104 – 2 juillet 2023 – La vie est un long fleuve pollué.
Disons-le d'emblée, je n'ai pas le temps. Je rédige aujourd'hui ces quelques lignes en écoutant d'une oreille fatiguée une vidéo de Blast sur Gérald Darmanin, cet homme magique que j'admire au-delà de toute décence pour son courage, ses convictions et sa coupe de cheveux. Le Gérard Depardieu de la politique, en quelque sorte. Je me dis que le temps passe vite et que les mots se cognent à la pulpe de mes doigts, qu'il faut bien qu'ils sortent de temps en temps parce que sinon, ça macère dans le bouillon du ciboulot, ça bout, ça fait des bulles, et surtout ça chauffe et en ce moment, niveau température, il serait bon de n'en point rajouter.
(Oui parce qu'il fait chaud, c'est un lieu commun, mais commun n'est pas banal et peut-être en parlerons-nous)
J'ai raté pas mal de rendez-vous depuis la dernière entrée de ce faux journal intime. Je parle de rendez-vous d'actualité. Entre les grèves, les manifestations, l'épuisement du mouvement de protestation, la morgue immonde de Macron et de sa bande de branleurs, les fameux 100 jours d'apaisement (rien que le nom m'amuse, mais pas beaucoup, pas longtemps, et ça me laisse un goût amer au creux de la gorge), la fin de « C'est encore nous », dont je pleure et déplore la mise au placard symbolique – mais nullement politique, ben non, évidemment.
Une amie est morte. Je ne m'étendrai pas là-dessus. Ceux qui la connaissent savent de qui je parle mais je ne citerai pas son nom ni celui de son enfant, ou de son ancien compagnon, le père du petit. J'étais en communication avec ce dernier au moment où c'est arrivé, ces discussions Facebook qui s'alanguissent sur plusieurs jours au gré des bons mots et des réparties. Du pas sérieux, du léger, du qui maintient le lien pour le plaisir de savoir l'autre pas loin. Je répondais au dernier message – par une connerie, bien sûr – et là il me dit ouais mais là je suis aux urgences. Et de détailler vite fait. Stupeur, incompréhension, la nouvelle tombe comme un couperet une heure plus tard et je le rejoins à l'hosto avec un paquet de tabac. Accident, le petit n'a rien eu mais sa mère n'avait pas quarante ans.
Je suis chargé par l'ami d'appeler ceux qui la connaissent dont il subsiste des traces d'appel dans mon portable. Je passe donc toute une série de coup de fils, j'ai certains Barbiches au bout du fil. Etranges retrouvailles dans ce contexte. Nous nous recroisons une semaine plus tard lors de la cérémonie. Je serai à jamais la bête noire, le mal aimé, le gars qui ouvert sa gueule parce qu'il subissait la pression d'un groupe. Je l'ai senti dans les regards de ceux qui gravitent, je l'ai senti dans l'embarras de mes anciens amis, mais les deux plus vieux d'entre eux m'ont serré dans les bras.
Mon pote, le père du petit, je l'ai vu arranger les mèches de son ancienne compagne. Elle venait d'être déplacée dans le cercueil. La tendresse, sur ce fond d'existence, m'aura rarement autant touché et je le revois encore dans mes rêves sombres, ce geste doux, délicat, ces doigts gourds qui semblent détenir un savoir qui dépasse la personne qui les meut.
J'ai joué.
Pas tant que ça mais tout de même. Basse, guitare, harmonica, les projets s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Deux concerts avec les Jag, où je tiens un rôle relativement passif par rapport à ce que j'ai pu faire par le passé : en retrait, égrenant quelques notes à la guitare, jouant l'harmonie vocale, adoptant l'harmonica comme instrument soliste d'appoint. J'ai également joué au concert de la classe d'ensemble du Jam. J'étais à la basse. J'en ai parlé ailleurs mais j'étais bien, à l'aise, conscient de mon niveau et de l'immense marge de progression qui s'offre à moi, et je me suis permis de faire le con sur scène avec des chapeaux de modèles et couleurs différentes.
J'ai accompagné mon autre complice rencontré au Jam, Sébastien. J'ai hâte que vous entendiez sa voix, j'ai hâte que nous parvenions à maîtriser un répertoire.
J'ai joué avec Dirty Bootz au Jam puis à Victoire 2. Nous avons répété en intégrant Tom à la basse (« oh la la, je suis rouillé à la basse », tu parles) en prévision d'un concert le 14 juillet à Octon. Je participe activement aux tout débuts d'un groupe qui se dit de « hardcore » avec un vieux, vieux copain. J'y tiens la basse et ma foi, tout reste à construire.
Et l'écriture ?
J'ai croisé un contact Facebook à Victoire 2 il y a deux jours – salut à toi Moules Frites ! Elle m'a rappelé à l'ordre : « Ben alors, tu n'écris plus ? »
Ma foi, c'est compliqué. J'ai peu de temps. Je me concentre sur la musique, travaille beaucoup la guitare et la basse. Je compte demander un financement à Pôle emploi pour une deuxième année au Jam mais je ne peux pas me permettre de perdre le rythme. Alors je fais mes gammes, binaire, ternaire, mes arpèges, mes suites d'accords, j'empile les tierces, encore et toujours.
J'ai oublié d'évoquer ce bœuf au Jungle Pub, avec Thierry, mon prof de solfège, et son fiston de seize ans, dont la maîtrise de la batterie fait froid dans le dos. J'en profite pour saluer timidement Captain Roland. Et j'espère y retourner.
Et j'en causerai tantôt.
Je vais arrêter là pour aujourd'hui, j'ai des morceaux à repiquer et une figuration à préparer !
La biz à toi qui passes, je jetterai quelques lignes mardi matin.
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