98 – 22 mars 2023 – Une pensée pousse l'autre.
Tempus Fugit, alors retour à la méthode des phrases sans queue ni tête jusqu'à ce que le chronomètre sonne le glas de ce moment volé à la grande course.
Ca pète. Que vous l'appeliez de vos vœux les plus chers ou qu'au contraire ça vous secoue jusque dans l'angoisse la plus crispée, ça pète. Les barricades semblent un peu chiches sur le flux d'images de Tweeter mais ne nous y trompons pas : ce ne sont pas des feux de paille.
Il y a quelques jours – je ne sais plus quand, je perds le fil – les manifestants clamaient « la police déteste tout le monde. » J'ai trouvé ça plus fin que l'inverse même si la réciproque reste une vérité gravée dans le marbre.
Les Parisiens montrent l'exemple. En bons méridionaux, nous leur donnerons plus tard quelque nom d'oiseau mâtiné d'accent fleurant les cigales et la Garrigue, mais il est permis de les admirer encore un peu : des manifestations sauvages se déclarent en plusieurs points. La flicaille leur court après et y égare sa boussole. On sent de l'organisation, de la détermination. Le nombre pourrait grossir mais le nombre ne s'est pas fait attendre.
Jonchez, poubelles, ordures, déployez vos parfums
De pestilence, de gras, de surconsommation,
Exhalez à la face et au nez de nos pandores.
La soldate, inexperte engeance, ronge son frein,
Hâtant sans le savoir le pas des rébellions
Qui, quand la faim tenaille, jettent les rois dehors.
Scandons la fin d'un règne et rêvons de clarté,
Car l'heure est sombre, braves gens, l'heure est grave,
Et nous sommes la lumière qui viendra éclairer,
Cet âge de ténèbres, de mensonges et d'entraves.
Tu crois au temps perdu, à la vie qui s'agite,
Aux cercles vicieux, aux cycles de l'Histoire,
Alors tu hausses les épaules et non, hélas, le ton.
Et pourtant, la masse, la plèbe dicte l'incipit
D'un livre aux pages vierges dont nous sommes l'encre noire,
Livre dont le titre s'écrit « Révolution. »
Ca pète enfin et j'en ai encore à dire, à écrire, et le Canard me nargue depuis un mois que je n'ai pu le déflorer. Les exemplaires s'alourdissent sur les bras du canapé.
Le chaos vient à peine d'émerger. Il s'agit d'un bébé braillard et capricieux. Il veut du lait et des tétons. Bientôt il saura lire, il aura des lettres, des sciences...
… et une logistique !
A bon entendeur.
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