Chapitre 18
La jeune femme se leva brusquement. Elle hurlait à plein poumons. Hemrik et Tenaig sursautèrent face à la réaction de Drya. Elle se tenait la tête des deux mains et sillonnait l’habitation de manière erratique, renversant au passage sa chaise et les affaires du Témoin qui restait les bras ballants, paralysé par sa découverte. Hemrik se porta au secours de sa compagne de route, même s’il ignorait quoi faire pour l’aider. Sous la douleur, elle le repoussa.
— Faites-les taire ! cria Drya. Je vous en prie, que quelqu’un les fasse taire !
Sa tête était en ébullition. Des centaines, des milliers de voix vociféraient dans son crâne, et chacune d’elle était telle une aiguille qui s’enfonçait inexorablement dans son cerveau. Elles étaient si nombreuses que ce qu’elles racontaient n’était qu’un brouhaha incompréhensible. Un vacarme tel qu’elle en perdait le reste de ses sens et la notion même de l’espace et du temps. Plus rien d’autre n’existait que ces voix.
Une cependant ce détacha du lot. Elle était plus forte, mais inintelligible elle aussi. Petit à petit, elle prit de l’ampleur.
— Rya… entends ? Calme-toi…
Hemrik. Il l’appelait. Elle voulait lui répondre, mais elle était coincée, englobée, noyée par les voix.
— Allez, ma jolie, il faut que tu luttes !
Louve. Drya ressentait sa présence familière autour d’elle. Les voix l’entouraient aussi, mais elle les repoussait du mieux qu’elle pouvait.
— Drya, aide-moi ! On doit refermer la porte !
S’attirant l’une vers l’autre, les deux consciences parvinrent à se rejoindre. Ensemble, elles refoulèrent les voix avec plus d’efficacité. Elles puisèrent leur force au plus profond d’elles-mêmes et tirèrent le battant qui se referma dans un bruit sec. Du même coup, elles se retrouvèrent expulsées du couloir aux innombrables portes.
Louve ouvrit les yeux, haletante. Elle était couchée à terre, la tête sur les genoux d’Hemrik. Les voix s’étaient enfin tues. Les deux esprits se retrouvaient seuls dans leur corps, dans un silence agréable. Après l’éjection de leur subconscient, Louve avait remplacé Drya. Pour une fois sans avoir à lutter. Elle sourit. Hemrik la lâcha et se releva avec brusquerie.
— Eh ! râla Louve dont la tête avait cogné contre le sol.
— Rends de suite son corps à Drya, lui intima Hemrik qui s’était emparé d’une bûche et était prêt à s’en servir.
— Je ne peux pas, gamin, répondit-elle en se relevant. Ça ne fonctionne pas comme ça.
La guerrière se tourna vers Tenaig. Ce dernier se tenait un peu en retrait, immobile et blanc comme un linge. Hemrik fonça. Leste, Louve l’envoya voler dans le mur.
— On se calme, gamin, fit-elle, j’ai besoin de lui, je ne vais pas le tuer.
— Excuse-moi de ne pas être convaincu…
— Je n’ai pas besoin de ton accord, mais soit, je promets de ne lui faire aucun mal. Tu sais que je n’ai qu’une parole, sinon tu serais déjà mort.
Réticent, l’Erdrelien réfléchit quelques secondes avant de remettre la bûche sur le tas de bois. Cette conscience que renfermait le corps de Drya était dangereuse, certes, mais il ne pouvait nier qu’elle tenait ses promesses.
— C’est… ce n’est pas possible… marmonna le Témoin qui se laissa tomber sur la dernière chaise encore sur ses quatre pieds.
— Qu’y a-t-il ? demandèrent en cœur Louve et Hemrik.
L’Erdrelien jeta un regard noir à la tueuse, qui répliqua par un petit rictus. Louve rapprocha un siège de Tenaig et s’installa face à lui. Il la regardait comme s’il voyait un fantôme, comme s’il ne pouvait croire à son existence là, dans sa maison, assise devant lui.
