche et moins proche : la fatigue modifie l'acuité des sens, l'humeur, la tête hurle parfois de douleur avec ce vacarme sourd que personne d'autre n'entend et qui évoque le Te Deum.

Etrangeté de ce dimanche – hier – passé en partie à discuter avec Greg, revu sur un caprice du hasard. Il me manquait un ampli de retour pour la répétition improvisée avec la classe d'ensemble et j'ai d'abord cru que Tom ne me l'avait pas rendu. Il n'est pas sûr, croit se souvenir qu'il me l'a rendu lors d'un trajet-concert durant la dernière saison, je l'écoute sans parvenir à mettre des images sur ces souvenirs brouillés par la rupture, la fatigue, cet état de semi-dépression larvée qui me terrasse encore un peu ces derniers temps.

De fil en aiguille, je finis par appeler Greg, tendu comme une limace congelée pour la déconne, lui explique en quelques mots en tâchant de ne pas glisser dans ma voix le ton de la discorde. Il me dit « passe » et je passe.

La suite, je la garde pour moi. Du moins dans le détail. Nous avons tout de même réussi à échanger avec la courtoisie des amis qie se sont aimés et se refusent à effacer certains souvenirs. Nous avons tous deux reconnus qu'il n'était pas opportun de se revoir dans un futur proche. Nous avons usé de termes amicaux plus que purement civils, mais dont la teneur démontrait que dans l'état actuel de nos vies respectives, il importe avant tout de se reconstruire chacun dans son coin et de ne songer au reste autrement que par le biais de l'analyse.

Je ne dirais pas que nous nous sommes quittés bons amis mais il n'y avait pas de haine ou d'agacement. Nous n'en sommes pas au même point mais nous ne vivons pas les mêmes choses.

Quand je vous disais que ces journées sont bizarres.

Rentré trop tard pour manger, j'ai enchaîné sur l'accueil des musiciens du Jam, l'installation, puis la répète.

Anarchie acoustique, tonitruance mal gérée, il aurait fallu une personne coincée à la table de mix, affinant les equal de chaque instrument pour parvenir à un résultat sonore honorable. Mais ce n'était pas du temps perdu. Nous avons joué une heure et demi, chaque morceau deux ou trois fois du début à la fin. Nous avons recommencé ce soir, sous la supervision du prof et, en ce qui concerne ma maîtrise des grilles, je confirme que l'initiative n'aura pas servi à rien.

Bref.

On range tout, les zicosses se retirent, je range ce qu'il y a à ranger, je monte manger, couche le petit, redescends dans le bureau travailler ma basse. Vers 23h, j'ôte mes écouteurs et j'entends des cris dans la maison. Ca court là-haut. Comprends pas mais bon, on est une famille de cintrés, disons que rien ici ne sort jamais vraiment de l'ordinaire. Je me lève, éteins les lumières, je traîne des semelles, loin de la précipitation. J'entends toutefois le rideau automatique du garage s'ouvrir. Je passe du bureau au garage. Milo est derrière la porte vitrée, en pyjama rouge et veste bleue, ses doudous en main. Excité comme une puce.

« Viens, papa, je crois que Kai s'est un peu laissé aller ! »

Kai, c'est le ninja du feu dans Ninjago.

Je ne l'écoute pas plus que ça. Sur le côté droit de la maison, celui qui donne sur l'immeuble au bout de la rue, une forte lumière orangée attaque la nuit de ses coups de mâchoire saturée. Je me précipite dans la direction de ce... truc, incrédule, incapable de mettre un mot là-dessus même si j'ai bien pigé, au fond, que c'est un incendie.

L'arrière de la maison, de ce côté, jouxte les poubelles de l'immeuble, que circonscrivent assez chichement des murets de béton. Devant ce local à poubelles de pacotille, des encombrants. Il y traînait un grand matelas depuis quelques jours, un meuble, deux trois merdouilles. Le feu s'est déjà propagé aux arbres qui forment notre haie de séparation. Ces arbres, s'ils s'enflamment les uns après les autres enfermeront notre maison dans les flammes. Ajoutons qu'une voiture est garée à moins de trois mètres du matelas enflammé.

Ma compagne nous a rejoints dehors. Elle récupère Milo.

Elle me dit :

« J'ai appelé les pompiers et je suis tombé sur un connard.

- Hein, quoi ? »

Elle reprend mais je vois qu'elle ne plaisante pas. Le pompier au standard ne l'a pas crue. Il lui a dit qu'elle regardait trop de séries américaines et lui a raccroché au nez.

Je cours vers ma voiture, je déverrouille la portière, je klaxonne comme un dingue. Le genre de coups de klaxon que personne ne supportera jamais : des coups de 30 à 40 secondes répétées. J'observe les fenêtres qui s'allument une à une dans l'immeuble. Je hurle aux gens d'appeler les pompiers. « On ne nous a pas crus », leur raconte-t-on. Je leur dis de dénicher le propriétaire de la voiture garée devant le feu. Un voisin descend avec un extincteur. Pas tout de suite. Il lui faut le temps de le trouver et quand il se pointe, je suis au fond du jardin avec un pauvre tuyau torsadé à tâcher de ralentir la progression des flammes dans les arbres. J'ai viré le tas de planches au préalable. Si elles venaient à prendre feu, ce serait la cata. Du petit bois pour le reste.

Un autre gars arrive avec un saut d'eau. L'extincteur interrompt de manière significative l'avancée de l'incendie. Tout ceci se déroule en un laps de temps très court. Dix minutes au plus. Les pompiers arrivent enfin pour parachever l'extinction des feux.

Je reviens à l'avant de la maison. Milo parle à tout le monde. Il déclare à qui veut l'entendre que les Avengers ne devraient pas tarder à débarquer. Notre locataire, étudiante en Agro, ressemble à une biche aux yeux effrayés.

Au bout de la rue, il se passe autre chose. Un voisin vient de tirer une énorme poubelle vers la rue, l'éloignant ainsi d'une haie de résineux. Un autre départ de feu. J'y vais. Milo m'accompagne. Avec le voisin en question, on essaie de l'éteindre. Saut d'eau. Mais le temps de le remplir, le feu reprend de plus belle et bientôt le container commence à fondre comme le générique d'un film de Carpenter. Les pompiers nous rejoindront plus tard et achèveront d'éteindre le machin.

Je demande l'heure aux deux voisins encore dehors.

« 23h40 ? La vache, il est tôt ! On a encore le temps d'aller cramer des poubelles. »

Rires. Connivence. Complicité. Les incendies, ça rapproche.

Plus tard, ma compagne et moi nous mesurons notre chance : si le feu s'était déclaré à trois heures du matin, à l'heure où tout le monde dort ; si les volets du salon avaient été fermés, ma compagne n'aurait pas vu la lueur des flammes ; si le gars de l'immeuble n'avait pas eu d'extincteur ; si le voisin n'avait pas couru au bout de la rue pour une raison tout autre et n'avait pas dégagé le deuxième départ de feu...

Bref. Une journée bizarre, à n'en point douter.

Je te laisse. Il est l'heure de taquiner la nuit pour qu'elle m'accepte en son sein.

Dors bien et méfie-toi des poubelles.

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