Maison de vacances
Le portillon cerné de clématite blanche
Grince un peu en s'ouvrant sur ses vieux gonds rouillés ;
Dans la petite cour ombragée sous les branches
La mousse a recouvert presque tous les pavés.
Quelque pensée sauvage à la racine agile
A poussé quelque part dans le gazon perdu,
Et dans l'air attendri flotte l'odeur subtile
Du lilas qui se penche à l'épaule inconnue.
La lourde porte en chêne ouvre sur la cuisine,
Vaste pièce inondée des rayons du couchant
Où trône tendrement sur quatre pieds solides
La grande table ronde polie par les ans.
Près de l'âtre encore chaud deux grands fauteuils de cuir
Sommeillent en pensive et muette station ;
Sur le tapis déteint à leurs pieds on voit luire
Les immenses yeux verts du chat de la maison.
L'escalier de bois qui craque à chaque marche
Mène à la chambre claire au parquet bien ciré.
La haute armoire mire de sa grande glace
La courtepointe rose et le gros oreiller.
Derrière la fenêtre aux longs rideaux diaphanes,
Curieuse de douce et tendre intimité,
Une rose se penche dont les doux pétales
Attirent au jardin les yeux émerveillés.
C'est un nid de verdure sous le berceau des arbres
Un sauvage sous-bois aux fleurs en liberté ;
Il n'y a ni bassin ni déesse de marbre
Mais le temps semble bien s'y être replié.
Dans cet écrin caché, au chant des tourterelles,
On peut se retrouver, enfin, sans faux semblant ;
Boire enfin une vie ancrée sous le vrai ciel
Et savourer son goût aux lèvres de l'instant.
Annotations
Versions