— Ça n’a pas fonctionné, expliqua la guerrière. Nous n’avons pu ouvrir qu’une seule porte, et des milliers de voix nous ont assaillies. Qu’est-ce que ça signifie ?
Tenaig resta silencieux. Louve le prit par les épaules et le secoua. Hemrik s’avança, sur le qui-vive. Il se refusait à accorder sa confiance à la tueuse, malgré ses promesses. Petit à petit, le Témoin reprit des couleurs et la lueur dans ses yeux se ralluma.
— Vous êtes nouvelle, et ça ne se peut. Sans Dragon, il ne peut y avoir d’âmes nouvelles.
— Je ne suis pas aussi patiente que Drya, Témoin.
— Rien n’est immortel, reprit Tenaig. Pas même les âmes. À force de changer de corps, de vieillir, elles se désagrègent. Sauf qu’une âme est de l’énergie, et cette énergie ne peut pas simplement disparaître. C’est là qu’intervient… qu’intervenait le Dragon. Il régénérait les âmes, en prenant les trop vieilles pour en recréer de nouvelles. Des âmes pures, sans existence passée. Comme vous. Sauf que je ne comprends pas comment vous pouvez exister sans Dragon...
« Depuis que Valor Mel'Vyl, un des fondateurs des Ordres, a détruit le Dragon, la vie et la mort ne sont plus qu’anarchie. Des corps meurent, faute d’âme, ou au contraire car plusieurs en prennent possession. En outre, les âmes ne sont plus régénérées, elles vieillissent et se détériorent. Or, l’enveloppe physique pâtit d’une âme trop âgée, dégradée, et c’est là qu’apparaissent des anomalies, des difformités.
— Comme par exemple un faon à huit pattes ? demanda Hemrik, intrigué.
— Exactement. Ce phénomène empire, et ce n’est plus qu’une question de temps avant que les champs et les forêts ne dépérissent, que les animaux, les humains y compris, ne subissent tant de malformations que leur survie en sera fortement limitée.
« J’ignore ce qu’il se passera après cela. La seule chose de certaine, c’est que ce sera la fin du monde tel que nous le connaissons.
— Et quel est le rapport avec Drya et moi ? interrogea Louve.
— Et bien, vous n’avez pas de vie antérieure et en outre vous renfermez en vous des milliers d’âmes, toutes ces voix qui vous ont assaillies. Aucune forme de vie n’est capable de contenir plus d’un esprit à la fois. À part vous, en l’occurrence. Toute cette énergie aurait dû vous consumer depuis longtemps, mais vous ne semblez même pas dérangée par leur présence. De plus, vous m’avez dit avoir été attirée vers moi, ce qui ne s’explique que par un fort lien commun avec le Dragon. Or, vous êtes née bien après sa disparition, et ça, je ne comprends pas.
S’appuyant sur le dossier de la chaise, Louve croisa les bras et réfléchit à tout ce que Tenaig venait d’annoncer. Drya et elle-même étaient donc encore moins normales que ce qu’elles pensaient au départ.
— En d’autres termes, je ne suis pas censée exister ? Et vous ne savez pas m’expliquer pourquoi, ni m’en apprendre plus sur mon passé
— Hélas, soupira Tenaig, c’est exact.
Louve se leva. Elle avait besoin de prendre l’air. Tout espoir de recouvrer la mémoire par l’intermédiaire de cet homme était vain, c’était clair pour elle. Elle quitta d’un pas rapide l’habitation, malgré les protestations de Drya. Hemrik se lança à sa poursuite, mais la jeune femme avait déjà disparu dans les ténèbres.
Doucement, le temps s’écoula.
De la douce Melwyn la beauté s’en alla.
— Lâche ce luth, Pwyll, et attise le feu, j’ai presque fini de dépiauter le lièvre.
— Tu es fatiguant, Owen, à ne jamais me laisser une minute pour jouer. Un ménestrel se doit de s’entrainer tous les jours s’il ne veut pas voir ces doigts s’engourdir.
