Dans mes rêves, les balles ne fonctionnent pas sur moi. Je le sais.

Les ennemis peuvent me poursuivre et me menacer, tant qu'ils ne sont armés que de pistolets, le danger n'est pas réel.

Je me retrouve une nuit membre d'un groupe rebelle - qui sait contre quoi, contre qui ? - qu'une police secrète vient de retrouver et d'appréhender. Mes coéquipiers sont tous morts. Certains sont étendus devant moi, d'autres, résumés à une enveloppe vide, s'évanouissent déjà dans un rideau de poussière.

La certitude de m'en sortir est telle que j'attends, debout, sans prendre la peine de mettre les mains en l'air. Les hommes en noir m'encerclent depuis longtemps déjà, et nous nous regardons en silence.

J'entends trois coups de feu, alors je me laisse tomber au sol, lentement, en faisant bien attention à simuler mon agonie. J'entends des rires, mais je n'y prête pas attention. Ils s'éloigneront bientôt, laisseront seule ce qu'ils croiront être ma carcasse. Ils le font toujours.

Au lieu de s'éloigner, ils se rapprochent. Je remarque alors, par la fente imperceptible entre mes paupières, que je ne vois aucune balle sur le sol.

Le pistolet n'était pas chargé.