Pierres
La pierre des sentiers que foula mon enfance
Était tiède et lisse ainsi que ces galets,
Qui tapissant le fond des torrents en partance,
Du baigneur nonchalant ne blessent pas le pied.
L'adolescence morne est pavée d'un granit
Dont je bâtis des murs pour mieux me protéger,
Mais faute de ciment, de fondations fragiles,
Ces murs de pierre sèche furent tout disloqués
Puis je pris à deux mains les cailloux de ma route,
Afin de les jeter à l'ennemi connu,
Mais l'ennemi pensif se rit de ma déroute,
Et la pierre abrasive entama ma peau nue.
Un chaos de basalte à présent m'environne,
Que cracha nuit et jour mon intime volcan ;
Il fait un promontoire où les années s'étonnent...
Sur la pierre attiédie j'aime à m'asseoir souvent.
Je regarde ma vie sans amertume aucune,
Je construis peu à peu, confiance retrouvée ;
Je construis pierre à pierre, empilée une à une,
Le pont qui me relie à qui je puis aimer.
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