Owen, natif du nord et Helvien de pure souche, soupira. Décidément, il ne comprendrait jamais cet homme, et sans doute pas plus les autres musiciens. Lui qui dès son enfance avait été bercé au son du labeur et des combats de ses aînés avait beaucoup de difficultés à apprécier dans toutes sa splendeur les chansons de Pwyll. En tout cas, c’était toujours ce que le chanteur disait, en rajoutant qu’Owen n’était qu’un barbare au cœur plus froid que le vent de son pays.
— Tu verras qu’un jour ma musique réchauffera ce bloc de glace que tu as dans la poitrine, inculte, avait-il coutume de répéter chaque fois que l’Helvien lui demandait d’arrêter de chanter.
Le ménestrel agita les braises. Son ventre gronda. Il aimait à dire que la musique comblait tous les besoins de l’homme, mais la faim et la soif venaient régulièrement lui prouver le contraire. Originaire d’Ozvhan, capitale de Nenntela, Pwyll, musicien solitaire et sans attache, avait rapidement sentit le vent tourner lorsque la nouvelle de la débâcle de l’armée nenntelaise avait atteint la cité. Il avait fuit la ville bien avant que cette dernière ne subissent l’attaque de l’armée Asslienne. Pendant plusieurs neuvaines, il avait gagné son pain en chantant pour les réfugiés qui, comme lui, fuyaient les affres de la guerre. Il avait rencontrer Owen pendant cette période trouble et décidé de l’accompagner jusqu’au Mycher. L’Helvien n’avait jamais voulu dire à Pwyll pourquoi il descendait vers le sud, mais cela ne lui importait guère. Pwyll avait toujours eu envie d’aller dans le sud, là où la musique était riche de la culture mycherienne et wonchii. Et comme voyager en solitaire n’était pas très conseillé, cheminer avec Owen, dont le physique imposant le rassurait, restait plus agréable et sécurisant. La rencontre était fortuite, mais heureuse.
— Tu as entendu ? demanda l’Helvien.
Pwyll secoua la tête. Il était en train de songer à la petite balade qu’il pourrait créer sur leur périple et ne prêtait donc aucune attention aux bruits extérieurs. Un craquement retentit dans l’obscurité. Owen se leva.
— Ne t’inquiète donc pas tant, fit Pwyll, ça doit sûrement être une bête. Elle n’approchera pas avec le feu.
— Tu en connais beaucoup toi, des bêtes qui fredonnent ?
Le Nenntelais fronça les sourcils en tendant l’oreille. En effet, quelqu’un dans le bois musait une chanson. Le volume augmenta, de telle sorte que Pwyll put reconnaître le morceau, et ce qu’il entendit ne l’enchanta pas.
Les lames tranchent
Les os se brisent
Le sang coule
Les soldats crient
L’individu avait commencé à chanter. Une voix de femme, belle, mais classique. Elle n’avait rien de remarquable, mais au moins était juste, ce qui en soi était déjà pas mal. Cependant, Pwyll aurait préféré que cette voix entame un autre chant que cette geste. La geste du Guerrier Fou.
Owen scrutait les ténèbres, sa hache à la main, pas très rassuré lui non plus. Il ne connaissait pas la chanson et son histoire, et il n’en avait cure. Non, ce qui l’inquiétait, c’était qu’une personne avec de bonnes intentions ne s’amuserait pas à tourner autour de leur petit campement ainsi. Il repensa à ces nuits d’hiver en Helvil où les loups affamés s’approchaient si près des feux que les flammes se reflétaient dans leurs yeux jaunes. Ils tournaient de la même manière, seulement effrayés par les torches, à chercher la meilleure façon de sauter sur leur proie, souvent les chiens de traineaux, parfois même les hommes.
