Habitude
Une minute de lecture
Je suis, tu le sais bien, la pierre usée des marches
Que ton pas foule encor quand tu rentres chez toi ;
Je suis le chemin creux qui passe sous les arches
Que tu as élevées, par hasard posées là.
Je suis le sillon nu entre les herbes folles
Qui relie tes matins à l'ombre de tes soirs ;
Je suis la lampe éteinte et bien fixée au sol
Qui te montre où aller sans rien voir ni savoir.
Je suis l'énième geste, que tu ne choisis pas ;
Je suis la redondance au sortir de ta bouche ;
Je nie ta liberté, te dis-tu quelquefois,
Mais sans moi tu tâtonnant, tu heurtes chaque souche.
Si tu me répudies, las de ma ritournelle,
Tu épouses aussitôt, quelqu'une de mes sœurs ;
A défaut de beauté, nous sommes fort fidèles,
Et nous accompagnons tout au moins ton labeur...
Annotations
Versions