Amérique
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Il est parti tranquille et les cheveux au vent,
Sur le grand navire blanc que balançaient les flots ;
Il a quitté, lucide et le cœur confiant,
La ville où il vivait, dont il savait les maux.
Il a tendu les bras par-delà l'atlantique,
Ivre de liberté, affamé, conquérant,
Sans un regard pour ceux dont le combat unique
Était de suivre là l'exemple des parents
Il rêvait de la vie qu'on vante à pleine gorge,
Aux rires triomphants sur du papier glacé,
Au bonheur que richesse et réussite forgent,
Au miracle éhonté de ce qu'on peut payer...
Le père, lui, est resté, rivé aux pierres grises,
Des larmes au bord des yeux et le cœur piétiné ;
Il est resté debout, malgré tout, sans surprise,
À guetter son retour sans oser le rêver.
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