Ma lame est lourde
De tant de sang versé
Mon âme est sourde
Face aux pleurs des blessés
Une silhouette pénétra dans le cercle de lumière devant Owen. Elle repartit si vite que Pwyll ne put rien distinguer d’elle. L’Helvien, dos à son compagnon, lâcha sa hache et porta ses mains à sa gorge.
— Owen ? s’inquiéta le ménestrel.
Mais l’homme ne répondit qu’un borborygme et tomba à genou, avant de s’étaler face contre terre. Il ne bougeait plus. La peur serra le cœur de Pwyll. Ce n’était plus une inquiétude ou une simple crainte comme il en ressentait jusque là. C’était une vraie terreur qui s’insinuait dans toutes les fibres de son corps, de celle qu’on ne rencontre pas souvent dans sa vie, et parfois même jamais. Une terreur qui fait remonter à la surface toutes celles qu’on a connues et les rend insignifiantes. Une terreur qui le transformait en enfant, faible et si vulnérable.
Le silence soudain
Enveloppe l’endroit
Tous sont passés
De vie à trépas
Pwyll avait sortit son poignard et le serrait si fort que ces articulations blanchirent. Il était un homme de lettres et de notes, tout l’opposé d’un guerrier. Sans Owen néanmoins, il ne pouvait faire autrement que tenter de se défendre lui-même. Il tournait scrutant les profondeurs de la forêt. Il trébucha dans ses affaires et manqua tomber. Il se ressaisit et fut soulager de voir que l’inconnue n’avait pas profité de son inattention pour l’attaquer.
La voix rit. Un rire cristallin qui résonnait entre les arbres, impossible à situer. Puis elle continua la geste.
Je marche seul
Distribuant la mort
Le sang seul
Pourra laver les tords
Le ménestrel était pris au piège, petite proie sans défense, son couteau dans une main et une branche à moitié calcinée en guise de torche. Il essayait toujours sans succès de localiser la tueuse. Une sueur glacée coulait dans sa nuque et sur son front, lui brouillant la vue.
Mais n’oublie pas
Toi qui m’observes là-bas
Ma soif de mort
Rien ne la tarira
La voix avait murmuré le dernier couplet dans son oreille. Pwyll n’eut pas le temps de se retourner. Son cœur était déjà transpercé.
Le temps s’écoulait sans qu’Hemrik ne parviennent à trouver le sommeil. Il avait tenté de suivre Louve, mais il restait avant tout un citadin. La pister dans le noir lui était impossible, et il se serait perdu bien avant de retrouver sa trace. Elle finirait bien par revenir ici de toute manière, il en était certain. Il ne pouvait qu’attendre en espérant qu’elle ne rencontre personne.
Tenaig ne dormait pas non plus. La jeune femme l’avait bouleversé. Il avait beau y réfléchir, il ne parvenait pas à s’expliquer son existence. Par contre, une idée germait dans son esprit. Une idée folle, sans doute irréalisable, qui prenait naissance dans une de ses vies antérieures, treize siècles plus tôt.
La porte s’ouvrit avec violence. Louve était revenue. Ses bras étaient encombrés et elle lâcha tout ce qu’il contenait sur la table dans un fracas. L’Erdrelien se leva pour aller voir tandis que Tenaig relançait le feu.
— Qu’est-ce que c’est que tout ça ? demanda Hemrik, interloqué.
— Deux trois bricoles que j’ai trouvé dans la forêt, répondit la tueuse.
Le jeune homme empoigna un luth de bonne facture.
— Trouvé dans la forêt ? reprit-il en lui jetant un regard noir.
— Oui, bon, « trouvé » n’est peut-être pas le bon mot, râla Louve. Ne t’inquiète pas, le propriétaire ne viendra pas le réclamer. N’oublie pas que la bourse que j’ai volée à Tolsten n’est pas inépuisable, et il nous faudra de l’argent dans le Mycher, surtout si on doit acheter des informations. Ce matériel nous sera utile, et tout ce qu’on pourra vendre aussi. De toute manière, je n’ai pas à me justifier, et encore moins envers toi.
Sur ces mots, la guerrière se détourna et commença à trier et à ranger les effets des deux voyageurs infortunés. Elle gratta machinalement sa tempe droite.
— Que vous est-il arrivé ? interrogea Tenaig.
Louve s’arrêta et le fixa, perplexe.
— À l’œil, précisa-t-il.
— Un tortionnaire me l’a percé, il voulait savoir s’il allait repousser.
— Repousser ?
Elle soupira. Si elle ne répondait pas, elle sentait qu’il allait insister. Elle préféra enlever son bandeau et lui montrer. Après tant de semaine dans le noir complet, la faible luminosité qui régnait dans l’habitation suffit à l’éblouir. Elle referma sa paupière sous la douleur. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’elle puisse déjà revoir avec son œil droit. La guérison était plus rapide qu’elle ne l’avait cru. Au fond d’elle, Drya était aussi surprise. Louve ouvrit avec délicatesse les paupières, s’habituant petit à petit à la lumière. C’était d’ailleurs la seule chose qu’elle voyait, des ombres et la lueur mouvante du feu.
— C’est extraordinaire, souffla le Témoin.
Son visage était radieux, ses propres yeux pétillaient. Ainsi, il avait vu juste. Peut-être allait-il enfin pouvoir racheter ses fautes. Louve ne comprenait pas sa réaction. Son don était exceptionnel, elle le savait, mais il n’y avait pas de quoi en être aussi exalté.
— Jamais je n’aurais cru cela possible… murmura Tenaig en tombant assis sur son lit, les jambes coupées par l’émotion, mais vous êtes là, devant moi, bien réelle…
Hemrik s’approcha, tout aussi décontenancé que Louve et Drya. Ces dernières exigèrent une explication.
— J’ignore toujours comment vous existez, reprit le Témoin, mais j’appréhende maintenant que vous pouvez tous nous sauver. Ce don que vous détenez, je suis certain qu’il vous vient du Dragon. Inconsciemment, vous utilisez les âmes non pas pour en créer de nouvelles, mais pour vous soignez. Comme si vous possédiez un ersatz de son pouvoir. Et si je ne me trompe pas, cela signifie que vous êtes capable de le ramener.
— Tout ceci n’a aucun sens, railla Louve, j’espère que vous vous en rendez compte.
— Ce n’est pas si tordu que ça, intervint Drya, maintenant qu’il en parle, souviens-toi de notre vitesse de guérison après une bataille, de son ralentissement pendant notre torture, et de notre bonne santé après notre évasion, où la mort a été très présente. Aussi étrange que cela paraisse, tuer nous soigne. Quant au Dragon, cela explique le frisson que nous avons ressenti en touchant la gravure dans les ruines, et notre attraction par Tenaig.
Louve grogna. Elle détestait donner raison à Drya.
— S’il vous plaît, supplia Tenaig, aidez-moi à sauver ce monde.
— Non.
Le ton de Louve était sans appel et stoppa net le Témoin dans son élan. Son visage se décomposa. Il parvint à bredouiller péniblement un pourquoi.
— Parce que j’ai d’autres priorités. Si le monde décline depuis treize siècles il attendra bien que j’aie retrouvé mon passé. Drya accepte de vous porter assistance une fois notre quête achevée. Quant à moi, je me fiche de ce qui peut advenir. Suivant laquelle de nous deux vaincra, peut-être aurez-vous de l’aide.
— Et si vous mourez avant de revenir ? balbutia Tenaig, qui voyait tous ses espoirs s’évanouirent.
La guerrière attrapa le col de l’homme et approcha son visage. Son œil brun et l’autre, blanchâtre, lançaient des éclairs. Hemrik ne l’avait jamais vue dans une telle fureur, mais comme elle n’esquissait aucun geste menaçant, il n’intervint pas.
— Je suis la Louve, gronda-t-elle. Je suis la mort. Je suis née pour détruire. Celui qui me tuera n’est pas au bout de ses peines, croyez-moi.
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